CWM (Fre) Set of 18 volumes
Commentaires sur Le Dhammapada Vol. 13 of CWM (Fre) 141 pages 2008 Edition
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Ce volume comporte les commentaires de la Mère sur le Dhammapada, et le texte, traduit par une disciple.

Commentaires sur Le Dhammapada

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les commentaires de la Mère sur le Dhammapada, et le texte, traduit par une disciple.

Collection des œuvres de La Mère Commentaires sur Le Dhammapada Vol. 13 141 pages 2008 Edition
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Commentaires sur Le Dhammapada (1957-58)

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Versets conjugués

Chaque vendredi, je vous lirai quelques versets du Dhammapada, puis nous méditerons sur ce texte. C’est pour vous apprendre le contrôle mental. Si je pense que c’est nécessaire, je vous donnerai une explication.

Le Dhammapada commence par des versets conjugués; voici le premier d’entre eux :

En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le mental est prédominant. Tout provient du mental.

Naturellement, il est question de la vie physique ici, il n’est pas question de l’univers.

Si un homme parle ou agit avec un mauvais mental, la souffrance le suit d’aussi près que la roue suit le sabot du bœuf tirant le char.

C’est-à-dire que la vie humaine ordinaire, telle qu’elle est dans le monde actuel, est gouvernée par le mental, et, par conséquent, la chose la plus importante est de contrôler son mental; c’est pourquoi nous allons suivre une discipline graduée, ou « conjuguée » selon l’expression du Dhammapada, pour développer et contrôler notre mental.

Il y a quatre mouvements qui sont généralement consécutifs, mais qui finalement peuvent être simultanés : observer ses pensées, c’est le premier; surveiller ses pensées, c’est le second ; contrôler ses pensées, c’est le troisième; et maîtriser ses pensées, c’est le quatrième. Observer, surveiller, contrôler, maîtriser. Tout cela pour se débarrasser d’un mauvais mental, parce qu’il nous est dit que l’homme qui agit et parle avec un mauvais mental est suivi par la souffrance d’aussi près que la roue suit le sabot du bœuf quand il laboure ou tire le char. Telle test notre première méditation.

30 août 1957


En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le mental est prédominant. Tout se fait par le mental. Si un homme parle ou agit avec un mental purifié, le bonheur l’accompagne d’aussi près que son ombre inséparable.

C’est la contrepartie de ce que nous avons lu la dernière fois. Le Dhammapada oppose à un mental mauvais un mental purifié. Nous savons déjà qu’il y a quatre stades successifs pour la purification du mental. Un mental purifié, c’est naturellement un mental qui n’accepte aucune pensée mauvaise, et nous avons vu que la maîtrise complète de la pensée, qui est nécessaire pour obtenir ce résultat, est le dernier accomplissement dans les quatre stades dont je vous ai parlé. Le premier, c’est : observer le mental.

Ne croyez pas que ce soit chose si facile, parce que, pour observer ses pensées, il faut d’abord se détacher d’elles. Dans l’état ordinaire, l’homme ordinaire ne se distingue pas de ses pensées. Il ne sait même pas qu’il pense. Il pense par habitude. Et si on lui demande subitement : « À quoi penses-tu? » il n’en sait rien. C’est-à-dire que quatre-vingt-quinze fois sur cent il vous répondra : « Je ne sais pas. » Il y a identification totale entre le mouvement de la pensée et la conscience de l’être.

Pour observer la pensée, le premier mouvement est donc de se reculer et de la regarder, de se détacher de ses pensées, que le mouvement de la conscience et celui de la pensée ne soient pas confondus. Ainsi, quand nous disons qu’il faut observer ses pensées, ne croyez pas que ce soit si simple; c’est un premier pas. Je propose que, ce soir, pendant notre méditation, nous Commentaires sur le Dhammapada fassions ce premier exercice qui consiste à se tenir en arrière de sa pensée et à la regarder.

6 septembre 1957


« Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine.

Le Dhammapada nous a dit tout d’abord que les mauvaises pensées amènent la souffrance et que les bonnes pensées amènent le bonheur. Maintenant, il nous donne des exemples de ce que sont les mauvaises pensées et il nous dit comment éviter la souffrance. Voici le premier exemple, je répète : « Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Et il ajoute : « Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine. »

Nous avons commencé notre discipline mentale en nous basant sur les étapes successives du développement mental et nous avons vu que cette discipline comportait quatre mouvements consécutifs que nous avons ainsi décrits, si vous vous souvenez bien : observer, surveiller, contrôler et maîtriser; et, lors de la dernière leçon, nous avons appris — je l’espère — à nous détacher de nos pensées afin de pouvoir les observer comme un spectateur attentif.

Aujourd’hui, il nous faut apprendre à surveiller ces pensées. D’abord, on les regarde, puis on les surveille. Apprendre à les regarder comme un juge éclairé afin de discerner entre les bonnes et les mauvaises, entre les pensées utiles et celles qui sont nuisibles, entre les pensées constructrices qui mènent à la Victoire et les pensées défaitistes qui nous en éloignent. C’est ce pouvoir de discernement que nous devons acquérir maintenant et qui fera l’objet de notre méditation de ce soir.

Comme je vous l’ai dit, le Dhammapada nous donnera des exemples, mais les exemples ne sont que des exemples. Il faut que Versets conjugués nous-mêmes apprenions à discerner les pensées qui sont bonnes de celles qui ne le sont pas, et, pour cela, il faut regarder, j’ai dit comme un juge éclairé, c’est-à-dire avec autant d’impartialité que possible; c’est l’une des conditions les plus indispensables.

13 septembre 1957


« Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Ceux qui ne nourrissent pas de telles pensées n’entretiennent pas la haine.

Ceci est la contrepartie de ce que nous avons lu l’autre jour, mais notez qu’il n’est question ici que des pensées qui produisent le ressentiment. C’est parce que la rancune, avec la jalousie, est l’une des causes les plus répandues de la misère humaine.

Mais comment ne pas avoir de rancune? Un cœur vaste et généreux est certainement le meilleur moyen; mais ce n’est pas à la portée de tous. Le contrôle de sa pensée peut être d’un emploi plus général.

Le contrôle de la pensée est la troisième étape de notre discipline mentale. Une fois que le juge éclairé de notre conscience aura discerné entre les pensées utiles et les pensées nuisibles, viendra la police intérieure qui ne laissera passer que les pensées agréées et refusera strictement l’admission à tout élément indésirable.

D’un geste magistral, cette police fermera l’entrée à toute pensée mauvaise et la repoussera aussi loin que possible.

C’est ce mouvement d’admission et de refus que nous appelons le contrôle de la pensée, et ce sera l’objet de notre méditation ce soir.

20 septembre 1957


Commentaires sur le Dhammapada Car, en vérité, dans ce monde, la haine ne s’apaise pas par la haine; mais seul l’amour apaise la haine. C’est là une loi éternelle.

C’est l’un des versets les plus célèbres du Dhammapada, un de ceux qui sont les plus cités — j’aimerais pouvoir dire les plus obéis dans le monde, malheureusement ce ne serait pas vrai. Car on parle beaucoup de cet enseignement, mais on ne le suit pas.

Cependant, il y a un aspect du problème dont on parle moins et qui peut-être semble encore plus urgent si l’on veut que les choses changent dans le monde, quelque chose à quoi l’on pense très peu; je vais vous surprendre. C’est que, si l’amour doit répondre à la haine pour que le monde puisse changer, ne serait-il pas encore plus naturel que l’amour réponde à l’Amour?

Si l’on regarde comment est la vie, l’action et le cœur des hommes, on pourrait s’étonner à bon droit de toute la haine, le mépris et, au mieux, l’indifférence, qui répondent à cette immensité d’Amour que la Grâce divine répand sur le monde, à cette immensité d’Amour qui agit à chaque seconde sur le monde pour le conduire vers la joie divine, et qui trouve une si pauvre réponse dans le cœur humain. Mais on n’a de compassion que pour ceux qui sont méchants, incomplets, mal venus, les fruits secs et les ratés — c’est vraiment un encouragement à la méchanceté et à l’insuccès!

Si l’on pensait un peu plus à cet aspect du problème, peut-être aurait-on moins besoin d’insister sur la nécessité de répondre à la haine par l’amour, parce que, si, en toute sincérité, le cœur humain répondait à l’Amour qui est versé sur lui, par la gratitude spontanée d’un amour qui comprend et apprécie, les choses changeraient vite dans le monde.

27 septembre 1957


Nombreux sont ceux qui ne se rendent pas compte qu’un jour nous devons tous mourir. Et ceux qui s’en rendent compte apaisent leurs querelles.

Lorsqu’on pense que l’on peut mourir à la minute suivante, il se produit immédiatement, automatiquement, un détachement de toutes les choses matérielles; logiquement, on ne pense plus qu’à ce qui ne dépend pas de cette vie physique et qui est la seule chose qui nous appartiendra encore quand nous aurons quitté ce corps, c’est-à-dire l’existence éternelle. Le Bouddha n’employait pas le mot « Divin », mais essentiellement c’est la même chose.

Penser que l’on peut mourir à la minute suivante était autrefois, dans les anciennes initiations, l’une des disciplines que l’on devait suivre pendant un certain temps pour la raison que je viens de dire, et aussi pour surmonter toute peur de la mort et s’habituer à elle. En ce temps-là, et au moment où le Dhammapada a été prononcé par le Bouddha, on ne mentionnait jamais la possibilité d’une immortalité terrestre, parce que cette possibilité appartenait à un avenir si lointain qu’en parler n’aurait pas eu de sens.

Maintenant, Sri Aurobindo nous a dit que cette possibilité était proche et qu’il fallait seulement s’y préparer. Mais la condition essentielle pour pouvoir même s’y préparer est d’abolir complètement toute peur de la mort.

Il ne faut ni la craindre, ni la désirer.

Être au-dessus d’elle, dans une tranquillité absolue — ni la craindre, ni la désirer.

4 octobre 1957


Tout comme l’ouragan déracine un faible arbuste, de même Mâra-le-Malin se rend maître de l’homme qui ne vit qu’à la poursuite des plaisirs, qui ne contrôle Commentaires sur le Dhammapada point ses sens, qui ne sait pas mesurer son appétit, qui est indolent et qui gaspille son énergie.

Dans la littérature bouddhique, Mâra représente l’esprit du mal, tout ce qui est contraire ou opposé à la vie spirituelle; dans certains cas, il représente la mort — pas tant la mort physique que la mort à la vérité, à l’être spirituel.

Ici, cela veut dire que tant que l’on ne maîtrise pas ses sens et ses désirs et que l’on s’occupe de toutes les satisfactions matérielles extérieures comme de la chose la plus importante, on n’a pas la volonté nécessaire pour résister à l’attaque des forces adverses et à tout ce qui nous tire vers le bas et nous éloigne de la réalité spirituelle.

Ce n’est pas tant au point de vue moral que le Dhammapada se place, ce n’est pas le mal comme l’entendent les hommes avec leur justice aveugle et leur sens arbitraire du bon et du mauvais. Le mal, au point de vue spirituel, c’est vraiment ce qui nous éloigne du but, et qui parfois même nous arrache à notre raison d’être profonde, à la vérité de notre être, et nous empêche de la réaliser.

C’est ainsi qu’il faut le comprendre.

11 octobre 1957


Tout comme l’ouragan n’a aucune prise sur un rocher, de même Mâra n’a-t-il aucune prise sur un homme qui ne vit pas à la poursuite des plaisirs, qui contrôle bien ses sens, qui sait mesurer son appétit, qui est doué d’une foi inébranlable et qui ne gaspille point son énergie.

Ce qu’entend le Dhammapada quand il parle de foi, ce n’est pas du tout la croyance en un dogme ou en une religion; ce n’est même pas la foi dans l’enseignement du Maître; c’est la foi en sa propre possibilité, cette certitude que, quelles que soient les Versets conjugués difficultés, quels que soient les obstacles, quelles que soient les imperfections, les négations mêmes dans l’être, on est né pour la réalisation et on réalisera.

La volonté ne doit jamais fléchir, l’effort doit être persévérant et la foi inébranlable. Alors, au lieu de mettre des années à réaliser ce que l’on doit réaliser, on peut le faire en quelques mois, parfois en quelques jours, et si l’intensité est suffisante, en quelques heures. C’est-à-dire que l’on peut prendre position intérieurement, et toutes les volontés mauvaises qui sont à l’attaque de la réalisation n’ont pas plus de pouvoir sur vous que n’en a l’ouragan sur un rocher.

Après cela, le chemin n’est plus difficile; il devient extraordinairement intéressant.

18 octobre 1957


Celui qui revêt la robe jaune alors qu’il est encore impur, sans contrôle sur soi-même et sans loyauté, il est en vérité indigne de porter la robe jaune de moine.

Naturellement, au sens littéral, la robe jaune est la robe des moines bouddhistes — c’est devenu la robe de tous ceux qui pratiquent l’ascétisme —, mais ce n’est pas cela que le Dhammapada veut dire vraiment, parce qu’il ne manque pas de gens qui portent la robe jaune et qui ne sont pas purifiés de leurs souillures. La robe jaune est prise comme le symbole de la consécration à la vie spirituelle, le signe extérieur du renoncement à tout ce qui n’est pas une concentration exclusive sur la vie spirituelle.

Ce que le bouddhisme entend par « impureté », c’est principalement l’égoïsme et l’ignorance, parce que, du point de vue bouddhique, de toutes les souillures, la plus grande est l’ignorance, non l’ignorance des choses extérieures, des lois de la Nature et de tout ce que l’on apprend en classe, mais Commentaires sur le Dhammapada l’ignorance de la vérité profonde des choses, de la loi de l’être, du dharma.

Il est très remarquable que les deux défauts sur lesquels on insiste ici, c’est le manque de contrôle sur soi-même et le manque de loyauté. Loyauté veut dire ici sincérité, honnêteté; c’est l’hypocrisie que le Dhammapada blâme très sévèrement : prétendre que l’on veut vivre la vie spirituelle et ne pas le faire, prétendre que l’on veut chercher la vérité et ne pas le faire, afficher les signes extérieurs d’une consécration à la vie divine — ici symbolisée par la robe jaune — et intérieurement s’occuper de soi-même, de son égoïsme et de ses besoins.

Il est intéressant de noter cette insistance du Dhammapada sur le contrôle de soi, parce que, selon l’enseignement bouddhique, l’excès est mauvais en toutes choses. Le Bouddha insistait toujours sur « le chemin du milieu ». Il ne faut pas être trop d’un côté ni trop de l’autre, exagérer une chose ou exagérer l’autre. Il faut avoir de la mesure, un équilibre en toutes choses, l’équilibre de la modération.

Ainsi, les qualités qui vous rendent dignes de suivre la vie spirituelle, c’est d’avoir un équilibre intérieur, un équilibre dans votre action, et d’être modéré en toutes choses, sincère, honnête, loyal.

Équilibre, modération, loyauté, honnêteté : voilà le sujet de notre méditation.

8 novembre 1957


Mais celui qui a éliminé en lui toute impureté, qui est fermement attaché aux préceptes de morale et qui sait mesurer son appétit et qui est loyal, celui-là, en vérité, est digne de porter la robe jaune.

Je ne voudrais pas que vous preniez ce texte pour un petit catéchisme moral. Il a certainement un sens beaucoup plus profond Versets conjugués et plus vrai, parce que, dans tous les enseignements vraiment spirituels, la moralité telle qu’elle est conçue mentalement n’est pas du tout de mise.

Ainsi, le mot « impureté ». « Pur », tel qu’on le comprend moralement, n’a pas du tout le sens qu’on lui donne dans un enseignement vraiment spirituel ; et particulièrement, du point de vue bouddhique, la pureté est l’absence d’ignorance, comme je vous l’ai déjà dit la dernière fois, et l’ignorance, c’est la méconnaissance de la loi intérieure, de la vérité de l’être. Et la loyauté, c’est de ne pas prendre l’illusion pour la Réalité, les apparences changeantes et fluctuantes pour la permanence intérieure et réelle de l’être.

Nous pouvons donc dire que le contrôle et la maîtrise de soi, la mesure et l’absence de désir, la recherche de la vérité intérieure de l’être et de la loi de sa manifestation propre, sont des soucis très nécessaires pour ceux qui veulent pratiquer la vie spirituelle.

Être vrai vis-à-vis de soi-même et de son but, ne pas se laisser aller à des impulsions désordonnées et ne pas prendre les apparences changeantes pour la Réalité, telles sont les vertus qu’il faut pour avancer sur le chemin de la spiritualité.

15 novembre 1957


Ceux qui considèrent l’erreur comme vérité et la vérité comme erreur n’atteindront jamais le but suprême, car ils errent parmi les vains désirs ou vues fausses.

On pourrait ajouter un commentaire, parce que si l’on se contentait de prendre l’erreur pour la vérité et la vérité pour l’erreur, il devrait être très facile, logiquement, dès que, pour une raison quelconque ou avec une aide quelconque, on s’aperçoit de ce qui est vraiment la vérité et de ce qui est vraiment l’erreur, de faire son choix : on adopte la vérité et on rejette l’erreur. Mais le malheur est qu’on aime son erreur et qu’il y a quelque part dans l’être une sorte de mauvaise volonté à reconnaître ce qui est vrai.

Mon expérience est comme ceci : c’est que, dès que l’on veut sincèrement connaître la vérité, on la connaît. Il se trouve toujours quelque chose pour vous faire toucher du doigt l’erreur, pour vous faire reconnaître la vérité.

Et si l’on s’observe attentivement, on s’aperçoit que c’était parce que l’on préférait l’erreur qu’on ne trouvait pas la vérité.

Même pour de petits détails, le moindre détail (sans parler des grandes choses de la vie, des grandes décisions à prendre), même pour les toutes petites choses, dès que l’aspiration à la vérité et la volonté d’être vrai sont tout à fait sincères, l’indication vient toujours. Et justement, avec la méthode de discipline bouddhique, si l’on poursuit intérieurement les causes de sa manière d’être, on s’aperçoit toujours qu’une persistance dans l’erreur vient d’un désir. C’est parce qu’on a une préférence, un désir pour sentir d’une certaine façon, pour agir d’une certaine façon, pour penser d’une certaine façon, que l’on commet l’erreur. Ce n’est pas parce que l’on ignore tout simplement ce qui est vrai. On l’ignore surtout parce que c’est d’une façon vague, générale, imprécise, que l’on dit : « Oh ! je veux la vérité! » Mais en fait, si l’on prend un détail — tous les détails — et que l’on mette juste le doigt dessus, on s’aperçoit qu’on fait l’autruche, pour ne pas voir. On établit une imprécision, quelque chose de vague, un voile pour ne pas regarder derrière.

Dès qu’il y a sincérité, on découvre que l’aide, la direction, la Grâce, sont toujours là pour répondre, et qu’on ne se trompe pas longtemps.

C’est la sincérité dans l’aspiration au progrès, dans la volonté de vérité, dans le besoin d’être vraiment pur — pur comme on l’entend dans la vie spirituelle —, c’est cette sincérité-là qui est la clef de tous les progrès. Avec elle, on sait — et on peut.

Il y a toujours quelque part dans l’être quelque chose qui préfère se tromper, autrement la lumière est là, toujours prête à guider, mais on ferme les yeux pour ne pas la voir.

22 novembre 1957


Ceux qui connaissent le vrai pour être vrai et le faux pour être faux atteignent le but suprême, car ils poursuivent de justes désirs, des vues correctes.

Nous avons vu la dernière fois qu’il ne suffit pas de savoir distinguer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. À première vue, cela paraît le point le plus difficile. Il est de toute évidence que si chacun doit trouver par lui-même, c’est un très long travail ; vous pouvez passer toute votre vie à faire des expériences innombrables qui, petit à petit, vous éclaireront sur ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.

C’est pourquoi il est plus facile de s’en remettre à quelqu’un qui a fait le travail avant vous et à qui il suffit de demander : « Est-ce que ça, c’est vrai? Est-ce que ça, c’est faux ? » Cela présente évidemment un grand avantage, mais malheureusement ce n’est pas toujours suffisant, parce que si on a le désir que les choses soient d’une certaine manière et que ce que l’on préfère soit juste, on n’est pas toujours prêt à écouter le bon conseil.

Et cette dernière phrase, « et ils poursuivent de justes désirs », qui semble presque un lieu commun, est peut-être la partie la plus difficile du problème.

Dans ce livre, dans cet enseignement, on vous dit des petites phrases qui paraissent si simples! Si on lit sans réfléchir suffisamment, on se dit : « Mais enfin c’est évident, on reconnaît pour vrai ce qui est vrai et pour faux ce qui est faux, qu’est-ce que cela veut dire? » Mais d’abord, il n’est pas si facile de distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas, puis de reconnaître, c’est-à-dire d’admettre, que telle chose est vraie; et surtout, peut-être plus difficile encore, de reconnaître que telle chose est fausse.

Au fond, pouvoir discerner exactement ce qui est faux, cela implique une telle sincérité dans l’aspiration, une telle volonté de vouloir être vrai, que rien que cette toute petite phrase « connaître le vrai pour être vrai et le faux pour être faux » est une réalisation très considérable. Et la conclusion, « ils atteignent le but suprême », est une grande promesse.

Certains enseignements disent qu’il ne faut pas avoir de désir du tout — ce sont ceux qui tendent au retrait total de la vie pour entrer dans l’immobilité de l’Esprit : l’absence de toute activité, de tout mouvement, de toute forme, de toute réalité extérieure. Pour atteindre à cela, il ne faut plus avoir de désir du tout, c’est-à-dire qu’il faut complètement sortir de toute volonté de progrès; le progrès lui-même devient quelque chose d’irréel et d’extérieur. Mais si, dans votre conception du yoga, vous gardez cette idée de progrès et si vous admettez que l’univers tout entier suit une progression, alors ce qu’il faut, c’est déplacer l’objectif du désir : au lieu de le tourner vers les choses extérieures, artificielles, superficielles et égoïstes, il faut l’ajouter comme une force de réalisation à l’aspiration orientée vers la vérité.

Ces quelques mots « et ils poursuivent de justes désirs » sont une preuve que, essentiellement, l’enseignement du Bouddha ne détournait pas de la réalisation dans le monde, mais de ce qu’il y a de faux dans la conception du monde et dans les activités telles qu’elles se poursuivent dans le monde. Ainsi, quand il enseigne qu’il faut échapper à la vie, ce n’est pas échapper à une vie qui serait l’expression de la vérité mais à la vie illusoire telle qu’elle est vécue ordinairement dans le monde.

Sri Aurobindo nous dit que pour atteindre à la Vérité et avoir le pouvoir de réaliser cette Vérité, il est nécessaire d’associer la conscience spirituelle à la conscience mentale progressive.

Et certainement, ces quelques mots prouvent que telle était aussi la conception originelle de l’enseignement bouddhique.

6 décembre 1957


Tout comme la pluie pénètre dans une maison à la toiture de chaume disjointe, de même les passions pénètrent le mental déséquilibré.

On trouve d’innombrables petites sectes bouddhiques de toutes sortes, en Chine, au Japon, en Birmanie, et chacune suit ses propres méthodes, mais les plus répandues parmi elles sont celles qui ont pour toute pratique de faire taire le mental.

Ils restent assis un certain nombre d’heures dans la journée, et même dans la nuit, et ils tranquillisent leur mental. Pour eux, c’est la clef de toute réalisation — un mental tranquille, qui sait rester tranquille, sans bouger, pendant des heures. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que ce soit très facile, mais ils n’ont pas d’autre objet. Ils ne se concentrent pas sur une pensée, ils ne tâchent pas de comprendre mieux, de savoir davantage, non, pour eux, la voie consiste à avoir un mental tranquille, et parfois ils passent des années et des années d’efforts avant d’arriver à ce résultat : faire taire son mental, le tenir tout à fait silencieux et immobile; parce que, comme il est dit ici dans le Dhammapada, si le mental est déséquilibré, ce mouvement perpétuel d’idées qui se suivent, quelquefois sans beaucoup de suite, qui se contredisent et s’opposent l’une à l’autre, qui spéculent sur les choses, tout cela qui s’entrechoque dans la tête, fait comme des trous dans le toit. Alors tous les mouvements indésirables pénètrent dans la conscience par ces trous, comme l’eau entre dans la maison par un toit qui n’est pas étanche.

Quoi qu’il en soit, je crois que c’est une pratique à conseiller à tout le monde : prendre un certain temps tous les jours pour essayer de rendre son mental tranquille, plan, immobile. Et il est un fait indéniable, c’est que plus on est développé mentalement, plus on y parvient vite; plus le mental est dans un état élémentaire, plus c’est difficile.

Ceux qui sont tout en bas de l’échelle, qui n’ont jamais éduqué leur mental, ont besoin de parler pour penser. Il arrive même que ce soit le son de leur voix qui leur permette d’associer des idées; s’ils ne les expriment pas, ils ne pensent pas. À un échelon plus haut, il y a ceux qui, pour penser, ont encore besoin de remuer des mots dans leur tête, même s’ils ne les prononcent pas à haute voix. Ceux qui commencent vraiment à penser sont ceux qui arrivent à penser sans mots, c’est-à-dire à être en contact avec l’idée et à l’exprimer à travers des mots et des phrases très différentes. Il y a des degrés, beaucoup de degrés supérieurs, mais ceux qui pensent sans mots commencent vraiment à atteindre un état intellectuel; et pour eux, il est beaucoup plus facile de rendre le mental tranquille, c’est-à-dire d’arrêter ce mouvement d’association des mots qui se meuvent constamment comme des piétons sur une place publique, et de contempler une idée dans le silence.

J’insiste sur ce fait, parce qu’il y a pas mal de personnes qui, lorsqu’on leur passe le silence mental par des moyens occultes, sont immédiatement alarmées et craignent de perdre leur intelligence. Parce qu’ils ne peuvent plus penser, ils craignent de devenir stupides! Mais cesser de penser est un accomplissement très supérieur à celui de pouvoir dérouler sans fin des pensées, et cela demande un développement beaucoup plus grand.

Ainsi, à tous points de vue, et pas seulement au point de vue spirituel, il est toujours très bon de pratiquer quelques minutes de silence, au moins deux fois par jour, mais un silence véritable, pas seulement s’abstenir de parler.

Maintenant, nous allons essayer d’être tout à fait silencieux pendant quelques minutes.

(méditation)

13 décembre 1957


Tout comme la pluie ne peut pénétrer dans une maison bien couverte de chaume, de même les passions ne peuvent pénétrer dans le mental équilibré.

(Il se met à pleuvoir.) Voilà, ce doit être le mental du ciel qui est déséquilibré! (rires) Il pleut.

Alors, je crois que le ciel n’a pas d’équilibre et qu’il vaut mieux que vous vous en alliez chez vous. (La pluie augmente.) Alors il n’y a rien à faire!

L’équilibre ne se rétablit pas. Vous allez tous rentrer chez vous et méditer sur la nécessité d’avoir un mental équilibré. Voilà !

20 décembre 1957


Dans les deux mondes, en ce monde-ci et en l’autre, l’être malfaisant se lamente. Il gémit et souffre en se remémorant ses mauvaises actions.

Il est tout à fait évident que lorsqu’on agit d’une façon laide et basse, on est tout naturellement malheureux ; mais être malheureux parce qu’on est conscient de la laideur de ses actes, cela me paraît déjà un état très avancé, parce qu’il faut être très conscient pour être conscient du mal que l’on fait, et être conscient du mal que l’on fait c’est déjà le premier pas pour ne plus le faire.

Généralement, on est tout à fait aveugle sur la laideur de ses actes. On fait le mal par ignorance, par inconscience, par petitesse, par cette espèce de repli sur soi qui vient de l’inconscience, qui vient de l’ignorance, cet instinct de préservation obscur qui fait que l’on est prêt à sacrifier le monde tout entier à son propre bien-être; et plus on est petit, plus le sacrifice offert à sa petitesse paraît naturel.

Il faut être beaucoup plus haut dans l’échelle pour voir que ce que l’on fait est laid. Il faut avoir déjà tout au fond de soi une sorte de prescience de ce qu’est la beauté, la noblesse, la générosité, pour souffrir de ne pas les porter en soi.

Je pense que le Dhammapada parle ici de ceux qui savent déjà ce qui est beau et noble, et qui font le mal volontairement, par calcul. Pour eux, la vie devient en effet terriblement douloureuse. Faire d’une façon persistante ce que l’on sait qui ne doit pas être fait, c’est au prix de tout le repos, toute la tranquillité possible, tout le bien-être que l’on peut avoir. Celui qui ment est constamment inquiet dans la crainte que son mensonge sera découvert; celui qui a mal agi est dans l’anxiété constante à l’idée que, peut-être, il sera puni; celui qui essaye de tromper n’a pas de repos, de crainte de laisser voir qu’il trompe.

Au fond, même pour une raison purement égoïste, faire le bien, être juste, être droit, être honnête, c’est la meilleure façon d’être tranquille et paisible, et de réduire le souci au minimum. Si, en plus, on peut être désintéressé, sans calcul et sans égoïsme, alors il est possible d’être vraiment heureux.

On porte avec soi, autour de soi, en soi, l’atmosphère produite par ses actions, et si ce que vous faites est beau et harmonieux et bon, votre atmosphère est belle, harmonieuse et bonne; tandis que si vous vivez dans l’égoïsme sordide et l’intérêt sans scrupule, la mauvaise volonté sans pitié, c’est cela que vous respirez à chaque minute de votre existence, et cela, c’est la misère, c’est le malaise perpétuel, c’est la laideur désespérée d’être laide.

Et il ne faut pas croire que de quitter ce corps vous libère de cette atmosphère, au contraire, le corps est une sorte de voile d’inconscience qui diminue l’intensité de la souffrance. Si vous êtes sans la protection du corps dans la vie vitale la plus matérielle, la souffrance devient bien plus aiguë et vous n’avez plus l’occasion de changer ce qui est à changer, de corriger ce qui est à corriger, de vous ouvrir à une vie et à une conscience plus hautes et plus lumineuses, plus heureuses.

Il faut se dépêcher de faire son travail ici, car c’est ici qu’on peut le faire vraiment.

N’espérez rien de la mort. La vie est votre salut.

C’est en elle qu’il faut se transformer. C’est sur terre qu’on progresse, c’est sur terre qu’on réalise. C’est dans le corps qu’on remporte la Victoire.

27 décembre 1957


L’être bienfaisant se réjouit dans les deux mondes, dans ce monde-ci et dans l’autre. Il se réjouit de plus en plus en se remémorant ses bonnes actions.

L’être malfaisant souffre dans les deux mondes, dans ce monde-ci et dans l’autre. « J’ai fait le mal », cette pensée le tourmente. Et ses tourments augmentent encore plus lorsqu’il suit la voie qui mène au monde infernal.

L’être bienfaisant se réjouit dans les deux mondes, dans ce monde-ci et dans l’autre. « J’ai fait le bien », cette pensée le réjouit et son bonheur augmente de plus en plus lorsqu’il suit la voie qui mène au monde céleste.

D’après ces textes, il semblerait presque que le bouddhisme accepte l’idée d’un enfer et d’un paradis; mais c’est là une façon tout à fait superficielle de comprendre, parce que, profondément, ce n’était pas la pensée du Bouddha. L’idée sur laquelle il insistait toujours, c’est que l’on crée, par sa conduite et par ses états de conscience, le monde dans lequel on vit. Chacun porte en soi-même le monde dans lequel il vit, et dans lequel il continuera de vivre même lorsqu’il perdra son corps, parce que, selon l’enseignement du Bouddha, il n’y a pour ainsi dire pas de différence entre la vie dans un corps et la vie hors du corps.

Certaines personnes croient, certaines traditions enseignent, que sortir de son corps est une bénédiction et que toutes les difficultés disparaissent, à condition, cependant, dans certaines religions, qu’on ait rempli les rites nécessaires, et c’est même ce qui donne tant d’importance aux rites religieux qui sont comme un passeport pour aller dans une région heureuse une fois que l’on a quitté son corps. Certaines personnes s’imaginent même que dès que l’on a quitté son corps, on a quitté toutes ses misères, mais c’est loin d’être vrai, et ici même le Dhammapada l’indique : ce qu’il appelle le monde infernal, ce sont les cercles psychologiques, les états de conscience particuliers dans lesquels on se trouve quand on a fait le mal, c’est-à-dire quand on s’est éloigné de tout ce qui est beau, pur, heureux, qu’on vit dans la laideur et dans la méchanceté. Rien n’est plus décourageant que de vivre dans une atmosphère de méchanceté.

Ce que le Dhammapada dit ici d’une façon qui nous paraît presque enfantine est essentiellement vrai. Naturellement, il ne s’agit pas de ceux qui pensent : « Oh! comme je suis bon, comme je suis gentil ! » et qui s’en trouvent heureux. C’est un enfantillage. Mais en étant bon, en étant généreux, noble, désintéressé, en étant bienveillant, on crée une certaine atmosphère en soi, autour de soi, et cette atmosphère est comme une détente lumineuse. On respire, on s’épanouit comme la fleur au soleil, on n’a pas de repli sur soi douloureux, d’aigreurs, de révoltes, de misères; c’est spontanément, naturellement que l’atmosphère s’illumine et que l’air qu’on respire est un air heureux. Et cet air-là, c’est l’air qu’on respire dans son corps, et aussi hors de son corps, dans l’état de veille et dans l’état de sommeil, dans la vie et dans le passage hors de la vie — hors de la vie terrestre jusqu’à une vie nouvelle.

Tout acte mauvais produit sur la conscience l’effet d’un vent qui dessèche, ou d’un froid qui gèle, ou de flammes brûlantes qui vous consument.

Toute action bonne et bienveillante donne la lumière, le repos, la joie, le soleil dans lequel les fleurs s’épanouissent.

3 janvier 1958


Il aura beau réciter une grande partie des textes sacrés, s’il n’agit pas en conséquence, cet insensé sera comme le bouvier qui compte les vaches des autres. Il ne peut prendre part à la vie de disciple du Bienheureux.

S’il ne récite qu’une infime partie des textes sacrés et qu’il mette en pratique leur enseignement, ayant rejeté toute passion, toute malveillance et toute infatuation, il possède la vraie sagesse; le mental totalement affranchi n’étant plus attaché à quoi que ce soit, n’appartenant ni à ce monde-ci ni à aucun autre monde, il prend part à la vie de disciple du Bienheureux.

C’est une chose qui a été tellement dite et répétée qu’il semble inutile d’insister sur le fait qu’un tout petit peu de pratique est infiniment plus précieux que des montagnes de discours. Il est certain que toute l’énergie que l’on dépense à expliquer une théorie est beaucoup plus utilement employée à surmonter en soi une faiblesse ou un défaut.

Alors, pour nous conformer à la sagesse de cet enseignement, nous allons réfléchir au meilleur moyen de rejeter toute passion, toute malveillance et toute infatuation.

L’infatuation consiste à prendre l’apparence pour la réalité, et les choses passagères pour la seule chose qui vaille d’être poursuivie : la Vérité permanente.

Il est assez intéressant de remarquer que le Dhammapada souligne clairement qu’il ne suffit pas seulement d’être libre des liens de ce monde, mais de tous les mondes.

Car les bouddhistes zélés et véritables vous disent que les religions ordinaires vous captivent en faisant miroiter devant elles les avantages que l’on rencontrera après la mort dans leur paradis, si vous pratiquez leurs principes; tandis que le bouddhisme n’a ni enfer ni paradis. Il ne vous effraye pas par des punitions éternelles, et il ne vous tente pas par des félicités célestes.

C’est dans la Vérité pure que vous trouvez votre satisfaction et la récompense de tous vos efforts.

10 janvier 1958









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