CWM (Fre) Set of 18 volumes
Notes sur le Chemin Vol. 11 of CWM (Fre) 422 pages 2009 Edition
French

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Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Notes sur le Chemin

The Mother symbol
The Mother

Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Collection des œuvres de La Mère Notes sur le Chemin Vol. 11 422 pages 2009 Edition
French
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1967




Le 15 novembre 1967

On a l’impression qu’à moins qu’il ne se produise quelque chose de miraculeux au sens où les hommes l’entendent, eh bien, il faudra beaucoup de siècles.

Mais tu n’as jamais espéré que cela ne prendrait pas de temps?

Oui, évidemment.

Mais je n’ai jamais cru... je n’ai jamais cru que cela pouvait venir vite. D’abord, il n’y a qu’à essayer, comme je fais, sur son propre corps, voir la différence entre la matière telle qu’elle est, la constitution telle qu’elle est, et puis... enfin ce que nous pouvons concevoir d’une existence divine... c’est-à-dire « divine » : qui ne soit pas à chaque seconde liée à l’obscurité d’une matière quasi inconsciente... Combien de temps cela prendra ? Combien de temps cela a pris pour changer la pierre en plante, la plante en animal, l’animal...? Nous n’en savons rien, mais à la manière dont les choses vont... Maintenant qu’ils sont si calés pour calculer, quand pensent-ils que la terre ait été formée? Combien de milliards d’années? Et tout cela pour en être où nous en sommes.

Naturellement, plus cela va, plus ça va vite, c’est entendu, mais vite... Vite?

Si le processus doit être « naturel », eh bien, cela prendra une éternité.

Non! Ce n’est pas une question de naturel. La Nature a organisé progressivement les choses pour la manifestation de 91 la Conscience, c’est-à-dire que tout le travail a été de préparer l’Inconscient de façon à ce qu’il puisse devenir conscient. Naturellement, maintenant la Conscience est, au moins en grande partie, là ; alors cela va beaucoup plus vite, c’est-à-dire que le plus gros du travail est fait; mais encore, comme je l’ai dit, quand on voit à quel point c’est lié à l’inconscience, à une semi-vague conscience, et que les hommes qui ne savent pas, sentent encore la « fatalité », le « destin », ce qu’ils appellent la « Nature » et tout cela qui domine et qui gouverne, eh bien, pour que le dernier changement se fasse, il faut que tout cela devienne pleinement conscient, et pas seulement à la manière mentale (cela ne suffit pas), à la manière divine! Alors il y a beaucoup à faire.

C’est justement ce que je vois tous les jours avec ce pauvre petit corps-là, et puis tout ce qui l’entoure (geste grouillant autour), toute cette substance comme cela, oh !... rien que maladies, misères, désordres, oh! tout cela n’a rien à voir avec le Divin. Une masse inconsciente.

Ce que tu veux dire : à moins que quelque chose ne vienne et par force, change cela ?

Oui.

Mais Sri Aurobindo a dit (j’ai lu cela il y a deux jours, je ne sais où il l’a écrit parce que c’était une citation) que si la Conscience divine, la Puissance divine, l’Amour divin, la Vérité, se manifestaient trop rapidement sur la terre, la terre serait dissoute! Elle ne pourrait pas le supporter... Brrf!

Je traduis, mais l’idée est là.

Enfin, peut-être pas la haute dose divine, mais une petite dose divine!

(Mère rit) La petite dose, elle est toujours là, il y a toujours une petite dose; il y a même une assez forte dose, et si l’on regarde Ça, on est émerveillé. Mais c’est justement à cause de Ça qu’on voit encore comme... comme les choses sont.

N’est-ce pas, il n’y a pas de jour où il n’y ait la constatation que, pas une dose, mais une toute petite dose, une goutte infinitésimale de Ça, cela peut vous guérir en une minute (« cela peut » : Ça vous guérit, ce n’est pas « cela peut »), que l’on est tout le temps comme cela, en équilibre, que la moindre défaillance, c’est le désordre et la fin, et que juste une goutte de Ça, cela devient la lumière et le progrès. Les deux extrêmes. Les deux extrêmes à côté l’un de l’autre.

C’est une constatation que l’on fait au moins plusieurs fois par jour.

Mais naturellement, si cet instrument-là était fait pour constater, expliquer, décrire, il pourrait dire des merveilles, mais voilà... Je pense — je ne sais pas, mais ça a l’air d’être la première fois — que l’instrument, au lieu d’être fait pour apporter la « Nouvelle », la « Révélation », donner l’éclair, a été fait pour essayer de réaliser : faire le travail, la besogne obscure. Et alors il constate, mais il n’entre pas béatifiquement dans la joie de la constatation, et il est obligé à chaque minute de voir que, malgré ça, combien de travail reste à faire... Et alors, lui, ne pourra se réjouir que quand le travail sera fait. Qu’est-ce que cela veut dire, le « travail fait »? Quelque chose qui est établi. Cette Présence divine, cette Conscience divine, cette Vérité divine, se manifeste comme cela, par éclairs, et puis... tout continue à aller son petit bonhomme de chemin; il y a un changement, mais un changement imperceptible. Eh bien, pour lui (le corps), c’est très bien, je suppose que c’est cela qui soutient son courage et qui lui donne une espèce de paix souriante malgré ce qu’il y a de très peu satisfaisant dans le résultat; mais cela ne peut pas le satisfaire, il ne sera satisfait que quand ce sera fait, c’est-à-dire quand ce qui est maintenant une révélation — éblouissante, mais de courte durée — sera un fait établi, quand vraiment il y aura des corps divins, des êtres divins et qui auront affaire avec le monde d’une façon divine, alors là, là, il dira : « oui, ça y est »; mais pas avant. Eh bien, cela, je ne crois pas que ça puisse être pour tout de suite.

Parce que je vois bien, je vois bien ce qui est en train de travailler; je te l’ai dit, il y a de ces choses qui, oui, si j’étais destinée à raconter et à expliquer et à prédire, avec cela on pourrait faire tout un enseignement, avec une de ces expériences — j’en ai au moins plusieurs par jour. Mais cela ne sert à rien, n’est-ce pas, je le sais.

Et ce n’est pas une impatience, ce n’est pas même un manque de satisfaction, ce n’est pas cela du tout, c’est une... une Force, une Volonté qui avance pas à pas et qui ne peut pas s’arrêter pour raconter, pour se complaire dans ce qui est fait.

(silence)

Y a-t-il quelque part sur la terre un être vraiment divin, c’est-à-dire qu’aucune loi de l’inconscience ne régit?... Il me semble qu’on le saurait. Si cela existait et que je ne le savais pas, il faudrait que je me dise que je dois avoir quelque part une bien grande insincérité pour que cela puisse être comme cela.

À dire vrai, je ne me pose pas la question.

Dans tout cela, tous ceux qui sont connus, tous ceux qui ont pris position comme des révélateurs du monde nouveau ou comme des réalisateurs de la vie nouvelle, tous ceux-là ont un pourcentage d’inconscient encore beaucoup plus grand que le mien, alors... Mais cela, c’est tout ce qui se sait publiquement : y a-t-il un être quelque part, et que personne ne le sache?... Cela m’étonnerait qu’il n’y ait pas de communication. Je ne sais pas.

N’est-ce pas, il y a beaucoup, beaucoup, il y a toute une floraison de nouveaux Christ, de Kalkî17 , de surhommes, ouh ! il y en a beaucoup, mais généralement, d’une façon quelconque on entre en communication, on connaît en tout cas leur existence; eh bien, ceux-là, tous ceux avec lesquels j’ai été en rapport, ou invisible ou visible, il n’y en a pas un seul qui ait... comment dire... moins d’inconscient qu’il n’y en a dans ce corps — mais je reconnais qu’il y en a beaucoup, oh!

C’est le processus que je ne vois pas, pour sortir de cette inertie ou de cette inconscience.

Processus, quel processus? De transformation?

Oui, on dit que c’est la conscience qui doit agir et éveiller tout cela...

Mais c’est ce qu’elle fait!

Oui, c’est ce qu’elle fait, mais...

Elle ne cesse de le faire!

La réponse est comme cela : tout d’un coup, il y a la perception (oh ! ce sont toutes des choses très subtiles, très subtiles, mais justement pour la conscience c’est très concret), la perception d’une sorte de désorganisation, comme un courant de désorganisation ; alors la substance qui constitue le corps commence d’abord par sentir, puis voir l’effet, puis tout commence à se désorganiser. C’est cette désorganisation qui empêche la cohésion nécessaire des cellules pour constituer un corps individuel, alors on sait : ah ! (geste de dissolution) ça va être fini. Alors les cellules aspirent, il y a une espèce de conscience centrale du corps qui aspire, intensément, avec le « surrender » aussi complet qu’il peut le faire : « Ta Volonté, Seigneur, Ta Volonté, Ta Volonté. » Et alors il y a une espèce... pas quelque chose à grand fracas, pas un éclair éblouissant, mais une sorte... Tiens, cela donne l’impression d’une densification de ce courant de désorganisation, et alors quelque chose s’arrête : d’abord une paix, puis une lumière, puis l’Harmonie — et le désordre a disparu. Et alors, quand le désordre a disparu, immédiatement, cette impression dans les cellules, de vivre l’éternité, pour l’éternité.

Eh bien, cela, tel que, avec toute l’intensité de la réalité concrète, cela se passe non seulement quotidiennement, mais plusieurs fois en un jour. Parfois c’est très sévère, c’est-à-dire que c’est comme une masse, quelquefois c’est seulement une chose qui touche. Alors dans la conscience du corps, cela se traduit comme cela, par une sorte d’action de grâce : encore un progrès de fait sur l’inconscience. Seulement ce ne sont pas des événements à grand fracas, le voisin humain ne le sait même pas ; il peut peut-être constater une sorte d’arrêt dans l’activité extérieure, de concentration, mais c’est tout. Alors cela, on n’en parle pas, n’est-ce pas, on ne peut pas écrire des livres là-dessus, on ne fait pas de la propagande... C’est cela, le travail.

Toutes, toutes les aspirations mentales ne sont pas satisfaites avec cela.

C’est du travail très obscur.

(Mère entre dans une longue contemplation)

Il y a un ou deux jours, je ne sais pas, il y a eu comme une vision d’ensemble de cet effort de la Terre vers sa divinisation, et c’était comme si quelqu’un disait... ce n’est pas « quelqu’un », c’est la conscience-témoin, la conscience qui constate, mais cela se formule en mots; très souvent cela se formule en anglais et j’ai comme l’impression que c’est Sri Aurobindo, la conscience active de Sri Aurobindo, mais quelquefois cela se traduit en mots seulement dans ma conscience... et c’était quelque chose qui disait : « Oui, le temps des proclamations, le temps des révélations est passé; maintenant, à l’action. »

Au fond, les proclamations, les révélations, les prophéties, tout cela, c’est très confortable, cela donne l’impression de quelque chose de « concret »; maintenant c’est très obscur, le sentiment que c’est très obscur, invisible (ce ne sera visible que dans les résultats longtemps, longtemps en avant), pas compris.

Cela appartient à un domaine qui n’est pas encore prêt à être expliqué, manifesté en mots.

Et en fait, dans la mesure où c’est vraiment nouveau, c’est incompréhensible. Ce que je dis ne correspond pas à une expérience vécue dans celui qui lit.

Et je vois bien, je vois tellement le petit travail comme cela (geste de renversement) qu’il faudrait pour que cela devienne une révélation prophétique. Un petit travail, un petit renversement dans le mental — l’expérience est tout à fait en dehors du mental, et alors ce qu’on en dit... (Mère hoche la tête) Justement, comme ce n’est pas mental, c’est à peu près incompréhensible, et pour que tout cela (oh! c’est visible), pour que tout cela devienne accessible, il faudrait juste (même geste) un petit renversement dans le mental, et cela devient une prophétie. Et cela... ce n’est pas possible. Cela perdrait sa vérité.

Voilà, c’est en route.









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