CWM (Fre) Set of 18 volumes
Notes sur le Chemin Vol. 11 of CWM (Fre) 422 pages 2009 Edition
French

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Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Notes sur le Chemin

The Mother symbol
The Mother

Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Collection des œuvres de La Mère Notes sur le Chemin Vol. 11 422 pages 2009 Edition
French
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1965




Le 21 août 1965

Depuis le 15, il y a tout un travail de préparation de la transformation. Comment pourrait-on appeler cela ?... un transfert de pouvoir.

Les cellules, toute la conscience matérielle obéissait à la conscience individuelle intérieure — psychique le plus souvent, ou mentale (mais le mental, il y a longtemps qu’il se taisait). Mais maintenant, ce mental matériel est en train de s’organiser comme l’autre, ou plutôt comme tous les autres, comme le mental de tous les états d’être.

C’est comme un déplacement de la volonté directrice. Et là, matériellement, physiquement, il y a comme un étonnement; et un besoin de s’identifier à la nouvelle direction — c’est un petit peu difficile. C’est difficile à expliquer aussi... Ce n’est plus la même chose qui vous fait agir. « Agir » : tout, n’est-ce pas, bouger, marcher, n’importe quoi. Ce n’est plus le même centre. Et alors, si, par habitude, on essaye de se raccrocher au vieux centre, oh ! cela fait un grand désordre, et il faut être bien soigneux de ne pas laisser l’habitude, la vieille habitude s’exprimer, se manifester.

C’est difficile à dire. C’est encore trop seulement une action.

La pensée ici, dans ce cerveau-là, a de la difficulté à s’adapter.

Parce que, pendant deux jours (je veux dire deux jours continus) il y avait tout le temps une aspiration : « Comment sera ce monde nouveau quand il sera matériel, ici? Comment sera ce monde nouveau? » Et alors, cela m’avait tellement mis « dedans », que j’étais... je n’étais pas loin, mais il y avait comme un matelas de brouillard entre moi et le monde tel qu’il est. 17 C’était là encore aujourd’hui.

(silence)

Ce matin, par exemple, plusieurs fois, pendant un certain temps (je ne sais pas combien de temps, mais pas très court : un quart d’heure, une demi-heure, je ne sais pas), les cellules du corps, c’est-à-dire la forme du corps, avaient l’expérience que de rester ensemble ou de se dissoudre dépend d’une certaine attitude — une attitude ou une volonté, quelque chose qui tient de la volonté et de l’attitude. Et avec la perception (quelquefois presque double, en même temps, l’une étant plutôt un souvenir et l’autre une chose vécue) de ce qui vous fait mouvoir, agir, savoir; la vieille manière comme un souvenir, et la nouvelle manière où, évidemment, il n’y a aucune raison de se dissoudre, excepté si on le choisit — cela n’a pas de sens, c’est une chose qui n’a pas de sens : pourquoi se dissoudre?

Et si, au moment où l’on retombe... ce n’est pas exactement cela... quand la vieille conscience revient à la surface, si l’on n’est pas très attentif, cela produit naturellement un évanouissement.

Pendant, oh! c’était longtemps, pendant tout le temps entre cinq heures et six heures moins le quart, c’était comme cela.

Cela donne, en même temps, un sentiment d’irréalité de la vie et d’une réalité que l’on pourrait appeler éternelle : le sens de la mort n’existe pas, cela ne veut rien dire. Ce n’est qu’un choix. Et la dislocation qui n’a pas de sens, qui n’a pas de raison d’être, c’est une fantaisie.

Et alors, toute la vieille manière de voir, de sentir, de percevoir, est derrière comme une sorte de matelas — un matelas de brouillard — qui rend le contact cotonneux, imprécis.

Maintenant, n’est-ce pas, j’ai retrouvé la conscience ordinaire, alors je peux l’exprimer; autrement, c’était difficile à exprimer. Et le contraste ou l’opposition est pénible, douloureuse; les deux se plaignent : l’autre a l’impression qu’il s’évanouit, et le nouveau qu’on ne le laisse pas tranquille. Quand on est dans l’un ou dans l’autre, ça va, mais quand les deux sont ensemble, ce n’est pas très agréable. Et il y a une sorte de sentiment d’incertitude; on ne sait pas très bien où l’on est, si l’on est ici, si l’on est là ; on ne sait pas très bien.

Mais ce changement de pouvoir initiateur, si l’on peut dire, ce transfert de pouvoir, cela m’a fait l’effet d’une expérience unique, de quelque chose qui n’avait jamais eu lieu avant. Malheureusement, cela n’a pas duré longtemps. Mais l’expérience a laissé une sorte de certitude dans le corps — il est moins incertain de l’avenir. Comme si c’était venu lui dire : « Ce sera comme cela. »

Si cela reste, c’est l’évidente immortalité.

Comment définis-tu ce mental physique, celui qui a fait l’objet du transfert de pouvoir?

Ce n’est pas le mental physique. Le mental physique, il y a longtemps qu’il est changé. C’est le mental matériel — pas même le mental matériel : le mental de la Matière. C’est la substance mentale qui appartient à la Matière elle-même, aux cellules. C’est ce que l’on appelait autrefois « l’esprit de la forme » quand on disait que les momies gardaient leur corps intact aussi longtemps que l’esprit de la forme persistait7 . C’est ce mental-là, ce mental tout à fait matériel. L’autre, le mental physique, il y a longtemps qu’il était organisé.

Alors, quelle est la différence entre ce mental matériel et le mental physique?

Le mental physique, c’est le mental de la personnalité physique formée par le corps. Il croît avec le corps, mais ce n’est pas le mental de la Matière : c’est le mental de l’être physique. Par exemple, c’est ce mental physique qui donne le caractère — caractère corporel, caractère physique — et qui est en grande partie formé par l’atavisme et par l’éducation. C’est tout cela que l’on appelle le « mental physique ». Oui, c’est le résultat de l’atavisme, de l’éducation et de la formation du corps; c’est ce qui fait le caractère physique. Par exemple, il y a des gens qui sont patients, des gens qui sont forts, etc. — physiquement, n’est-ce pas, non pour des raisons vitales ou mentales, mais purement physiquement; on a un caractère. C’est le mental physique. Et cela fait partie de tout yoga intégral : on fait la discipline de ce mental physique. Il y a plus de soixante ans que j’ai fait cela.

Mais alors, par exemple, ce mental qui est spontanément défaitiste, qui a toutes sortes de craintes, de peurs, qui voit le pire, qui répète toujours les mêmes choses, est-ce le mental physique ou le mental matériel?

C’est la partie la plus inconsciente du mental physique, et c’est cela qui fait le lien entre le mental physique et cette substance matérielle. Mais c’est déjà un mental organisé, tu comprends? C’est la partie la plus matérielle, celle qui touche au mental. Comment peut-on appeler ce mental? On ne peut même pas l’appeler le « mental corporel » : c’est le mental des cellules, c’est un mental cellulaire.

Ce mental cellulaire existe dans les animaux, et même il y a un petit commencement (mais très petit, comme une promesse) dans les plantes — elles répondent à une action mentale. Elles répondent. Dès que la Vie se manifeste, il y a déjà comme une promesse de mental, de mouvement mental. Et dans les animaux, c’est clair. Tandis que ce mental physique n’a vraiment commencé à exister que dans l’homme. C’est ce que le tout petit enfant a déjà ; il a déjà un mental physique; c’est-à-dire que deux tout petits enfants ne sont pas pareils, leurs réactions ne sont pas les mêmes, il y a déjà une différence. Et c’est surtout ce qui vous est donné avec la forme spéciale de votre corps, par l’atavisme, puis développé pleinement par l’éducation.

Non, le mental physique, dès que l’on fait un yoga intégral, il faut s’en occuper, tandis que ce mental matériel, cellulaire, je t’assure que c’est tout à fait nouveau — c’est tout à fait nouveau.

C’est le mental qui était comme une substance non coordonnée, qui avait une activité constante, pas organisée (Mère fait un geste de trépidation continue). C’est celui-là qui est en train de s’organiser. C’est cela qui est important, parce que Sri Aurobindo avait dit que c’était inorganisable et qu’il n’y avait qu’à le rejeter de l’existence. Et j’avais cette impression aussi. Mais quand l’action transformatrice est constante sur les cellules, ce mental matériel commence à s’organiser, c’est cela qui est merveilleux — il commence à s’organiser. Et comme il s’organise, il apprend à se taire — c’est ce qu’il y a de plus beau! il apprend à rester tranquille, à se taire et à laisser la Force suprême agir sans intervenir.

Le plus difficile, c’est dans les nerfs, parce qu’ils ont tellement l’habitude de cette volonté consciente ordinaire, que quand elle s’arrête et que l’on veut l’Action directe de tout en haut, ils deviennent comme fous. L’autre jour, j’ai eu cette expériencelà, qui a duré plus d’une heure, et c’était difficile; mais cela m’a appris beaucoup de choses — beaucoup de choses. Et tout cela, c’est ce que l’on peut appeler le « transfert de pouvoir »; c’est l’ancien pouvoir qui se retire. Et alors avant que le corps ne s’adapte au nouveau pouvoir, il y a une période, là, qui est critique. Comme toutes les cellules sont en état d’aspiration constante, ça va relativement vite, mais tout de même... les minutes sont longues.

Mais de plus en plus, il y a une espèce de certitude dans les cellules, que tout ce qui se passe, est en vue de cette transformation et de ce transfert du pouvoir directeur. Et même au moment où c’est matériellement douloureux (pas même physiquement : matériellement douloureux), les cellules gardent cette certitude. Et alors elles résistent, elles endurent la souffrance sans dépression, sans être aucunement affectées, avec cette certitude que c’est pour préparer la transformation, le processus de transformation et de transfert du pouvoir directeur. Comme je le disais, c’est dans les nerfs que l’expérience est la plus pénible — naturellement, parce que ce sont les cellules les plus sensibles, celles qui ont la sensation la plus aiguë. Mais ils ont une réceptivité très considérable, très spontanée, spontanément forte — il n’y a pas d’effort à faire — à la vibration physique harmonieuse (qui est très rare, mais enfin cela existe chez certains individus). Et cette vibration physique... ce que l’on pourrait appeler une force physique, une vibration harmonieuse physique, spontanément harmonieuse, n’est-ce pas, sans nécessité d’une intervention mentale, comme les vibrations d’une fleur, par exemple... il y a des vibrations physiques qui sont comme cela, qui portent en elles une force harmonieuse... et les nerfs sont extrêmement sensibles et réceptifs à cette vibration, qui les remet d’aplomb tout de suite.

C’est très intéressant, cela explique beaucoup, beaucoup de choses. Un jour viendra où tout cela sera expliqué et mis à sa place. Ce n’est pas encore le moment de révéler, mais c’est très intéressant.

J’ai vraiment l’impression que cela commence à s’organiser, le travail commence à s’organiser.

Naturellement, il faut éviter soigneusement de faire intervenir une organisation mentale, c’est pour cela que je n’essaye pas d’expliquer trop. Le mental vient, et alors ce n’est plus cela.









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