Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
Le corps devient de plus en plus conscient, mais conscient d’une façon tout à fait intéressante.
Par exemple?
Ça, il faut mentaliser, je ne peux pas.
(silence)
Je commence à savoir ce qui va se passer, ce que les gens vont me dire, tout cela... Comment expliquer?... C’est comme si j’étais devenue les circonstances, les gens, les paroles, les...
Le corps est de plus en plus conscient, mais pas à la manière mentale du tout — comme... comme des choses vécues. Je ne sais comment expliquer. C’est difficile à dire... C’est sentir (mais, ma foi, je ne sais comment expliquer cela) comment, dans la manifestation, la conscience humaine déforme l’Action divine (geste de coulée directe)... C’est la constitution qui est misérable. Nous rapetissons, nous déformons, nous diminuons tout — tout. Nous savons les choses — la Connaissance est là, autour de nous, en nous — et nous sommes tellement compliqués que nous la déformons. Tout le monde comme cela... Alors, c’est comme une sensation très précise, en même temps, de tout ce qui est organisé du dedans, par le Divin au-dedans, et à mesure que ça vient à la surface, ça se déforme. Ce que l’on dit est idiot, et c’est pourtant ce qu’il y a de plus proche. C’est notre manière idiote de dire quelque chose qui est... si simple et si merveilleux !... Et nous sommes tellement pervertis que nous choisissons toujours ce qui est déformé.
Je ne sais pas, mes mots eux-mêmes déforment la chose, mais c’est... c’est quelque chose que je sens si simple, si lumineux, si pur — si absolu. Et puis, nous en faisons ce que nous voyons : une vie compliquée, presque incompréhensible.
N’est-ce pas, je suis là, il y a des tas de circonstances, de complications, de gens, de... tout, tout tellement embrouillé; et alors, il y a comme derrière... ce n’est pas seulement une Force, c’est une Conscience-Force — c’est une Conscience — et c’est comme un... c’est comme un sourire, un sourire... un sourire qui sait tout. C’est cela, n’est-ce pas. Alors, quand je suis tranquille (geste mains ouvertes), c’est comme s’il n’y avait plus rien et tout est merveilleux. Et puis, dès que les gens me parlent, ou dès que je vois quelqu’un, toutes les complications viennent — ils font un gâchis de tout.
Je suis sûre que c’est le passage de cette vie à cette Vie... Quand on sera tout à fait de ce côté-là, oh! on cessera de spéculer, de vouloir « expliquer », de vouloir déduire, conclure, arranger — tout cela, ce sera fini. Si on savait... être — être, être simplement, être. Mais pour nous (j’ai remarqué cela), si l’on ne parle pas, si l’on ne pense pas, si l’on ne décide pas, on croit que l’on est en dehors de la vie... Et puis ce n’est pas toujours le même silence. Le silence de la parole qu’on n’exprime pas, ce n’est pas cela : le silence de la contemplation... agissante. Silence d’une contemplation agissante. C’est cela.
C’est certainement le nouveau mode de vie qui se prépare. Alors il faut que l’autre cède la place.
On peut dire : rien ne sait, nulle part, ni personne. Mais il y a ceux qui aspirent... comment dire... qui ont la volonté, la tendance, l’aspiration, le besoin de savoir — de savoir et d’être —, et puis, tous ceux qui s’en fichent, qui vivent-vivotent leur petite-vie-grande-vie. Que ce soit un chef d’État ou que ce soit un balayeur, cela ne fait pas de différence. C’est la même chose, les vibrations sont les mêmes.
Home
The Mother
Books
CWM
French
Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.