CWM (Fre) Set of 18 volumes
Notes sur le Chemin Vol. 11 of CWM (Fre) 422 pages 2009 Edition
French

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Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Notes sur le Chemin

The Mother symbol
The Mother

Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Collection des œuvres de La Mère Notes sur le Chemin Vol. 11 422 pages 2009 Edition
French
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1967




Le 24 mai 1967

Hier, quelqu’un m’a écrit pour me dire : « Après tout, qu’est-ce que le Divin? »

J’ai répondu.

Je lui ai dit que, pour l’aider, je donnais une réponse, mais qu’il pourrait y en avoir une centaine, qui seraient toutes aussi bonnes les unes que les autres : « Le Divin se vit, mais ne peut se définir. »

Et là, j’ai ajouté : « Mais enfin, comme tu me poses la question, je te réponds : le Divin est un absolu de perfection, source éternelle de tout ce qui existe, dont nous devenons conscients progressivement, tout en L’étant de toute éternité. »

Une fois, quelqu’un m’avait dit aussi que c’était pour lui quelque chose de simplement impensable. Alors je lui ai répondu : « Non! cela n’aide pas comme cela. Vous n’avez qu’à penser que le Divin est tout (au maximum, n’est-ce pas), tout ce que nous voulons devenir dans notre aspiration la plus haute, la plus éclairée. Tout ce que nous voulons devenir, c’est cela le Divin. » Il était si content, il m’a dit : « Oh! comme cela, ça devient facile! »

Mais quand on regarde — que l’on regarde en sortant de l’activité mentale, que l’on regarde l’expérience que l’on a — et que l’on se dit : « Comment dire cela ? Comment expliquer cela ? » alors, ce qui est le plus proche, le plus accessible, c’est ceci : dans ce « quelque chose » que nous aspirons à devenir, nous mettons instinctivement, spontanément, tout ce que nous voulons qui soit, tout ce que nous concevons de plus merveilleux, tout ce qui est l’objet d’une aspiration intense (et ignorante), tout cela. Et avec tout cela on approche de « quelque chose » et... Au fond, ce n’est pas par la pensée qu’on a le contact; on a 68 le contact par quelque chose d’identique dans l’être, qui s’éveille par l’intensité de l’aspiration. Et alors, pour soi-même, dès que l’on a obtenu ce contact — cette fusion — ne serait-ce qu’une seconde, il n’y a plus besoin d’expliquer : c’est quelque chose qui s’impose d’une façon absolue et qui est en dehors, et au-delà, de toute explication.

Mais pour y aller, chacun y met tout ce qui le conduit le plus facilement.

Et quand on a l’expérience, au moment de cette fusion, de cette jonction, il est évident pour la conscience que c’est seul l’identique qui peut connaître l’identique, et que, par conséquent, c’est la preuve que C’est là (Mère désigne le centre du cœur). C’est une preuve que C’est là. Et par l’intensité de l’aspiration, cela s’éveille.

Quand j’ai reçu la question, c’était tout à fait comme si cette personne me disait : « Oui, oui, tout cela est très bien, mais après tout qu’est-ce que c’est que le Divin! » Alors j’ai lu sa lettre, il y a eu cela, ce silence total de tout, et comme un seul regard — un seul regard rassemblant tout — et qui veut voir... Je suis restée comme cela à regarder jusqu’à ce que les mots soient venus, alors j’ai écrit : voilà une réponse; il pourrait y en avoir une centaine, qui seraient toutes aussi bonnes.

Et en même temps, quand il y a eu ce regard vers le « quelque chose » qu’il fallait définir, il y avait un grand silence partout et une grande aspiration (geste comme d’une flamme qui monte), et toutes les formes que cette aspiration a prises. C’était très intéressant... L’histoire de l’aspiration de la Terre vers l’Inconnu merveilleux que l’on veut devenir.

Et chacun — chacun qui était destiné à faire la jonction — dans sa simplicité croit que le pont qu’il a suivi est le seul pont. Résultat : religions, philosophies, dogmes, credo — bataille.

Et vu d’ensemble, c’est très intéressant, très charmant, avec un Sourire qui regarde, oh ! ce Sourire... qui regarde. Ce Sourire, c’est comme s’il disait : « Vous en faites des complications! et ce serait si simple. »

Pour l’exprimer d’une façon littéraire, on pourrait dire : « Tant de complications pour une chose si simple : être soi-même. »

(silence)

Et toi, que penses-tu que c’est, le Divin?

Je ne sais pas, c’est une question que je ne me pose jamais.

Moi non plus! Je ne me suis jamais posé la question. Parce que, spontanément, dès qu’il y a eu un besoin de savoir, il y a eu une réponse. Et une réponse, pas avec des mots que l’on discute : une réponse... un quelque chose comme cela, une vibration. C’est une chose qui est presque constante maintenant.

Naturellement, les hommes font des difficultés (je crois qu’ils doivent les aimer beaucoup, parce que...), pour tout, pour la moindre chose il y a toujours un monde de difficultés. Alors on passe son temps à dire : « Quiet, quiet, quiet — soyez tranquilles. » Et le corps lui-même vit dans les difficultés (il semble les aimer aussi!), mais tout d’un coup les cellules chantent leur ÔM... spontanément. Et alors, c’est comme une joie d’enfant dans toutes ces cellules, qui disent (Mère prend un ton émerveillé) : « Ah! oui, on peut faire cela ? on a le droit de faire cela ! » C’est touchant.

Et le résultat est immédiat : c’est cette grande Vibration, paisible, toute-puissante.

Mais moi, si je n’étais pas sous la pression constante de toutes les volontés de l’entourage, je dirais : « Pourquoi voulez-vous savoir ce que c’est que le Divin? Qu’est-ce que cela peut vous faire! Il n’y a qu’à Le devenir. » Mais ils ne comprennent pas la plaisanterie.

— Je veux savoir ce que c’est que le Divin.

— Mais non! tout à fait inutile.

— Ah! Ils vous répondent d’un air scandalisé : « Ah! ce n’est pas intéressant? »

— Tu n’as pas besoin de le savoir : il faut Le devenir. Pour eux, je veux dire l’immense majorité intellectuelle, ils ne conçoivent pas que l’on puisse faire ou être quelque chose sans savoir ce que c’est.

Cela aussi, on pourrait le dire si l’on aimait la plaisanterie : « C’est quand on ne le sait pas, que l’on est le plus Divin. »

(Mère entre en contemplation)

Pour ceux qui aiment les définitions, il y a encore une autre manière de répondre à « Qu’est-ce que le Divin? » Une immensité souriante et lumineuse.

Et n’est-ce pas, là, c’est là.

Quelques jours plus tard :

J’ai quelque chose à ajouter à ce que nous avons dit l’autre jour à propos du Divin. Quelqu’un me demande : « Et qu’est-ce que Dieu? » C’est au sujet d’un texte de Sri Aurobindo. Le voici :

« L’amour nous fait passer de la souffrance de la division à la béatitude de l’union parfaite, mais sans pour autant perdre la joie de l’acte d’union, car c’est la plus grande découverte que l’âme puisse faire, et toute la vie du cosmos en est une longue préparation. Ainsi, s’approcher de Dieu par l’amour, c’est se préparer à l’accomplissement spirituel le plus grand qui soit14. »

C’est à propos de cette dernière phrase, on me demande : « Qu’est-ce que Dieu? » Alors j’ai dit (j’ai pris le mot « Dieu ») : « C’est le nom que l’homme a donné à tout ce qui le dépasse et le domine, tout ce qu’il ne peut connaître, mais qu’il subit. »

Au lieu de mettre « à tout ce qui le dépasse », on pourrait mettre « à cela qui le dépasse », parce que « tout ce qui », au point de vue intellectuel, est discutable. Je veux dire qu’il y a un « quelque chose » — un quelque chose qui est indéfinissable et inexplicable — et ce quelque chose, l’homme a toujours senti que cela le dominait. Cela dépasse tout entendement possible et cela le domine. Et alors les religions lui ont donné un nom. L’homme l’a appelé « Dieu ». Les Anglais l’appellent God. Dans une autre langue on l’appelle autrement, mais enfin c’est cela.

C’est exprès que je ne donne pas de définition. Parce que le sentiment de toute ma vie, c’est que c’était un mot, et un mot derrière lequel les gens mettaient beaucoup de choses très indésirables... C’est cette idée du Dieu qui se veut « unique », comme ils disent : « Dieu est unique. » Mais ils le sentent et ils le disent comme Anatole France le disait, je crois que c’était dans La Révolte des Anges : ce Dieu qui veut être unique et tout seul. Cela, c’est la chose qui m’avait rendue complètement athée, si l’on peut dire, dans mon enfance; je n’admettais pas un être qui se déclarait unique et tout-puissant, quel qu’il soit. Même s’il l’était, unique et tout-puissant, (riant) il n’aurait pas le droit de le proclamer! C’était comme cela dans mon esprit. Je pourrais faire un discours d’une heure là-dessus, pour dire comment, dans chaque religion, ils ont fait face à cela.

En tout cas, j’ai donné ce qui me paraît être la définition la plus objective. Et comme l’autre jour, dans « Qu’est-ce que le Divin? » j’ai essayé de donner l’impression de la Chose; ici j’ai voulu lutter contre l’emploi du mot, qui pour moi est creux, mais dangereusement creux.

Je me souviens d’un vers de Savitri, qui est très puissant et qui dit en une ligne tout cela merveilleusement. Il dit : « Le Sans-Nom qui vit naître Dieu15. »









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