Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
C’est difficile... Les Anglais diraient : it’s not a joke34 ... Tout, tout se désorganise, tout se désorganise. On voit bien que ça se désorganise vers une organisation supérieure, c’est-à-dire un élargissement, une libération — ça, c’est vrai... Mais rien, rien ne va plus à la façon ordinaire.
(silence)
Le corps est arrivé à un état de conscience où il sait que la mort peut faire un changement, mais n’est pas — n’est pas une disparition (pas une disparition de la conscience). Et alors, cette idée qu’ont l’immense majorité des êtres humains : le repos de la mort... (Mère pose sa main sur sa bouche, comme devant une énorme sottise). Même pas cette consolation. Pour la majorité des gens, c’est le contraire d’un repos. Et alors là aussi, mais d’une façon encore plus aiguë et plus intense : « Le seul, le seul, l’unique espoir, c’est... Seigneur, Toi. Être Toi, qu’il n’y ait que Toi, que cette séparation, que cette différence disparaisse, c’est monstrueux ! » Que ça disparaisse. Alors, que ce soit comme Tu veux : Toi, en pleine activité, ou Toi, en complet repos, cela n’a aucune espèce d’importance; que ce soit comme ceci ou comme ça, de toute façon cela n’a aucune, aucune importance; ce qu’il y a d’important, c’est que ce soit Toi.
C’est la certitude absolue (Mère ferme ses deux poings) qu’il n’y a qu’une porte de sortie de tout cela, une seule — une seule, il n’y en a pas deux, il n’y a pas un choix, il n’y a pas plusieurs possibilités, il n’y en a qu’une : c’est... la Porte suprême.
La Merveille des Merveilles. Tout le reste... tout le reste, ce n’est pas possible.
Et tout cela, c’est l’expérience de ça (Mère désigne son corps); ce n’est pas mental, c’est tout à fait, tout à fait matériel.
Je vois, n’est-ce pas, parce que la conscience des gens m’est ouverte (il n’y a pas de différence, c’est tout à fait ouvert), alors je vois : dans l’immense majorité, immense majorité, l’idée, quand les choses deviennent vraiment pénibles : « Oh! (il y a toujours cette espèce d’idée) oh! un jour, ce sera fini » — quelle blague!
Mais pourquoi? Pourquoi?... De temps en temps, le corps s’inquiète : pourquoi? Pourquoi, pourquoi tout ça, pourquoi?... Quand il voit, quand il est en contact avec la souffrance, les gens, les misères, les difficultés : pourquoi, pourquoi? Pourquoi?... Pourquoi?
Puisque cette création peut être une merveille identique à la Conscience suprême, pourquoi, pourquoi a-t-il fallu tout cela, (Mère dessine un cercle qui revient au point de départ)?
De temps en temps, ça lui vient.
Enfin, évidemment c’est imbécile parce que ça ne sert à rien — c’est comme ça, c’est comme ça. Tous les pourquoi n’empêcheront pas que ce soit comme ça. Tout ce que l’on a à faire, c’est de trouver le moyen que ce ne soit plus comme cela, c’est tout.
Je pense toujours au Bouddha et à tous ceux-là : on va aller se fondre dans le Seigneur, et puis il n’y aura plus rien! (Mère prend sa tête entre ses mains)
Et alors, pour que leur théorie soit vraisemblable, ils disent (riant) que c’est une « erreur », et ils ne voient pas l’imbécillité de leur théorie que le Seigneur suprême peut avoir fait une erreur... et s’en repentir et s’en retirer!
Ces gens, tous ces gens, plus ils sont convaincus, plus on a l’impression qu’ils sont enfermés dans des œillères.
Mais en fait, ton corps est un symbole de toute la terre.
Ça a l’air d’être comme cela.
Alors, tout vient à toi pour être purifié.
Oui, mais moi, ça ne me console pas.
Oui, mais j’ai l’impression qu’une fois que quoi que ce soit t’a touché, ça ne peut plus revenir dans le monde comme c’était avant.
Ça paraît comme cela, il arrive tout le temps des choses extraordinaires. Tout le temps, tout le temps, à chaque minute, j’entends des choses vraiment extraordinaires.
Mais ça ne le console pas!... Il n’a pas d’amour-propre.
Oui, mais ça sert à quelque chose.
Ah! oui.
Ça purifie — ça doit purifier le monde.
Il ne s’inquiète même pas de sa purification... Je ne sais pas comment expliquer... C’est nuit et jour, sans arrêt : « Ce que Tu voudras, Seigneur, ce que Tu voudras... », n’est-ce pas, le « voudras » au lieu du « veux », parce que ce n’est pas seulement comme cela (geste tourné au-dedans), c’est comme cela (geste tourné au-dehors, répandu). « Ce que Tu voudras, ce que Tu veux », c’est tout. Ça, c’est son état perpétuel.
En tout cas (ça, c’est très clair), la Conscience qui est à l’œuvre pour l’aider dans le travail, lui a fait comprendre par-fai-te-ment que de s’en aller n’est pas une solution. Même si, avant, il y avait une curiosité de savoir ce qu’il sera, cette curiosité est partie; alors le désir de rester, il y a fort longtemps que c’est parti ; le possible désir de s’en aller quand ça devient un peu... suffocant, c’est parti avec l’idée que cela ne changera rien du tout. Alors, il ne lui reste qu’une chose, c’est de perfectionner l’acceptation. C’est tout.
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