CWM (Fre) Set of 18 volumes
Notes sur le Chemin Vol. 11 of CWM (Fre) 422 pages 2009 Edition
French

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Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Notes sur le Chemin

The Mother symbol
The Mother

Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.

Collection des œuvres de La Mère Notes sur le Chemin Vol. 11 422 pages 2009 Edition
French
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1968




Le 25 septembre 1968

J’ai retrouvé des vieux papiers, je ne sais pas ce que c’est. Il y a une enveloppe de toi.

C’est une question sur les Aphorismes.

« Quand j’entends parler d’une juste fureur, je m’émerveille du pouvoir qu’ont les hommes de se leurrer euxmêmes25. »

C’est admirable!

Il y avait une question : « On est toujours “de bonne foi” quand on se trompe soi-même : c’est toujours pour le bien des autres qu’on agit, ou dans l’intérêt de l’humanité et pour te servir, cela va de soi. Comment fait-on pour se tromper et comment savoir vraiment26 ? »

C’est terriblement vrai.

Hier même, avant même d’avoir lu cela, j’ai eu une longue vision à ce sujet, c’est cela qui est étonnant. Mais c’est tellement sur un autre plan...

Oui, quand on prend la partie supérieure de son mental comme juge de son action, c’est comme cela que l’on peut « se tromper de bonne foi ». C’est-à-dire que le mental est incapable de voir la vérité et qu’il juge avec sa propre capacité qui est limitée — non seulement limitée, mais inconsciente de la vérité; et alors pour le mental, il est de bonne foi, il fait aussi bien qu’il peut. C’est cela.

Naturellement, pour ceux qui sont pleinement conscients de leur psychique, ce n’est pas possible de se tromper, parce que s’ils réfèrent leur problème au psychique, ils peuvent, là, avoir la réponse divine. Mais même pour ceux qui sont en rapport avec leur psychique, la réponse n’a pas le même caractère que celle du mental, qui est précise, catégorique, absolue, qui s’impose : c’est quelque chose qui est plus une tendance qu’une affirmation. Quelque chose qui peut encore avoir différentes interprétations dans le mental.

J’en reviens à mon expérience d’hier. Après avoir regardé, j’étais arrivée à la conclusion qu’il est impossible de faire un reproche à un être humain qui fait aussi bien qu’il peut faire selon sa conscience, parce que comment peut-il dépasser sa conscience?... Et c’est justement l’erreur que font la majorité des gens : ils jugent d’un autre selon leur propre conscience, mais l’autre n’a pas leur conscience! Par conséquent ils ne peuvent pas juger (je parle seulement des gens de bonne volonté, n’est-ce pas). Selon la vision d’une conscience plus totale ou supérieure, une autre personne se trompe, mais selon la personne elle-même, elle fait au maximum de ce qu’elle croit devoir faire.

Ce qui revient à dire qu’il est absolument impossible de blâmer quelqu’un qui agit sincèrement selon sa propre conscience limitée. Et en fait, si nous en venons là, tout le monde a une conscience limitée, excepté la Conscience. C’est seulement la Conscience qui n’est pas limitée. Mais toutes les manifestations sont forcément limitées, à moins qu’elles ne sortent d’elles-mêmes et qu’elles s’unissent à la Conscience suprême, alors là... Dans quelles conditions cela

peut-il se faire? C’est le problème de l’identification avec le Suprême, qui est le Suprême Un — Un qui est tout.

(silence)

Il y a tout un côté de la pensée humaine qui a conçu que l’identification avec la Conscience suprême ne pouvait venir que par l’annulation de la création individuelle, mais justement Sri Aurobindo a dit que c’était possible sans supprimer la création. Ils ont cette conception qu’il faut supprimer la création, parce qu’ils arrêtent la création à la création humaine — c’est impossible à l’homme, mais c’est possible à l’être supramental. Et ce sera essentiellement la différence de l’être supramental : il pourra, sans perdre une forme limitée, unir sa conscience à la Conscience suprême.

Mais pour l’homme, c’est impossible. Cela, je le sais. Comme je l’ai dit, on l’a, on a l’expérience, mais dès qu’on veut l’exprimer, c’est fini, cela redevient... (geste enfermé). C’est-àdire que la substance dont nous sommes construits, n’est pas suffisamment purifiée, illuminée, transformée (n’importe quoi, n’importe quel mot) pour exprimer la Conscience suprême sans la déformer.

(silence)

(Mère entre dans une experience)

C’est une certaine opacité de la Matière, de la substance, qui l’empêche de pouvoir manifester la Conscience, et c’est cette même opacité (je ne sais pas comment dire), opacité... qui lui donne le sens d’exister.

Cela fait partie de l’expérience de ces jours derniers. J’ai vécu pendant... je ne sais pas, des semaines, dans une sorte de fluidité — fluidité transparente —, et c’est à mesure que cette fluidité transparente est remplacée par ce quelque chose que j’appelle maintenant « opacité », que revient une sorte de concrétisation de l’existence du corps.

N’est-ce pas, le contact direct de l’être psychique avec la substance du corps, sans intermédiaire, donne la sensation... est-ce que c’est « sensation »? Je ne sais pas. Ce n’est pas une sensation, ce n’est pas une perception. C’est une sorte de « vision sentie » (et cette vision est très précise, très précise) de la valeur des vibrations par rapport à une vibration supérieure qui est (tout ce que je peux en dire) plus directement expressive de la Vibration suprême.

C’est très difficile à exprimer, mais le corps est en train de vivre une expérience qu’il n’a jamais eue, et c’est comme de passer d’une imprécision à une précision ; d’une sorte de fluidité à... ce n’est pas une chose concrète, mais d’une chose fluide — fluide et imprécise — à une chose précise. Tous les événements (n’importe quel petit événement) qui varient, sont l’occasion d’une perception nouvelle. Avant, tout était fluide et imprécis; maintenant, cela commence à être plus précis — plus précis, plus exact. Mais cela perd un peu de sa fluidité.

C’est très difficile à exprimer.

Je n’y avais jamais pensé. C’est curieux, ce n’est pas voulu, je viens de faire l’expérience juste maintenant. Alors ce n’est pas très clair encore.

Au fond, le mental donne une précision qui manque quand il n’est pas là. Son rôle dans la création, c’est justement de préciser, expliquer, et limiter en même temps.

Un esprit ordinaire pourrait se demander : mais quel est l’avantage de cette imprécision?

Il n’y a pas d’avantage!

Il est tout à fait certain que lorsque le Supramental se manifestera, il remplacera la précision mentale... comment dire... diminutive — la précision qui limite et qui, par conséquent, fausse les choses en partie — par une clarté de vision, un autre genre de précision qui ne diminuera pas. C’est cela qui est en train de se construire.

Au fond, on peut dire (ce n’est pas exactement cela) : pour préciser, le mental limite et sépare; et il y a évidemment une précision qui peut venir d’une vision plus exacte, sans division et sans séparation. Et c’est cette précision-là qui sera celle de la vision supramentale. La précision viendra avec, en même temps, la vision du rapport de toutes les choses entre elles, sans les séparer.

Mais cela, c’est quelque chose qui se prépare. Cela vient comme un éclair, pour une minute, et puis ça retombe dans sa vieille manière.

On pourrait dire la même chose pour le vital. Le vital donne une intensité que rien ne semble pouvoir donner; eh bien, cette même intensité existe dans le Supramental, mais sans division. C’est une intensité qui ne sépare pas.

Les deux expériences, je les ai eues, mais d’une façon très momentanée. Ce sont des choses qui sont en train de s’élaborer juste maintenant.









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