Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
J’ai l’impression que ton regard a beaucoup changé. (Mère approuve de la tête) Depuis plus d’un an déjà, et de plus en plus, il ressemble au regard de Sri Aurobindo.
Tiens... (souriant) c’est possible!
Avant, ton regard était ce « regard de diamant », un regard... c’était toi, c’était puissamment toi. Maintenant, ça devient comme de l’infini.
Oh! mais ma façon de voir n’est pas la même.
Oui, justement, je voulais te demander : quand tu regardes comme cela les gens, qu’est-ce que tu vois?
Je crois que je vois... le plus exact, c’est leur condition, l’état dans lequel ils se trouvent. Et surtout, il y a ceux qui semblent comme fermés, qui, pour moi, ne voient pas, qui sont dans la conscience tout à fait extérieure; et puis il y a ceux qui sont ouverts — il y en a... certains enfants, c’est remarquable, c’est comme s’ils étaient tout ouverts (geste, comme une fleur au soleil), et prêts à absorber. C’est surtout la réceptivité des gens que je vois, l’état dans lequel ils se trouvent : ceux qui viennent avec une aspiration, ceux qui viennent avec une curiosité, ceux qui viennent comme... une espèce d’obligation, et puis il y a ceux qui sont assoiffés de lumière — il n’y en a pas beaucoup, mais il y a plusieurs enfants. Aujourd’hui, j’en ai vu un qui était gentil !... oh! admirable!
Et je ne vois que ça. Pas ce qu’ils pensent, ce qu’ils disent (tout cela paraît superficiel et inintéressant), c’est l’état de réceptivité dans laquelle ils se trouvent. C’est surtout cela que je vois.
(silence)
Je crois vraiment que c’est parmi les enfants que se trouvent ceux qui peuvent commencer la race nouvelle. Les hommes sont... coriaces.
N’est-ce pas, je suis tout le temps à lutter contre des gens qui sont venus ici pour être confortables et « libres de faire ce qu’ils veulent », alors... je leur dis : « Le monde est grand, vous pouvez aller. » Pas d’âme, pas d’aspiration, rien.
Tu sais mon impression? C’est qu’ils sont tous vieux et que je suis seule à être jeune. C’est cela, n’est-ce pas, cette flamme, cette volonté, ce qu’on appelle push. Satisfaits de petites satisfactions personnelles... qui ne mènent à rien, préoccupés de ce qu’ils vont manger, oh!...
J’ai l’impression que maintenant il y a comme un display (tu sais, display?), un étalage de tout ce qui ne doit pas être.
Oui.
Mais la flamme, la flamme d’aspiration (Mère hoche la tête), il n’y en a pas beaucoup qui l’apportent.
Pourvu qu’ils soient ce qu’ils appellent « confortables », c’est tout ce qu’il leur faut — et libres de faire quelques bêtises qu’ils ne feraient pas dans le monde!... Tandis que l’on sent que pour hâter la venue — on pourrait la hâter si l’on était... si l’on était un conquérant!
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