Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
Le 1er, il s’était vraiment passé quelque chose d’étrange... Et je n’étais pas la seule à le sentir, plusieurs personnes l’ont senti. C’était juste après minuit, mais je l’ai senti à deux heures et d’autres personnes l’ont senti à quatre heures du matin. C’était... je t’en ai dit deux mots la dernière fois, mais ce qui est étonnant, c’est que cela ne correspondait absolument à rien de ce que j’attendais (je n’attendais rien), aux autres choses que j’avais senties. C’était quelque chose de très matériel, je veux dire que c’était très extérieur — très extérieur — et c’était lumineux, d’une lumière dorée. C’était très fort, puissant; mais alors, son caractère, c’était une bienveillance souriante, une joie paisible, et une espèce d’épanouissement dans la joie et la lumière. Et c’était comme une « Bonne année! », comme un souhait. Moi, cela m’avait pris par surprise. Ça a duré : pendant au moins trois heures, je l’ai senti. Après, je ne m’en suis plus occupée, je ne sais pas ce qui est arrivé. Mais je t’en ai dit deux mots et j’en ai parlé à deux ou trois personnes : elles l’avaient toutes senti. C’est-à-dire que c’était très matériel. Ils avaient tous senti, comme cela, une sorte de joie, mais une joie aimable, puissante et... oh! très, très douce, très souriante, très bienveillante... Je ne sais pas ce que c’est. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est une espèce de bienveillance, par conséquent c’était quelque chose de très proche de l’humain. Et c’était si concret, si concret! comme si cela avait un goût, tellement c’était concret. Après, je ne m’en suis plus occupée, excepté que j’en ai parlé à deux ou trois personnes : toutes avaient senti. Maintenant, je ne sais pas si ça s’est mélangé ou si... Ce n’est pas parti, on n’a pas l’impression de quelque chose qui vient pour s’en aller.
C’était beaucoup plus extérieur que les choses que je sens d’habitude, beaucoup plus extérieur... Très peu mental, 161 c’est-à-dire qu’il n’y avait pas le sentiment d’une « promesse » ou... non. Ce serait plutôt... mon impression à moi, c’était l’impression d’une immense personnalité — immense, c’est-àdire que, pour elle, la terre était petite, la terre était comme cela (Mère tient une petite boule au creux de ses mains), comme une boule — immense personnalité, très, très bienveillante, qui vient pour... (Mère semble soulever gentiment cette boule au creux de ses mains). C’était l’impression d’un dieu personnel... et c’était pourtant... je ne sais pas... qui vient pour aider, et si, si fort, et en même temps si doux, si compréhensif. Et c’était très extérieur : le corps le sentait partout, partout (Mère touche son visage, ses mains), partout comme cela.
Qu’est-ce que c’est devenu? Je ne sais pas.
C’était le commencement de l’année. Comme si quelqu’un, à la dimension d’un dieu (c’est-à-dire quelqu’un) venait dire « Bonne année! », avec tout le pouvoir d’en faire une bonne année. C’était comme cela.
Mais qu’est-ce que c’était?...
Si concret...
Je ne sais pas.
Est-ce... Est-ce la personnalité — parce que cela n’avait pas de forme, je ne voyais pas de forme, il y avait seulement ce que ça apportait (Mère palpe l’atmosphère), la sensation, le sentiment : ces deux-là, sensation et sentiment. Et je me suis demandé si ce n’était pas la personnalité supramentale... qui, alors, se manifestera plus tard en des formes matérielles.
Le corps, ce corps-là, se sent, depuis ce moment-là (ça l’a pénétré partout, beaucoup), il se sent beaucoup plus joyeux et moins concentré, plus vivant dans une expansion heureuse, souriante. Par exemple, il parle plus facilement. Il y a une note — une note constante de bienveillance. Un sourire, n’est-ce pas, un sourire bienveillant, et tout cela avec une grande force... je ne sais pas.
Tu n’as rien senti?
J’ai eu une impression de contentement ce jour-là.
Ah! C’est cela. Oui, c’est cela.
Est-ce la personnalité supramentale... qui s’incarnera dans tous ceux qui auront un corps supramental?
C’était lumineux, souriant, et si bienveillant par puissance, c’est-à-dire que la bienveillance, généralement dans l’être humain, est quelque chose d’un peu faible, en ce sens que ça n’aime pas le combat, ça n’aime pas la lutte; mais ce n’est pas du tout cela ! Une bienveillance qui s’impose (Mère abat ses deux poings sur les bras de son fauteuil).
Cela m’a intéressée parce que c’est tout à fait nouveau. Et si concret! Concret comme cela (Mère touche les bras de son fauteuil), comme ce que, d’habitude, la conscience physique considère comme « les autres », concret comme cela. C’est-à-dire que ce n’est pas passé par un être intérieur, par l’être psychique, c’est venu directement sur le corps.
Qu’est-ce que c’est?... Oui, c’est peut-être cela... Le sentiment du corps est une espèce de certitude depuis que c’est arrivé; une certitude comme si, maintenant, il n’était plus dans l’anxiété ou l’incertitude de savoir : « Qu’est-ce que ce sera ? Qu’est-ce que ce sera, le Supramental? Physiquement, qu’est-ce que ce sera physiquement? » Le corps se le demandait. Maintenant il n’y pense plus, il est content.
C’est quelque chose qui va imprégner les corps qui sont prêts?
Oui. Je crois, oui. J’ai l’impression que c’est la formation qui va pénétrer, qui va s’exprimer — pénétrer et s’exprimer — dans les corps... ce qui sera les corps du Supramental.
Ou peut-être... peut-être le surhomme, je ne sais pas. L’intermédiaire entre les deux. Peut-être le surhomme : c’était très humain, mais un humain à proportions divines, n’est-ce pas.
Un humain sans faiblesses et sans ombres : c’était tout lumière — tout lumière et souriant et... douceur en même temps.
Oui, peut-être le surhomme.
(silence)
Je ne sais pas pourquoi, avec insistance depuis quelques moments, je me dis : les gens qui ne sauront pas comment les choses se sont passées vraiment, se diront, quand cette Force supramentale sera entrée dans l’atmosphère terrestre, les aura pénétrés, ils se diront : « Eh bien, c’est nous qui avons fait tout cela ! »
(Mère rit) Oui, probablement.
C’est nous, c’est notre belle humanité qui a fleuri.
Oui, sûrement. C’est toujours comme cela.
C’est pour cela que je dis... je dis qu’après tout, nous sommes tous ici et nous avons, en somme, à faire face à toutes les difficultés, mais c’est une Grâce, parce que nous, nous saurons comment. Et nous ne cesserons pas d’être, n’est-ce pas. Nous saurons comment ça a été fait.
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