Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
Cette Conscience qui est venue il y a plus d’un an, un an et demi maintenant, semble travailler très, très dur, d’une façon très positive, pour la sincérité. Elle n’admet pas les pretences49 , que l’on prétend être cela et qu’on ne le soit pas. Il50 veut que ce soit la vraie chose.
Oui, tout ressort.
C’est un excellent mentor pour ce corps, il lui donne des leçons perpétuellement... Et je ne sais pas si tous les corps sont comme cela, mais celui-ci se sent un tout petit enfant et il veut être à l’école, il veut qu’on lui montre où il se trompe et apprendre toutes les choses. Et il est constamment à apprendre. Mais tout ce qui vient du dehors... Ça, c’est très intéressant : la Conscience, la Conscience qui est là (geste au-dessus) n’est influencée par rien; elle est témoin, elle voit, mais elle ne reçoit pas. Le corps reçoit encore des vibrations : quand certaines gens s’assoient devant moi, tout d’un coup il y a des douleurs, il y a des choses qui ne vont pas, mais alors il sait maintenant... il sait naturellement qu’il souffre, mais il ne s’en prend pas aux autres, il s’en prend à lui-même; il le prend comme une indication des points qui ne sont pas encore uniquement sous l’Influence divine. Et de ce point de vue, c’est très intéressant... Il sait l’écart qu’il y a entre la conscience de l’être qui se sert de lui, et lui, et il n’en souffre pas mais il est d’une humilité, d’une modestie parfaite. Et il ne s’étonne pas ou il ne s’inquiète pas, parce que c’est : « Que Ta Volonté soit faite; ça ne me regarde pas, je suis incapable de juger et je n’essaye pas — que Ta Volonté soit faite. » Et alors, il est comme cela (geste passif, abandonné). Et quand il disparaît, qu’il est tout à fait, tout à fait soumis, qu’il n’existe plus par lui-même, alors la Force qui passe devient... quelquefois, elle est formidable. Quelquefois on peut voir, la conscience-témoin peut voir qu’il n’y aurait vraiment pas de limites aux possibilités. Mais ce n’est pas encore ça, il s’en faut de beaucoup... Ça vient comme un exemple de ce qui peut être. Mais... avant que ce soit spontané et naturel...
(long silence)
Qu’est-ce que tu as à dire?
Je ne sais pas si c’est correct, mais j’ai l’impression d’une certaine différence entre il y a plusieurs années et maintenant, dans ta présence avec nous, si je puis dire. Par exemple, autrefois, j’avais souvent eu l’impression que tu étais activement avec nous, ou que tu t’occupais activement de nous; maintenant, je ne sais pas si c’est exact mais j’ai plutôt l’impression que c’est laissé à une force... pas impersonnelle mais...
Ah ! il y a beaucoup de l’activité que j’ai laissée à cette Conscience, c’est vrai. Ça, c’est vrai. Cette Conscience, je la laisse travailler activement parce que... je me suis aperçue qu’elle savait vraiment. Autrement, le sentiment de proximité avec vous est beaucoup plus grand qu’avant — beaucoup plus. J’ai presque l’impression de me mouvoir au-dedans de vous, que je n’avais pas avant. Mais peut-être qu’avant, ma conscience faisait une pression sur la vôtre, tandis que maintenant elle ne doit plus en faire parce que... c’est comme si c’était du dedans que je faisais.
Oui, quand on est avec toi, près de toi, c’est évident, ça se sent. Oui, on sent que tu es au-dedans.
Oui, c’est cela.
Ça, tout à fait, mais c’est plutôt quand on est physiquement écarté, on a l’impression que l’on est davantage avec quelque chose d’impersonnel. Je ne sais pas si c’est exact.
C’est peut-être devenu impersonnel. J’ai l’impression que même la conscience du corps, est un minimum de personnel. Parfois, je n’ai plus l’impression des limites de mon corps... Je ne sais pas comment dire... Oui, c’est cela, c’est presque comme si c’était devenu fluide. Et il ne doit plus y avoir d’action personnelle. Mais justement, au-dedans (je ne sais pas comment expliquer) ce n’est même pas comme une personne qui se serait agrandie pour prendre les autres au-dedans d’elle, ce n’est pas cela : c’est une force, une conscience qui est répandue sur les choses. Je n’ai pas l’impression d’une limite, j’ai l’impression d’une chose qui est répandue, même physiquement... C’est d’ailleurs comme cela que si quelqu’un vient avec un sens critique très actif, voulant observer et juger, c’est comme s’il entrait audedans, tu comprends, et ça dérange dedans.
Je ne pense pas que l’action donne l’impression d’une action personnelle — mais il y a longtemps de cela (c’est-à-dire depuis le commencement de cette année au moins). Quand les gens m’écrivent qu’ils ont eu l’impression que j’avais fait ceci ou cela pour eux, je suis toujours étonnée. S’ils disaient : « La Force a fait ça » ou « La Conscience a fait ça », alors cela me paraîtrait plus naturel.
Ce qui parle, ce qui observe, c’est un centre de conscience qui est là (geste au-dessus), mais qui naturellement n’est pas localisé : c’est pour communiquer avec la bouche et les sens.
C’est là (même geste au-dessus). Mais ça n’a pas le caractère d’une personnalité... N’est-ce pas, si quelqu’un me pose la question : « Comment voyez-vous cela ? », il me faut un moment pour comprendre la question. Je n’ai pas l’impression que c’est une personne qui voit.
Certaines expériences me font penser que ce sens de la limitation personnelle n’est pas nécessaire à l’existence physique; c’est une chose qui doit être apprise mais ce n’est pas nécessaire. On avait toujours l’impression que le corps défini comme faisant des individualités séparées, était nécessaire — ce n’est pas nécessaire. On peut vivre physiquement sans cela, le corps peut vivre sans cela... Spontanément, c’est-à-dire laissé à ses vieilles habitudes et manières d’être, c’est très difficile, cela donne une organisation intérieure qui ressemble beaucoup à du désordre — c’est difficile. N’est-ce pas, les problèmes se posent tout le temps, pour tout. Tout. Il n’y a pas une activité du corps qui ne soit mise en question par ça51 . Le processus n’est plus le vieux processus, ce n’est plus comme c’était, mais « comme c’est » n’est pas devenu une habitude, une habitude spontanée, c’est-à-dire que ce n’est pas naturel, ça demande que la conscience veille constamment — pour tout, même pour avaler un déjeuner, tu comprends. Et alors, ça rend la vie un petit peu difficile — surtout, surtout quand je vois les gens. Je vois des quantités de gens : quarante, cinquante personnes tous les jours, et chacune apporte quelque chose qui fait que cette Conscience qui fait fonctionner tout cela doit s’arranger avec les choses qui viennent du dehors... Et je vois, n’est-ce pas, il y a beaucoup de gens qui deviennent malades (ou qui pensent être malades ou qui semblent avoir une maladie, ou qui en ont vraiment), mais cela devient concret dans le corps à travers leur manière d’être, qui est l’ancienne; pour cette nouvelle conscience physique, ça pourrait être évité, mais, oh! c’est d’une difficulté! Il faut maintenir, par une espèce de concentration consciente, un état, une manière d’être qui n’est pas naturelle selon l’ancienne nature, mais qui est évidemment la nouvelle manière d’être. Mais comme cela, on peut éviter la maladie. Mais c’est presque un travail herculéen.
C’est difficile.
Tu comprends, toutes les impossibilités, tous les « ça ne peut pas être, ça ne peut pas être fait... », tout cela est balayé; mais c’est balayé en principe, et c’est en train d’essayer de devenir un fait, un fait concret.
Ça, c’est tout récent, c’est après le commencement de cette nouvelle année. Et alors, il y a toute la vieille habitude — on pourrait dire quatre-vingt-dix ans d’habitudes. Mais le corps sait, il sait que ce n’est qu’une habitude.
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