Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
À propos d’un « accident ».
C’est comme cela. C’est comme un Ordre impératif : allez droit ou tout va mal.
Ça devient terrible, terrible. C’est comme une pression — une pression effroyable — pour avoir le progrès voulu. Je le sens en moi-même, pour mon corps. Mais mon corps n’a pas peur, il dit (Mère ouvre les mains) : « Bon, si je dois finir, c’est fini. » C’est comme cela à chaque minute : la vraie chose (Mère abat son poing) ou la fin.
C’est cela qui semble être descendu — tu sais que j’avais dit que quelque chose était descendu (c’est écrit quelque part) et nous saurons un jour, nous saurons bientôt ce que ce sera62 . Tu n’as pas lu?
Oui, c’était le 21 février.
Mais c’est cela. C’est une sorte de... Pas de demi-mesures, pas de compromis, pas d’à-peu-près, pas de... non : comme cela (Mère abat son poing).
Et c’est comme cela pour le corps. C’est à chaque minute un impératif : c’est la vie ou la mort. Pas l’à-peu-près qui a duré indéfiniment. Pendant des siècles on n’était pas tout à fait mal, on n’était pas tout à fait bien — ce n’est plus ça.
Le corps sait que pour la formation du corps supramental, c’est comme cela : il faut que ce soit entièrement sous l’Influence du Divin — pas de compromis, pas d’à-peu-près, pas de « ça viendra », non : comme ça (Mère abat son poing), une Volonté terrible.
Mais... c’est la seule manière que les choses aillent vite.
(long silence)
Mais quand on commence à comprendre pratiquement la nécessité de la transformation — quand ça commence vraiment à être compris et que l’on essaye de faire quelque chose, on s’aperçoit que la substance matérielle, elle reçoit un coup, alors elle se souvient : pendant un jour, deux jours elle aspire, elle cherche; et puis ça se relâche.
Oui, oui.
Il y a comme une incapacité de tension.
Ce n’est pas de l’incapacité.
Qu’est-ce que c’est?
Mauvaise volonté. Égoïsme — ce que nous appelons égoïsme — l’égoïsme de la Matière...
L’égoïsme de la Matière.
... qui ne veut pas se soumettre.
Ça, je le sais. J’attrape tout le temps mon corps, ici, là, là, là... Il veut aller son petit bonhomme de chemin de la façon ordinaire.
C’est une sorte de relâchement de l’aspiration ou de la tension.
Oui, c’est cela.
Alors comment faire? Il faut chaque fois le rattraper, ou il faut quoi?
Oui. Mais c’est parce que ça ne peut être stable que si c’est vraiment branché sur le Divin. Si l’on est comme cela (geste, les deux poings accrochés en haut comme à une corde), alors automatiquement, quand le moment devient tout à fait critique, ça va du bon côté. Ça va du bon côté. C’est comme si l’on avait tout le temps l’impression que l’on était entre la vie et la mort, et de la minute où l’on prend la vraie attitude — ou la partie concernée prend la vraie attitude —, ça va bien. Tout naturellement et facilement ça va bien. C’est extraordinaire. Mais c’est formidable parce que c’est un danger perpétuel. N’est-ce pas, peut-être, je ne sais pas, cent fois dans la journée, une sensation : la vie ou (pour les cellules, n’est-ce pas), la vie ou la désintégration. Et alors, si elles se crispent comme elles ont l’habitude de le faire, ça va tout à fait mal. Mais elles apprennent à... (Mère ouvre les mains dans un geste d’abandon), alors ça va.
C’est comme si, par une espèce d’obligation, le corps apprenait l’éternité. C’est vraiment intéressant. Et alors je vois les circonstances extérieures, ça devient terrible (au point de vue ordinaire).
(Mère entre en contemplation)
Qu’est-ce que tu as à dire?
Non, c’était cela, la difficulté que je trouvais.
Oui.
Je trouve cela très difficile. Alors on essaye une fois, dix fois de se rattraper, mais on a l’impression que ce n’est pas cela qu’il faut faire, que c’est quelque chose d’autre, et que... si vraiment il n’y a pas un Pouvoir supérieur qui fait la chose pour vous, on ne peut rien faire du tout.
Oui, c’est cela. Mais alors il y a des expériences — des centaines d’expériences — que de la minute où l’on prend l’attitude véritable, c’est fait.
C’est nous qui empêchons que ce soit fait... Comme si notre contrôle empêchait la Force d’agir, quelque chose comme cela. Il faut... (Mère ouvre les mains)
(silence)
Je crois, je crois que c’est le subconscient qui est convaincu que s’il ne garde pas son contrôle, tout ira mal. C’est cela, l’impression. C’est lui, c’est lui qui dit : « Ah! il faut veiller, il faut faire attention... »
(Mère ouvre les mains)
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