Dans ces conversations, la Mère confie à un disciple ses expériences sur le chemin du « yoga du corps », au cours des années 1961-1973.
Il y a une ruée de forces adverses. Une ruée enragée. Mais on commence à avoir la Réponse — c’est seulement un tout petit commencement. Dans chacun c’était comme un ouragan — ce n’est pas complètement fini. Tout ce que l’on croyait vaincu et repoussé, se reprécipite — chez les plus inattendus —, sous toutes les formes, mais surtout caractère, oh!... les doutes, révoltes, tout cela...
(silence)
On m’a demandé un message pour toute l’Inde. Je l’ai donné (Mère tend le texte au disciple).
Seigneur, Vérité Éternelle Permets que nous n’obéissions qu’à Toi et que nous vivions selon la Vérité.
Supreme Lord, Eternal Truth Let us obey Thee alone and live according to Truth.
C’est une ruée du Mensonge, effroyable. C’était comme si tout le monde mentait, même les gens les plus inattendus — partout, partout, partout. Et c’était pour moi vivant. (Mère fait le geste de voir) Oh ! horrible, tu ne peux pas t’imaginer... Une petite torsion à droite, une petite torsion à gauche, une petite torsion... rien, rien, rien de droit. Et alors, le corps s’est dit : « Où est ton mensonge? » Il s’est regardé. Et il a vu cette vieille histoire : « Il faut appeler le Seigneur seulement quand c’est important! (Mère rit)Tu ne peux pas espérer être avec Lui tout le temps! » Alors il a reçu une bonne tape!... Ce n’était pas agressif, ça avait l’air d’une humilité — il a reçu une bonne gifle.
C’était un acharnement de choses désagréables — plus que désagréables : vraiment, vraiment méchantes et mauvaises et destructrices. Un acharnement, jusqu’à ce qu’il ait compris. Alors, ce sentiment est venu dans tout le corps, toutes les cellules, partout, tout le temps — c’était même arrivé au point que je ne pouvais pas avaler quand je mangeais —, jusqu’à ce que tout, tout comprenne : je n’existe que par le Divin, je ne peux persister que par le Divin... et je ne peux être moi-même qu’en étant le Divin. Après cela, c’était mieux. Maintenant le corps a compris.
(long silence)
Tu n’as rien à demander? Rien à dire?
J’ai l’impression que la destinée est mauvaise.
Non, ce n’est pas vrai. Cela fait partie du Mensonge, c’est ce Mensonge. Il n’y a pas de mauvaise destinée, c’est une blague! C’est un vrai mensonge... Ce n’est pas vrai du tout, du tout, du tout.
Voilà, ça te donne justement un exemple : c’est comme cela — c’est comme cela partout (Mère fait un geste comme avec des griffes). Moi, j’ai l’impression que je vois des diablotins avec des mains crochues qui essayent de s’agripper à tout le monde. Ah ! tu devrais les regarder et puis rire — leur tirer la langue comme un enfant mal élevé.
En tout cas, on est bien assailli.
Oh!... Je te dis, c’était une ruée en masse — mais ça ne fait rien... Il faut s’élever au-dessus, et puis... (geste de regarder d’en haut).
Ce que j’ai dit, c’est la Vérité, c’est le seul remède : N’exister que pour le Divin. N’exister que par le Divin. N’exister qu’au service du Divin. N’exister que... en devenant le Divin. Voilà.
Il n’y a pas « toi », il n’y a pas « il faut attendre », il n’y a pas « ça viendra en son temps », il n’y a pas... toutes ces choses très raisonnables, ça n’existe plus — c’est Ça (Mère abat son poing), comme une lame d’épée. C’est Ça. Et c’est Ça envers et contre tout : le Divin. Le Divin seul. Tout le fatras de mauvaises volontés et de révoltes et de... tout ça (Mère lève un doigt immuable), ça doit être balayé. Et ce qui dit qu’on périra ou qu’on sera détruit par Ça, c’est l’ego — c’est monsieur l’Ego qui essaye de se faire prendre pour l’être véritable.
Mais le corps a appris que même sans ego, il est ce qu’il est parce qu’il est ça par la Volonté divine et pas du tout par l’ego — nous existons par la Volonté divine et non par l’ego. L’ego était un moyen — un moyen d’il y a des siècles —, maintenant ça ne vaut plus rien, son temps est passé. Maintenant (Mère abat son poing) la conscience, c’est le Divin ; le pouvoir, c’est le Divin ; l’action, c’est le Divin ; l’individualité, c’est le Divin.
Et le corps a très bien compris, senti; il a « réalisé » comme on dit en anglais, realised, understood53 , que ce sens d’être une personnalité séparée est tout à fait inutile, tout à fait, n’est pas du tout indispensable à son existence, elle est tout à fait inutile. Il existe par un autre pouvoir et une autre volonté, qui n’est pas personnelle : c’est la Volonté divine. Et il ne sera ce qu’il doit être que le jour où il sentira qu’il n’y a pas de différence entre lui et le Divin. Voilà tout.
Tout le reste est mensonge — mensonge, mensonge, et mensonge qui doit disparaître. Il n’y a qu’une réalité, il n’y a qu’une vie, il n’y a qu’une conscience (Mère abat son poing) : le Divin.
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