La Mère répond ici aux questions sur le yoga et sur la vie posées par des disciples en 1929 et en 1930–31.
Ces Entretiens ont eu lieu entre le mois d'avril et le mois d'août 1929. La Mère s'adressait alors en anglais à un petit nombre de disciples, et particulièrement à une Anglaise qui posait toutes les questions que nous retrouvons ici. Ces textes furent traduits en français par la Mère, d'après les notes prises par un disciple, et publiés pour la première fois en 1933 sous le titre Entretiens avec la Mère.
C’est une idée fort répandue que les visions sont un signe de haute spiritualité. Est-ce vrai?
Pas nécessairement. De plus, avoir des visions est une chose, comprendre et interpréter ce que l’on voit en est une autre, et bien plus difficile.
En général, ceux qui voient sont induits en erreur parce qu’ils donnent à leur vision le sens ou l’interprétation qu’ils préfèrent, suivant leurs désirs, leurs espoirs et leurs opinions préconçues. En outre, il y a aussi différents plans sur lesquels on peut voir. Il y a la vision mentale, la vision vitale, et il y a certaines visions que l’on a sur un plan très proche du matériel. Les visions appartenant à cette catégorie apparaissent sous des formes et des symboles qui semblent absolument matériels tant ils sont clairs, réels et tangibles. Et si vous savez comment les interpréter, vous pouvez avoir des indications très exactes sur les circonstances et l’état psychologique des gens.
Donnons un exemple. Voici une vision que quelqu’un a eue réellement. Une route grimpe les escarpements d’une colline bordée de précipices, baignée par un ardent soleil. Sur cette route, une lourde diligence traînée par six forts chevaux avance avec difficulté. Elle va son chemin lentement, mais régulièrement. Arrive un homme qui regarde la situation, prend position derrière le véhicule et commence à le pousser, ou plutôt à essayer de le pousser, pour monter la colline. Alors survient une personne qui a la connaissance et qui lui dit : « Pourquoi vous fatiguez-vous en vain ? Pensez-vous que votre effort puisse avoir quelque résultat? Pour vous, la tâche est impossible; même les chevaux la trouvent difficile. »
La clef du sens de la vision se trouve dans l’image des six chevaux. Le cheval est le symbole du pouvoir, et le nombre six est celui de la création divine. Ainsi, les six chevaux signifient les pouvoirs de création divine. La diligence représente la réalisation, ou plutôt ce qui doit être réalisé, accompli, amené au sommet, sur la hauteur où se trouve la lumière. Ces pouvoirs de création sont divins, et cependant, même pour eux, un dur labeur est nécessaire afin d’atteindre à la réalisation, car ils ont à travailler dans des conditions très défavorables, ils ont à lutter contre toutes les forces de la nature qui tirent en bas. Alors arrive l’être humain qui, dans son arrogance et son ignorance, pense qu’avec son petit appoint de puissance mentale, il est quelqu’un et peut faire quelque chose. La meilleure chose qu’il puisse faire est, en vérité, de monter dans la diligence, de s’asseoir confortablement et de laisser les chevaux le tirer.
Les rêves sont quelque chose de tout différent. Ils sont plus difficiles à interpréter, car chacun a son monde propre d’images et de formes utilisées par ses rêves. Bien entendu, il est des rêves qui ne signifient pas grand-chose : ceux qui sont en rapport avec la couche de conscience physique la plus superficielle, ceux qui sont le résultat de pensées errantes, d’impressions fugitives, de réactions mécaniques ou d’activités réflexes. Ces rêves n’ont aucune organisation régulière dans la forme, la structure ou le sens; on s’en souvient à peine et ils ne laissent aucune trace appréciable dans la conscience. Mais même les rêves qui ont une origine quelque peu plus profonde sont encore obscurs, parce qu’ils sont spécifiquement personnels, dans ce sens qu’ils dépendent presque entièrement, pour leur formation, des expériences et de l’idiosyncrasie de l’individu. Il est vrai que les visions aussi sont construites avec des symboles qui n’ont pas nécessairement cours dans le monde entier. Le symbolisme varie suivant les races, les traditions, les religions. Un symbole peut être spécialement chrétien, et un autre spécialement hindou, un troisième peut être commun à tout l’Orient, et un quatrième compris seulement de l’Occident. Les rêves, par contre, sont exclusivement personnels; ils dépendent des circonstances et des impressions de chaque jour. Il est extrêmement difficile pour un homme d’expliquer ou d’interpréter les rêves d’un autre. Mais chacun peut étudier ses propres rêves, les démêler et découvrir leur signification.
Vous voulez savoir la manière de procéder avec les rêves et le pays des songes? Tout d’abord, devenez conscient, conscient de vos rêves. Observez les rapports entre eux et les événements des heures de veille. Si vous vous souvenez de vos nuits, il vous sera très souvent possible d’établir une relation entre votre état de la journée et celui de la nuit. Toujours, durant le sommeil, quelque activité se produit sur le plan mental, vital ou autre; des choses se passent là, qui gouvernent votre conscience de veille. Par exemple, certains sont très anxieux de se perfectionner et font de grands efforts pendant le jour. Ils vont dormir et, quand ils se réveillent le lendemain, ils ne trouvent plus aucune trace de ce qu’ils avaient gagné par leur effort du jour précédent; il leur faut de nouveau parcourir le même chemin. Ceci veut dire que l’effort et le résultat obtenu, quels qu’ils aient été, appartenaient aux parties les plus superficielles ou les plus éveillées de l’être; mais d’autres parties, plus profondes ou plus endormies, n’avaient pas été touchées. Dans le sommeil, on tombe sous l’emprise de ces régions inconscientes qui absorbent et font disparaître tout ce que l’on avait si laborieusement édifié pendant les heures de veille.
Soyez conscient! Soyez conscient de la nuit aussi bien que du jour. D’abord, il vous faut devenir conscient; ensuite, vous pourrez avoir le contrôle. Ceux qui se souviennent de leurs rêves connaissent cette expérience de savoir qu’ils rêvent même pendant le rêve; ils savent qu’ils ont une expérience qui n’appartient pas au monde matériel. Une fois que l’on a cette connaissance, on peut agir là de la même manière que dans le monde matériel ; on ne se sent plus lié par ce qui se passe; même pendant que l’on rêve, on peut exercer sa volonté consciente et changer tout le cours des événements rêvés.
Et tandis que vous deviendrez de plus en plus conscient, vous commencerez à avoir autant de contrôle de votre être pendant la nuit que durant le jour, peut-être même davantage. En effet, pendant la nuit, vous êtes au moins partiellement libéré de la sujétion au mécanisme du corps. Le contrôle des mouvements de la conscience corporelle est beaucoup plus difficile, car ces mouvements sont plus rigides et moins susceptibles de changement que ne le sont ceux du mental ou du vital.
Pendant la nuit, le mental et le vital (particulièrement le vital) sont très actifs. Le jour, ils sont tenus en échec ; automatiquement la conscience physique met un frein au libre jeu de leur expression. Dans le sommeil, ce frein est retiré, et ils apparaissent avec toute la spontanéité de leurs mouvements naturels.
Quelle est la nature du sommeil sans rêve?
En général, quand vous avez ce que vous appelez un sommeil sans rêve, c’est l’une de ces deux choses : ou vous ne vous souvenez pas de ce que vous avez rêvé, ou vous êtes tombé dans une inconscience absolue très semblable à la mort, un avant-goût de la mort. Mais il existe un sommeil dans lequel toutes les parties de l’être entrent dans une immobilité, une paix, un silence absolus; et la conscience s’immerge dans Satchidânanda. On peut à peine appeler cet état « sommeil », car il est extrêmement conscient. Quelques minutes dans cette condition donnent plus de repos et de délassement que des heures de sommeil ordinaire. Mais vous ne pouvez pas l’avoir par hasard ; cela exige un long entraînement.
Comment se fait-il que l’on rencontre et connaisse en rêve des gens que l’on rencontrera et connaîtra ensuite dans la vie ordinaire?
Cela vient des affinités qui rapprochent certaines personnes les unes des autres, affinités des mondes mental ou vital. Les gens, souvent, se rencontrent sur ces plans avant de se rencontrer sur la terre. Ils peuvent se réunir là, se parler les uns aux autres et avoir tous les rapports qui existent dans la vie physique. Quelques-uns se rendent compte de ces activités, d’autres les ignorent. Certains (en vérité la plupart) sont inconscients de leur être intérieur et de ses relations, et cependant, quand ils rencontreront la nouvelle figure dans le monde extérieur, ils la trouveront très familière, en quelque sorte bien connue.
N’y a-t-il pas de visions fausses?
Il existe, en effet, des visions que l’on peut appeler fausses. Il y a, par exemple, des centaines et des milliers de gens qui disent avoir vu le Christ. De ce nombre, ceux qui l’ont réellement vu représentent peut-être moins d’une douzaine; et même pour ceux-là, il y aurait beaucoup à dire sur ce qu’ils ont vu. Ce que les autres ont perçu est peut-être une émanation ou une pensée, ou même une simple image rappelée par la mémoire. Il y a aussi de grands croyants dans le Christ, qui ont eu la vision d’une force, d’un être, ou d’une image remémorée, très lumineuse, qui fait sur eux une forte impression. Ils ont vu quelque chose qu’ils sentent appartenir à un autre monde, d’un ordre surnaturel, et cela a suscité en eux une émotion, une crainte, une révérence ou une joie, et, comme ils croient en le Christ, ils ne peuvent penser à rien d’autre et disent que c’est lui. Cependant, la même vision ou expérience, si elle venait à un croyant de la religion hindoue, de la religion musulmane ou de toute autre, se revêtirait d’une autre forme et d’un autre nom. La chose vue ou expérimentée peut être fondamentalement la même, mais elle se formule différemment d’après les notions différentes des esprits qui la perçoivent. Ceux-là seuls qui peuvent aller au-delà des croyances, des fois, des mythes et des traditions sont capables de dire ce que cette chose est réellement; mais ceux-là sont bien peu nombreux. On doit être affranchi de toute construction mentale, débarrassé de tout ce qui est seulement local ou temporel, avant d’avoir la connaissance de ce que l’on voit.
L’expérience spirituelle veut dire le contact avec le Divin en soi-même (ou en dehors de soi, ce qui revient au même dans ce domaine). Et c’est une expérience identique partout et toujours, dans tous les pays, parmi tous les peuples, et même à travers tous les âges. Si vous entrez en contact avec le Divin, votre contact sera le même toujours, quel que soit le lieu ou le temps. Les différences se produisent parce que, entre l’expérience et sa formulation, il y a presque un abîme. À peine avez-vous une expérience spirituelle (qui se produit toujours dans votre conscience interne), qu’elle se traduit dans votre conscience externe et s’y exprime d’une manière ou d’une autre suivant votre éducation, votre croyance, vos tendances mentales. Il n’y a qu’une vérité, qu’une réalité; mais les formes dans lesquelles elle se traduit peuvent être innombrables.
Quelle fut la nature des visions de Jeanne d’Arc?
Jeanne d’Arc était évidemment en rapport avec des entités appartenant à ce que nous appelons le monde des dieux (ou, comme disent les catholiques, le monde des saints, quoique ce ne soit pas exactement le même). Les êtres qu’elle voyait, elle les appelait des archanges. Ces êtres appartiennent au monde intermédiaire entre le mental supérieur et le Supramental. C’est le monde des créateurs, des formateurs. Si les mêmes êtres qui apparaissaient et parlaient à Jeanne, étaient vus par un Indien, ils auraient, pour lui, une apparence tout à fait différente; car lorsque l’on voit, on projette sur la vision les formes familières à son esprit. Vous donnez à ce que vous voyez l’aspect de ce que vous vous attendez à voir. Si le même être apparaissait simultanément à un groupe composé de chrétiens, de bouddhistes, d’hindous et de shintoïstes, chacun lui donnerait un autre nom; chacun décrirait l’apparition d’une façon tout à fait différente; pourtant, ils parleraient tous d’une seule et même manifestation. Celle que l’on appelle dans l’Inde la Mère Divine, pour les catholiques c’est la Vierge Marie, et pour les Japonais, c’est Kwannon, la déesse de la Miséricorde; et d’autres encore lui donnent d’autres noms. C’est la même force, la même puissance, mais les représentations qui en sont faites diffèrent avec les religions.
Quelle est la place de la discipline dans la soumission? Si l’on se soumet, ne peut-on se passer de discipline? Est-ce que la discipline n’est pas parfois un obstacle?
Cela se peut. Mais il faut savoir distinguer entre une méthode de développement, ou discipline, et une action voulue. Si vous suivez le chemin de la soumission, vous devez mettre fin à l’effort personnel; mais cela ne veut pas dire qu’il vous faille aussi abandonner toute volonté dans l’action. Au contraire, vous pouvez hâter la réalisation en adjoignant votre volonté à la Volonté Divine. Ceci aussi est de la soumission, sous une autre forme. Ce qui vous est demandé n’est pas une soumission passive par laquelle vous devenez comme un bloc inerte, mais de mettre votre volonté à la disposition du Divin.
Mais comment peut-on le faire avant que l’union ne soit un fait accompli?
Vous avez une volonté et vous pouvez faire l’offrande de votre volonté. Prenez, par exemple, la question de devenir conscient de vos nuits. Si vous adoptez l’attitude de la soumission passive, vous direz : « Quand ce sera la Volonté du Divin que je devienne conscient, je deviendrai conscient. » Au contraire, si vous offrez votre volonté au Divin, vous prenez une résolution et vous Le 21 avril 1929 21 dites : « Je deviendrai conscient de mes nuits. » Vous avez la volonté qu’il en soit ainsi; vous n’attendez pas sans rien faire, paresseusement. La soumission entre en jeu quand vous prenez l’attitude de dire : « Je donne ma volonté au Divin, mais je n’ai pas la connaissance. Que la Volonté Divine accomplisse cela en moi. » Votre volonté doit continuer à agir régulièrement, non pas dans le choix d’une action particulière, ni pour demander un objet précis, mais comme une ardente aspiration concentrée sur le but à atteindre. Ceci est le premier pas. Si vous êtes vigilant, si votre attention est en éveil, certainement vous recevrez quelque chose sous la forme d’une inspiration de ce qui doit être fait, et vous vous mettrez à le faire immédiatement. Seulement, n’oubliez jamais que la soumission exige d’accepter le résultat de votre action, quel qu’il soit, même s’il est tout à fait différent de ce que vous attendiez. Au contraire, si votre soumission est passive, vous ne voudrez rien ni n’essayerez rien; vous vous endormirez tout simplement en attendant le miracle.
Pour savoir si votre volonté et votre désir sont ou ne sont pas en accord avec la Volonté du Divin, vous devez observer et voir si vous recevez une réponse ou si vous n’en avez pas, si vous vous sentez soutenu ou contredit, non pas par le mental, le vital ou le corps, mais par ce quelque chose qui est toujours là dans votre être intérieur, tout au fond de votre cœur.
Est-ce qu’un effort croissant de méditation n’est pas nécessaire? N’est-il pas vrai que plus on médite, plus on fait des progrès?
Le nombre d’heures passées en méditation n’est pas un indice du progrès spirituel. Quand vous n’avez plus à faire d’effort pour méditer, vous avez réellement progressé.
Il arrive un moment où l’on a plutôt à faire effort pour mettre fin à la méditation ; il devient difficile de ne pas méditer, difficile de s’arrêter de penser au Divin, difficile de redescendre vers la conscience ordinaire. Vous pouvez être sûr d’avoir accompli un vrai progrès quand la concentration sur le Divin est devenue la nécessité de votre vie, quand vous ne pouvez plus vous en passer, quand elle se poursuit naturellement, depuis le matin jusqu’au soir, quelle que soit votre occupation par ailleurs, que vous vous asseyiez pour méditer, ou que vous bougiez pour agir et travailler. Ce qui est exigé de vous, c’est la conscience; il n’y a qu’une chose nécessaire : être constamment conscient du Divin.
Mais n’est-ce point une discipline indispensable que de s’asseoir pour méditer; et n’obtient-on pas ainsi une union avec le Divin plus intense et plus concentrée?
C’est possible. Mais une discipline en elle-même n’est pas ce que nous recherchons. Ce que nous voulons, c’est être concentrés sur le Divin dans tout ce que nous faisons, en tout temps, dans tous nos actes, tous nos mouvements. Il y en a quelquesuns ici, à qui l’on a dit de méditer; mais il y en a d’autres aussi à qui l’on n’a jamais demandé de le faire. Et pourtant, il ne faudrait pas croire qu’ils ne progressent pas. Eux aussi suivent une discipline, mais d’une autre nature. Travailler, agir avec dévotion et avec une consécration intérieure, est aussi une discipline spirituelle. Le but final est d’être en union constante avec le Divin, non seulement en méditation, mais dans toutes les circonstances de la vie active.
Certains, quand ils s’assoient pour méditer, entrent dans un état qu’ils pensent très remarquable et délicieux. Ils y demeurent, contents d’eux-mêmes, et oublient le monde; mais s’ils sont dérangés, ils en sortent furieux et agités, parce que leur méditation a été interrompue. Ceci n’est certes pas un signe de discipline ou de progrès spirituel. Certains autres, qui ont une vie active, semblent penser que leur méditation à heure fixe est une dette qu’il leur faut payer au Divin; ils sont comme les hommes qui vont à l’église une fois par semaine et croient qu’ainsi ils ont donné à Dieu ce qu’ils lui devaient.
S’il vous faut faire un effort pour entrer en méditation, vous êtes encore très loin de pouvoir mener la vie spirituelle. Quand, au contraire, cela demande un effort pour en sortir, votre méditation peut indiquer que vous êtes dans la vie spirituelle.
Il y a des disciplines, telles que le Hathayoga et le Râjayoga, que l’on peut pratiquer sans avoir rien de commun avec la vie spirituelle; le premier conduit principalement au contrôle du corps, le second au contrôle du mental. Mais entrer dans la vie spirituelle veut dire plonger dans le Divin comme l’on plonge dans la mer. Et ceci n’est pas la fin, mais seulement le commencement; car après avoir fait le plongeon, on doit apprendre à vivre dans le Divin. Comment faut-il faire cela ? Vous devez simplement sauter droit dedans, sans penser : « Où vais-je tomber? Qu’adviendra-t-il de moi? » C’est l’hésitation peureuse de votre mental et de votre vital qui vous empêche de le faire. Laissezvous aller tout bonnement. Si vous désirez plonger dans la mer et que vous ne cessiez de penser : « N’y a-t-il pas un rocher ici ou une pierre là ? », vous ne sauterez jamais.
Mais la mer se voit et ainsi on peut sauter droit audedans d’elle. Comment peut-on sauter dans la vie spirituelle?
Bien entendu, on doit avoir eu un aperçu de la Réalité Divine, comme il faut voir la mer et la connaître un peu avant de s’y plonger. Cet aperçu vient généralement d’un éveil de la conscience psychique. En tout cas, une réalisation quelconque est nécessaire — que ce soit un fort contact mental ou vital, sinon un profond contact psychique ou même un contact intégral. La Présence Divine doit avoir été perçue fortement au-dedans ou autour de soi; on doit avoir senti le souffle du monde Divin. Et il faut aussi avoir ressenti le souffle opposé, celui de la vie ordinaire, comme une oppression suffocante, vous contraignant en quelque sorte à faire effort pour sortir de son atmosphère asphyxiante. Si vous avez éprouvé cela, alors il ne vous reste plus qu’à chercher refuge, sans réserve, dans la Divine Réalité, à vivre dans son aide et sa protection, et nulle part ailleurs. Ce mouvement d’abandon, que vous avez peutêtre fait partiellement au cours de votre vie ordinaire, dans une ou plusieurs parties de votre être, à certains moments ou en certaines occasions, il vous faut le faire complètement et pour de bon. Tel est le plongeon qu’il faut faire; et à moins que vous ne le fassiez, vous pouvez pratiquer le yoga pendant des années et pourtant ne rien savoir de la vraie vie spirituelle. Faites ce plongeon totalement et sans restriction, et vous serez libéré de la confusion du monde extérieur, vous aurez la vraie expérience de la vie spirituelle.
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