CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1929-1931 Vol. 3 of CWM (Fre) 227 pages 2008 Edition
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La Mère répond ici aux questions sur le yoga et sur la vie posées par des disciples en 1929 et en 1930–31.

Entretiens - 1929-1931

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La Mère répond ici aux questions sur le yoga et sur la vie posées par des disciples en 1929 et en 1930–31.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1929-1931 Vol. 3 227 pages 2008 Edition
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1929




Le 5 mai 1929

Quelle est la fonction exacte de l’intellect? Est-ce qu’il aide ou gêne la sâdhanâ ?

Que l’intellect soit une aide ou une entrave dépend de la personne et de l’usage qu’elle en fait. Il y a un vrai mouvement de l’intellect, et il y a un faux mouvement; l’un aide, l’autre gêne la sâdhanâ. L’intellect qui croit trop à sa propre importance et qui veut la satisfaction pour lui-même, est un obstacle à la plus haute réalisation. D’ailleurs ceci est vrai, non dans un sens spécial et pour l’intellect seul, mais d’une façon générale et pour d’autres facultés aussi. Par exemple, on n’a pas l’habitude de considérer comme une vertu la satisfaction aveugle et immodérée des désirs du vital ou des appétits animaux ; le sens moral est accepté comme un mentor qui trace les limites que l’on ne doit pas transgresser. Et c’est seulement dans les activités intellectuelles que l’homme pense qu’il peut se passer de mentor ou de censeur!

Toute partie de l’être qui reste à sa place et joue le rôle qui lui est assigné, est une aide; mais dès qu’elle sort de sa sphère, elle devient déformée et pervertie, et par conséquent fausse. Le mouvement d’un pouvoir est vrai quand ce pouvoir est mis en activité pour la cause Divine; le mouvement est faux quand le pouvoir entre en activité pour sa propre satisfaction.

L’intellect, dans sa vraie nature, est un instrument d’expression et d’action. C’est quelque chose comme un intermédiaire entre la vraie connaissance, dont le siège est dans les régions supérieures, au-dessus du mental, et la réalisation ici-bas. L’intellect, ou, pour parler de l’ensemble, le mental, donne la forme; le vital y ajoute le dynamisme et le pouvoir de vie; la matière vient en dernier et donne corps.

De quelle façon doit-on faire face aux forces adverses, qui sont invisibles et pourtant si vivantes et tangibles?

Beaucoup dépend du stade de développement de votre conscience. Au commencement, si l’on n’a aucune connaissance ni aucun pouvoir occultes particuliers, le mieux que l’on puisse faire est de rester aussi tranquille et paisible que l’on peut. Si l’attaque prend le caractère de suggestions hostiles, essayez avec calme de les repousser, de même que vous repoussez un objet matériel. Plus vous êtes calme, plus vous devenez fort. La base ferme de tout pouvoir spirituel est l’égalité d’âme. Vous ne devez permettre à rien de troubler votre équilibre; car, en gardant votre équilibre, vous pouvez résister à toutes les attaques. Si, en plus, vous possédez assez de discernement pour percevoir et démasquer les suggestions mauvaises quand elles viennent vers vous, il vous deviendra d’autant plus facile de les rejeter; mais parfois elles arrivent sans qu’on s’en aperçoive, et alors il est plus difficile de les combattre. Quand cela se produit, il faut rester tranquille et faire descendre la paix et un profond calme intérieur. Tenezvous en main fermement et appelez avec confiance et foi ; si votre aspiration est pure et persistante, vous êtes sûr de recevoir l’aide dont vous avez besoin.

Les attaques des forces adverses sont inévitables; il faut les considérer comme des épreuves sur le chemin et traverser courageusement la tourmente. La lutte peut être dure, mais quand on en sort, on a gagné quelque chose, on a avancé d’un pas. Il y a même une nécessité à l’existence des forces hostiles : elles rendent la résolution plus forte, l’aspiration plus claire. Il est vrai, aussi, qu’elles existent parce que vous leur donnez des raisons d’exister. Tant qu’il y a en vous quelque chose qui leur répond, leur intervention est parfaitement légitime. Si rien en vous ne répondait, si elles n’avaient de prise sur aucune partie de votre nature, elles se retireraient et vous laisseraient tranquille. En tout cas, il ne faut pas leur permettre d’arrêter ou d’entraver votre progrès spirituel.

La seule manière de perdre la bataille avec les forces hostiles est de ne pas avoir vraiment confiance en l’aide Divine. La sincérité dans l’aspiration attire toujours le secours nécessaire. Un appel calme et fervent, la conviction que dans l’ascension vers la réalisation, on ne marche jamais seul, et la foi que toujours l’aide est là quand on en a besoin, mènent facilement et sûrement à la victoire.

Est-ce que les forces hostiles viennent généralement du dehors ou du dedans?

Si vous pensez ou sentez qu’elles viennent du dedans, cela prouve que vous leur êtes ouvert et qu’elles se sont installées en vous sans que vous vous en aperceviez. La vraie nature des choses est une harmonie, mais il y a une distorsion dans certains mondes, qui produit la perversion et l’hostilité. Si vous avez une affinité pour ces mondes de déformation, vous pouvez devenir l’ami des êtres qui y vivent et répondre pleinement à leur influence. Cela arrive, mais ce n’est pas une très heureuse condition. La conscience est immédiatement obscurcie et on ne peut plus distinguer le vrai du faux ; on ne peut même plus dire ce qui est un mensonge et ce qui ne l’est pas.

En tout cas, quand une attaque se produit, la plus sage attitude est de considérer qu’elle vient du dehors et de dire : « Ceci n’est pas moi, et je ne veux rien avoir à faire avec ! » Il vous faut agir de la même manière vis-à-vis de toutes les impulsions et tous les désirs inférieurs, de tous les doutes et toutes les incertitudes du mental. Si vous vous identifiez à eux, la difficulté de les combattre devient d’autant plus grande; car vous avez alors le sentiment qu’il faut faire face à la tâche jamais commode de surmonter votre propre nature. Mais dès que vous êtes capable de dire : « Non, ceci n’est pas moi, et je ne veux rien avoir à faire avec ! », il devient beaucoup plus facile de les disperser.

Où peut-on tracer la ligne de démarcation entre le dedans et le dehors?

La ligne est très flexible; elle peut être aussi proche ou aussi éloignée de vous que vous le voulez. Vous pouvez prendre en vous-même toute chose et la sentir comme une parcelle de votre être réel, ou vous pouvez la rejeter comme vous le feriez d’un cheveu ou d’un bout d’ongle, sans en être le moins du monde affecté.

Il y a eu des religions dont les croyants ne se seraient pas séparés, même d’un bout de cheveu ou d’ongle, par peur de perdre ainsi quelque chose de leur personnalité. Ceux qui sont capables de rendre leur conscience aussi vaste que le monde deviennent le monde; mais ceux qui s’enferment dans leur petit corps et leurs sensations limitées s’arrêtent à ces limites; leurs corps et leurs mesquines sensations forment pour eux la totalité de leur être.

Est-ce que la foi, à elle seule, peut tout créer, tout conquérir?

Oui. Mais ce doit être une foi intégrale et absolue. Elle doit être de la vraie sorte, non pas seulement la force d’une pensée ou d’une volonté mentale, mais quelque chose de bien plus profond. La volonté émanant du mental fait surgir des réactions opposées et crée une résistance. Vous devez avoir entendu parler de la méthode de Coué pour guérir les maladies. Il connaissait quelque chose de ce pouvoir, et en l’utilisant, il a obtenu des résultats remarquables; mais il appelait ce pouvoir, imagination, et sa méthode donnait une forme trop mentale à la foi qu’il utilisait. La foi mentale n’est pas suffisante; elle doit être complétée et fortifiée par une foi vitale et même physique, une foi du corps. Si vous réussissez à créer en vous-même, dans tout votre être, une force intégrale de ce genre, alors rien ne peut lui résister; mais vous devez établir la foi jusque dans les cellules de votre corps. Il y a maintenant, par exemple, une connaissance qui commence à se répandre parmi les savants et qui tendrait à prouver que la mort n’est pas une nécessité. Mais l’humanité, dans son ensemble, croit fermement à la mort; on peut dire que c’est une suggestion humaine générale fondée sur une longue et invariable expérience. Si cette croyance pouvait être rejetée, d’abord de la mentalité consciente, puis de la nature vitale et des couches subconscientes du physique, la mort ne serait plus inévitable.

Mais ce n’est pas seulement dans la pensée de l’homme que cette idée de la mort existe. La création animale connaissait la mort avant lui.

En fait, la mort a été attachée à toute vie sur terre; mais l’homme lui donne un sens différent de celui qui lui fut donné par la Nature originairement. Dans l’homme et les animaux qui sont les plus proches de son niveau, la nécessité de la mort a pris, pour leur conscience, une forme et une signification spéciales; mais la connaissance subconsciente dans la Nature inférieure, qui soutient la mort, est la sensation de la nécessité du renouvellement, du changement et de la transformation.

C’est l’état de la matière sur la terre qui a rendu la mort indispensable. Tout le sens de l’évolution de la matière a été une croissance qui partait d’un premier état d’inconscience pour se diriger vers une conscience toujours accrue. Et à cause de la façon même dont les choses arrivèrent, la dissolution des formes devint une implacable nécessité dans ce processus de croissance. Car une forme fixe était nécessaire pour que la conscience individuelle organisée pût avoir un support stable.

Et en même temps, ce fut la fixité des formes qui rendit la mort inévitable. La matière devait être mise en formes; l’individualisation et l’incorporation concrète des forces de vie et des forces de conscience auraient été impossibles sans cette mise en formes; et sans ces forces, les conditions essentielles à l’existence organisée sur le plan matériel auraient manqué. Mais une forme définie et concrète a immédiatement tendance à devenir rigide, dure et pétrifiée. La persistance même de la forme individuelle en fait un moule qui emprisonne trop ; elle ne peut pas suivre les mouvements des forces; elle ne peut satisfaire continuellement les demandes de la Nature ni avancer du même pas qu’elle; ainsi elle est rejetée hors du courant. À un certain point de cette croissante disparité, de cette désharmonie entre la forme et la force qui fait pression sur elle, une complète dissolution de la forme est inévitable. Une nouvelle forme doit être créée, une nouvelle harmonie, une nouvelle parité rendues possibles. Tels sont la vraie signification de la mort et l’usage que la Nature en fait. Mais si la forme devenait plus prompte et plus souple, si les cellules du corps s’éveillaient à la capacité de changer avec le changement de la conscience, la nécessité d’une dissolution brutale n’existerait plus et la mort ne serait plus inévitable.

On a dit que les désastres et catastrophes de la Nature — séisme, déluge et disparition de continents — sont la conséquence d’une humanité discordante et pécheresse, et qu’avec le progrès et le développement de la race humaine, un changement correspondant se produirait dans la Nature physique. Quelle créance peut-on accorder à ce dire?

Peut-être serait-il plus vrai de dire que c’est un seul et même mouvement de conscience qui s’exprime par une Nature surchargée de calamités et de catastrophes, et par une humanité Entretiens 1929 42 inharmonieuse. Les deux choses ne vont pas de cause à effet, mais se trouvent sur le même niveau. Au-dessus d’elles, est une conscience qui cherche à se manifester, à s’incorporer sur terre, et qui, dans sa descente vers la matière, rencontre partout la même résistance, que ce soit dans l’homme ou dans la Nature physique. Tout le désordre, toute la discordance que nous voyons sur terre sont le résultat de cette résistance. Les calamités et les catastrophes, les conflits et les violences, l’obscurité et l’ignorance, tous les maux proviennent de la même source. L’homme n’est pas la cause de la Nature extérieure, pas plus que la Nature extérieure n’est la cause de l’homme; mais tous deux dépendent d’une même et unique chose qui est derrière eux et plus grande qu’eux ; et tous deux font partie d’un mouvement perpétuellement progressif pour exprimer Cela.

Il est vrai que s’il y a, éveillées quelque part sur terre, une réceptivité et une ouverture suffisantes pour faire descendre quelque chose de la Conscience Divine dans sa pureté, cette descente, cette manifestation sur terre pourra changer, non seulement la vie intérieure, mais aussi les conditions matérielles, l’expression physique dans l’homme et dans la Nature. Pour être possible, cette descente ne dépend pas de la condition de l’humanité dans son ensemble. Si nous devions attendre, pour que les conditions matérielles et les mouvements de la Nature puissent changer, que la masse humaine ait atteint un état d’harmonie, d’unité et d’aspiration assez fort pour faire descendre la Lumière, il y aurait bien peu d’espoir. Mais il est possible pour un individu ou un petit groupe d’un nombre limité d’obtenir cette descente. Ce ne sont pas la quantité ni l’étendue qui importent. Une goutte de la Conscience Divine pénétrant dans sa pureté originelle la conscience de la terre suffirait à tout changer.

C’est le mystère du contact et de la fusion des plans de conscience supérieurs et inférieurs qui est le grand secret, la clef cachée. Ce contact et cette fusion ont toujours une force transformatrice; dans le cas dont nous parlons, cependant, le résultat serait d’une plus vaste étendue et d’une plus haute portée. Si quelqu’un sur terre est capable d’entrer consciemment en contact avec une région qui ne s’est pas encore manifestée ici-bas, et si, en s’élevant jusqu’à elle en pleine conscience, il peut faire que cette région et le monde matériel se rencontrent et s’harmonisent, alors se produira le grand mouvement décisif de la transformation de la Nature, jusqu’ici irréalisée. Un nouveau pouvoir descendra et changera les conditions de la vie sur la terre.

Même dans l’état actuel des choses, chaque fois qu’une grande âme est venue et a révélé une lumière, une vérité, ou a fait descendre sur terre une force nouvelle, les conditions de la terre ont changé, quoique pas exactement de la manière attendue ou espérée. Par exemple, un être qui avait atteint un certain plan de connaissance, de conscience et d’expérience spirituelle vint et dit : « Je vous apporte la libération »; ou un autre : « Je vous apporte la paix. » Ceux qui étaient autour de l’un ou de l’autre crurent, peut-être, que leur promesse devait s’entendre d’une façon matérielle; quand ils découvrirent qu’il n’en était pas ainsi, ils ne comprirent plus ce qui avait été fait. Ce qui avait été effectué, c’était un changement dans la conscience, la possibilité d’une paix jusqu’alors inconnue, ou une capacité de libération qui n’existait pas ici auparavant. Mais ces mouvements appartenaient à la vie intérieure et ne produisirent aucun changement extérieur tangible dans le monde. Peut-être que l’intention de changer le monde extérieurement n’était pas là ; peut-être que la connaissance nécessaire manquait; cependant, malgré tout, ces pionniers réalisèrent quelque chose.

En dépit de toutes les apparences contraires, il se peut que la terre se soit préparée à une certaine réalisation, pas à pas, par étapes. Il y a eu un changement dans les civilisations et un changement dans la Nature. Si cela ne nous semble pas très apparent, c’est parce que nous regardons les choses d’un point de vue extérieur; et aussi parce que, au point de vue de la Vie Divine, la matière et ses difficultés n’ont jamais été prises en sérieuse considération jusqu’à présent. Toutefois, il y a eu des progrès intérieurement; dans la conscience interne il y a eu des descentes de Lumière. Mais en ce qui concerne une réalisation quelconque dans la matière, il est difficile de rien dire, car nous ne savons pas exactement ce qui aurait pu se produire dans ce domaine.

Dans un passé très lointain, il y a eu de belles et grandes civilisations, peut-être aussi avancées matériellement que la nôtre. Envisagée d’un certain point de vue, la culture la plus moderne semble être seulement une répétition des cultures anciennes, et cependant, on ne peut pas dire qu’il n’y ait eu de progrès nulle part. Un progrès intérieur, au moins, a été accompli, et une plus grande aptitude à répondre à la conscience supérieure est née dans les domaines matériels. Il a été nécessaire de faire et de refaire les mêmes choses encore et encore parce que ce qui avait été essayé n’avait pas été suffisamment bien fait; mais à chaque tentative, on s’est approché davantage du but à atteindre. Quand nous répétons maintes fois un exercice pour nous entraîner, nous semblons recommencer toujours la même chose, et cependant le résultat d’ensemble est un changement effectif.

L’erreur est de regarder ces choses à la dimension de la conscience humaine, car, vus ainsi, ces mouvements vastes et profonds paraissent inexplicables. Il est dangereux d’essayer de les comprendre et de les interpréter avec l’intelligence mentale limitée. Telle est la raison pour laquelle la philosophie a toujours été incapable de dévoiler le secret des choses; c’est parce qu’elle a essayé de réduire l’univers à la taille de l’esprit humain.

Combien d’entre nous se souviennent-ils de leurs vies antérieures?

En tous, quelque part dans la conscience, il y a un souvenir. Mais ce sujet est dangereux, car le mental humain aime trop les romans. Dès qu’il sait quelque chose de cette vérité de la réincarnation, il veut construire autour d’elle de belles histoires. Beaucoup de gens vous conteront des merveilles sur la façon dont le monde fut construit et sur ce qu’il deviendra dans l’avenir; ils vous diront où et comment vous êtes né dans le passé et ce que vous serez plus tard, les vies que vous avez vécues et celles qu’il vous reste à vivre. Tout cela n’a rien à voir avec la vie spirituelle. Il se peut que le vrai souvenir des existences passées fasse partie de la connaissance intégrale; mais ce souvenir ne peut être obtenu au moyen de fantaisies imaginatives. Car, si d’un côté c’est une connaissance objective, de l’autre côté ce souvenir dépend largement de l’expérience subjective, et ceci laisse beaucoup de place à l’invention, la déformation et la construction fausse. Pour atteindre la vérité de ces choses, la conscience qui a l’expérience doit être pure et limpide, libre de toute intervention mentale ou vitale, débarrassée de toutes notions et de tous sentiments personnels, délivrée de l’habitude du mental d’interpréter et d’expliquer tout à sa manière. Une expérience de vie passée peut être vraie; mais entre ce qui a été vu et éprouvé et les explications et les constructions faites à ce sujet par le mental, il y a toujours un abîme. C’est seulement quand on peut s’élever au-dessus des sentiments humains et sortir du mental, que l’on est sûr d’atteindre la vérité.









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