La Mère répond ici aux questions sur le yoga et sur la vie posées par des disciples en 1929 et en 1930–31.
Les Entretiens suivants datent de 1930-31. La Mère parlait en anglais et ses paroles ont été notées de mémoire far un disciple, puis traduites en français. Ils ne représentent qu'une fraction des nombreux Entretiens non notés que la Mère avait alors avec les disciples dans la salle dite de "Prospérité" de l'Ashram.
Pour comprendre correctement le problème de ce que l’on appelle la réincarnation, suivant l’expression populaire, vous devez comprendre qu’elle comporte deux facteurs qui doivent être examinés. En premier lieu, il y a la lignée de la conscience divine qui, d’en haut, cherche à se manifester et donne son appui à une série de formations qui lui sont particulières dans l’univers, champ de sa manifestation. En second lieu, il y a la conscience psychique, semence du développement divin à travers le temps, qui fait son ascension depuis le bas jusqu’à ce qu’elle rencontre la Force d’en haut et reçoive l’empreinte de la Vérité supramentale.
Cette conscience psychique est l’être intérieur dans l’homme, c’est la matière première à partir de laquelle l’âme véritable, ou jîva, peut être façonnée lorsque, répondant à son aspiration, le Supramental descend pour lui donner une personnalité cohérente. L’être extérieur chez l’homme est une formation périssable faite de la substance de la Nature universelle — mentale, vitale et physique — et il est le résultat du jeu complexe de toutes sortes de forces. Le psychique absorbe, pour ainsi dire, l’essence des expériences faites par les formations diverses derrière lesquelles il se tient; mais n’étant pas en contact constant avec ces formations, il ne garde pas dans sa totalité la mémoire des vies auxquelles il sert de support. C’est pourquoi il ne suffit pas de prendre simplement contact avec le psychique pour se rappeler en détail toutes les vies passées.
Ce que l’on fait généralement passer sous le nom de mémoire des vies antérieures n’est le plus souvent qu’une imposture délibérée ou une invention construite à partir de quelques suggestions spasmodiques reçues de l’intérieur. Il y a beaucoup de gens qui prétendent aussi se souvenir de leurs vies animales et qui disent avoir été tel ou tel singe, vivant dans telle ou telle partie de la terre. Mais s’il y a une chose bien certaine, c’est que le singe n’a pas le moindre contact avec la conscience psychique et ne peut donc pas lui transmettre le moindre atome de ses expériences. Les impressions reçues par sa nature singe extérieure s’évanouissent avec la désintégration de son corps animal, et prétendre avoir connaissance de ces impressions, c’est montrer que l’on ignore de la façon la plus grossière les faits réels et le problème que nous examinons. Et même en ce qui concerne les vies humaines, c’est seulement lorsque le psychique vient en avant qu’il peut emporter et garder des souvenirs précis — mais certainement pas tous les détails de la vie, à moins qu’il ne soit constamment en avant et en union constante avec l’être extérieur. Car, en règle générale, le mental physique et le vital physique se dissolvent à la mort de l’organisme; ils se désintègrent et retournent à la Nature universelle, et rien ne reste de leurs expériences. Tant qu’ils ne se sont pas unis au psychique pour former une conscience unique et non deux moitiés, tant que la nature tout entière n’est pas unifiée autour de la Volonté divine centrale et jusqu’à ce que cet être centralisé soit relié à la lignée de la conscience divine qui est au-dessus, on ne peut pas recevoir la connaissance qui appartient à cette conscience ni percevoir la série entière des formes et des vies que soutenait cette conscience et qui furent les instruments successifs d’une expression progressive de soi. Tant que cela n’est pas fait, il est vain de parler de ses naissances passées et de leurs divers incidents. Ce précieux « soi-même » est tout juste la nature extérieure actuelle, sans durée, et celle-ci n’a absolument rien à voir avec les diverses autres formations derrière lesquelles se tient l’être véritable, comme il se tient derrière la formation présente. Seule la conscience supramentale contient toutes ces naissances comme si elles étaient attachées à un même fil, et seule elle peut en donner la réelle connaissance.
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