CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 of CWM (Fre) 471 pages 2009 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Entretiens - 1950-1951

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The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 471 pages 2009 Edition
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1951




mars




Le 10 mars 1951

« ... le pouvoir sur l’argent est maintenant sous l’influence ou entre les mains des forces et des êtres du monde vital. C’est à cause de cette influence que jamais on ne voit l’argent aller en sommes considérables à la cause de la vérité. Toujours il se fourvoie, car il est sous la griffe des forces hostiles et c’est l’un de leurs principaux moyens de garder leur emprise sur la terre. La main-mise des forces hostiles sur le pouvoir de l’argent est puissamment, complètement et soigneusement organisée, et c’est une tâche des plus difficiles que d’extraire quoi que ce soit de cette compacte organisation. Chaque fois que l’on essaye de retirer un peu d’argent à ses gardiens actuels, on doit livrer une bataille féroce. »

(Entretien du 12 mai 1929)

On dit souvent, dans les contes de fée, qu’un trésor est gardé par les serpents. Est-ce vrai?

Oui, mais ce n’est pas un serpent physique, c’est un serpent vital. La clef des trésors est dans le monde vital et elle est gardée par un immense serpent noir, qui est formidable — dix fois, cinquante fois plus grand qu’un serpent ordinaire. Il garde les portes du trésor. Il est noir, magnifique, toujours dressé et éveillé. Il m’est arrivé une fois de me trouver devant lui (d’habitude, ces êtres-là m’obéissent quand je leur donne un ordre), je lui ai dit : « Laisse-moi passer. » Il m’a répondu : « Moi, je te laisserais bien passer, mais si je te laisse passer, ils me tueront; alors je ne peux pas te laisser passer. » Je lui ai demandé : « Que faut-il que je t’apporte pour que tu me laisses passer? » Il m’a dit : « Oh! une seule chose m’obligerait à céder la place : si tu pouvais devenir le maître de l’impulsion sexuelle dans l’homme, si tu arrivais à maîtriser cela dans l’humanité, je ne pourrais plus résister, je te laisserais passer. »

Il ne m’a pas encore laissée passer. Je dois avouer que je n’ai pas rempli la condition, je n’ai pas pu maîtriser cela de façon à le conquérir en tout le monde.

C’est assez difficile.

Avant de couper ses relations avec les êtres qui sont liés à une entité vitale, il faut en être sûr. Comment être sûr?

Évidemment, à moins que l’on n’ait la vision vitale directe, c’est-à-dire que l’on puisse voir directement dans le monde vital, il est difficile de savoir. J’ai vu maintes et maintes fois... enfin, deux choses peuvent se produire, et généralement se produisent. Quand, pour une raison quelconque, on ne s’entend pas avec quelqu’un — s’il y a conflit d’intérêts, si l’on s’est disputé — on a tendance à dire de l’autre : « C’est un être vital. » Il faut se méfier de soi, d’abord, et de ce que l’autre dit, ensuite. Il y a un autre cas encore plus intéressant : j’ai connu au moins deux personnes qui étaient, non seulement sous l’influence vitale, mais des incarnations d’êtres du monde vital ; eh bien, c’étaient elles, justement, qui le plus constamment dénonçaient les autres comme étant possédés par des êtres du monde vital ! Alors, il vaut mieux ne rien décider soi-même. Il y a des cas où l’ignorance est mieux qu’une demi-connaissance, car si l’on ne sait pas que l’on a affaire à un être du monde vital, on peut agir comme on agit avec un être humain ordinaire, c’est-à-dire se protéger suffisamment, ne pas se livrer si c’est un ennemi, être sur ses gardes, avoir beaucoup de patience; et plus tard, on ne fait plus aucune attention à ce que cette personne vous fait ou ne vous fait pas. Seuls, ceux qui possèdent la perfection vitale et qui sont complètement désintéressés peuvent vous dire : « Celui-ci ou celle-là est un être dangereux. »

(Mère reprend sa lecture) « L’être humain est chez lui, en sécurité, dans son corps matériel; le corps est sa protection. Il y a des gens qui sont pleins de dédain pour leur corps et qui pensent que tout deviendra bien meilleur et plus facile après la mort, sans lui. Mais en fait, le corps est leur abri, leur forteresse; tant qu’ils y sont logés, les forces du monde vital trouvent difficile d’avoir une prise directe sur eux. Savez-vous ce que sont les cauchemars? Ce sont vos sorties dans le monde vital. Et quelle est la première chose que vous essayez de faire quand vous êtes en proie à un cauchemar? Vous revenez en grande hâte vers votre corps et vous vous secouez jusqu’à ce que vous ayez repris votre conscience physique normale. »

Que devient le vital après la mort?

Il se dissout. C’est rare qu’il en soit autrement. Mais si vous avez eu une passion très forte, si vous étiez divisé par des impulsions très fixes, cela fait des petits morceaux. Au lieu de s’en aller comme une vapeur ou un liquide, cela s’en va par petits morceaux. Chacun de ces morceaux de substance vitale est centré autour de l’impulsion centrale, du désir central, de la passion centrale du morceau, et cela fait des petites entités, qui n’ont pas la forme humaine, qui ont parfois une forme indéfinie : parfois elles ressemblent au corps auquel les morceaux appartenaient, parfois elles prennent une forme expressive du désir qu’elles représentent. Et naturellement, leur seul souci est de satisfaire leur désir ou leur passion, et elles cherchent partout le moyen de se satisfaire.

Prenons la passion d’un avare pour sa fortune, par exemple. Il meurt. Son être vital se dissout, mais sa passion pour son argent reste vivante. Elle rassemble autour d’elle un certain nombre d’éléments, qui forment une entité vivante et consciente dans le monde vital. Si cet homme, de son vivant, avait caché un trésor quelque part, cette entité va s’installer juste au-dessus de l’endroit où se trouve le trésor, comme pour le garder et empêcher les gens de s’en approcher. Mais il y a des personnes sensibles qui, sachant qu’un trésor est caché quelque part, sentent la présence et disent : « Le trésor est là. » C’est un premier effet. L’autre effet est que cette entité, ne voulant pas que le trésor soit touché, produit toujours une sorte de catastrophe pour défendre son bien. Elle rend malades les gens qui s’approchent, ou elle provoque un accident, même un assassinat; tous les moyens lui sont bons; ou si la personne est très sensible, elle lui cause une telle frayeur qu’elle devient folle.

Il y a aussi des quantités de petites entités, assez répugnantes, en très grand nombre, qui proviennent de ce misérable désir sexuel. Si ce désir (et les entités correspondantes) n’est pas dissous à la mort, ces entités continuent d’exister et elles viennent s’installer dans l’atmosphère des personnes sensibles et les poussent, les poussent. Ces entités se nourrissent de la force vitale émanée au moment de l’acte et, naturellement, leur seul désir est d’avoir autant de nourriture qu’elles peuvent. J’ai vu des gens qui étaient entourés de douzaines de ces êtres. C’est une chose très concrète... Je ne sais pas si vous avez entendu parler de Maurice Magre, l’écrivain qui est venu ici. Il disait dans l’un de ses livres que les gens qui ont un instinct sexuel très fort sont entourés d’une nuée de ces petits êtres qui les harcèlent pour se satisfaire, se nourrir de la force vitale. Il le savait très bien, il l’avait observé. Pour ceux qui sont un tout petit peu sensibles, c’est très perceptible. Même les gens qui sont harcelés sentent très souvent que l’impulsion vient du dehors — cela éveille quelque chose en eux au-dedans, mais ils sentent que l’excitation vient du dehors. Et il y en a des centaines de milliers, car malheureusement c’est l’une des plus grosses difficultés du genre humain, c’est un esclavage terrible.

Dans les cauchemars vitaux, quelle partie de l’être sort du corps?

Votre vital — pas tout entier, car cela produirait un état cataleptique, mais une partie du vital va se promener. Certains vont toujours dans des endroits très vilains, alors ils ont des nuits très mauvaises — elles sont innombrables, les possibilités de promenades. Ce peut être une très petite chose, une petite partie de l’être, mais il suffit qu’elle soit consciente pour vous donner un bon petit cauchemar!

N’est-ce pas, quand on dort, les êtres intérieurs ne sont pas concentrés sur le corps, ils sortent et deviennent plus ou moins indépendants — d’une indépendance limitée, mais indépendants tout de même — et ils vont vivre dans leur domaine propre. Le mental encore plus, car il est à peine tenu dans le corps, il est seulement concentré, il n’est pas contenu dans le corps. Le vital aussi déborde le corps, mais il est davantage concentré sur le corps. Mais le mental est une substance tellement souple qu’il suffit de penser à quelqu’un pour être avec cette personne, au moins partiellement, mentalement. Si vous pensez fortement à un endroit, une partie de votre mentalité est là ; la distance n’existe pour ainsi dire pas. Naturellement, pour avoir un mental centralisé autour du corps, il faut avoir une bonne éducation. Peu de gens ont un mental d’une forme définie : c’est comme des nuages qui roulent, qui vont, qui viennent. Même pour avoir un vital qui ait une forme semblable à celle de votre corps physique, une forme analogue, il faut qu’il soit très individualisé, très centralisé. L’être mental encore plus; il faut qu’il soit tout à fait individualisé, centralisé, organisé autour du centre psychique pour avoir une forme définie.

Il y a des êtres qui passent leur vie à organiser leur mental. J’en ai connu qui avaient fait de leur mental une sorte de forteresse, une construction énorme (je parle de gens qui avaient des capacités mentales peu ordinaires). Ils avaient fait de leur mental un édifice assez grand, très puissant, d’une telle fixité, avec des murs si solides qu’ils n’avaient plus aucun contact avec le monde mental extérieur : ils vivaient complètement dans leur propre construction et tous les phénomènes de leur conscience appartenaient à leur propre construction, ils n’avaient plus aucun contact avec le monde mental extérieur. Ils avaient un contact avec leur propre vital et leur corps, comme cela, mais tous les phénomènes de la conscience se plaçaient dans leur construction mentale — ils ne pouvaient plus en sortir. Eh bien, cela arrive très fortement aux gens qui recherchent la vie spirituelle par les moyens classiques d’abandon de la conscience matérielle, de concentration sur leur être intérieur et d’identification avec lui. Si je vous donnais des noms, vous seriez tout à fait étonnés. Ils se construisent une conception dans laquelle on trouve toutes les gradations du mental, une construction si solide et si fixe qu’ils sont enfermés là-dedans, et quand ils croient avoir atteint à la Vérité suprême, ils ont seulement atteint le centre de leur propre construction mentale.

Et ils ont toutes les expériences qu’ils prévoyaient : expérience de la libération, expérience de la sortie du corps, expérience de l’identification avec le Suprême, tout, tout, mais tout dans leur construction, cela n’a aucun contact avec la réalité universelle. Alors, si l’on touche à cela, si pour une raison quelconque on a le pouvoir de toucher cela, ou simplement de faire une brèche dans un de ces murs, ils sont d’abord complètement bouleversés, puis ils considèrent la force qui a pu faire cela comme une force de destruction épouvantable, une manifestation d’une force hostile de la pire catégorie!

Qu’est-ce qu’un « cauchemar mental » ?

Quand il y a un chaos dans le cerveau ou une fièvre locale, une ébullition spéciale dans le cerveau, un surmenage, ou qu’il y a un manque de contrôle, on se laisse posséder par les formations mentales, c’est ce qui arrive le plus souvent — par des formations mentales que l’on a le plus souvent faites soi-même, d’ailleurs. Et comme le contrôle de la conscience raisonnable éveillée est parti, tout cela commence à danser une sarabande dans la tête, avec une espèce de folie déchaînée; les idées se mêlent, s’entrechoquent, se battent, c’est vraiment hallucinant. Alors, à moins que l’on n’ait le pouvoir d’amener dans sa tête une grande paix, une grande tranquillité, une lumière très forte et pure, eh bien, c’est dix fois pire qu’un cauchemar vital. Le pire du cauchemar vital consiste généralement à se battre avec un ennemi qui veut vous tuer, et on lui assène des coups terribles, et les coups ne portent jamais; vous y mettez toute votre force, toute votre énergie et vous n’arrivez pas à toucher l’adversaire. Il est là devant vous, il vous menace, il va vous étrangler et vous rassemblez toute votre énergie, vous essayez de frapper, mais rien ne touche. Quand la lutte est comme cela, corps à corps, avec un être qui se jette sur vous, c’est particulièrement pénible. C’est pour cela qu’il est recommandé de ne pas sortir du corps à moins d’avoir le pouvoir nécessaire, ou la pureté. N’est-ce pas, dans ce genre de cauchemar, la force dont on veut se servir, c’est le « souvenir » d’une force physique; mais on peut avoir une grande force physique, être un boxeur de premier ordre, et être tout à fait sans force dans le monde vital, parce que l’on n’a pas le pouvoir vital nécessaire. Quant à ces cauchemars du mental, cette espèce de sarabande effroyable dans la tête, on a tout à fait l’impression de perdre la raison.

Au moment de la mort, l’être psychique va se reposer, n’est-ce pas, mais le vital est arrêté dans le monde vital ; cela empêche-t-il le psychique d’aller se reposer?

Mais le vital ne va pas se reposer, l’être mental ne se repose pas. Généralement, ils se dissolvent. C’est seulement si l’on a suivi toute sa vie un yoga, si l’on a pris le plus grand soin d’individualiser, de centraliser le vital et le mental autour de l’être psychique, qu’ils restent — cela arrive une fois sur dix millions, c’est très exceptionnel. Prenons le cas d’un philosophe ou d’un écrivain qui a travaillé considérablement dans son cerveau, qui a essayé de l’organiser; cela persiste, mais comme une capacité de penser, pas autre chose. Il y a de ces capacités de penser qui persistent après la mort et qui essayent, naturellement, de trouver un autre cerveau physique pour se manifester. C’est comme cela que le mental d’un grand penseur peut s’identifier à un autre mental et être capable de l’exprimer.

Du point du vue vital, prenons le cas d’un grand musicien qui a travaillé toute sa vie à faire de son être extérieur un bon instrument pour la musique; il a organisé cette puissance vitale dans son corps pour exécuter de la musique; alors ses mains, par exemple, sont tellement individualisées dans leur capacité d’exécution, qu’elles peuvent persister subtilement après la mort, avec leur forme, une forme analogue à l’ancienne forme physique. Elles flottent dans le monde vital et sont attirées par les gens qui ont des capacités analogues; elles essayent de s’identifier à eux. Si quelqu’un est assez sensible, assez réceptif, il peut s’identifier à ces mains et exécuter des choses merveilleuses, profiter de toute l’individualisation de la vie passée de ces mains.

Le même phénomène se produit-il dans le cas de savants quand les résultats de leurs travaux se réalisent quelque temps après leur mort?

Oui, dans le cas de Pierre et de Marie Curie, par exemple, il est certain que la puissance de travail de Pierre Curie est entrée dans sa femme à sa mort.

Il arrive souvent des accidents aux gens qui font des fouilles dans les tombes d’Égypte, pourquoi?

Ils le méritent! Quand on viole des tombes, n’est-ce pas... Il y a des histoires innombrables de ce genre. Mais c’est un autre phénomène.

Je m’explique : dans la forme physique, se trouve « l’esprit de la forme », et cet esprit de la forme persiste pendant un certain temps, même quand, extérieurement, on dit que la personne est morte; et aussi longtemps que l’esprit de la forme persiste, le corps ne se détruit pas. Dans l’ancienne Égypte, ils avaient cette connaissance; ils savaient que s’ils préparaient le corps d’une certaine façon, l’esprit de la forme ne s’en irait pas et le corps ne se dissoudrait pas. Dans certains cas ils ont merveilleusement réussi; et si l’on va violer le repos des êtres qui ont été ainsi pendant des milliers d’années, je comprends qu’ils ne soient pas très satisfaits, surtout quand on viole leur repos par une curiosité malsaine qu’on légitime avec des idées scientifiques.

Il y a au Musée Guimet, à Paris, deux momies. De l’une, il ne reste plus rien; mais dans l’autre, l’esprit de la forme est resté très conscient, conscient au point que l’on peut avoir un contact de conscience. Il est évident que, quand un tas d’idiots viennent vous regarder avec des yeux ronds qui ne comprennent rien, en disant : « Oh! il est comme ça, il est comme ceci », cela ne doit pas faire plaisir.

N’est-ce pas, on commence par faire une chose infâme — ces momies sont enfermées dans une boîte, d’une forme spéciale suivant la personne, avec tout ce qu’il faut pour les conserver — alors, on ouvre la boîte, plus ou moins violemment, on enlève quelques bandelettes ici et là pour mieux voir... Et étant donné que l’on ne momifiait jamais les gens ordinaires, c’étaient des êtres qui avaient réalisé une puissance intérieure considérable, ou des membres de la famille royale, des gens plus ou moins initiés.

Il y a une momie qui a été la cause d’un grand nombre de catastrophes; elle était princesse, fille de Pharaon et secrètement à la tête d’un collège initiatique à Thèbes.

Enfin, les hommes sont ainsi...









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