Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.
Mère commente quelques-unes des qualités qu’elle a énumérées dans son article « Ce qu’un enfant doit toujours se rappeler » (Bulletin d’août 1950).
« Être modeste »
C’est s’estimer à sa juste valeur.
Généralement les gens passent d’une appréciation excessive de leur valeur personnelle à un découragement également excessif. Un jour, ils disent : « Je suis épatant », et le lendemain : « Oh! je ne suis bon à rien, je ne peux rien faire. » C’est comme un pendule, n’est-ce pas. Il n’y a rien de plus difficile que de savoir exactement ce que l’on est; il ne faut ni se faire valoir ni se déprécier, mais connaître ses limites et savoir comment on peut avancer vers l’idéal que l’on s’est fixé. Il y a des gens qui voient très grand et, immédiatement, ils s’imaginent qu’ils peuvent tout faire. Il y a des petits officiers, par exemple, qui s’imaginent pouvoir gagner toutes les batailles de la terre, et des petites gens qui pensent dépasser tout le monde en valeur. Par contre, j’ai connu certaines personnes qui avaient des capacités, mais qui passaient leur temps à penser : « Je ne suis bon à rien. » Généralement les deux extrêmes se trouvent chez la même personne. Mais quelqu’un qui sait au juste où il en est et juste où il peut aller, c’est très rare. Nous avons évité de parler de la vanité, parce que nous espérons que vous ne serez pas pleins de vanité dès que vous remporterez un succès.
Figurez-vous qu’il y a des plantes qui ont de la vanité! Je parle de plantes que l’on cultive soi-même. Si on leur fait des compliments, par des paroles ou par des sentiments, si on les admire, eh bien, elles redressent la tête — avec vanité! C’est la même chose chez les animaux. Je vais vous raconter une petite histoire amusante.
À Paris, il y a un jardin que l’on appelle le Jardin des Plantes : il y a là des animaux aussi bien que des plantes. On venait de recevoir un magnifique lion. Il était en cage naturellement. Et il était furieux. Il y avait, dans sa cage, une porte derrière laquelle il pouvait se cacher. Et justement il se cachait quand les visiteurs venaient le voir! J’avais remarqué cela et, un jour, je me suis approchée de la cage et je me suis mise à lui parler (les animaux sont très sensibles au langage articulé, ils écoutent vraiment). J’ai commencé à parler gentiment à mon lion, je lui disais : « Oh! que tu es beau, comme c’est dommage que tu te caches ainsi, on aimerait tant te voir... » Eh bien, il écoutait. Puis, peu à peu, il m’a regardée d’un œil, ensuite il a allongé le cou pour mieux me voir; après il a étiré sa patte et, finalement, il a mis le bout du nez sur les barreaux avec un air de dire : « Voilà enfin quelqu’un qui me comprend! »
« Être généreux »
Je ne parlerai pas ici de la générosité matérielle qui consiste naturellement à donner aux autres ce que l’on a. Mais même cette vertu-là n’est pas très répandue, car dès que l’on devient riche, on pense plus souvent à garder ses richesses qu’à les donner. Plus les hommes possèdent, moins ils sont généreux.
Je veux parler de la générosité morale. Se sentir joyeux, par exemple, quand un camarade remporte un succès. Un acte de courage, de désintéressement, un beau sacrifice ont une beauté en soi qui vous donne de la joie. On peut dire que la générosité morale consiste à savoir reconnaître la vraie valeur et la supériorité des autres.
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