CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 of CWM (Fre) 471 pages 2009 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Entretiens - 1950-1951

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 471 pages 2009 Edition
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1951




février




Le 15 février 1951

Mère lit le début de l’Entretien du 21 avril 1929 consacré aux rêves et aux visions.

Je fais souvent des rêves dans lesquels apparaissent des chemins de fer. Je manque souvent le train...

C’est bien symbolique!

... parce que j’ai trop de bagages. Je cours après et, parfois, j’arrive à le rattraper et à sauter dans le dernier wagon.

Le train, le bateau et, je le suppose, aussi l’aéroplane, pour ceux qui font le yoga, sont le symbole du chemin et de la Force qui vous conduit — si vous perdez votre temps, ou si vous avez trop de bagages ou si vous y pensez trop tard, eh bien, vous manquez le chemin et il faut courir beaucoup pour le rattraper.

Il y a quantité de rêves comme cela, qui donnent une indication très précise de l’état dans lequel on se trouve.

Quand j’étais à Calcutta, j’ai rêvé que quelqu’un vêtu de blanc s’approchait de mon lit en tenant à la main une fleur que vous avez appelée « Nouvelle Création » [la tubéreuse]. Je ne savais pas la signification de la fleur à ce moment-là. C’est seulement après mon arrivée ici que je l’ai sue. La forme que j’ai vue vous ressemblait.

Les rêves sont très intéressants, spécialement si l’on sait s’en servir.

Quelle est la nature du sommeil sans rêves?

Si l’on arrive à faire taire son mental, son vital et à garder le corps bien endormi, on peut avoir un sommeil très immobile et silencieux, et alors, si l’on arrive à sortir de ces formes et à entrer dans les mondes supérieurs, on peut atteindre le vrai repos du Satchidânanda.

Comment se fait-il que l’on rencontre et connaisse en rêve des gens que l’on rencontrera et connaîtra ensuite dans la vie ordinaire?

Il y a beaucoup de possibilités. Mais le plus souvent, c’est qu’une communication a été établie, soit sur le plan mental, soit sur le plan vital et même sur le plan physique subtil, et c’est cette communication qui amène la rencontre plus tard — votre rêve n’est pas seulement prémonitoire, il est conditionnel ; il y a une relation intérieure assez proche pour que vous puissiez entrer en contact pendant le sommeil, et les circonstances s’arrangent pour que vous vous rencontriez physiquement ensuite. Quelquefois c’est prémonitoire seulement, mais alors le rêve a une qualité spéciale — on voit arriver quelqu’un et il arrive physiquement quelque temps après.

En général, c’est une relation établie; c’est quelqu’un que l’on rencontre, que l’on fréquente, à qui l’on parle, avec qui l’on vit pendant certaines heures de la nuit. Alors après, quand on se rencontre, on a l’impression que l’on se connaît très bien. Et c’est un fait, on se connaît déjà avant de se rencontrer physiquement.

N’y a-t-il pas des visions fausses?

Si vous racontez une histoire que vous n’avez pas vue, évidemment c’est une vision fausse! Si, aussi, vous embellissez, arrangez, changez votre vision quand vous la rapportez, cela devient aussi une vision fausse. Mais si vous dites en toute simplicité ce que vous avez vu, qu’est-ce qu’il peut y avoir de faux ? C’est votre interprétation qui peut être fausse — vous pouvez dire : « Cela veut dire ça », et vous vous trompez grossièrement, mais ce que vous avez vu, vous l’avez vu, et ce que vous n’avez pas vu, vous ne l’avez pas vu! C’est une chose qui m’ahurit toujours!... Est-ce que vous avez vu? Si oui, vous avez vu! L’explication de ce que vous avez vu est une autre affaire, mais si vous avez vu, vous avez vu!

Cette question vient généralement de ceux qui ont l’habitude d’arranger un peu ce qu’ils voient. Ils voient une petite chose, n’est-ce pas, dans un éclair, et alors, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, ils arrangent, ils ajoutent une petite chose, ils en ajoutent une autre, ils donnent une petite explication, ils rendent l’affaire cohérente, et quand c’est devenu quelque chose qui tient debout, ils disent : « J’ai eu cette vision », mais ce n’est pas du tout ce qu’ils ont vu... C’est une sorte d’insincérité mentale. C’est spontané — quand le mental voit une chose ici, une chose là et une autre ailleurs, c’est très désagréable pour lui. Il remplit les trous, il dit « ceci mène à cela », « cela est la cause de ceci » et ainsi de suite, et la pensée est très contente car c’est logique. Ce que le mental ajoute entre les points de vision peut, par chance, être vrai, mais ce peut être faux aussi.

Demandez-vous plutôt si vous avez un mental qui se tient tranquille, qui est tout à fait sincère et objectif, qui dit exactement ce qu’il a vu, ou si vous avez une de ces mentalités débordantes d’activité qui, dès qu’elle a vu quelque chose, y ajoute son grain de sel, automatiquement, et fait une grande histoire; alors vous êtes tout à fait convaincu que vous avez vu tout cela, mais en réalité vous ne l’avez pas vu du tout. C’est là que l’on peut dire que les visions ne sont pas sincères. Mais ce n’est pas la faute de la vision! ce que vous avez vu, vous l’avez vu ; c’est la faute de l’interprétation, ou simplement du récit qui s’embellit. J’ai eu des exemples admirables!... de gens qui avaient vu des choses vraiment révélatrices, mais qui n’y comprenaient rien. Sur le moment, n’est-ce pas, ils ont dit spontanément ce qu’ils avaient vu — en une demi-heure l’histoire était devenue un peu différente, tous les « trous » étaient remplis, et finalement l’histoire se tenait tout à fait debout! L’histoire était idiote, elle n’avait pas de sens, tandis que les quelques points qu’ils avaient vus étaient des révélations magnifiques.

(silence)

La capacité d’avoir des visions, quand elle est sincère et spontanée, peut vous mettre en contact avec des événements que vous n’êtes pas capable de connaître dans votre conscience extérieure... Il y a un fait très intéressant, c’est que, quelque part dans le mental terrestre, quelque part dans le vital terrestre, quelque part dans le physique subtil, on peut trouver l’enregistrement exact, parfait, automatique, de tout ce qui se passe. C’est la mémoire la plus formidable que l’on puisse imaginer, qui ne manque rien, qui n’oublie rien, qui enregistre tout; et si vous êtes capable d’entrer là-dedans, vous pouvez aller en arrière, vous pouvez aller en avant et dans tous les sens, et vous aurez le souvenir de toutes les choses — pas seulement des choses qui se sont passées, mais des choses qui doivent venir. Car tout est enregistré.

Dans le monde mental, par exemple, il existe un domaine mental physique, qui concerne les choses physiques et qui garde le souvenir des événements terrestres physiques. C’est comme si vous entriez sous des voûtes innombrables qui se suivent indéfiniment, et ces voûtes sont pleines de petits casiers l’un au-dessus de l’autre, l’un au-dessus de l’autre, avec des petites portes. Alors, si vous voulez savoir quelque chose et que vous soyez conscient, vous regardez et vous voyez comme un petit point — un point qui brille; vous savez que c’est cela que vous voulez savoir et vous n’avez qu’à vous concentrer là, et cela s’ouvre; et quand cela s’ouvre, il y a comme un déroulement de quelque chose qui ressemblerait à des manuscrits, extrêmement subtils, mais si vous avez une concentration suffisante, vous commencez à lire comme dans un livre. Et vous avez toute l’histoire dans tous les détails. Il y a des milliards de ces petits trous, n’est-ce pas; quand vous vous promenez là, c’est comme si vous vous promeniez dans un infini. Et vous pouvez trouver comme cela le fait exact de tout ce que vous voulez savoir. Mais je dois vous dire que ce n’est jamais ce qui a été rapporté dans l’histoire — les histoires sont toujours arrangées; je n’ai pas rencontré un seul fait « historique » qui soit comme l’histoire. Ce n’est pas pour vous décourager d’apprendre l’histoire, mais c’est comme cela. Les événements se sont passés tout différemment de la façon dont ils ont été rapportés, et pour une raison très simple : le cerveau humain n’est pas capable d’enregistrer les choses avec exactitude; on construit l’histoire sur les souvenirs, et les souvenirs sont toujours vagues. Si l’on prend des souvenirs écrits, par exemple, celui qui écrit, choisit les événements qui l’ont intéressé, ce qu’il a vu, remarqué ou su, et ce n’est jamais qu’une toute petite partie de l’ensemble. Quand l’historien raconte, c’est la même chose que pour les rêves, n’est-ce pas, où vous avez un point, puis un autre, puis un autre, et alors vous pouvez avoir une vision à peu près exacte de ce qui s’est passé, et avec un peu d’imagination vous bouchez les trous; mais eux, ils font une histoire continue; entre les événements ou les moments, il y a des trous qu’ils remplissent comme ils peuvent, ou plutôt comme ils veulent, suivant leurs préférences mentales, vitales, etc. Et cela fait l’histoire que l’on vous fait apprendre! La même histoire, racontée dans une langue et dans une autre, dans un pays ou dans un autre, vous ne pouvez pas imaginer comme c’est comique! C’est spécialement vrai si l’un des pays est intéressé par sa vanité, son prestige. Et finalement, les deux images que l’on vous présente sont si différentes que l’on pourrait croire que l’on parle de quelque chose d’autre. C’est incroyable. Mais j’ai remarqué que, même pour les faits tout à fait extérieurs, concrets, où il n’entre pas d’appréciation, c’est encore la même chose; il n’y a pas de cerveau humain qui soit capable de comprendre une chose dans sa totalité; même le plus savant, même le plus érudit, même le plus sincère ne voit pas un sujet — et surtout beaucoup de sujets — d’une façon totale; il dira ce qu’il sait, ce qu’il comprend, et tout ce qu’il ne sait pas, tout ce qu’il ne comprend pas n’est pas là, et cela change absolument tout. Mais si l’on peut avoir cette capacité d’entrer dans la mémoire terrestre, je vous assure que cela vaut la peine. C’est tout à fait différent du yoga ; il n’est pas nécessaire d’avoir une vie spirituelle pour cela, il faut avoir une capacité spéciale.

Pour toute chose — je vous le répéterais éternellement si j’en avais le temps — pour toute chose il faut être absolument sincère. Si vous n’êtes pas sincère, vous commencerez par vous tromper vous-même et toutes vos expériences ne vaudront pas un sou. Mais si vous êtes sincère et que vous arriviez par discipline (car ce n’est pas facile) à entrer dans cette mémoire mentale du monde, vous ferez des découvertes qui valent vraiment la peine.









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