Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.
Mère commence par lire un passage consacré aux visions fausses dans l’Entretien du 21 avril 1929.
Est-ce une vision fausse si l’être qui se présente dans la vision prétend être ce qu’il n’est pas?
Je ne crois pas que ce soit cela que les gens entendent quand ils parlent de « visions fausses ». Ils disent « visions fausses » quand ils ont vu quelque chose qu’ils croient ne pas exister; et la réponse que je leur donne toujours : « Avez-vous pensé à ce que vous avez vu, avez-vous fait un effort pour le voir, est-ce que c’était dans votre imagination ou dans votre volonté? Si oui, ce doit être faux. » Ce que vous dites là, ces esprits qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas en réalité, si vous les croyez, cela ne veut pas dire que votre vision soit fausse, mais que l’interprétation de votre vision est fausse, que vous n’avez pas le discernement nécessaire pour vous apercevoir de la tromperie. J’ai eu pendant longtemps avec moi des personnes qui disaient m’avoir vue (m’avoir vue avec des conséquences tout à fait extravagantes; il leur arrivait toutes sortes de choses funestes), c’étaient des forces qui essayaient de leur faire croire que c’était moi. Je leur ai donné un moyen très simple de faire cesser la comédie.
Il y a aussi autre chose : on m’appelle et je réponds; mais ce que les gens voient après, le résultat, est presque toujours le produit de leur propre formation mentale. Ils désirent que je fasse certaines choses et c’est cela qui arrive. Et je contrôle, n’est-ce pas, quand ils viennent me dire : « Cette nuit vous êtes venue »; en effet, ils m’ont appelée et j’y suis allée, mais je compare ce qui s’est passé réellement et ce qu’ils ont vu, et très souvent il y a une très grande différence, qui provient justement du désir qu’ils ont mélangé à leur perception. Alors je pourrais dire : « Votre vision est partiellement fausse; le fait que je suis venue est vrai, mais ce que vous m’avez fait faire, c’est vous qui me l’avez fait faire! »
(Mère continue sa lecture) « Ce qui vous est demandé n’est pas une soumission passive par laquelle vous devenez comme un bloc inerte, mais de mettre votre volonté à la disposition du Divin. »
Comment peut-on faire l’offrande de sa volonté?... Certains, quand ils font l’offrande de leur volonté, cessent de vouloir! C’est plus commode, mais évidemment ce n’est pas le bon moyen.
Comment faire l’offrande de sa volonté au Divin quand on ne sait pas quelle est la Volonté divine? C’est un problème très intéressant.
Certains pensent que tout ce qui leur vient du dehors est la Volonté divine, et ils l’acceptent comme telle.
Oui, malheureusement. Mais ils ne font qu’accepter la volonté collective ou celle du plus fort.
Ne faut-il pas offrir tous ses actes de volonté au Divin, c’est-à-dire faire d’abord des actes de volonté, puis les offrir?
Peut-être pourriez-vous faire taire d’abord votre volonté et attendre la voix intérieure avant d’agir! Ce serait plus sage.
Vous voyez, nous avons déjà trouvé beaucoup de manières d’offrir sa volonté au Divin : primo, ne plus vouloir! Secundo, faire ce que tout le monde veut, sauf soi-même! Tertio, vouloir n’importe quoi et faire n’importe quoi, puis, après, offrir au Divin ce que l’on a fait!
Mais on peut aussi se formuler à soi-même sa volonté et essayer de la faire passer devant l’écran de son idéal supérieur, et voir quelle figure elle fait en face de cet idéal, si elle fait bonne figure ou non. Si elle vacille, vous pouvez être sûr qu’il y a quelque chose à vérifier là. Si, au contraire, cela passe tout à fait tranquillement et sans protestation, vous pouvez risquer de faire ce que vous avez voulu et voir le résultat. Mais là encore nous sommes devant un problème très difficile... Ceux qui veulent être dans la paix intérieure, disent que tout ce qui se passe est la volonté de Dieu — c’est très commode pour être tranquille, c’est la meilleure façon, il n’y en a pas de meilleure; s’il y en a une meilleure, elle est beaucoup plus difficile. Donc, si votre volonté est contredite, vous dites que c’est la volonté de Dieu; vous êtes tranquille, vous avez fait ce que vous avez pu et le résultat est différent de ce que vous attendiez, et vous êtes en paix. (Remarquez que ce n’est pas très facile; c’est déjà bien, mais ce n’est pas tout.) Mais il se peut très bien aussi que votre volonté ait été contredite par les circonstances, et pourtant elle était vraie. Alors la solution est beaucoup plus difficile. D’abord, comment savoir si elle était vraie?... Si vous êtes tout à fait impartial, tranquille, paisible et aussi peu égoïste que possible, si vous regardez en face la circonstance qui s’est produite et que vous voyiez une espèce de contradiction, l’impression qu’une lumière a disparu et que vous êtes en présence d’un mensonge, vous restez tout à fait tranquille, mais vous voyez et vous vous rendez compte que votre volonté a été contredite pour une raison inconnue, mais qu’en elle-même elle n’était pas fausse, que ce que vous avez vu était la vérité mais qu’elle ne s’est pas manifestée pour une raison quelconque. Alors il faut partir à l’aventure pour découvrir la raison pour laquelle votre vérité ne s’est pas manifestée. C’est un problème un peu plus difficile... mais si vous élargissez votre vue suffisamment, en largeur et en longueur, vous pouvez tout d’un coup apercevoir les conséquences qu’aurait eues votre volonté si elle s’était réalisée, et les conséquences de ce qui se serait passé; et si vous vous projetez assez loin, vous pourrez voir que votre volonté, toute vraie qu’elle fût, était une vérité locale — ce n’était pas une vérité collective, générale, et encore moins universelle — et, par conséquent, si cette vérité s’était réalisée sur ce point, elle aurait disloqué un certain ensemble et beaucoup de choses qui font partie de l’Œuvre divine (car tout, en fait, fait partie de l’Œuvre divine, la création tout entière, l’univers entier) : une partie du tout aurait été laissée en arrière.
On demande toujours : « Mais si le Divin est tout-puissant, pourquoi les choses ne sont-elles pas encore changées? » C’est pour cette raison.
Et notez que votre conception de ce qui devrait être est tellement infiniment loin de ce qui sera, que, de ce fait même, même si vous essayez de voir de la façon la plus totale possible, vous laisserez en arrière une telle quantité de l’univers que ce sera une réalisation presque linéaire, en tout cas si petite, si étroite, que la plus grande partie de l’univers restera inchangée. Et même si vous avez une vue d’ensemble très vaste, même si vous pouvez concevoir quelque chose de plus total et que vous avanciez sur le chemin qui est prêt — car il en est des chemins comme des êtres, certains sont prêts —, sans avoir la patience d’attendre le reste, c’est-à-dire si vous voulez réaliser quelque chose qui soit très près de la Vérité vraie par rapport à l’état actuel du monde, que se produira-t-il? La dislocation d’un certain ensemble, une rupture, non seulement d’harmonie mais d’équilibre, parce qu’il y aura toute une partie de la création qui ne pourra pas suivre. Et au lieu d’une réalisation totale du Divin, on aura une petite réalisation locale, infinitésimale, et rien de ce qui doit être fait finalement ne sera fait.
Par conséquent, il ne faut pas être impatient, il ne faut pas être déçu, déprimé, découragé si la vérité que vous avez perçue n’est pas immédiatement réalisée. Naturellement, il ne s’agit pas d’être déprimé ni désolé ni désespéré si vous avez fait une faute, car toute faute peut être corrigée; du moment où vous avez perçu que c’est une faute, c’est une occasion de travailler au-dedans de vous, de faire un progrès et d’être très content! Mais c’est beaucoup plus grave et plus difficile à surmonter quand vous avez vu quelque chose qui était vrai, absolument, essentiellement vrai, et que l’état de l’univers est tel que cette vérité n’était pas encore mûre pour être réalisée. Je ne dis pas que cela arrive à beaucoup de gens, mais enfin cela peut vous arriver, et c’est là qu’il faut s’armer d’une grande patience, d’une grande compréhension, et se dire : « C’était vrai, mais ce n’était pas totalement vrai », c’est-à-dire que ce n’était pas une vérité en accord avec toutes les autres vérités, et surtout pas en accord avec les possibilités présentes; alors nous avons essayé de réaliser trop vite, et parce que nous avons essayé trop vite, cela a été démenti; dites que c’était prématuré, c’est tout ce que vous pouvez dire — ce que vous avez vu était vrai, mais c’était prématuré, et il faut, avec beaucoup de patience et de persévérance, garder sa petite vérité intacte pour le moment où il sera possible de la réaliser.
La victoire finale est au plus endurant.
(Mère poursuit sa lecture) « [...] vous dites : “Je donne ma volonté au Divin [...] Que la Volonté divine accomplisse cela en moi.” Votre volonté doit continuer à agir régulièrement, non dans le choix d’une action particulière, ni pour demander un objet précis, mais comme une ardente aspiration concentrée sur le but à atteindre. »
Et c’est là que nous avons la solution du problème. Vous pouvez à chaque minute faire le don de votre volonté dans une aspiration — et une aspiration qui se formule très simplement, pas seulement : « Seigneur, que Ta volonté soit faite », mais : « Permets que je fasse aussi bien que je peux la meilleure chose à faire. » Vous pouvez ne pas savoir à chaque minute quelle est la meilleure chose à faire, ni comment la faire, mais vous pouvez mettre votre volonté à la disposition du Divin pour faire le mieux possible, la meilleure chose possible. Vous verrez qu’il y aura des résultats merveilleux. Faites-le avec conscience, avec sincérité et avec persévérance, et vous vous apercevrez que vous êtes en train de marcher à pas de géant. C’est comme cela, n’est-ce pas, il faut faire avec toute l’ardeur de son âme, avec toute la puissance de sa volonté; faire à chaque minute le mieux possible, la meilleure chose possible. Ce que font les autres ne vous regarde pas — c’est une chose que je ne vous répéterai jamais assez.
Ne dites jamais : « Celui-là ne fait pas ça », « Celui-ci fait quelque chose d’autre », « Celui-là fait ce qu’il ne devrait pas faire » — cela ne vous regarde pas. Vous avez été mis sur la terre, dans un corps physique, avec un but précis qui est de rendre ce corps aussi conscient que possible et d’en faire l’instrument le plus parfait et le plus conscient possible du Divin. Il vous a donné une certaine quantité de substance et de matière dans tous les domaines — mental, vital et physique — en proportion de ce qu’Il attend de vous, et toutes les circonstances qui vous entourent sont en proportion aussi de ce qu’Il attend de vous, et les gens qui viennent vous dire : « Ma vie est terrible, j’ai la plus terrible vie du monde » sont des ânes! Chacun a la vie qui lui convient pour son développement total, chacun a les expériences qui lui conviennent pour son développement total, et chacun a les difficultés qui lui conviennent pour sa réalisation totale.
Si vous vous observez attentivement, vous verrez que l’on porte toujours en soi le contraire de la vertu que l’on doit réaliser (je prends « vertu » dans son sens le plus large et le plus élevé). Vous avez un but spécial, une mission spéciale, une réalisation spéciale qui vous est propre, chacun individuellement, et vous portez en vous tous les obstacles nécessaires pour que votre réalisation soit parfaite. Toujours, vous verrez qu’au-dedans de vous l’ombre et la lumière vont de pair : vous avez une capacité, vous avez aussi la négation de cette capacité. Mais si vous découvrez un trou très noir, une ombre épaisse, soyez sûr, quelque part en vous, qu’il y a une grande lumière. À vous de savoir utiliser l’une pour réaliser l’autre.
C’est un fait dont on parle très peu, mais qui est d’une importance capitale. Et si vous avez une observation attentive, vous verrez que c’est toujours ainsi chez tout le monde. Ce qui nous amène à dire des choses paradoxales, mais absolument vraies : par exemple, que le plus grand voleur peut être le plus honnête homme (ce n’est pas pour vous encourager à voler, n’est-ce pas!) et le plus grand menteur peut être celui qui sera le plus véridique. Alors ne vous désespérez pas si vous trouvez en vous la plus grande faiblesse, car c’est peut-être le signe de la plus grande force divine. Ne dites pas : « Je suis comme ça, je ne peux pas être autrement »... ce n’est pas vrai. Vous êtes « comme ça » parce que, justement, vous devez être le contraire. Et toutes vos difficultés sont précisément là pour que vous appreniez à les transformer en la vérité qu’elles cachent.
Une fois que vous avez compris cela, beaucoup de soucis s’en vont et on est très content, très content. Si l’on s’aperçoit que l’on a des trous très noirs, on se dit : « Cela prouve que je peux monter très haut », si le précipice est très profond : « Je peux monter très haut. » De même au point de vue universel ; pour prendre la terminologie hindoue qui vous est familière, ce sont les plus grands asuras qui sont les plus grands êtres de Lumière. Et le jour où ces asuras se convertiront, ce seront les êtres suprêmes de la création. Ce n’est pas pour vous encourager à être « âsourique », n’est-ce pas, mais c’est comme cela — cela vous élargira un peu le cerveau et vous permettra de vous libérer de ces idées de bien et de mal qui s’opposent, car si vous entrez dans cette catégorie-là, il n’y a pas d’espoir.
Si le monde n’était pas essentiellement l’opposé de ce qu’il est devenu, il n’y aurait pas d’espoir. Parce que le trou est si noir et si profond, et l’inconscience si totale, que, si ce n’était pas le signe de la conscience totale, eh bien, il n’y aurait qu’à faire ses bagages et s’en aller. Les gens comme Shankara, qui ne voyaient pas beaucoup plus loin que le bout de leur nez, disaient que le monde ne valait pas la peine que l’on y vive parce qu’il était impossible, qu’il valait mieux le traiter comme une illusion et s’en aller, il n’y avait rien à en faire. Je vous dis, au contraire, que c’est parce que le monde est très mauvais, très obscur, très laid, très inconscient, plein de misères et de douleurs, qu’il peut être la suprême Beauté, la suprême Lumière, la suprême Conscience et la suprême Félicité.
(Mère continue sa lecture) « Si vous êtes vigilant, si votre attention est en éveil, certainement vous recevrez quelque chose sous la forme d’une inspiration de ce qui doit être fait, et vous vous mettrez à le faire immédiatement. »
Quand je vous disais tout à l’heure qu’il faut aspirer, avec une grande ardeur, au mieux possible, à chaque minute la meilleure chose possible, vous auriez pu me dire : « C’est bien, mais comment savoir? » Eh bien, ce n’est pas nécessaire de savoir! Si vous prenez cette attitude avec sincérité, vous saurez à chaque minute ce que vous avez à faire, et c’est cela qui est merveilleux. Dans la mesure de la sincérité, l’inspiration est de plus en plus précise, de plus en plus exacte.
(Mère reprend) « Seulement, n’oubliez jamais que la soumission exige d’accepter le résultat de votre action, quel qu’il soit, même s’il est tout à fait différent de ce que vous attendiez. Au contraire, si votre soumission est passive, vous ne voudrez rien ni n’essayerez rien;
vous vous endormirez tout simplement en attendant le miracle.
« Pour savoir si votre volonté et votre désir sont ou ne sont pas en accord avec la Volonté du Divin, vous devez observer et voir si vous recevez une réponse ou si vous n’en avez pas, si vous vous sentez soutenu ou contredit, non pas par le mental, le vital ou le corps, mais par ce quelque chose qui est toujours là dans votre être intérieur, tout au fond de votre cœur. »
C’est toujours la même chose, c’est notre écran devant lequel il faut tout passer pour savoir si l’on peut accepter ou si l’on est contredit.
(Mère reprend) « Le nombre d’heures passées en méditation n’est pas un indice du progrès spirituel. Quand vous n’avez plus à faire d’effort pour méditer, vous avez réellement progressé. »
C’est-à-dire qu’au lieu d’avoir une tension, au lieu de faire un effort formidable pour faire taire la petite machine intérieure et pour pouvoir concentrer votre pensée sur ce que vous voulez, quand vous le faites tout simplement, tout naturellement, sans effort, automatiquement, et que vous décidez de méditer pour une raison quelconque, ce que vous voulez voir, savoir ou connaître demeure dans la conscience et tout le reste s’en va comme par miracle; tout se tait en vous, tout votre être devient silencieux, vos nerfs sont tout à fait apaisés, votre conscience est tout à fait concentrée — naturellement, spontanément — et vous entrez avec une joie intense dans une contemplation encore plus intense.
C’est le signe que vous êtes arrivé; autrement ce n’est pas cela.
(Mère reprend) « Il arrive un moment où l’on a plutôt à faire effort pour mettre fin à la méditation; il devient difficile de ne pas méditer, difficile de s’arrêter de penser au Divin, difficile de redescendre vers la conscience ordinaire. »
Comme j’espère que cela va devenir vrai pour tout le monde!
Vous pouvez faire l’action la plus active, par exemple jouer au basket-ball, ce qui exige beaucoup de mouvements, et ne pas perdre l’attitude de méditation intérieure et de concentration sur le Divin. Et quand vous en serez là, vous verrez que tout ce que vous faites change de qualité; non seulement vous le ferez mieux, mais vous le ferez avec une puissance tout à fait inattendue, et en même temps vous garderez votre conscience si haute et si pure que plus rien ne pourra vous toucher. Et notez que cela peut aller si loin que, même s’il vous arrive un accident, cela ne vous fera pas de mal. Naturellement, c’est un sommet, mais c’est un sommet auquel on peut aspirer.
Ne tombez pas dans l’erreur si commune de croire qu’il faut s’asseoir dans un coin tout à fait silencieux où personne ne passe, où vous êtes dans une position classique et tout à fait immobile, pour pouvoir méditer — ce n’est pas vrai. Ce qu’il faut, c’est arriver à méditer en toutes circonstances, et j’appelle « méditer » non pas vider votre tête, mais vous concentrer dans une contemplation du Divin; et si vous gardez cette contemplation au-dedans de vous, tout ce que vous ferez changera de qualité — pas d’apparence, car apparemment ce sera la même chose, mais de qualité. Et la vie changera de qualité, et vous, vous vous sentirez un peu différent de ce que vous étiez, avec une paix, une certitude, une tranquillité intérieure, une force invariable, quelque chose qui ne fléchit jamais.
Dans cet état, il sera difficile de vous faire du mal. Les forces essayent toujours, ce monde est si plein de forces adverses qui veulent tout déranger... mais elles réussissent dans une très petite mesure, seulement dans la mesure nécessaire pour vous faire faire un nouveau progrès.
Chaque fois que vous recevez un coup de la vie, dites-vous immédiatement : « Ah! j’ai un progrès à faire », alors le coup devient une bénédiction. Au lieu de rentrer la tête dans les épaules, vous levez la tête avec joie et vous dites : « Qu’est-ce qu’il faut que j’apprenne? je veux savoir. Qu’est-ce que je dois changer? je veux savoir. » C’est comme cela qu’il faut faire.
La concentration que nous faisons ici et la méditation que nous avions dans le temps, sont-elles la même chose 8 ?
Non, je vous l’ai dit l’autre jour, la concentration que nous faisons maintenant est l’opposé de la méditation. Dans la méditation que nous avions en commun, j’essayais d’unifier toutes les consciences présentes et de les soulever dans une aspiration vers les régions supérieures; c’était un mouvement d’ascension, d’aspiration. Tandis que ce que nous faisons ici, dans la concentration, c’est un mouvement de descente. Au lieu d’une aspiration qui s’élève, on demande une réceptivité qui s’ouvre pour que la Force entre en vous. Il y a beaucoup de manières de le faire; chacun selon sa nature propre doit trouver la meilleure méthode. Ce que l’on demande ici, c’est une offrande réceptive, non d’un corps, d’un mental ou d’un vital, d’un morceau de son être, mais de l’être tout entier. On ne vous demande pas autre chose, seulement de vous ouvrir; le reste du travail, je m’en charge.
Dans la méditation là-bas, je voulais que chacun allume en soi une flamme d’aspiration et monte aussi haut que possible. Naturellement, les deux sont nécessaires; mais la méditation du matin, tous ceux qui avaient de la bonne volonté pouvaient y assister, à n’importe quel moment de leur croissance, tandis qu’ici, la règle est que seuls ceux qui veulent vraiment le perfectionnement de leur corps physique peuvent venir, pas ceux qui veulent s’échapper de la vie, s’échapper d’eux-mêmes, s’échapper de leur corps et entrer dans les hauteurs. C’est pour cela qu’au début, la sélection était très étroite — elle s’élargit peu à peu, j’espère avec profit. Nous voulions seulement ceux qui avaient vraiment mis dans leur tête qu’ils voulaient le perfectionnement de leur corps physique, qui comprenaient que leur corps avait sa valeur propre et qui voulaient le perfectionner, qui voulaient essayer d’en faire le réceptacle d’une vérité supérieure, pas une vieille loque que l’on jette de côté en disant : « Ne m’embête pas. » Au contraire, le prendre et en faire le meilleur instrument possible, le faire croître, le perfectionner autant qu’il se prêtera au procédé.
Est-ce que l’aspiration, la contemplation dont vous parlez, n’est pas en contradiction avec l’activité extérieure?
Non, s’il y a contradiction, c’est que la concentration n’est pas faite de la bonne manière. Justement, le monde est dans cet état menteur où l’on ne peut pas se concentrer intérieurement sur la Présence divine sans perdre le contact avec l’être extérieur. Je ne dis pas que ce soit très facile, je vous ai donné cela comme un idéal un peu lointain, mais c’est tout à fait possible et cela s’est fait, je peux vous l’affirmer, et cela n’enlève en rien la capacité de ne pas se casser le cou quand on court!
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