CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 of CWM (Fre) 471 pages 2009 Edition
French

Translations

ABOUT

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Entretiens - 1950-1951

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 471 pages 2009 Edition
French
 PDF   

1951




mars




Le 26 mars 1951

« Il faut savoir à chaque instant tout perdre pour tout gagner. » Qu’est-ce que cela veut dire?

Nous en avons déjà parlé. Pourquoi, lorsqu’on entre sur le chemin du yoga, voit-on les êtres chers nous quitter? On perd tous les biens de ce monde, tous ses attachements; parfois même, on perd sa position, et pour gagner quoi? — la chose la plus importante, la seule chose qui ait de la valeur : la Conscience divine. Et pour gagner cela, il faut savoir perdre tous les biens de ce monde, laisser partir toutes ses possessions, tous les désirs, tous les attachements, toutes les satisfactions; il faut savoir perdre tout cela si l’on veut gagner la Conscience divine.

C’est un peu paradoxal pour la pensée.

Vous avez dit qu’après avoir terminé leur développement, les êtres psychiques pouvaient aller dans les autres mondes; pourtant, l’être psychique appartient uniquement à la terre?

Mais l’être psychique n’est pas matériel, il est psychique! Il n’est pas lié au monde matériel ; dès qu’il cesse de vivre dans un corps, il s’en va dans le monde psychique, qui est fort loin d’être un monde matériel.

Comment transformer le vital?

Le premier pas : la volonté. Deuxièmement, la sincérité et l’aspiration. Mais la volonté et l’aspiration sont à peu près la même chose, l’une suit l’autre. Puis, la persévérance. Oui, il faut de la persévérance dans un procédé, et quel est ce procédé?...

D’abord, il faut la capacité d’observer et de discerner; la capacité de découvrir le vital en soi, autrement vous serez bien embarrassé de dire : « Ceci vient du vital, cela vient du mental, cela vient du corps. » Tout vous paraîtra mélangé et indistinct.

Après une observation très soutenue, vous pourrez faire une distinction entre les différentes parties et reconnaître l’origine d’un mouvement. Il faut assez longtemps pour cela, mais on peut aller assez vite aussi, cela dépend des gens. Mais une fois que vous avez découvert les différentes parties, demandez-vous : qu’y a-t-il de vital là-dedans? qu’apporte le vital à votre conscience? de quelle façon change-t-il vos mouvements, qu’est-ce qu’il y ajoute et en retire? quel phénomène se produit dans votre conscience par l’intervention du vital? Une fois que vous savez cela, que faites-vous?... Alors, il va falloir regarder, observer cette intervention, savoir dans quel sens elle agit. Par exemple, vous avez la volonté de transformer votre vital. Vous avez même une grande sincérité dans votre aspiration et la résolution d’aller jusqu’au bout, vous avez tout cela. Vous vous mettez à observer et vous voyez que deux choses peuvent se produire (beaucoup de choses peuvent se produire), mais principalement deux.

Premièrement, une sorte d’enthousiasme vous prend. Vous vous mettez à l’ouvrage avec ardeur. Dans cet enthousiasme, vous pensez : « Je vais faire ceci et cela, je vais arriver au but tout de suite, tout va être magnifique! Il verra, ce vital, comment je vais le traiter s’il n’obéit pas! » Et si vous regardez attentivement, vous verrez que le vital se dit : « Ah! enfin, voilà une occasion! » Il accepte, il se met en mouvement avec toute son ardeur, tout son enthousiasme et... toute son impatience.

La deuxième chose peut être juste le contraire. Une sorte de malaise : « Je ne me porte pas bien, comme la vie est fatigante, comme tout est ennuyeux. Comment vais-je faire tout cela ? Est-ce que j’arriverai au but? Est-ce que cela vaut la peine de commencer? Est-ce que c’est seulement possible? Est-ce que ce n’est pas impossible? » C’est le vital qui n’est pas très content de ce que l’on va faire pour lui, qui ne veut pas que l’on se mêle de ses affaires, qui n’aime pas beaucoup tout cela. Alors, il suggère une dépression, un découragement, un manque de foi, un doute : « Est-ce que cela vaut la peine? »

Ce sont les deux extrêmes, et chacun a ses difficultés, ses obstacles.

La dépression, à moins que l’on n’ait une forte volonté, suggère : « Cela ne vaut pas la peine, on peut attendre toute la vie. » L’enthousiasme, lui, s’attend à voir le vital transformé dès le lendemain : « Je ne vais plus avoir aucune difficulté, je vais avancer vite sur le chemin du yoga, je vais à la conquête de la Conscience divine sans difficulté. » Il y a quelques autres difficultés... Il faut un peu de temps, beaucoup de persévérance. Alors le vital, après quelques heures — peut-être quelques jours, peut-être quelques mois — se dit : « Nous ne sommes pas allés très loin avec l’enthousiasme, y a-t-il vraiment quelque chose de fait? Est-ce que ce mouvement ne nous laisse pas là où nous étions — peut-être pires que nous n’étions, un peu troublés, un peu dérangés? Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient, elles ne sont pas encore ce qu’elles doivent être. C’est bien ennuyeux ce que je fais. » Et alors, si l’on pousse un peu plus, voilà ce monsieur qui dit : « Ah! non, en voilà assez, laissez-moi tranquille. Je veux bien ne pas bouger, je resterai dans mon coin, je ne vous gênerai pas, mais ne m’embêtez pas! » Et alors, on n’est pas beaucoup plus avancé qu’avant.

C’est l’un des grands obstacles qu’il faut éviter avec soin. Dès qu’il y a la moindre impression de mécontentement, de désagrément, il faut dire au vital, comme cela : « Mon ami, tu vas te tenir tranquille, tu vas faire ce que l’on te dit, autrement tu auras affaire à moi. » Et à l’autre, l’enthousiaste qui dit : « Il faut que tout soit fait maintenant, tout de suite », votre réponse : « Calme-toi un peu, ton énergie est excellente, mais il ne faut pas la dépenser en cinq minutes. Nous en aurons besoin pendant longtemps, garde cela précieusement et, au fur et à mesure des besoins, je ferai appel à ta bonne volonté. Tu montreras que tu es plein de bonne volonté, tu obéiras, tu ne grogneras pas, tu ne protesteras pas, tu ne te révolteras pas, tu diras oui-oui. Tu feras un petit sacrifice quand on te le demandera, tu diras oui de grand cœur. »

Alors, nous sommes partis sur le chemin. Mais le chemin est très long. Il arrive bien des choses en route. Tout d’un coup, on croit que l’on a surmonté un obstacle; je dis « croit », parce que l’on a surmonté, mais on n’a pas surmonté avec une sorte de totalité. Je vais prendre un exemple très facile, d’une observation très aisée. Quelqu’un a découvert que son vital est indomptable et indompté, qu’il se met en fureur pour rien et à propos de rien. Il se met au travail pour lui apprendre à ne pas s’emballer, à ne pas se mettre en fureur, à rester tranquille et à supporter les chocs de la vie sans réactions violentes. Si on le fait avec bonne humeur, cela va assez vite (notez bien, c’est très important : quand vous avez affaire à votre vital, ayez soin de garder votre bonne humeur, autrement vous aurez des déboires). On garde sa bonne humeur, c’est-à-dire que, quand on voit que la fureur monte, on se met à rire. Au lieu d’être déprimé et de se dire : « Ah! malgré tous mes efforts, ça recommence », on se met à rire et on dit : « Tiens, tiens! on n’est pas encore arrivé au bout. Voyons, tu es ridicule, tu sais bien que tu es ridicule! Est-ce que cela vaut la peine de se mettre en colère? » On lui fait la leçon avec bonne humeur. Et voilà, au bout de quelque temps il ne se met plus en colère, il est tranquille — et on relâche son attention. On croit avoir surmonté la difficulté, on croit que l’on est arrivé à un résultat : « Mon vital ne m’embête plus, il ne se met plus en colère, tout va bien. » Et le lendemain, on se met en colère. Alors c’est là qu’il faut faire attention, c’est là qu’il ne faut pas dire : « Voilà, ça ne sert à rien, je n’arriverai jamais à rien, tous mes efforts sont inutiles; tout cela est une illusion, c’est impossible. » Au contraire, il faut se dire : « J’ai manqué de vigilance. » Il faut attendre longtemps, très longtemps, avant de pouvoir dire : « Ah! c’est fait et bien fait. » Il faut parfois attendre des années, beaucoup d’années...

Je ne dis pas cela pour vous décourager, mais pour vous donner de la patience et de la persévérance — il y a un moment où cela arrive. Et notez que le vital est une petite partie de votre être — une partie très importante, nous avons dit que c’était le dynamisme, l’énergie réalisatrice, c’est très important —, mais ce n’est qu’une petite partie. Et le mental !... qui va vagabonder, qu’il faut tirer par toutes les ficelles pour qu’il se tienne tranquille! Vous croyez que cela se fait du jour au lendemain? Et votre corps?... Vous avez une faiblesse, une difficulté, parfois une petite maladie chronique, pas grand-chose, mais c’est ennuyeux, n’est-ce pas? On veut s’en débarrasser. On fait des efforts, on se concentre; on travaille, on établit l’harmonie, on pense que c’est fini, et puis... Prenez les gens qui ont l’habitude de tousser, par exemple : ils ne peuvent pas se contrôler ou presque pas. Ce n’est pas grave, mais c’est ennuyeux, et il n’y a pas de raison que cela finisse jamais. Eh bien, on se dit : « Je vais contrôler cela. » On fait un effort — un effort yoguique, pas un effort matériel — on fait descendre la conscience, la Force, on arrête la toux. Et on pense : « Le corps a oublié de tousser. » Et c’est la grande chose, quand le corps a oublié, vraiment on peut dire : « Je suis guéri. » Mais malheureusement ce n’est pas toujours vrai, car cela descend dans le subconscient et, un jour, quand l’équilibre des forces n’est pas si bien établi, quand la puissance n’est pas la même, ça recommence. Et on se lamente : « Moi qui croyais que c’était fini! j’avais réussi et je me disais : c’est vrai que la puissance spirituelle a une action sur le corps, c’est vrai que l’on peut faire quelque chose — et voilà, ce n’est pas vrai. Et pourtant c’était une petite chose, et moi qui veux conquérir l’immortalité! Comment arriverai-je?... Pendant des années je me suis guéri d’une petite chose et voilà que cela recommence. » C’est là qu’il faut faire attention.

Il faut s’armer d’une endurance, d’une patience sans fin. Vous faites la chose une fois, dix fois, cent fois, mille fois s’il le faut, mais vous la faites jusqu’à ce qu’elle soit faite. Et pas seulement ici et là, mais partout et partout à la fois. Voilà le grand problème que l’on se pose. C’est pourquoi, aux gens qui viennent me dire avec une grande légèreté d’esprit : « Je veux faire le yoga », je réponds : « Réfléchissez, on peut faire le yoga pendant de nombreuses années sans s’apercevoir du moindre résultat. Mais si vous voulez le faire, il faut persister et persister avec une volonté telle que vous devez être prêt à le faire pendant dix existences, cent existences s’il le faut, pour arriver au bout. » Je ne dis pas que ce sera comme cela, mais l’attitude doit être comme cela. Il faut que rien ne vous décourage; parce qu’il y a toutes les difficultés d’ignorance des différents états d’être, auxquelles s’ajoutent la malice sans fin, l’habileté sans mesure des forces hostiles dans le monde... Elles sont là, savez-vous pourquoi? Elles ont été tolérées, savez-vous pourquoi? Simplement pour voir combien de temps on peut durer et quelle est la sincérité de l’action. Parce que tout dépend de votre sincérité. Si vous êtes vraiment sincère dans votre volonté, rien ne vous arrêtera, vous irez jusqu’au bout, et s’il faut que vous viviez mille ans pour le faire, vous vivrez mille ans pour le faire.

Le vital ne cherche-t-il pas lui-même à se transformer? Il aspire, mais il est toujours victime des choses, des impulsions du dehors.

S’il cherche à se transformer, c’est vraiment magnifique! Et s’il aspire à la transformation, il essayera de s’en débarrasser. Si le vital est faible, son aspiration sera faible. Et notez que la faiblesse est une insincérité, une sorte d’excuse que l’on se donne — pas très, très consciemment peut-être, mais il faut vous dire que le subconscient est un lieu plein d’insincérité. Et la faiblesse qui dit : « Je voudrais tant, mais je ne peux pas », c’est une insincérité. Parce que, si l’on est sincère, ce que l’on ne peut pas faire aujourd’hui, on le fera demain, et ce que l’on ne peut pas faire demain, on le fera après-demain, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on puisse le faire. Si vous comprenez une fois pour toutes que l’univers tout entier (ou, si vous voulez, notre terre, pour concentrer le problème) n’est pas autre chose que le Divin qui s’est oublié Lui-même, où mettez-vous la faiblesse là-dedans? Pas dans le Divin sûrement! Donc, dans l’oubli. Et si vous luttez contre l’oubli, vous luttez contre la faiblesse, et à mesure que vous vous approchez du Divin, votre faiblesse disparaît.

Et ceci vaut non seulement pour le mental, mais aussi pour le vital et même pour le corps. Toutes les souffrances, toutes les faiblesses, toutes les incapacités sont, en dernière analyse, des insincérités.

Il y a beaucoup de places où peut se loger l’insincérité, c’est pour cela qu’il ne faut jamais dire comme on me le dit souvent : « Je suis parfaitement sincère. » C’est comme les gens qui vous affirment : « Je n’ai jamais dit un mensonge. » Si vous étiez parfaitement sincère, vous seriez le Divin, si vous n’aviez jamais dit un mensonge, c’est-à-dire quelque chose qui ne soit pas vrai, vous seriez la Vérité! Alors, comme vous n’êtes ni le Divin ni la Vérité en fait (vous l’êtes en essence, mais pas en fait), vous avez toujours beaucoup de chemin à faire pour arriver à la Vérité et à la sincérité.

Il ne faut pas avoir l’air malheureux parce que c’est comme cela.

C’est comme ces gens désespérés qui vous disent : « Pourquoi le monde est-il si affreux ? » À quoi cela sert de se lamenter, puisque c’est comme cela ? La seule chose que vous puissiez faire, c’est de travailler à le changer. Naturellement, d’un point de vue spéculatif, on peut essayer de comprendre, mais la mentalité humaine est incapable de comprendre pareille chose. Pour le moment, c’est tout à fait inutile. Ce qui est utile, c’est que cela change. Nous sommes tous d’accord que le monde est détestable, qu’il n’est pas ce qu’il devrait être, et la seule chose que nous ayons à faire, c’est de travailler pour qu’il soit autrement. Par conséquent, toute notre préoccupation doit être de trouver le meilleur moyen de le rendre autrement; et nous pouvons comprendre une chose, c’est que le meilleur moyen (quoique nous ne le connaissions pas très bien encore), c’est nous-même, n’est-ce pas! Et sûrement, vous vous comprenez mieux que vous ne comprenez votre voisin — vous comprenez mieux la conscience qui se manifeste dans un être humain que celle qui se manifeste dans les étoiles, par exemple. Alors, après un peu d’hésitation, vous pouvez dire : « Après tout, le meilleur moyen, c’est ce que je suis. Je ne sais pas très bien ce que je suis, mais cette espèce d’ensemble de choses que je suis, c’est peut-être mon travail, c’est peut-être ma part du travail, et si je le fais aussi bien que je peux, peut-être ferai-je le mieux que je puisse faire. » C’est un très grand commencement, très grand. Ce n’est pas écrasant, ce n’est pas en dehors des limites de vos possibilités. Vous avez votre travail sous la main, il est toujours à portée de votre main, pour ainsi dire, il est toujours là pour que vous vous en préoccupiez — un champ d’action proportionné à votre force, mais assez multiple, assez complexe, assez vaste, assez profond pour être intéressant. Et vous allez à la découverte dans ce monde inconnu.

Beaucoup de gens vous disent : « Mais alors, c’est de l’égoïsme! » C’est un égoïsme si vous le faites d’une façon égoïste, pour votre profit personnel, si vous essayez d’acquérir des pouvoirs, de devenir assez puissant pour influencer les autres, ou si vous cherchez les moyens de vous créer une existence agréable. Naturellement, si vous le faites dans cet état d’esprit, ce sera égoïste. Mais le plus beau de l’affaire, c’est que vous n’arriverez à rien! Vous commencerez par vous tromper vous-même, vous vivrez dans des illusions croissantes et vous irez à reculons dans une obscurité de plus en plus grande. Par conséquent, les choses sont organisées beaucoup mieux qu’on ne le croit; si vous faites votre travail d’une façon égoïste (nous avons dit que notre champ de travail est toujours à portée de notre main), vous n’arriverez à rien. Et par conséquent, la condition requise est de le faire avec une sincérité absolue dans votre aspiration à la réalisation de l’Œuvre divine. Alors, si vous partez comme cela, je peux vous garantir que vous ferez un voyage tellement intéressant que, même s’il prend très longtemps, jamais vous ne serez fatigué. Mais il faut le faire comme cela, avec une intensité de volonté, avec persévérance et avec cette bonne humeur indispensable qui fait sourire devant les difficultés et rire devant les erreurs. Alors, tout ira bien.

Quel est le miroir qui peut refléter le Suprême?

La Conscience Elle-même. C’est parce qu’Elle est là ; sans cela, on n’arriverait jamais à rien. Si la Conscience suprême n’était pas au centre de toute création, jamais la création ne pourrait prendre conscience de la Conscience.

Pour transformer le vital, il faut avoir de la volonté, de la persévérance, de la sincérité, etc. Mais dans quelle partie de l’être se trouvent toutes ces choses?

L’origine de la sincérité, de la volonté, de la persévérance est dans l’être psychique, mais cela se traduit différemment suivant les personnes. Généralement, c’est dans la partie supérieure du mental que cela commence à prendre forme, mais pour que ce soit effectif, il faut qu’au moins une partie du vital réponde, parce que l’intensité de votre volonté vient de là, le pouvoir réalisateur de la volonté vient du contact avec le vital. S’il n’y avait que des éléments réfractaires dans le vital, vous ne pourriez rien faire du tout. Mais il y a toujours quelque chose, quelque part, qui veut bien — c’est peut-être peu de chose, mais il y a toujours quelque chose qui veut bien. Il suffit qu’il y ait une fois une minute d’aspiration et une volonté, même très fugitive, de prendre conscience du Divin, de réaliser le Divin, pour que cela fasse comme un éclair à travers tout l’être — il y a même des cellules du corps qui répondent. On ne s’en aperçoit pas tout de suite, mais il y a une réponse partout. Et c’est en rassemblant soigneusement, lentement, toutes ces parties qui ont répondu, ne serait-ce qu’une fois, que l’on peut constituer quelque chose qui sera cohérent et organisé, et qui permettra de continuer son action avec volonté, sincérité et persévérance.

Même une idée fugitive chez un enfant, à un moment donné dans l’enfance, quand l’être psychique est le plus en avant, quand il est arrivé à traverser la conscience extérieure et à lui donner simplement l’impression de quelque chose de beau qu’il faut réaliser, cela fait un petit noyau et c’est avec cela que vous fondez votre action. Il y a une immense masse d’humanité à qui l’on ne dirait jamais : « Il faut que vous réalisiez le Divin » ou « Faites un yoga pour trouver le Divin ». Si vous regardez, vous verrez que c’est une infime minorité à qui l’on peut le dire. Ce qui fait que cette minorité d’êtres est « préparée » à faire un yoga, c’est cela. C’est qu’il y a eu un commencement de réalisation — un commencement suffit. Chez d’autres, c’est peut-être une chose ancienne, un éveil qui peut venir de vies antérieures. Mais nous parlons de ceux qui sont moins prêts; ce sont ceux qui ont eu un éclair à un moment donné, qui a traversé tout l’être, qui a créé une réponse, mais ça suffit. Cela n’existe pas chez beaucoup de gens. Ceux qui sont prêts à faire un yoga ne sont pas nombreux si vous les comparez à la masse humaine inconsciente. Mais une chose est certaine, c’est que le fait que vous soyez tous ici prouve qu’au minimum vous avez eu cela — il y en a qui sont très loin sur le chemin (parfois ils ne s’en doutent pas), mais au minimum vous avez eu cela, cette espèce de contact spontané, intégral, qui est comme un choc électrique, un éclair qui vous traverse et qui vous éveille à quelque chose : il y a quelque chose à réaliser. Il se peut que l’expérience ne se traduise pas par des mots, seulement par une flamme. Cela suffit. Et c’est autour de ce nucléus que l’on s’organise lentement, lentement, progressivement. Alors une fois que c’est là, cela ne disparaît jamais. Ce n’est que si vous avez fait un pacte avec les forces adverses et que vous fassiez un effort considérable pour éloigner le contact et ne pas en apercevoir l’existence, que vous pouvez croire qu’il a disparu. Et encore, il suffit d’un seul éclair pour que cela revienne.

Si vous avez eu cela une seule fois, vous pouvez vous dire que, dans cette vie ou une autre, vous êtes sûr de réaliser.









Let us co-create the website.

Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.

Image Description
Connect for updates