CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 of CWM (Fre) 471 pages 2009 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Entretiens - 1950-1951

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The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 471 pages 2009 Edition
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1951




mars




Le 29 mars 1951

« Les articles et dogmes d’une religion sont des productions du mental, et si vous vous attachez à eux et que vous vous enfermiez dans un code de vie tout fait, vous ne connaissez pas et ne pouvez pas connaître la vérité de l’esprit qui se tient libre et vaste au-delà de tous les codes et de tous les dogmes. [...] Dans toutes les religions, il y a aussi des croyants qui ont développé une haute vie spirituelle. Mais ce n’est pas la religion qui leur a donné leur spiritualité; ce sont eux qui ont mis leur spiritualité dans la religion. Placés n’importe où, nés dans tout autre culte, ils y auraient trouvé et vécu la même vie spirituelle. C’est leur propre capacité, c’est le pouvoir de leur être intérieur, et non la religion qu’ils professent, qui les a faits ce qu’ils sont. »

(Entretien du 9 juin 1929)

Toutes les religions sont-elles des constructions mentales?

Toutes les religions n’ont peut-être pas été cela à leur début, mais elles sont certainement devenues cela avec le temps.

Qu’est-ce que le « Petit Véhicule » et le « Grand Véhicule » ?

Ce sont des termes bouddhiques. C’est la traduction d’un mot pâlî, je crois. On dit que la religion du Nord est le « Grand Véhicule » et la religion du Sud, le « Petit Véhicule ». Le Petit Véhicule s’en tient à l’enseignement tout à fait strict, d’après ce que l’on a conservé ou croit avoir conservé des paroles du Bouddha.

N’est-ce pas, le Bouddha disait qu’il n’y avait pas de divinité, qu’il n’y avait pas de persistance de l’ego, qu’il n’y avait pas d’êtres des mondes supérieurs qui pouvaient s’incarner, qu’il n’y avait pas... Il a nié presque toutes les choses possibles. La religion du Sud est comme cela, elle est extrêmement nihiliste, elle dit non, non, non à toute chose; tandis que, dans la religion du Nord, qui a été pratiquée au Tibet, puis du Tibet s’est répandue en Chine et de Chine au Japon, on trouve les bôdhisatvas (qui font figure de saints comme dans toutes les autres religions), tous les anciens bouddhas, qui sont aussi comme des espèces de demi-dieux ou de dieux. Je ne sais pas si vous avez jamais eu l’occasion de visiter un temple bouddhique du Nord (j’en ai vu en Chine et au Japon), mais vous entrez dans des salles où il y a d’innombrables figurines — tous les bôdhisatvas, tous les disciples de ces bôdhisatvas, toutes les forces de la nature déifiées, enfin vous êtes écrasé sous le nombre des dieux ! Tandis que, si vous allez dans le Sud, il n’y a rien, pas une image. Je crois que l’on dit « Grand Véhicule » parce qu’il y a beaucoup de choses dedans, et « Petit Véhicule » parce qu’il y en a peu! Je ne sais pas exactement l’origine des deux termes.

(Mère poursuit sa lecture) « Les choses acquièrent une valeur intérieure et deviennent réelles pour vous, seulement quand vous les avez obtenues par le libre exercice de votre choix, et non quand elles vous ont été imposées. Si vous voulez être sûr de votre religion, vous devez la choisir; si vous voulez être sûr de votre pays, vous devez le choisir; si vous voulez être sûr de votre famille, même elle, il faut la choisir. »

Que veut dire « choisir sa famille » ?

Vous êtes venu au monde dans un certain milieu, parmi certaines gens. Quand vous êtes tout petit, à part quelques rares exceptions, ce qui vous entoure vous paraît extrêmement naturel, parce que vous êtes né dedans et que vous en avez l’habitude. Mais quand s’éveille en vous, plus tard, une aspiration spirituelle, vous pouvez très bien vous sentir tout à fait mal à l’aise dans le milieu où vous avez vécu — si, par exemple, les gens qui vous ont élevé n’ont pas cette même aspiration, ou si leurs idées sont tout à fait contraires à ce qui s’élabore en vous. Au lieu de dire : « Voilà, j’appartiens à cette famille, que faire? J’ai une mère, un père, des frères, des sœurs... », vous pouvez partir en quête (je ne veux pas dire nécessairement voyager), partir en quête d’esprits qui sont en affinité avec le vôtre, de gens qui ont une aspiration similaire; et, si vous avez en vous l’aspiration sincère de trouver ceux qui, comme vous, sont à la recherche de quelque chose, vous serez toujours mis en position de les rencontrer, d’une façon ou d’une autre, par des circonstances tout à fait inattendues; et lorsque vous aurez trouvé une ou plusieurs personnes qui sont justement dans ce même état d’esprit et qui ont cette même aspiration, tout naturellement il se créera des liens de proximité, d’intimité, d’amitié et, entre vous, vous formerez comme une fraternité, c’est-à-dire une vraie famille. On est ensemble parce que l’on est proche, on est ensemble parce que l’on a la même aspiration, on est ensemble parce que l’on veut créer le même but dans la vie; on se comprend quand on se parle, on n’a pas besoin de discuter la moindre chose que l’on dit et on vit dans une sorte d’harmonie intérieure. C’est cela, la vraie famille, c’est la famille de l’aspiration, la famille de la tendance spirituelle.

Maintenant, au point de vue du pays, cela peut dépendre de toutes sortes de choses, cela peut dépendre d’une sorte d’affinité intérieure. Par exemple, si vous arrivez dans un pays et que, là, vous sentiez comme une réponse, une réponse intérieure à votre aspiration, que l’entourage est plus conforme à vos goûts, à vos tendances, vous pouvez très bien choisir de vivre dans ce pays qui n’est pas nécessairement celui où vous êtes né; et puisque vous choisissez ce pays pour y vivre, vous pouvez dire : « Ce pays est mon pays. » Il y a des gens, beaucoup de gens, qui se déplacent pour des raisons tout à fait matérielles et sans intérêt la plupart du temps, mais il y en a aussi qui sont à la recherche d’un entourage conforme à leurs goûts intérieurs, à leurs aspirations, ou qui cherchent des paysages, des manières de vivre plus conformes à leur nature profonde, puis ils s’établissent quelque part et ils n’en bougent plus, et quand ils restent là un certain nombre d’années, ils peuvent bien sentir que ce pays est leur pays, beaucoup plus que la maison ou le village ou la ville où ils sont nés.

Le vital est-il déformé dès la naissance?

Si votre naissance n’avait pas été un accident, vous pourriez très bien penser qu’il n’y a pas de déformation; mais ce que vous êtes à la naissance, d’une façon presque absolue la plupart du temps, c’est ce que votre mère et votre père vous ont fait, et aussi, à travers eux, ce que les grands-parents vous ont fait. Il y a des espèces de traditions vitales dans les familles et, en plus, il y a l’état de conscience dans lequel vous avez été formé, conçu — le moment, n’est-ce pas, auquel vous avez été conçu — et cela, pas une fois sur un million l’état n’est conforme à l’aspiration véritable; et c’est seulement une aspiration véritable qui pourrait faire que votre vital soit pur de tout mélange, que l’élément vital qui a été attiré pour la formation de l’être, soit un élément pur, libre de toute contagion; je veux dire que, si un être psychique entre là, il peut rassembler des éléments favorables à sa croissance. Dans le monde tel qu’il est, les choses sont tellement mélangées, ont été tellement mélangées de toute façon, qu’il est à peu près impossible d’avoir des éléments du vital assez purs pour ne pas subir la contagion de tous les autres êtres contaminés.

Je crois que j’ai déjà parlé de cela, j’ai dit quelle sorte d’aspiration devrait exister chez les parents avant la naissance; mais comme je l’ai dit, cela n’arrive pas une fois sur des centaines de mille. La conception voulue d’un enfant est extrêmement rare; la plupart du temps, c’est un accident. Parmi les innombrables parents, c’est une minorité tout à fait infime qui se soucie même seulement de ce que pourrait être un enfant; ils ne savent même pas que ce que l’enfant sera dépendra de ce qu’ils sont. C’est une toute petite élite qui sait cela. La plupart du temps ça va comme ça peut; il arrive n’importe quoi et les gens ne se rendent même pas compte de ce qui arrive. Alors, dans ces conditions, comment voulez-vous naître avec un être vital suffisamment pur pour vous aider? On naît avec un bourbier à nettoyer avant de commencer sa vie. Et une fois que l’on est parti d’un bon pas sur le chemin de la transformation intérieure et que l’on descend à la racine subconsciente de l’être — celle qui provient justement des parents, de l’atavisme — eh bien, on en voit des choses! et toutes, presque toutes les difficultés sont là, il y a très peu de choses que l’on ajoute dans l’existence après les premières années de la vie. Cela arrive à n’importe quel moment; si vous avez de mauvaises fréquentations ou de mauvaises lectures, le poison peut entrer en vous; mais il y a toutes les empreintes qui sont comme ancrées dans le subconscient, les sales habitudes que vous avez et contre lesquelles vous luttez. Par exemple, il y a des gens qui ne peuvent pas ouvrir la bouche sans dire des mensonges, et ils ne le font pas toujours exprès (c’est le pire), ou des gens qui ne peuvent pas avoir de rapports avec les autres sans se quereller, toutes sortes de sottises — c’est là dans le subconscient, profondément ancré. Alors, extérieurement, quand vous êtes de bonne volonté, vous faites de votre mieux pour éviter cela, pour le corriger si possible; vous travaillez, vous luttez; puis vous vous apercevez que ça monte toujours, ça monte de quelque part qui échappe à votre contrôle. Mais si vous entrez dans ce subconscient, si vous infiltrez votre conscience là-dedans et si vous regardez attentivement, petit à petit, vous découvrirez toutes les sources, toutes les origines de toutes vos difficultés, puis vous commencerez à comprendre comment étaient les pères et les mères, les grands-pères et les grands-mères, et s’il arrive un moment où vous êtes incapable de vous contrôler, vous vous apercevrez : « Je suis comme cela, parce qu’ils étaient comme cela. »

Si vous avez en vous un être psychique suffisamment éveillé pour veiller sur vous, préparer votre chemin, il peut attirer à vous les choses qui vous aident; attirer les rencontres, les livres, les circonstances, toutes sortes de petites coïncidences qui viennent à vous comme si elles étaient amenées par une volonté bienveillante et qui vous apportent une indication, une aide, un soutien pour prendre les décisions et vous orienter dans la bonne direction. Mais une fois que vous avez pris cette décision, une fois que vous avez décidé que vous trouverez la vérité de votre être, une fois que vous avancez sincèrement sur le chemin, alors tout semble se liguer pour vous aider à avancer, et si vous observez attentivement, vous voyez petit à petit l’origine de vos difficultés : « Ah! tiens, ce travers-là était dans mon père; oh! cette habitude-là était dans ma mère; oh! ma grand-mère était comme cela, mon grand-père était comme cela », ou bien c’est la bonne qui vous a porté quand vous étiez petit, les frères et les sœurs qui ont joué avec vous, les petits camarades que vous avez rencontrés, et vous trouverez que tout cela était là, dans celui-ci, celle-là, celle-ci. Mais si vous continuez à être sincère, vous trouvez, vous contrecarrez cela tranquillement, et au bout d’un certain temps vous coupez toutes les amarres avec lesquelles vous étiez né, vous rompez les chaînes et vous allez libre sur le chemin.

Si vous voulez vraiment transformer votre caractère, c’est cela qu’il faut faire. On a toujours dit qu’il était impossible de changer de caractère; dans tous les livres de philosophie, même de yoga, on vous raconte la même histoire : « Vous ne pouvez pas changer votre caractère, vous êtes né comme cela, vous êtes comme cela. » C’est absolument faux, je garantis que c’est faux ; mais il y a quelque chose de très difficile à faire pour changer votre caractère, parce que ce n’est pas votre caractère qu’il faut changer, c’est le caractère de vos antécédents. En eux, vous ne le changerez pas (parce qu’ils n’en ont pas l’intention), mais c’est en vous qu’il faut le changer. C’est ce qu’ils vous ont donné, tous les petits cadeaux qu’ils vous ont faits à votre naissance — d’aimables cadeaux —, c’est cela qu’il faut changer. Mais si vous arrivez à tenir le fil de ces choses, le vrai fil, puis que vous travailliez dessus avec persévérance et sincérité, un beau jour vous serez libre; tout cela tombera de vous et vous pourrez partir dans la vie sans fardeau. Alors, vous serez un nouvel homme, vivant une nouvelle vie, presque avec une nouvelle nature. Et si vous regardez en arrière, vous direz : « Ce n’est pas possible, je n’ai jamais été comme cela ! »









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