CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 of CWM (Fre) 471 pages 2009 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Entretiens - 1950-1951

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1950-1951 Vol. 4 471 pages 2009 Edition
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1951




février




Le 3 février 1951

Mère lit le premier des anciens Entretiens de 1929 :

« Pourquoi désirez-vous le yoga ? Pour acquérir du pouvoir? Pour atteindre la paix et le calme? Pour servir l’humanité? Aucun de ces motifs ne suffit à prouver que vous êtes prêt pour le sentier. »

Le grand tort est que l’on pense avec les mots, mais ces mots sont vides de sens; la plupart du temps ce ne sont que des mots — vous parlez du Divin, vous parlez du Suprême, vous parlez du yoga, vous dites beaucoup de choses, mais est-ce que tout cela correspond dans la tête à quelque chose de concret? à une pensée, un sentiment ou une idée claire, une expérience? ou est-ce que ce sont simplement des mots?

Il est dit que le yoga est le « but final de la vie », mais qu’est-ce que vous attendez de ce but final? Certains disent que c’est se connaître soi-même; c’est l’aspect personnel et individuel. Si l’on pousse cela plus loin, c’est prendre conscience de la vérité de son être : pourquoi est-on né et qu’est-ce que l’on a à faire? Et si l’on pousse cela encore plus loin, on peut prendre conscience de ses relations avec les autres êtres humains; et encore un peu plus loin, on peut se demander quel est le rôle, le but de l’humanité dans l’univers? Et encore, quelle est la condition de la terre d’un point de vue psychologique : qu’est-ce que l’univers, quel est son but, son rôle? Comme cela, vous allez d’étape en étape, et finalement vous voyez le problème dans son ensemble. Il faut que vous voyiez la chose, l’expérience derrière les mots. Ici, nous parlons de « yoga », mais ailleurs on dirait autrement; certains diraient : « Je cherche ma raison d’être » et ainsi de suite. Ceux qui ont l’esprit religieux diront : « Je veux trouver la Présence divine. » Il y a cinquante manières de dire la chose, mais c’est la chose qui est importante; il faut que vous la sentiez dans la tête, dans le cœur, partout. Il faut que ce soit concret, vivant, autrement on ne peut pas avancer. Il faut sortir des mots et entrer dans l’action — entrer dans l’expérience, entrer dans la vie.

(Mère se tourne vers un enfant) Est-ce que tu as l’intention de faire le yoga ?

Oui, Mère.

Pourquoi veux-tu faire le yoga ?

Pour sentir la Présence du Divin.

Et toi?

Pour réaliser le Divin, et pour cela il faut se perfectionner.

Et toi, pourquoi est-ce que le yoga t’intéresse?

Parce que je peux me connaître moi-même.

Toi?

Pour faire les actions que l’on sent comme la vérité de l’intérieur.

Et toi? est-ce que tu fais le yoga ?

Quelquefois.

Tu es honnête, mais pourquoi quelquefois?...

(S’adressant à un autre enfant) Est-ce que tu as une idée de ce qu’est le yoga ?

Je pense que c’est un chemin par lequel...

Qu’est-ce qu’on trouve au bout du chemin?

La Présence constante du Divin.

(S’adressant à un autre enfant) Dans le yoga, qu’est-ce qui t’intéresse le plus?

Je ne comprends pas ce qu’est le yoga. Est-ce en se concentrant sur toi?

C’est un bon symbole.

Enfin, personne n’a dit, heureusement, qu’il désirait le yoga pour obtenir le pouvoir. Il y a des pays, et des gens, qui savent vaguement qu’il existe quelque chose qu’on appelle yoga, et ils le commencent avec l’idée qu’ils deviendront supérieurs aux autres, qu’ils obtiendront un plus grand pouvoir que les autres et, par conséquent, qu’ils pourront dominer les autres — c’est la raison la plus mauvaise, la plus égoïste, celle qui amène les conséquences les plus néfastes. D’autres, qui sont très tourmentés, qui ont une vie très difficile, des ennuis, des chagrins, beaucoup de soucis, se disent : « Oh! je vais trouver quelque chose qui me donnera la paix, la tranquillité et je pourrai me reposer un peu. » Et ils se précipitent dans le yoga en pensant qu’ils vont être tout à fait contents et satisfaits. Malheureusement, ce n’est pas tout à fait comme cela. Quand on commence le yoga pour des raisons de ce genre, on est sûr de rencontrer de grandes difficultés sur le chemin. Et puis, il y a cette grande vertu aux yeux des hommes : la « philanthropie », « l’amour de l’humanité »; alors beaucoup de gens se disent : « Je vais faire le yoga pour pouvoir servir l’humanité; rendre les malheureux heureux, organiser le monde de la façon la plus agréable pour tout le monde. » Je dis que cela ne suffit pas — je ne dis pas que ce soit mauvais en soi, quoique j’aie entendu dire par un vieil occultiste qui avait de l’esprit : « Ce n’est pas de sitôt qu’il n’y aura plus de misère dans le monde, parce qu’il y a trop de gens qui sont heureux et qui vivent de cette misère. » C’était une boutade, mais elle n’est pas tout à fait fausse. S’il n’y avait pas de misère à soulager, le philanthrope n’aurait plus de raison d’être — il est si content de lui-même, il a tellement l’impression qu’il n’est pas égoïste! J’ai connu des individus ainsi, qui auraient été très malheureux s’il n’y avait plus de misère sur la terre! Qu’auraient-ils fait s’il n’y avait plus de misère à soulager, quelle serait leur activité et quelle serait leur gloriole? Comment pourraient-ils montrer aux gens : « Je ne suis pas égoïste » et qu’ils sont généreux, pleins de bonté?

(Mère poursuit sa lecture) « Désirez-vous le yoga pour l’amour du Divin? [...] Dans ce cas, et seulement dans ce cas, on peut dire que vous êtes prêt pour le sentier.

« Voici la première étape : aspiration au Divin. »

Le premier mouvement de l’aspiration est ainsi : vous avez comme une vague sensation que, derrière l’univers, il y a quelque chose qui vaut la peine d’être connu, qui est probablement (car vous ne le savez pas encore) la seule chose qui vaille de vivre, qui puisse vous mettre en rapport avec la Vérité; quelque chose dont l’univers dépend, mais qui ne dépend pas de l’univers, quelque chose qui échappe encore à votre compréhension, mais qui vous semble être derrière toutes choses... J’en dis là beaucoup plus que la majorité des gens n’en éprouvent, mais c’est le commencement de la première aspiration — connaître cela, ne pas vivre dans ce mensonge perpétuel où les choses sont tellement fausses et artificielles, voilà qui serait plaisant; trouver quelque chose qui vaut la peine de vivre.

« La deuxième étape consiste à renforcer cette aspiration, à la tenir constamment en éveil, à la rendre vivante et puissante. »

Au lieu de se dire, une fois de temps en temps : « Oh! si, je pense à trouver le Divin », au moment où il y a quelque chose de désagréable, où l’on est un peu dégoûté parce que l’on se sent fatigué — enfin, il y a beaucoup de petites raisons —, tout d’un coup, on se souvient qu’il y a quelque chose comme le yoga, quelque chose comme le Divin à connaître et qui peut vous tirer de cette platitude de la vie.

« Seule la concentration vous mènera à ce but — concentration sur le Divin pour obtenir une absolue et intégrale consécration à Sa volonté et à Ses fins. »

C’est la seconde étape. C’est-à-dire que vous commencez à vouloir trouver, connaître le Divin et le vivre. Il faut que vous sentiez en même temps que la chose est si précieuse, si importante, que toute votre vie n’est pas assez pour l’acquérir. Alors, le premier mouvement est un don de soi, on se dit : « Je ne veux plus m’appartenir à moi-même, pour mes petites satisfactions personnelles, je voudrais appartenir à cette chose merveilleuse qu’il faut trouver, connaître, vivre, et à laquelle j’aspire. »

« Concentrez-vous dans le cœur. Pénétrez-y aussi loin, aussi profondément que possible. Retirez vers vous tous les fils épars de votre conscience dispersée; rassemblez-les et plongez dans le silence de votre être intérieur. »

Naturellement, en parlant du « cœur », je ne veux pas dire l’organe, le viscère, mais le centre psychologique ou psychique de l’être.

Puis Mère passe à la deuxième question de ce même ancien Entretien : « Que doit-on faire pour se préparer au yoga ? »

J’ai répondu à celle qui me posait cette question : « Devenir conscient tout d’abord. » Donc, cette personne a essayé de devenir consciente, et quelques mois plus tard, elle est venue me dire : « Oh! quel mauvais cadeau vous m’avez fait là ! Avant, quand j’étais en relation avec les gens, ils me paraissaient tous très gentils, j’avais de la bonne volonté, ils étaient si gentils avec moi, et maintenant, depuis que je deviens consciente, je vois toutes sortes de choses qui ne sont pas très jolies en moi, et en même temps je vois des choses qui ne sont pas jolies du tout chez les autres! » Je lui ai répondu : « C’est possible; si vous ne voulez pas d’ennuis, il ne faut pas sortir de votre ignorance. »

Le premier pas est donc de savoir si l’on veut voir et connaître la vérité, ou si l’on veut rester confortablement dans son ignorance.

(Mère poursuit sa lecture) « Quelle est aujourd’hui l’attitude de l’homme moyen [...]? Ne se dresse-t-il pas avec colère et révolte dès qu’il rencontre quelque chose qui participe en toute sincérité de la nature divine? Ne sent-il pas que le régime du Divin équivaut à la destruction de ses possessions les plus chères? »

Cela veut dire d’une façon très claire que tant que vous resterez dans votre petit égoïsme individuel, vous ne serez jamais prêt à faire le geste, à sauter le pas qui vous permettra de vous identifier au Divin.

À cette occasion, je pourrais dire ceci : il y a très longtemps, il se trouvait des gens qui venaient ici parce qu’ils pensaient que de faire partie de l’Ashram suffisait à vous rendre immortel. Et ils aspiraient beaucoup à l’immortalité. Naturellement, c’étaient de vieilles gens qui ne voyaient pas un très long chemin devant eux et qui désiraient le prolonger indéfiniment — car c’est cela que les hommes entendent par « immortalité », une prolongation indéfinie de ce qu’ils sont. Alors, au premier qui m’a fait cette remarque, j’ai répondu : « Je ne sais pas si tout le monde peut devenir immortel — probablement non —, mais même parmi ceux qui ont la capacité de devenir immortels, combien sont prêts à payer le prix pour cela ? Parce que la quantité de choses qu’il faut abandonner est si considérable que peut-être, à mi-chemin, ils diraient : ah! non, cela coûte trop cher. » Je me souviens d’un peintre avec qui j’avais parlé de la possibilité de l’immortalité, qui m’avait demandé ce que serait un monde nouveau; je lui ai dit, par exemple, que les choses seraient lumineuses par ellesmêmes et qu’il n’y aurait plus cette espèce de lumière réfléchie qui ici, sur la terre, vient du soleil. Et à mesure que je parlais, je voyais sa figure s’allonger, devenir de plus en plus grave, puis il m’a dit : « Mais alors, comment pourra-t-on faire des tableaux sans l’ombre qui fait ressortir la lumière des choses?... » Je lui ai dit : « Vous avez justement donné la clef du problème. »

Il y a beaucoup de personnes, un grand nombre, qui m’ont demandé quelle serait cette vie nouvelle et à qui j’ai dit : « Il y aura un échange de forces, une énergie qui circule; la construction du corps sera tout à fait différente, tous ces organes si malpropres disparaîtront et seront remplacés par des fonctionnements psychologiques; et cette nécessité de manger, toujours manger, disparaîtra. » De nouveau, j’ai vu les figures qui s’allongeaient! On disait : « Oh! et toutes les bonnes choses que l’on mange, ce sera fini? »

Ce sont de petits exemples, il y en a beaucoup d’autres, des choses plus importantes. La chose la plus importante, la plus difficile, est de renoncer à son ego, car renoncer à son ego, pour quelqu’un qui n’est pas prêt, équivaut à mourir, et à mourir beaucoup plus que d’une mort physique, car pour eux la mort de l’ego est comme une dissolution de l’être — ce n’est pas exact, mais cela commence par donner cette impression. Pour être immortel il faut renoncer à toutes les limitations, et l’ego est la plus grande des limitations; donc, si « je » ne suis pas immortel, à quoi cela sert?

Dans ce même Entretien d’autrefois, quelqu’un avait demandé à Mère comment il se faisait que les personnes présentes s’étaient rencontrées, et Mère avait répondu ainsi :

« Nous avons tous été ensemble en des vies antérieures, autrement nous n’aurions pas pu nous rencontrer dans cette vie. »

On peut dire que c’est le hasard, on peut dire que c’est parce que nous avons toujours été ensemble, et les deux sont également vrais. J’ai aussi dit à cette dame, parce qu’elle aimait l’occultisme : « Nous nous sommes rencontrées dans une vie antérieure », et c’est vrai, n’est-ce pas, mais c’est une façon de voir les choses. Et encore : « Nous appartenons tous à la même famille », c’est vrai aussi, mais pas de la façon dont les êtres humains l’envisagent.

J’ai dit encore : « Nous avons travaillé ensemble à travers les âges à la victoire du Divin et à Sa manifestation sur la terre. » C’est tout à fait évident, car l’univers a été créé pour cela et, par conséquent, toutes les parties de l’univers, quelles qu’elles soient, y travaillent, sans le savoir ou en le sachant, mais enfin elles y travaillent!









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