Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur deux de ses livres, Éducation et Entretiens 1929, et sur La Mère, de Sri Aurobindo.
« L’argent est le signe visible d’une force universelle; cette force, dans sa manifestation sur la terre, travaille sur les plans vital et physique et elle est indispensable à la plénitude de la vie extérieure. En son origine et dans son action vraie, elle appartient au Divin. Mais, comme les autres puissances du Divin, elle est déléguée ici-bas et, dans l’ignorance de la Nature inférieure, elle peut être usurpée pour les satisfactions de l’ego ou détenue par les influences âsouriques et détournée à leurs fins. C’est vraiment l’une des trois forces — le pouvoir, l’argent et le sexe — qui exercent la plus forte attraction sur l’ego humain et sur l’asura, et qui sont très généralement mal possédées et mal employées par ceux qui les détiennent. [...] Pour cette raison, la plupart des disciplines spirituelles [...] déclarent qu’une vie pauvre et nue est la seule condition spirituelle. Mais c’est une erreur qui laisse le pouvoir entre les mains des forces hostiles. Reconquérir l’argent pour le Divin, à qui il appartient, et l’utiliser divinement pour la vie divine, telle est la voie supramentale pour le sâdhak. » (Sri Aurobindo, La Mère, IV)
« L’argent est le signe visible d’une force universelle; cette force, dans sa manifestation sur la terre, travaille sur les plans vital et physique et elle est indispensable à la plénitude de la vie extérieure. En son origine et dans son action vraie, elle appartient au Divin. Mais, comme les autres puissances du Divin, elle est déléguée ici-bas et, dans l’ignorance de la Nature inférieure, elle peut être usurpée pour les satisfactions de l’ego ou détenue par les influences âsouriques et détournée à leurs fins. C’est vraiment l’une des trois forces — le pouvoir, l’argent et le sexe — qui exercent la plus forte attraction sur l’ego humain et sur l’asura, et qui sont très généralement mal possédées et mal employées par ceux qui les détiennent. [...] Pour cette raison, la plupart des disciplines spirituelles [...] déclarent qu’une vie pauvre et nue est la seule condition spirituelle. Mais c’est une erreur qui laisse le pouvoir entre les mains des forces hostiles. Reconquérir l’argent pour le Divin, à qui il appartient, et l’utiliser divinement pour la vie divine, telle est la voie supramentale pour le sâdhak. »
(Sri Aurobindo, La Mère, IV)
Comment savoir si sa manière d’employer l’argent est en accord avec la Volonté divine?
Il faut d’abord savoir quelle est la Volonté divine. Mais il y a un plus sûr moyen, c’est de le soumettre à l’Œuvre divine, si l’on n’est pas sûr soi-même. « Divinement », cela veut dire au service du Divin — cela veut dire de ne pas utiliser l’argent pour sa propre satisfaction mais de le mettre au service du Divin.
Sri Aurobindo parle d’un « lien de faiblesse pour les habitudes créées par la possession des richesses ».
Quand on est riche, quand on a beaucoup d’argent à dépenser, généralement on le dépense pour les choses que l’on trouve agréables, et l’on prend l’habitude de ces choses, on devient attaché à ces choses, et si un jour l’argent vous quitte, cela vous manque, on est malheureux, on est misérable et on se sent tout perdu parce que l’on n’a plus ce que l’on avait l’habitude d’avoir. C’est un lien, un attachement de faiblesse. Celui qui est tout à fait détaché, quand il vit dans ces choses, c’est bien; quand ces choses s’en vont de lui, c’est bien, cela lui est totalement indifférent. C’est la vraie attitude : quand c’est là, il s’en sert; quand ce n’est pas là, il s’en passe. Et pour sa conscience intérieure, cela ne fait aucune différence. Cela vous étonne, mais c’est comme cela.
Si l’on a le pouvoir de gagner beaucoup d’argent, est-ce que cela veut dire que l’on a un certain contrôle des forces terrestres?
Cela dépend comment on le gagne. Si vous le gagnez par des malpropretés, cela ne veut pas dire que vous ayez un contrôle. Mais si quelqu’un, en faisant scrupuleusement son devoir, voit que l’argent vient à lui, c’est évidemment qu’il exerce un contrôle sur ces forces. Il y a des êtres qui ont le pouvoir d’attirer l’argent et ils n’ont pas du tout besoin de faire des choses malhonnêtes pour en avoir. D’autres, pour gagner même quelques sous, doivent faire toutes sortes de combinaisons plus ou moins propres. Alors on ne peut pas dire... On voit un homme riche et on pense qu’il doit exercer un contrôle sur les forces de l’argent — non, pas nécessairement. Mais si un homme reste parfaitement honnête et fait ce qu’il considère être son devoir sans souci de gagner de l’argent, et que l’argent lui vienne, c’est évidemment qu’il a une certaine affinité avec ces forces-là.
On dit que « l’on ne peut pas faire un tas sans faire un trou », que l’on ne peut pas s’enrichir sans appauvrir quelqu’un. Est-ce vrai?
Ce n’est pas exact. Si l’on produit quelque chose, au lieu d’un appauvrissement, c’est un enrichissement; simplement, on met en circulation dans le monde quelque chose d’autre qui a une valeur équivalente à celle de l’argent. Mais dire que « l’on ne peut pas faire un tas sans faire un trou », c’est bon pour les gens qui spéculent, qui font des affaires à la Bourse ou de la finance, là c’est vrai. Il est impossible d’avoir un succès financier dans les affaires de pure spéculation sans que ce soit au détriment d’un autre. Cela se limite là. Autrement, un producteur ne fait pas un trou s’il entasse de l’argent en échange de ce qu’il produit. Bien sûr, il y a la question de la valeur de la production, mais si la production est vraiment un acquis pour la richesse humaine générale, il ne fait pas un trou, il augmente cette richesse. Et d’une autre manière, pas seulement dans le domaine matériel, c’est la même chose pour l’art, pour la littérature ou la science et pour n’importe quelle production.
Quand je faisais du commerce (import-export), j’avais toujours l’impression de voler mon voisin.
C’est vivre aux dépens des autres, parce que l’on multiplie les intermédiaires. Naturellement, c’est peut-être commode, pratique, mais au point de vue général, et surtout de la façon dont c’est pratiqué, c’est vivre aux dépens du producteur et des consommateurs. On se fait intermédiaire, non pas du tout avec l’idée de rendre service (parce qu’il n’y en a pas un sur un million qui ait cette idée), mais parce que c’est une façon commode de gagner de l’argent sans faire d’effort. Mais enfin, parmi les manières de gagner de l’argent sans faire d’effort, il y en a qui sont pires que celle-là ! Elles sont innombrables.
Des amis du dehors m’ont souvent posé cette question : « Quand on est obligé de gagner sa vie, doit-on simplement se conformer au code d’honnêteté courant ou est-ce que l’on doit être plus strict encore? »
Cela dépend de l’attitude que votre ami a prise dans la vie. S’il veut être un sâdhak, il est indispensable que les règles de la morale ordinaire ne soient pour lui d’aucune valeur. Maintenant, si c’est un homme ordinaire qui vit la vie ordinaire, c’est une question purement pratique, n’est-ce pas, il faut qu’il se conforme aux lois du pays dans lequel il vit pour ne pas avoir d’ennuis! Mais toutes ces choses qui, dans la vie ordinaire, ont une valeur très relative et qui peuvent être regardées avec une certaine indulgence, changent totalement de la minute où l’on décide de faire un yoga et d’entrer dans la vie divine. Alors, toutes les valeurs changent complètement; ce qui est honnête dans la vie ordinaire n’est plus du tout honnête pour vous. D’ailleurs, il y a un tel renversement de valeurs que l’on ne peut plus employer le langage ordinaire. Si l’on veut se consacrer à la vie divine, il faut le faire vraiment, c’est-à-dire se donner tout entier, ne plus rien faire dans son propre intérêt, dépendre exclusivement de la Puissance divine à laquelle on se remet. Tout change totalement, n’est-ce pas, tout, tout, c’est un renversement. Ce que je viens de lire tout à l’heure, dans ce livre, s’applique uniquement à ceux qui veulent faire un yoga ; pour les autres, cela n’a pas de sens, c’est un langage qui n’a pas de sens, mais pour ceux qui veulent faire un yoga, c’est impératif. C’est toujours la même chose dans tout ce que nous avons lu ces temps derniers : il faut prendre soin de ne pas avoir un pied d’un côté et un pied de l’autre, de ne pas être dans deux bateaux différents dont chacun suit son chemin propre. C’est ce que Sri Aurobindo disait : il ne faut pas mener une « double vie ». Il faut abandonner une chose ou abandonner l’autre, on ne peut pas mener les deux.
Cela ne veut pas dire, d’ailleurs, que l’on soit obligé de sortir des conditions de sa vie : c’est l’attitude intérieure qui doit changer totalement. On peut faire ce que l’on a l’habitude de faire, mais le faire avec une attitude tout à fait différente. Je ne dis pas qu’il soit nécessaire d’abandonner toutes les choses de la vie et de s’en aller dans une solitude, dans un Ashram nécessairement, pour faire le yoga. Maintenant, il est vrai que, si l’on fait le yoga dans le monde et dans les circonstances du monde, c’est plus difficile, mais c’est aussi plus complet. Parce que, à chaque minute, on doit faire face à des problèmes qui ne se présentent pas à celui qui a tout quitté et qui s’en va dans la solitude; pour celui-là, les problèmes sont réduits au minimum. Tandis que dans la vie, on rencontre toutes sortes de difficultés, à commencer par l’incompréhension des gens qui vous entourent et à qui l’on a affaire; il faut être prêt à cela, être armé de patience — et d’une grande indifférence. Mais dans le yoga, il ne faut plus se soucier ni de ce que pensent ni de ce que disent les gens; c’est un point de départ absolument indispensable. Il faut être absolument immunisé contre ce que le monde peut dire et peut penser de vous et contre la façon dont il vous traite. La compréhension publique doit être quelque chose de tout à fait indifférent et qui ne vous effleure même pas. C’est pour cela qu’il est généralement beaucoup plus difficile de rester dans son entourage habituel et de faire le yoga que de tout quitter et de s’en aller dans la solitude; c’est beaucoup plus difficile, mais nous ne sommes pas ici pour faire des choses faciles — les choses faciles, nous les laissons aux gens qui ne songent pas à la transformation.
Si quelqu’un a gagné beaucoup d’argent par des moyens malhonnêtes, peut-on lui en demander pour le Divin?
Sri Aurobindo a répondu à cette question. Il dit que l’argent en soi est une force impersonnelle : la manière dont vous gagnez de l’argent ne compte que pour vous personnellement. Cela peut vous faire un mal énorme, cela peut faire mal aux autres aussi, mais cela ne change en rien la qualité de l’argent, qui est une force tout à fait impersonnelle : l’argent n’a pas de couleur, n’a pas de goût, n’a pas de conscience psychologique. C’est une force. C’est comme si vous disiez que l’air respiré par un chenapan était plus abîmé que l’air respiré par un honnête homme — je ne le crois pas! Je crois que l’effet est le même. On peut, pour des raisons d’ordre pratique, refuser de l’argent qui a été volé, mais c’est pour des raisons tout à fait pratiques, ce n’est pas pour des raisons divines. C’est une notion purement humaine. On peut pratiquement dire : « Ah! non, la façon dont vous avez gagné cet argent me dégoûte et, par conséquent, je ne veux pas en faire l’offrande au Divin », parce que l’on a une conscience humaine. Mais si vous prenez quelqu’un (mettons les choses au pire) qui a assassiné et qui a acquis de l’argent par son assassinat, si tout d’un coup il est pris de scrupules et de remords épouvantables et qu’il se dise : « Je n’ai qu’une chose à faire de cet argent, c’est de le donner là où il peut être utilisé pour le mieux, de la façon la plus impersonnelle », il me semble que c’est un mouvement préférable que de l’utiliser pour sa propre satisfaction. J’ai dit que les raisons qui pourraient empêcher de recevoir de l’argent mal acquis peuvent être des raisons d’ordre purement pratique; mais il peut y avoir aussi des raisons plus profondes — d’ordre... je ne veux pas dire moral, mais spirituel — du point de vue de la tapasyâ. On peut dire à quelqu’un : « Non, vous ne pouvez vraiment pas acquérir de mérites avec cette fortune, que vous avez gagnée d’une façon si terrible; ce que vous pouvez faire, c’est de la restituer. » On peut considérer qu’une restitution, par exemple, ferait faire plus de progrès que simplement de passer l’argent à une œuvre quelconque. On peut voir les choses de cette façon. On ne peut pas faire de règles; c’est ce que je ne cesse pas de vous dire : il est impossible de faire une règle. Dans chaque cas, c’est différent. Mais il ne faut pas croire que l’argent soit affecté; l’argent en tant que force terrestre n’est pas affecté par la façon dont il a été gagné, cela ne peut d’aucune façon l’affecter. L’argent reste le même, votre billet reste le même, votre pièce d’or reste la même, et comme elle contient sa force, sa force reste là. Cela ne nuit qu’à la personne qui a mal agi, c’est évident. Alors reste la question : dans quel état d’esprit et pour quelles raisons votre malhonnête homme veut-il passer son argent à une œuvre qu’il considère comme divine? Est-ce par mesure de sécurité, par prudence et pour mettre sa conscience en repos? Évidemment, ce n’est pas un très bon motif et on ne peut pas l’encourager, mais s’il a une sorte de repentir et de regret de ce qu’il a fait et l’impression qu’il n’y a qu’une façon d’agir et que c’est justement de se priver lui-même de ce qu’il a mal acquis et de l’utiliser pour le bien général autant qu’il se peut, il n’y a rien à dire contre cela. On ne peut pas décider d’une façon générale — cela dépend des cas. Seulement, si je comprends bien ce que vous voulez dire, si l’on sait qu’un homme a gagné de l’argent par les moyens les plus innommables, évidemment, il ne serait pas bon d’aller lui demander de l’argent pour une œuvre divine quelconque, parce que ce serait comme de réhabiliter sa façon de gagner de l’argent. On ne peut pas demander, ce n’est pas possible. Si, spontanément, pour une raison quelconque, il le donne, il n’y a pas de raison de le refuser. Mais il est tout à fait impossible d’aller le lui demander, parce que c’est comme si on légitimait sa manière d’acquérir de l’argent. Cela fait une grande différence.
Et généralement, dans ces cas-là, ceux qui vont demander de l’argent à des fripouilles se servent de moyens d’intimidation : ils les effrayent, non pas physiquement mais pour leur vie future, pour ce qui peut leur arriver, ils leur font peur. Ce n’est pas très joli. Ce sont des procédés dont on ne doit pas se servir.
En dehors de l’argent, quelles sont les autres puissances divines qui sont « déléguées » ici-bas?
Toutes. Tous les pouvoirs divins sont manifestés ici et déformés ici : la lumière, la vie, l’amour, la puissance — tout — l’harmonie, l’ânanda, tout, tout, il n’est rien qui ne soit divin en son origine et qui n’existe ici sous une forme complètement déformée, travestie. L’autre jour, nous avons longuement parlé de la façon dont l’Amour divin se déformait dans sa manifestation ici, c’est la même chose.
Comment reconquérir l’argent pour la Mère?
Ah!... Il y a une indication ici. Trois choses sont interdépendantes (Sri Aurobindo le dit ici) : le pouvoir, l’argent et le sexe. Je crois que les trois sont interdépendants et qu’il faudrait avoir conquis les trois pour pouvoir être sûr d’en avoir un — quand on veut conquérir l’un, il faut avoir les deux autres. À moins que l’on n’ait maîtrisé ces trois choses, le désir du pouvoir, le désir de l’argent et le désir du sexe, on ne peut vraiment en posséder aucune d’une façon ferme et sûre. Ce qui donne une si grande importance à l’argent dans le monde tel qu’il est maintenant, ce n’est pas tant l’argent lui-même, parce que, à part quelques fous qui entassent de l’argent et qui sont heureux parce qu’ils peuvent l’entasser et le compter, généralement l’argent est désiré et acquis pour les satisfactions qu’il donne. Et c’est à peu près réciproque : chacune de ces trois choses a non seulement sa valeur propre dans le monde des désirs, mais elle s’appuie sur les deux autres. Je vous ai raconté cette vision, ce grand serpent noir qui gardait les richesses du monde, la richesse terrestre — il demandait la maîtrise de l’impulsion sexuelle. Parce que, selon certaines théories, le besoin même de pouvoir a son aboutissement dans cette satisfaction, et si l’on maîtrisait cela, si on l’abolissait de la conscience humaine, la majorité du besoin de pouvoir et du désir de l’argent disparaîtrait automatiquement. Évidemment, ce sont les trois grands obstacles de la vie humaine terrestre et, à moins que ce ne soit conquis, il n’y a guère de chance que l’humanité change.
La maîtrise individuelle du désir suffit-elle, ou faut-il une maîtrise générale, collective?
Ah! voilà... Est-il possible d’obtenir une transformation personnelle totale sans qu’il y ait au moins une correspondance dans la collectivité?... Cela ne me paraît pas possible. Il y a une telle interdépendance entre l’individu et la collectivité que, à moins que l’on ne fasse ce que les ascètes ont prêché, c’est-à-dire échapper au monde, sortir de là complètement, le laisser là où il est et se sauver égoïstement en laissant tout le travail aux autres, à moins que l’on ne fasse cela... Et encore là, j’ai mes doutes. Est-il possible d’effectuer une transformation totale de son être tant que la collectivité n’a pas atteint au moins un certain degré de transformation? Je ne le crois pas. La nature humaine reste ce qu’elle est — on peut obtenir un grand changement de conscience, ça oui, on peut purifier sa conscience, mais la conquête totale, la transformation matérielle dépend certainement, en grande partie, d’un certain degré de progrès dans la collectivité. Le Bouddha disait avec raison que tant que vous avez en vous une vibration de désir, cette vibration se répandra dans le monde, et tous ceux qui sont prêts à la recevoir la recevront. De même, si vous avez en vous la moindre réceptivité à une vibration de désir, vous serez ouvert à toutes les vibrations de désir qui circulent dans le monde constamment. Et c’est pour cela qu’il concluait : « Sortez de cette illusion, retirez-vous entièrement et vous serez libre. » Je trouve cela relativement très égoïste, mais enfin, c’était la seule façon qu’il avait prévue. Il y en a une autre : s’identifier suffisamment à la Puissance divine pour pouvoir agir d’une façon constante et consciente sur toutes les vibrations qui circulent dans le monde. Alors, les vibrations indésirables n’ont plus d’effet sur vous, mais vous avez de l’effet sur elles, c’est-à-dire qu’une vibration indésirable, au lieu d’entrer en vous sans être perçue et d’y faire son travail, elle est perçue et, dès son arrivée, vous agissez sur elle pour la transformer, et elle repart dans le monde, transformée, pour faire son œuvre bienfaisante et préparer les autres à la même réalisation. C’est justement ce que Sri Aurobindo propose de faire et, plus clairement, ce qu’il vous demande de faire, ce qu’il a l’intention que nous fassions.
Au lieu de s’enfuir, amener en soi le pouvoir qui pourra conquérir.
Notez que les choses sont arrangées de telle façon que, s’il restait même un tout petit atome d’ambition et que l’on voulait ce Pouvoir pour sa satisfaction personnelle, on ne pourrait jamais l’avoir, ce Pouvoir-là ne viendrait jamais. Les limitations déformées telles qu’on les voit dans le monde vital et physique, ça oui, on peut les avoir, et il y a beaucoup de gens qui les ont, mais le vrai pouvoir, le pouvoir que Sri Aurobindo appelle « supramental », à moins que l’on ne soit absolument libre de tout égoïsme sous toutes ses formes, on ne pourra jamais le manifester. Alors il n’y a pas de danger qu’il soit mal employé. Il ne se manifestera pas, sauf à travers un être qui a atteint la perfection du détachement intérieur complet. Je vous l’ai dit, c’est ce que Sri Aurobindo attend que nous fassions — vous pourrez me dire que c’est difficile, mais, je le répète, nous ne sommes pas ici pour faire des choses faciles, nous sommes ici pour faire des choses difficiles.
Home
The Mother
Books
CWM
French
Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.