Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur ses Entretiens 1929.
« Deux facteurs sont à considérer en la matière [pour les causes des maladies]. Il y a ce qui vient de l’extérieur, et aussi ce qui provient de la condition intérieure. L’état interne devient une cause de maladie quand s’y trouve de la résistance ou de la révolte, ou quand quelque par tie de l’être ne répond pas à la protection. Parfois même, il y a quelque chose qui appelle presque volontairement les forces adverses. Il suffit d’un très léger mouvement de ce genre; en un instant les puissances hostiles fondent sur vous et leur attaque se traduit le plus souvent par une maladie. » (Entretien du 19 mai 1929)
« Deux facteurs sont à considérer en la matière [pour les causes des maladies]. Il y a ce qui vient de l’extérieur, et aussi ce qui provient de la condition intérieure. L’état interne devient une cause de maladie quand s’y trouve de la résistance ou de la révolte, ou quand quelque par tie de l’être ne répond pas à la protection. Parfois même, il y a quelque chose qui appelle presque volontairement les forces adverses. Il suffit d’un très léger mouvement de ce genre; en un instant les puissances hostiles fondent sur vous et leur attaque se traduit le plus souvent par une maladie. »
(Entretien du 19 mai 1929)
« ... quelque partie de l’être ne répond pas à la pro tection. » Qu’est ce que cela veut dire, Douce Mère?
Je vous ai expliqué cela. Qu’est-ce que tu ne comprends pas?
J’ai compris le sens des mots, mais je ne comprends pas pourquoi c’est comme cela ?
Parce que je dis « quelque partie de l’être »? Tu comprends bien, n’est-ce pas, ce que veut dire « être dans une protection »? Tu comprends aussi « sortir de la protection »? Si tu fais quelque chose qui est contraire; par exemple, si tu es sous la protection du Divin et qu’à un moment donné tu aies une pensée de doute ou de mauvaise volonté ou de révolte, immédiatement tu sors de la protection. Alors la protection agit autour de toi pour empêcher les forces adverses de venir sur toi ou un accident de se produire; c’est-à-dire que si tu perds conscience, cela empêche que ton manque de conscience produise immédiatement un résultat mauvais. Mais si tu sors de la protection et que tu ne sois pas tout le temps vigilant, ou tu seras attaqué par les forces adverses, ou un accident se produira.
Mais ceux qui ne sont pas conscients?
Ceux qui ne sont pas conscients? Mais encore là, j’ai dit que je ne parlais pas des gens ordinaires. Je ne parle pas des gens ordinaires, ils ne sont pas sous une protection spéciale. Les gens ordinaires sont dans des conditions ordinaires. Ils n’ont pas de protection spéciale qui veille sur eux, ce n’est pas pour eux que je dis cela. Eux, suivent toutes les lois ordinaires de la vie, et on ne peut pas leur expliquer les choses de la même manière... Tu pensais à tout le monde? Que c’est pour tout le monde comme cela ? C’est pour les gens qui font le yoga, ce n’est pas pour tout le monde.
Est ce que, par la peur, on peut avoir une maladie?
Oui. J’ai connu quelqu’un qui a eu si peur qu’il a eu le choléra ! Il y avait le choléra dans la maison d’à côté, et cette personne-là a eu une telle peur qu’elle a attrapé le choléra, et sans autre raison, il n’y avait pas d’autre raison qu’elle l’attrape : c’est par la peur uniquement. Et c’est une chose très commune; dans une épidémie, la majorité des cas, c’est cela. C’est par la peur que la porte s’ouvre, et alors on attrape la maladie. Ceux qui n’ont pas peur peuvent aller librement : généralement, ils n’attrapent rien du tout. Mais encore, comme je l’ai dit là 14 , on peut ne pas avoir peur dans la conscience mentale, on peut ne pas avoir peur même dans son vital, mais qui est-ce qui n’a pas peur dans son corps?
Il y a très peu de gens. Il faut une discipline sévère pour guérir le corps de la peur. Les cellules elles-mêmes tremblent. C’est seulement par la discipline, par le yoga, qu’on peut surmonter cette peur. Mais c’est un fait que l’on attrape n’importe quoi par la peur, même un accident. Et, n’est-ce pas, tout est contagieux à un certain point de vue. J’ai connu une personne qui a eu une blessure par l’espèce d’horreur qu’elle a éprouvée en voyant la blessure d’une autre personne. Elle y est arrivée.
Quelle différence y a-t-il entre la peur mentale, vitale et physique?
Si tu es conscient du mouvement de ton mental, du mouvement de ton vital, du mouvement de ton physique, tu le sais.
Mental, c’est très simple : ce sont des pensées. On se met à penser, par exemple, qu’il y a cette maladie, et que cette maladie est très contagieuse, et que peut-être on va l’attraper, et que si on l’attrape, ça va être terrible, et qu’est-ce qu’il faut faire pour ne pas l’attraper?... Et alors le mental se met à trembler : qu’est-ce qui arrivera demain? etc.
Le vital : on sent. On sent dans les sensations. Tout d’un coup, ça vous fait chaud, ça vous fait froid, on transpire, ou il vous arrive toutes sortes de phénomènes désagréables. Et alors on sent son cœur battre comme cela, et tout d’un coup on a la fièvre, et puis tout le sang s’arrête, on devient froid.
Physiquement, ça... Quand on n’a plus les deux autres peurs, on peut s’apercevoir de la peur physique. Généralement, les deux autres sont beaucoup plus conscientes. Elles vous voilent la peur physique. Mais quand vous n’avez plus de peur mentale ni de peur vitale, alors vous vous en apercevez. C’est une curieuse petite vibration qui entre dans les cellules, qui se mettent à trembler comme cela. Mais les cellules, ce n’est pas comme un cœur qui se met à battre très fort. C’est dans les cellules mêmes : ça tremble, un petit tremblement. Et ça, c’est très difficile à contrôler. Mais ça se contrôle.
Je suis sûre que la majorité d’entre vous a senti cela ; quand on fait, par exemple, un exercice que l’on ne fait pas souvent, ou que l’on fait pour la première fois : ce sont comme de toutes petites vibrations qui vous prennent dans toutes les cellules. Et alors, naturellement, on perd la plénitude de son contrôle sur son mouvement. Le corps ne répond plus à la Force. Quand on veut mettre la volonté pour faire une chose, cela produit une sorte de résistance et d’incapacité dans le corps. Seulement, généralement, vous ne vous en apercevez pas, parce que votre attention est plus attirée par l’appréhension mentale ou par cette espèce de recul vital qui est très évident dans la conscience, tandis que l’on n’est pas très conscient de la résistance qui se produit dans le corps. Généralement, dans tous les sports (l’athlétisme et toutes les compétitions), il y a un certain phénomène qui se produit : vous avez dû remarquer avec vos camarades que certains font beaucoup mieux que d’habitude, et il y en a d’autres qui font très bien d’habitude et qui sont presque incapables à ce moment-là. Ils font beaucoup moins bien. Eh bien, cela dépend de cette espèce de petite vibration. Parce que vous perdez le plein contrôle. Votre volonté n’a plus le plein contrôle du corps parce qu’il vibre, il répond à d’autres forces que la vôtre... Je ne parle pas, naturellement, de ceux qui ont une tête qui se met à l’envers ou un vital qui est tout bouleversé. Ceuxlà, il n’y a rien à faire. Il vaut mieux qu’ils n’essayent pas. Mais je veux dire, ceux qui ont un certain contrôle sur euxmêmes, qui ont l’entraînement, n’est-ce pas, mais qui au moment de la compétition ne peuvent pas faire si bien que d’habitude : cela dépend d’un manque de réceptivité du corps qui a ce petit tremblement dans les cellules, dont vous n’êtes pas conscients, mais qui est comme une obstruction. Cela l’empêche de recevoir la Force pleinement.
Est ce que les maladies sont des épreuves dans le yoga ?
Des épreuves? Pas du tout.
Que l’on vous donne une maladie exprès pour que vous fassiez un progrès? Sûrement pas comme cela. C’est-à-dire que l’on peut retourner la chose : il y a des gens qui ont une aspiration si constante et une bonne volonté si totale que tout ce qui leur arrive, ils le prennent comme une épreuve sur le chemin pour faire un progrès. J’ai connu des gens, dès qu’ils étaient malades, ils voyaient là la preuve de la Grâce divine pour les aider à faire un progrès. Ils se disaient : c’est une bonne indication, je vais trouver quelle est la cause de ma maladie et je ferai le progrès nécessaire. J’en ai connu quelques-uns comme cela, et ceux-là marchaient d’une façon magnifique. Il y en a d’autres au contraire qui, loin de s’en servir, se laissent aplatir par terre. C’est tant pis pour eux. Mais la vraie attitude quand on est malade, c’est de se dire : « Il y a quelque chose qui ne va pas. Je vais voir ce que c’est. » Il ne faut jamais penser que le Divin vous a donné une maladie exprès, parce que vraiment ce serait un très vilain Divin!
Quand même, il y a des microbes dans l’eau ?
Ils sont dans une condition physique, mentale, vitale et le reste, suffisante pour attraper la maladie, même sans boire de l’eau, je te l’assure! C’est tout leur être qui est une désharmonie constante, tout leur être physique. Je ne veux pas dire intérieurement, ils sont peut-être très bien — mais ceux qui sont très bien résistent à tout.
J’ai vu juste l’opposé. J’ai vu dans ce pays, ici, des gens d’un village qui n’avaient à boire que de l’eau qui n’était plus de l’eau, qui n’était qu’une boue. Je l’ai vu de mes yeux. C’était une boue jaunâtre dans laquelle les vaches s’étaient lavées et avaient fait le reste et où les gens avaient marché après avoir traîné dans la rue. Ils jetaient leurs ordures et tout était là-dedans. Et alors, j’ai vu ces gens. Ils entraient, c’était de la boue jaune, là, et puis là-bas, au bout, il y avait un petit peu d’eau — ce n’était pas de l’eau, c’était jaunâtre, n’est-ce pas —, ils se penchaient comme cela et puis ils ramassaient cette eau et la prenaient. Et il y en a qui ne laissaient même pas l’eau se déposer. Il y en a qui savaient ce qu’il fallait mettre dedans, les herbes qu’il fallait pour que l’eau se dépose, et elle devient un petit peu plus claire si on la laisse assez longtemps. Mais il y en a qui ne savaient rien du tout, ils prenaient cela. Alors je me suis renseignée, il y avait justement une épidémie de choléra dans tous les environs; j’ai dit : « Il y a encore des gens vivants dans ce village-là avec une eau pareille? » On m’a répondu : « Nous n’avons pas un seul cas de choléra... » Ils étaient immunisés, ils étaient habitués. Mais s’il y en avait eu un seul qui l’avait attrapé par hasard, il est probable que tous seraient morts, parce que, alors, entrait la peur, et par la peur ils n’avaient plus de résistance, parce qu’ils étaient de pauvres misérables. Mais ce sont les conditions morales de ces gens qui sont terribles, beaucoup plus que les conditions physiques, les conditions morales parce que dans ce pays-ci, on devrait savoir ça.
Il y a des sâdhus, n’est-ce pas, qui acceptent des conditions de vie immondes, par sainteté. Ils ne se lavent jamais, ils n’ont rien de ce que l’hygiène exige. Ils vivent dans une condition vraiment immonde — ils sont purs de toute maladie. Probablement parce qu’ils ont la foi et qu’ils le font exprès. Leur moral est magnifique... Je parle des gens sincères, je ne parle pas de ceux qui prétendent. Ils ont la foi. Ils ne pensent pas à leur corps, ils pensent à la vie de leur âme. Ils n’ont pas de maladie. Il y en a qui arrivent à des états où ils ont un bras ou une jambe, ou une partie du corps qui est complètement ankylosée par leur posture ascétique. Ils ne peuvent plus bouger. N’importe qui mourrait dans une condition pareille. Ils continuent à vivre parce qu’ils ont la foi, parce qu’ils le font exprès, parce que c’est une chose qu’ils se sont imposée à eux-mêmes.
Par conséquent, la condition morale est beaucoup plus importante que la condition physique. Si vous êtes dans un milieu où l’on est propre et que vous restiez trois jours sans prendre un bain, vous tomberiez malade. Ce n’est pas pour vous dire de ne pas prendre de bain! Parce que, nous, nous ne voulons pas être des sâdhus : nous voulons être des yogis. Ce n’est pas la même chose. Et nous voulons que notre corps participe au yoga. Par conséquent, il faut faire ce qu’il faut pour qu’il soit en bon état. Mais enfin, c’est pour vous dire que la condition morale est beaucoup plus importante que la condition physique.
D’ailleurs, ces gens qui par ascétisme s’abîment le corps volontairement, qui se torturent, si c’était quelqu’un d’autre qui le faisait, on crierait, on protesterait, on dirait que c’est un monstre. Mais on le fait soi-même. Et on le supporte très bien parce qu’on se l’est imposé à soi-même — et qu’on a en même temps cette espèce de gloriole d’avoir fait quelque chose de très « remarquable » par aspiration à la vie divine!
Pas d’autres questions?
Eh bien, voilà, je vous ai dit l’autre jour que je vous parlerais de la maladie; j’ai pensé à aujourd’hui et j’ai pris des notes... Parce que l’on peut me dire qu’il y a des microbes, et puis qu’il y a des gens qui ne pensent pas et qui attrapent quand même des maladies; mais la pensée n’est pas le seul facteur, il s’en faut de beaucoup. Enfin, je vais essayer de vous expliquer maintenant les notes que j’ai prises.
Je vous ai dit d’abord qu’une maladie, sans exception — sans exception —, est l’expression d’une rupture d’équilibre. Mais il y a beaucoup de genres de rupture d’équilibre... D’abord, je ne parle que du corps, je ne parle pas des maladies nerveuses du vital, ni des maladies mentales. Nous verrons cela plus tard. Nous parlons seulement de ce pauvre petit corps. Et je dis que toutes, toutes ces maladies quelles qu’elles soient (j’ajouterai même les accidents) proviennent de ruptures d’équilibre. C’est-à-dire que si tous vos organes, si tous les membres et les parties de votre corps sont en harmonie les uns avec les autres, vous êtes en parfaite santé. Mais n’importe quel petit déséquilibre se produit n’importe où, et immédiatement vous avez ou une petite maladie, ou une plus grande maladie, ou une très grosse maladie, ou bien il vous arrive un accident. C’est toujours quand il y a un déséquilibre intérieur.
Mais alors, à l’équilibre du corps, il faut ajouter l’équilibre du vital et du mental. Pour que vous puissiez faire avec immunité n’importe quoi sans qu’il vous arrive un accident, il faut que votre équilibre soit triple — mental, vital, physique —, et non seulement dans chacune des parties, mais dans les trois parties l’une par rapport à l’autre... Si vous avez fait un petit peu de mathématiques, on vous aura expliqué combien de combinaisons cela peut faire et quelle difficulté cela représente! C’est là où est la clef du problème. Parce que les combinaisons sont innombrables et, par conséquent, les causes de maladie sont innombrables, les causes d’accident aussi sont innombrables. Enfin, nous allons tâcher de les classer pour nous comprendre.
D’abord, au point de vue du corps — corps tout seul —, il y a deux genres de déséquilibre : un déséquilibre fonctionnel et un déséquilibre organique. Je ne sais pas si vous savez la différence entre les deux ; mais vous avez des organes et puis vous avez toutes les parties de votre corps : les nerfs, les muscles, les os et le reste. Alors si un organe est lui-même en déséquilibre, c’est un déséquilibre organique, et on vous dit : votre organe est malade, ou bien il est mal construit ou bien il est déformé, ou bien il lui est arrivé un accident. Mais c’est l’organe qui est malade. Mais votre organe peut être en très bon état, tous nos organes peuvent être en très bon état, mais il y a une maladie tout de même parce qu’ils ne fonctionnent pas convenablement : il y a un déséquilibre de fonctionnement. Vous pouvez avoir un très bon estomac, et puis, tout d’un coup, il lui arrive quelque chose et il ne fonctionne plus convenablement; ou votre corps peut être excellent, mais il lui arrive quelque chose et il ne fonctionne plus convenablement. Et alors vous avez une maladie par déséquilibre fonctionnel, non par déséquilibre organique.
Généralement, les maladies de déséquilibre fonctionnel se guérissent beaucoup plus vite et beaucoup plus facilement que les autres. Les autres, cela devient un peu plus sérieux — quelquefois, cela devient même très grave. Donc, cela fait déjà deux domaines à voir et à savoir, mais si vous avez un peu de connaissance de votre corps et l’habitude d’observer son fonctionnement, vous pouvez voir de quel genre est votre déséquilibre.
Le plus souvent, quand on est jeune et que l’on a une vie normale, le déséquilibre est purement fonctionnel. Il n’y a que quelques pauvres gens qui, pour une raison ou une autre, ont eu un accident ou un déséquilibre avant leur naissance, ceux-là portent avec eux quelque chose qui est beaucoup plus difficile à guérir (non pas que ce soit inguérissable : en théorie, il n’est rien qui soit inguérissable), mais cela devient plus difficile.
Bon, maintenant quelles sont les causes de ce déséquilibre, quel qu’il soit? Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, les causes sont innombrables parce que, d’abord, il y a toutes les causes intérieures, c’est-à-dire qui vous sont personnelles, et puis toutes les causes extérieures, c’est-à-dire les choses qui viennent vers vous du dehors. Cela fait déjà deux grandes catégories.
Les causes intérieures.
Nous avons dit : vous avez un cerveau, des poumons, un cœur, un estomac, un foie, etc. Si chacun remplit son devoir et marche normalement, et si tous s’accordent pour marcher au moment voulu et de la façon qu’il faut (notez que c’est très compliqué, si vous étiez obligé de penser à tout cela, j’ai bien peur que cela ne marcherait pas très bien tout le temps! heureusement, cela n’a pas besoin de notre pensée consciente), mais admettez qu’ils soient en bonne harmonie les uns avec les autres, bons amis, et qu’ils soient bien d’accord, et tout le monde remplit sa fonction, son mouvement au moment où il faut, en accord avec les autres, ni trop tôt ni trop tard, ni trop fort ni trop lent, enfin tout le monde va bien, vous vous portez merveilleusement bien! Supposez que l’un d’entre eux, pour une raison quelconque, soit de mauvaise humeur : il ne travaille pas avec l’énergie qu’il faut au moment où il faut, il fait un peu la grève. Il ne faut pas croire que ce sera seulement lui qui sera malade : tout le système va aller de travers, et alors vous vous sentirez tout à fait mal à l’aise. Et si, par malheur, il y a un déséquilibre vital, c’est-à-dire une déception ou une émotion trop violente, ou enfin une passion trop grande, ou quelque chose qui dérange votre vital, cela vient s’ajouter. Et si en plus votre pensée vagabonde et que vous commenciez à avoir des idées noires et à formuler des choses terribles et à faire des formations catastrophiques, alors là vous êtes sûr de tomber malade tout à fait... Vous voyez la complication, n’est-ce pas, une toute petite chose peut aller de travers et, comme cela, par contagion intérieure, peut amener une chose très sérieuse. Par conséquent, l’important est de contrôler immédiatement. Il faut être conscient : conscient du fonctionnement de ses organes, se rendre compte de celui qui ne se conduit pas très bien et lui dire immédiatement ce qu’il faut pour le mettre d’aplomb. Ce qu’il faut (je vous l’expliquerai plus tard), c’est leur faire la leçon comme on fait la leçon aux petits enfants. Quand ils se mettent à avoir des fantaisies malsaines (vraiment, c’est l’occasion de le dire), il faut leur dire : non, ce n’est pas comme cela qu’on fonctionne, c’est autrement! Mettez, par exemple, que votre cœur se mette à battre comme un fou; alors on le calme, on lui dit que ce n’est pas la manière d’agir, et en même temps (uniquement pour l’aider) on prend de longues respirations rythmiques très régulières, c’est-à-dire que le poumon devient le mentor du cœur et lui apprend à fonctionner convenablement. Et ainsi de suite. Je pourrais vous donner des exemples innombrables.
Bon. Nous disons donc qu’il y a déséquilibre entre les différentes parties de l’être, désaccord dans leur fonctionnement. C’est ce que je viens de vous dire. Et puis les conflits intérieurs. Cela, ce sont les querelles. Il y a des querelles intérieures entre les différentes parties de vous-même. Admettez qu’il y ait (cela arrive très souvent) un organe qui ait besoin de repos; il y en a un autre qui veut de l’activité; et les deux en même temps. Comment allez-vous vous arranger? Ils se mettent à se quereller. Si vous faites ce que l’un veut, l’autre proteste! Et alors il faut trouver le moyen terme pour les mettre d’accord. Et puis, parfois, si vous ajoutez au physique le vital et le mental (je ne dis pas le mental spéculatif ni le vital indépendant, je dis le mental et le vital du corps, parce qu’il y a un vital physique et un mental physique; il y a un mental physique, et ce mental physique est le pire de tous, c’est celui qui marche tout le temps et on a toutes les peines du monde à l’arrêter : il marche, il marche, il marche), eh bien, si, entre eux, il y a des disputes, entre le mental, le vital et le physique, vous avez un champ de bataille, et ce champ de bataille peut être la cause de toutes les maladies possibles. Ils se battent avec violence. L’un veut, l’autre ne veut pas; ils se querellent et vous êtes dans une espèce de tourbillon intérieur. Cela peut vous donner la fièvre (ça vous la donne généralement), ou bien vous êtes pris par une trépidation intérieure et vous n’avez plus de contrôle. Car la plus grande raison des maladies du corps, c’est qu’il se met à s’agiter; il a un tremblement qui augmente de plus en plus, de plus en plus, et vous sentez que vous n’arrivez plus à rétablir l’équilibre, cela vous échappe. Alors il faut, dans ces cas-là, savoir quelle est la dispute, la raison de la dispute, et trouver comment mettre les gens d’accord au-dedans de vous.
Cela, ce sont tous les dérangements, les déséquilibres fonctionnels.
Il y a d’autres déséquilibres qui font partie un peu de ce que vous disiez tout à l’heure. Vous avez au-dedans de vous une aspiration (je parle maintenant des gens qui font un yoga, ou en tout cas qui savent ce qu’est la vie spirituelle et qui essayent de marcher sur le chemin), vous avez au-dedans de vous une partie de l’être — ou dans le mental ou dans le vital, ou même quelquefois dans le physique — qui a bien compris, qui a beaucoup d’aspiration, qui a des dispositions particulières, qui reçoit bien les forces et qui fait un grand progrès. Et puis, il y en a d’autres qui ne peuvent pas, il y en a qui ne veulent pas (ça, c’est très mauvais), mais il y en a d’autres qui veulent bien mais qui ne peuvent pas, qui n’ont pas la capacité, qui ne sont pas prêtes. Alors il y a quelque chose qui monte et quelque chose qui ne bouge pas. Cela fait un déséquilibre terrible. Et généralement cela se traduit par une maladie ou une autre, parce que vous êtes dans un tel état de tension intérieure entre quelque chose qui ne peut pas, ou qui s’accroche, qui ne veut pas bouger, et quelque chose qui veut : cela produit un malaise épouvantable et il en résulte généralement une maladie.
Maintenant, il y a l’opposé, à peu près l’opposé, c’est-à-dire que tout l’être marche, progresse, avance dans un équilibre croissant et fait des progrès remarquables : vous avez le sentiment d’être dans un état merveilleusement favorable, tout va bien, n’est-ce pas, vous vous voyez déjà avancer glorieusement sur le chemin... Patatras! une maladie. Alors vous dites : « Comment! j’étais en si bonne disposition et voilà que je tombe malade! Ce n’est pas juste. » Mais c’est parce que vous n’êtes pas entièrement conscient. Il y avait une petite partie de l’être qui ne voulait pas bouger. Généralement, c’est quelque chose dans le vital ; quelquefois c’est quelque petite formation mentale qui n’accepte pas de suivre; quelquefois c’est tout simplement quelque chose dans le corps qui est très inerte, ou qui n’a pas du tout l’intention de bouger, qui veut que les choses restent comme elles sont pour toujours. Cela tire en arrière, ça se sépare volontairement et, naturellement, même si c’est tout petit, cela produit un tel déséquilibre dans l’être que vous tombez malade. Et alors vous vous dites : « C’est vraiment dommage, je marchais si bien, ce n’est pas juste! Vraiment le bon Dieu n’est pas gentil ! Quand je faisais tant de progrès, Il aurait dû m’empêcher d’être malade! » C’est comme cela.
Maintenant, il y a encore autre chose. Vous faites le yoga dans la mesure de votre capacité. On vous a dit : « Ouvrezvous, vous recevrez la Force. » On vous a dit : « Soyez dans un état de foi et de bonne volonté, et vous serez protégé. » Et en effet, vous êtes baigné dans la Conscience, baigné dans la Force, baigné dans la protection, et dans la mesure où vous avez la foi et où vous vous ouvrez, vous recevez tout cela, et cela vous aide à vous bien porter et à refuser les petits déséquilibres intérieurs, à rétablir l’ordre quand ils se produisent, à vous protéger des petites attaques ou des petits accidents qui auraient pu arriver. Mais si quelque part dans votre être — ou dans votre corps, ou encore dans votre vital ou dans votre mental, ou dans plusieurs parties, ou même dans une seule —, s’il y a une incapacité de recevoir la Force qui descend, alors cela agit comme un grain de sable dans un rouage. Vous savez, une belle machine qui marche si bien et tout va bien, vous mettez un petit peu de sable (ce n’est rien, un grain de sable), tout d’un coup, tout s’abîme et la machine s’arrête. Eh bien, un petit manque de réceptivité quelque part, quelque chose qui ne peut pas recevoir la Force, qui est complètement fermé comme ça (quand on regarde, cela devient comme un petit point noir quelque part, une petite chose dure comme une pierre : ça ne peut pas être pénétré par la Force, ça refuse de la recevoir — ou ça ne peut pas ou ça ne veut pas) et immédiatement, cela produit un grand déséquilibre; et cette chose qui montait, n’est-ce pas, qui s’épanouissait si merveilleusement, se trouve malade, et quelquefois juste quand vous étiez dans un équilibre normal : vous vous portiez bien, tout allait bien, vous n’aviez pas à vous plaindre. Un jour où vous aviez compris une idée nouvelle, vous aviez reçu une nouvelle impulsion, vous aviez une grande aspiration, et vous recevez une grande force et vous avez une merveilleuse expérience, une belle expérience qui vous ouvre des portes intérieures, qui vous donne une connaissance que vous n’aviez pas auparavant; là, vous êtes sûr que tout va aller bien... Le lendemain, vous êtes malade. Alors vous dites : « Encore ça? C’est impossible! Ça ne doit pas se produire. » Mais c’était tout simplement ce que je viens de dire : un grain de sable. Il y avait quelque chose qui ne pouvait pas recevoir : immédiatement cela produit un déséquilibre. Même tout petit, c’est suffisant, et on est malade.
Vous voyez qu’il y en a des raisons! beaucoup de raisons, d’innombrables raisons. Parce que tout cela se combine dans une complexité extraordinaire, et pour savoir, pour pouvoir guérir une maladie, il faut savoir sa cause, non pas son microbe. Parce qu’il se trouve, excusez-moi (j’espère qu’il n’y a pas de docteurs ici!), il se trouve que quand il y a des microbes, ils découvrent des remèdes magnifiques pour tuer les microbes, mais ces remèdes guérissent les uns et rendent les autres beaucoup plus malades! Personne ne sait pourquoi... Peut-être que je sais pourquoi. Parce que la maladie avait une autre cause que purement physique; il y en avait une autre, celle-là n’était qu’une expression extérieure d’un désordre différent; et à moins que vous ne le touchiez, que vous ne découvriez ce désordre-là, jamais vous ne pourrez empêcher la maladie de se produire; et pour découvrir le désordre, il faut avoir une connaissance occulte approfondie, et puis une grande connaissance de tout le fonctionnement intérieur de chacun.
Enfin, nous avons vu en très court, très rapidement, toutes les causes intérieures. Maintenant il y a des causes extérieures qui viennent compliquer.
Si vous étiez dans un milieu parfaitement harmonieux où tout soit dans une bonne volonté totale et parfaite, alors évidemment vous ne pourriez vous en prendre qu’à vous-même. Mais les difficultés qui sont dedans sont aussi dehors. Vous pouvez, dans une certaine mesure, établir un équilibre intérieur, mais vous vivez dans un entourage qui est plein de déséquilibres. À moins que vous ne vous entouriez d’une tour d’ivoire (ce qui est non seulement difficile, mais pas toujours très recommandable), vous êtes obligé de recevoir ce qui vient du dehors. Vous donnez et vous recevez; vous respirez et vous absorbez. Alors il y a un mélange qui se produit, ce qui fait que l’on peut dire que tout est contagieux, parce que vous vivez dans un état de vibrations constantes. Vous produisez vos vibrations et vous recevez aussi les vibrations des autres, et ces vibrations sont d’un ordre très complexe. Il y a encore (nous dirons pour la simplification du langage) des vibrations mentales, des vibrations vitales, des vibrations physiques, et beaucoup d’autres. Vous donnez, vous recevez; vous donnez, vous recevez. C’est un jeu perpétuel. Même en admettant qu’il n’y ait pas de mauvaise volonté, il y a nécessairement contagion. Et comme je le disais tout à l’heure, tout est contagieux — tout. Vous regardez le résultat d’un accident : vous absorbez une certaine vibration. Et si vous êtes ultra-sensitif, et que, par-dessus le marché, vous ayez peur ou que vous ayez du dégoût (c’est la même chose, le dégoût est l’expression morale d’une peur physique), l’accident peut se traduire physiquement dans votre corps. Naturellement, on vous dira que ce sont les êtres en état de déséquilibre nerveux qui ont ces réactions. Ce n’est pas tout à fait cela. Ce sont des êtres qui sont dans une espèce de supersensitivité vitale, c’est tout. Et ce n’est pas toujours une preuve d’infériorité, au contraire! Parce que, à mesure que l’on progresse spirituellement, il y a une certaine hypersensibilité des nerfs qui se produit, et si votre contrôle n’augmente pas en même temps que votre sensibilité, il peut vous arriver toutes sortes de désagréments.
Mais il n’y a pas que cela.
Il y a malheureusement beaucoup de mauvaise volonté dans le monde; et des mauvaises volontés, il y en a des petites qui proviennent de l’ignorance et de la stupidité, il y en a des grandes qui proviennent de la méchanceté, et il y en a des formidables qui sont le résultat des forces antidivines. Alors, tout cela est dans l’atmosphère (je ne vous dis pas cela pour que vous ayez peur, parce qu’il est entendu qu’on ne doit avoir peur de rien, mais c’est là tout de même) et ce sont des choses qui vous attaquent, quelquefois volontairement, quelquefois involontairement. Involontairement, c’est à travers d’autres gens : les autres sont attaqués, ils ne le savent pas, ils passent cela sans même s’en apercevoir. Ils sont les premières victimes. Les uns passent la maladie aux autres. Mais il y a des attaques volontaires. Nous parlions l’autre jour des formations mentales et des gens qui sont méchants et qui font des formations mentales pour vous faire du mal, qui les font volontairement pour faire du mal. Et alors, il y a ceux qui vont encore un pas plus loin.
Il y a une connaissance occulte dévoyée et pervertie que l’on appelle la magie noire, qui est une chose à laquelle il ne faut jamais toucher. Mais malheureusement il y a des individus qui y touchent par pure méchanceté. Et il ne faut pas croire que ce soit une illusion, une superstition : c’est une chose vraie. Il y a des gens qui savent faire de la magie et qui en font, et avec leur magie ils obtiennent des résultats tout à fait détestables... Il est bien entendu que lorsqu’on n’a pas peur, lorsqu’on reste dans la protection, on est à l’abri. Mais il y a un « lorsque », il y a une condition, et alors, si on ne la remplit pas toujours, il peut vous arriver des choses très désagréables. Tant que vous êtes dans votre état de force, de pureté — c’est-à-dire d’invincibilité —, si quelqu’un a fait quelque chose contre vous, cela lui retombe dessus automatiquement, comme lorsque vous envoyez votre balle de tennis contre le mur : elle vous revient; cela leur revient exactement de la même manière, quelquefois avec une force de plus. Et ils sont punis par là même où ils ont péché. Mais, n’est-ce pas, cela dépend de celui contre qui ils font leur magie et de sa force et de sa pureté intérieures... Ce sont des choses que j’ai rencontrées, beaucoup de cas comme cela. Et là, pour résister, il faut être comme je l’ai dit, des guerriers du vital, c’est-à-dire des guerriers spirituels dans le vital. Tous ceux qui font un yoga sincèrement doivent le devenir, et quand ils le deviennent, alors ils sont tout à fait à l’abri. Mais l’une des conditions pour le devenir, c’est de ne jamais avoir une mauvaise volonté ni une mauvaise pensée pour les autres. Parce que si vous avez un mauvais sentiment ou une mauvaise volonté ou une mauvaise pensée, vous vous mettez à leur niveau, et quand vous vous mettez à leur niveau, eh bien, vous pouvez recevoir leurs coups.
Maintenant, sans aller jusqu’à cet extrême, il y a dans l’atmosphère physique, l’atmosphère terrestre, des quantités de petites entités que vous ne voyez pas, parce que votre vision est trop limitée, mais qui bougent dans votre atmosphère. Il y en a qui sont très gentilles, il y en a qui sont très méchantes. Généralement, ces petites entités sont le produit de la désintégration des êtres vitaux — ça pullule — et celles-là font un tas de choses assez désagréables. Il y en a qui font des choses très gentilles : je crois que je vous ai raconté l’histoire des petits qui m’ont tirée par mon sari pour me dire que mon lait était en train de bouillir et qu’il fallait que j’aille voir pour qu’il ne déborde pas. Mais ils ne sont pas tous si gentils. Il y en a qui aiment faire de vilaines petites farces, de méchantes petites farces. Et alors, la plupart du temps, ils sont derrière un accident. Ils aiment les petits accidents, ils aiment tout le tourbillon de forces qui arrive quand il y a un accident : un tas de monde, n’est-ce pas, c’est très amusant! Et puis, ça leur donne de la nourriture parce que, au fond, ils se nourrissent de la vitalité humaine projetée hors du corps par les émotions, les excitations. Alors ils disent : un tout petit accident, là, bien gentil, beaucoup d’accidents!...
Et puis, s’il y a un groupe de ces mêmes petites entités, elles peuvent se cogner, parce que, entre elles, elles n’ont pas une vie très pacifique : se cogner, lutter, se détruire, se démolir, etc. Et c’est l’origine des microbes. Ce sont des forces de désintégration. Mais elles restent vivantes dans leurs formes divisées, et c’est l’origine des germes et des microbes. Par conséquent, la plupart des microbes ont derrière eux une mauvaise volonté, et c’est cela qui les rend si dangereux. Et à moins que l’on ne connaisse la qualité et le genre de cette mauvaise volonté et que l’on ne puisse agir sur elle, il y a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent que l’on ne puisse pas trouver le vrai et total remède. Le microbe est une expression très matérielle de quelque chose qui est vivant dans un monde physique subtil, et c’est pour cela que ces mêmes microbes (comme je l’ai dit là 15 ) qui sont toujours autour de vous, au-dedans de vous, pendant des années ne vous rendent pas malade, et puis, tout d’un coup, ils vous rendent malade.
Il y a une autre raison. C’est qu’il y a un désaccord, une réceptivité de l’être à l’égard de la force adverse qui est l’origine et le soutien des microbes... Je vais vous raconter une histoire. Je ne sais pas si je vous l’ai déjà racontée, mais je vais vous la dire maintenant, parce que cela vous donnera une illustration.
J’étais au Japon. C’était au commencement de janvier 1919, enfin c’était le moment où il y avait une grippe formidable làbas, dans tout le Japon, qui a tué des centaines de milliers de gens. C’était une de ces épidémies comme on en voit rarement. À Tokyo, tous les jours il y avait des centaines et des centaines de nouveaux cas. La maladie se présentait comme cela : elle durait trois jours, et le troisième jour on mourait. Et les gens mouraient tellement que l’on n’arrivait même pas à les brûler, n’est-ce pas, c’était impossible, il y en avait trop. Ou bien, si l’on ne mourait pas le troisième jour, au bout de sept jours on était tout à fait guéri ; un peu fatigué, mais enfin tout à fait guéri. Il y avait une panique dans la ville parce que, au Japon, il y a très rarement des épidémies; ce sont des gens très propres, très soigneux et qui ont un très bon moral. Il y a très rarement des maladies. Mais alors, c’est venu comme cela, comme une catastrophe. Il y avait une peur terrible; par exemple, on voyait les gens se promener dans la rue avec un masque sur le nez, un masque de purification pour que l’air qu’ils respiraient ne soit pas plein des microbes de la maladie. C’était une peur générale... Or, je vivais avec quelqu’un qui ne cessait de m’embêter : « Mais qu’est-ce que c’est, cette maladie? Qu’est-ce qu’il y a derrière cette maladie? » Moi, n’est-ce pas, ce que je faisais, c’était de m’envelopper simplement de ma force, ma protection, pour ne pas l’attraper, et je n’y pensais plus et je continuais à faire mon travail. Il n’y avait rien et je n’y pensais pas. Mais constamment : « Qu’est-ce que c’est? Oh ! je voudrais bien savoir ce qui est derrière cette maladie. Mais enfin, si vous me disiez ce que c’est que cette maladie, pourquoi il y a cette maladie? », etc. Un jour, j’ai été appelée à l’autre bout de la ville par une jeune femme que je connaissais et qui voulait me présenter à des amis, ou me montrer quelque chose (je ne me souviens plus très bien de quoi il s’agissait, mais enfin il fallait que je traverse toute la ville en tramway). Et j’étais dans le tramway et je voyais ces gens avec des masques sur le nez, et puis il y avait dans l’atmosphère cette peur constante, et alors il y avait cette suggestion — j’ai commencé à me demander : « Vraiment, qu’est-ce que cette maladie? Qu’est-ce qu’il y a derrière cette maladie? Quelles sont les forces qui sont dans cette maladie?... » Je suis arrivée dans cette maison, j’y ai passé une heure et j’en suis repartie. Et je suis rentrée à la maison avec une fièvre formidable. Je l’avais attrapée. Cela vous venait comme cela, sans préparation, instantanément. Les maladies, généralement les maladies de germes et de microbes, prennent quelques jours dans le système : elles arrivent, il y a une petite bataille intérieure; vous la gagnez ou vous la perdez; si vous la perdez, vous attrapez la maladie, ce n’est pas compliqué. Mais là, vous recevez une lettre, vous ouvrez l’enveloppe, hop ! poff! la minute d’après, vous avez la fièvre. Bon. Le soir j’avais une fièvre terrible. On appelle le docteur (ce n’est pas moi qui l’ai appelé), on appelle le docteur, qui me dit : « Il faut absolument que je vous donne tel remède. » C’était l’un des meilleurs remèdes contre la fièvre, il en avait un peu (toutes leurs provisions étaient épuisées, tout le monde le prenait). Il a dit : « J’en ai encore quelques paquets, je vous en donnerai. » — « Je vous en prie, ne me le donnez pas, je ne le prendrai pas. Gardez-le pour quelqu’un qui y croit et qui le prendra. » Il était tout à fait dégoûté : « Ce n’est pas la peine que je vienne ici. » Alors j’ai dit : « Peut-être que ce n’est pas la peine! » Et je suis restée dans mon lit, avec ma fièvre, violente fièvre. Tout le temps, je me demandais : « Qu’est-ce que c’est que cette maladie? Pourquoi est-ce qu’il y a cette maladie? Qu’est-ce qu’il y a derrière cette maladie?... » Vers la fin du deuxième jour j’étais couchée toute seule, quand j’ai vu clairement un être, avec une partie de la tête décapitée, avec un costume militaire (ou le restant d’un costume militaire), qui s’est approché de moi et qui s’est précipité sur ma poitrine, comme cela, avec cette demi-tête, pour absorber ma force. J’ai bien regardé, puis je me suis aperçue que j’étais en train de mourir. Il me tirait toute ma vie (parce qu’il faut vous dire que les gens mouraient de pneumonie en trois jours). J’étais absolument clouée sur mon lit, immobile, dans une transe profonde. Je ne pouvais plus bouger, et il tirait. Je pensais : maintenant, c’est fini. Alors j’ai fait appel à mon pouvoir occulte, j’ai livré une grande bataille, et je suis arrivée à le retourner pour qu’il ne puisse plus rester là. Et je me suis réveillée.
Mais j’avais vu. Et j’avais appris, j’avais compris que la maladie provenait d’êtres qui avaient été projetés hors de leur corps.
J’avais vu cela pendant la première guerre, à la fin de la première guerre, quand les gens vivaient dans les tranchées et qu’ils étaient tués par bombardement. Ils étaient tout à fait en bonne santé, tout à fait bien, et en une seconde, ils étaient projetés hors de leur corps, inconscients qu’ils étaient morts. Ils ne savaient pas qu’ils n’avaient plus de corps et ils essayaient de trouver chez d’autres la vie qu’ils ne pouvaient plus trouver en eux-mêmes. C’est-à-dire qu’ils étaient transformés en une quantité innombrable de vampires. Et ils vampirisaient les gens. Et puis, avec cela, il se produisait une décomposition des forces vitales de ceux qui tombaient malades et qui mouraient. On vivait dans une espèce de nuage gluant et opaque constitué de tout cela. Et alors, ceux qui absorbaient ce nuage, ils tombaient malades et ils guérissaient généralement, mais ceux qui étaient attaqués par un être comme cela, immanquablement ils mouraient, ils ne pouvaient pas résister. Je sais ce qu’il m’a fallu de connaissance et de puissance pour résister. C’était irrésistible. C’est-à-dire que s’ils étaient attaqués par un être qui était un centre de ce tourbillon de forces mauvaises, ils mouraient. Et il devait y en avoir beaucoup, un grand nombre. J’ai vu tout cela, j’ai compris.
Quand on est venu me trouver, j’ai demandé qu’on me laisse seule, je suis restée tranquillement dans mon lit et j’ai passé deux, trois jours absolument tranquille, en concentration, avec ma conscience. Après cela, il y a notre ami (un Japonais très bon ami) qui est venu et qui m’a parlé : « Ah! vous avez été malade? Alors, ce que je pensais était vrai... Figurez-vous que depuis deux ou trois jours, il n’y a plus un nouveau cas de maladie dans la ville, et la plupart des gens qui étaient malades sont guéris, et le nombre des morts est devenu presque négligeable, et maintenant c’est tout à fait fini. On a maîtrisé toute la maladie. » Alors j’ai raconté ce qui m’était arrivé, et il est allé le raconter à tout le monde. On a même publié des articles dans les journaux.
Eh bien, la conscience, n’est-ce pas, c’est plus efficace que les cachets des médecins!... L’état était critique. Figurez-vous qu’il y avait des villages entiers où tous les gens sont morts. Il y avait un village au Japon, pas très grand, mais enfin plus d’une centaine de gens, et il se trouvait par un hasard extraordinaire que l’un des habitants du village devait recevoir une lettre — le facteur n’y allait que quand il y avait des lettres (naturellement c’était un village loin dans la campagne). Alors il est allé dans la campagne; il y avait de la neige, tout le village était sous la neige... et il n’y avait plus un être vivant! C’était cela. C’était un genre d’épidémie comme cela. Et Tokyo était comme cela ; mais Tokyo était une grande ville, alors les choses ne se passaient pas de la même manière. Et c’est comme cela que l’épidémie s’est terminée. Voilà mon histoire.
Maintenant, ceci nous amène tout naturellement au remède. Tout cela est très bien, nous avons maintenant la connaissance; alors comment empêcher les maladies de se produire, d’abord, et quand la maladie se produit, comment la guérir?
On peut essayer les moyens ordinaires, et parfois cela réussit. C’est généralement quand le corps est convaincu qu’on lui a donné les conditions dans lesquelles il doit bien se porter : il a pris la résolution de bien se porter et il guérit. Mais si votre corps n’a pas la volonté, la résolution de guérir, vous pouvez essayer tout ce que vous voulez, il ne guérira pas. Cela aussi, je le sais par expérience. Parce que j’ai connu des gens que l’on guérissait en cinq minutes, même d’une chose considérée comme très sérieuse, et j’ai connu des gens qui n’avaient pas de maladie mortelle, mais qui la gardaient avec tant de persistance qu’elle devenait mortelle. Il était impossible de convaincre leur corps de laisser partir la maladie.
Et c’est là où il faut être très soigneux et se regarder avec beaucoup de discernement pour découvrir en soi la petite partie qui... comment dire... prend plaisir à être malade. Oh ! il y a beaucoup de raisons. Il y a des gens qui sont malades par dépit, il y a des gens qui sont malades par rancune, il y a des gens qui sont malades par désespoir, il y a des gens... Et ce ne sont pas des mouvements formidables : un tout petit mouvement dans l’être; on est vexé, on dit : « On verra bien ce qui va arriver, on verra la conséquence de ce qu’il m’a fait! Qu’elle arrive! Je vais être malade. » On ne se le dit pas ouvertement parce que l’on se gronderait, mais il y a quelque chose, quelque part, qui pense comme cela.
Alors il y a deux choses à faire quand vous avez découvert le désordre, petit ou grand, la désharmonie. D’abord, nous avons dit que cette désharmonie crée une sorte de trépidation et un manque de paix dans l’être physique, dans le corps. C’est une sorte de fièvre. Même si la fièvre n’est pas générale, il y a des petites fièvres locales, il y a des gens qui ont de l’agitation. Donc, la première chose à faire est de se pacifier, d’apporter la paix, la tranquillité, la détente, dans une confiance totale, dans ce petit coin (pas nécessairement dans tout le corps). Après cela, vous voyez quelle est la cause du désordre. Vous voyez. Il y en a beaucoup, mais enfin, vous tâchez de trouver approximativement la cause de ce désordre et, par une pression de lumière, de connaissance, de force spirituelle, vous rétablissez cette harmonie, ce bon fonctionnement. Et si la partie malade est réceptive, si elle n’offre pas une résistance obstinée, vous pouvez guérir en quelques secondes.
Ce n’est pas toujours le cas. Il y a quelquefois, comme je l’ai dit, une mauvaise volonté : on est plus ou moins en grève, enfin on veut que la maladie ait des conséquences. Alors, cela prend un peu plus longtemps. Mais enfin, si l’on n’est pas d’une mauvaise volonté notoire, au bout d’un certain temps la Force agit : quelques minutes, ou quelques heures ou au plus quelques jours, et puis on guérit.
Maintenant, dans le cas spécial des attaques de forces adverses, la chose se complique, parce que vous n’avez pas affaire seulement à la volonté corporelle (notez que je n’accepte pas l’argument de ceux qui me disent : « Mais moi, je ne veux pas être malade! » parce que votre conscience dit toujours qu’elle ne veut pas être malade, il faut être à demi fou pour dire « je veux être malade », mais ce n’est pas votre conscience qui veut être malade, c’est quelque partie de votre corps, ou tout au plus un fragment du vital qui s’est mis de travers et qui veut être malade, et à moins que vous n’observiez avec beaucoup d’attention, vous ne vous en apercevez pas). Mais je dis que la situation se complique si, derrière, il y a une attaque et une pression des forces adverses qui vous veulent vraiment du mal. Vous pouvez avoir ouvert la porte par une erreur spirituelle : par un mouvement de vanité, un mouvement de colère, un mouvement de rancune, un mouvement de violence; même si ce n’est qu’un mouvement qui va et qui vient, cela peut ouvrir la porte. Il y a toujours des germes qui guettent là et qui n’attendent qu’une occasion ; c’est pour cela qu’il faut être très soigneux. Mais enfin, pour une raison quelconque, l’influence a pénétré la carapace de protection et elle agit là pour encourager la maladie à devenir aussi mauvaise qu’elle peut être. Alors le premier moyen n’est pas tout à fait suffisant. Dans ce cas-là, il faut y ajouter une chose : il faut y ajouter la Force de purification spirituelle, qui est une force tellement, absolument, parfaitement constructive que tout ce qui est destructif le moins du monde ne peut pas y subsister. Si vous avez cette Force à votre disposition, ou si vous pouvez la demander et l’obtenir, vous la mettez sur l’endroit, et la force adverse généralement s’enfuit immédiatement, parce que si elle se trouve dans cette Force, elle se dissout, elle disparaît; parce que toute force de désintégration ne peut pas subsister dans cette Force; par conséquent, la désintégration disparaissant, elle disparaît. Elle peut être changée en une force constructive, c’est possible, ou elle peut être simplement dissoute et réduite à néant. Et avec cela, non seulement la maladie est guérie, mais la possibilité du retour de la maladie est éliminée. Vous êtes guéri de la maladie une fois pour toutes, elle ne revient plus. Voilà.
Maintenant, tout cela est vu en gros; les détails, on pourrait écrire des livres. Je vous ai seulement donné les explications générales.
D’après les causes que tu nous as dites, on devrait être toujours malade!
Mais dans la vie ordinaire, la plupart du temps, les gens sont presque toujours malades! excepté quelques-uns qui échappent, pour des raisons d’un ordre différent que nous expliquerons un jour. Il y a peu de gens qui ne soient pas plus ou moins malades tout le temps. Mais même dans la vie ordinaire, si vous avez audedans de vous une confiance, une bonne volonté, une sorte de certitude, cette espèce de confiance qu’il y a dedans, oh! comme chez la majorité des enfants peut-être (je ne sais pas, parce que, après tout, ceux que l’on voit ici sont assez exceptionnels), mais enfin, il y a une confiance dans la vie, ils sont petits et ils ont l’impression qu’ils ont toute la vie en face d’eux ; il y a très peu de choses derrière, tout est en avant. Alors, cela leur donne une sorte de confiance, ça les tire d’affaire.
Autrement, je ne sais pas, dans la vie ordinaire j’ai connu peu de gens qui ne se plaignaient pas d’avoir au moins un petit désagrément physique qu’ils portaient toujours avec eux... Vous connaissez probablement cette pièce de théâtre de Jules Romains, Le Docteur Knock, où il dit qu’un homme bien portant est un malade qui s’ignore. C’est généralement vrai. Quand on est suffisamment occupé pour ne pas s’occuper tout le temps de soi-même, on ne s’en aperçoit pas, mais c’est là.
Home
The Mother
Books
CWM
French
Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.