CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1953 Vol. 5 of CWM (Fre) 472 pages 2008 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur ses Entretiens 1929.

Entretiens - 1953


novembre




Le 4 novembre 1953

Avant le commencement de la classe, Mère parle pendant quelques minutes en regardant « la sphère avec des spirales » que les enfants ont construite pour donner une idée de ce qu’elle avait expliqué la semaine précédente :

... La sphère n’est touchée que par une partie de la courbe, le reste se développe à l’intérieur. On ne peut pas le faire. C’est opaque. Mais c’était... il y avait au centre de cette sphère un entrecroisement de toutes les spirales.

Ce que vous avez fait là le rend plat, la façon dont c’est fait. C’est plat. Tel que je l’ai vu, le bord était touché par une section de la courbe. Chaque courbe a une partie du bord comme section 40 . Et on voyait distinctement les couleurs, et on voyait au travers... Je crois que vous pourriez faire cela géométriquement. Toute la surface est occupée par une section de la courbe de la spirale.

(Pavitra) Ces spirales sont sur la surface de la sphère ou à l’intérieur?

Non, les spirales sont à l’intérieur.

Donc, vers le centre.

Elles s’entrecroisent. Leur direction est telle que toute la sphère est formée par des sections de chaque spirale.

Tout l’intérieur de la sphère est-il occupé par des spirales?

Tout l’intérieur était naturellement plein de spirales. Mais comme il n’y avait pas de substance (il n’y avait que des spirales), on voyait au travers. Elles n’étaient pas jointes au point de faire une masse opaque. Et on pouvait suivre : c’étaient des couleurs brillantes, c’étaient des couleurs lumineuses. On pouvait suivre la ligne à l’intérieur. Et alors il faudrait conclure que c’était innombrable.

Est ce qu’elles se rapprochent de l’intérieur en formant des courbes de plus en plus petites?

Pas régulièrement au point que tous les débuts soient au centre. Ce n’était pas une série de spirales commençant par le début et se développant pour aller au centre.

Et recommençant du centre vers l’extérieur.

Non, pas du tout. Le point d’arrivée n’était pas le même que le point de départ. Enfin, comme cela, vu de loin, ça donnait un peu cette impression. C’était beaucoup plus complexe que cela. Et puis il n’y avait pas de ces choses ternes.

Douce Mère, que représentent les couleurs?

Vous avez là trois verts et seulement un bleu. Ça, c’est bleu, mais bleu-vert. Alors, il y a deux bruns, un noir et un gris, deux rouges... Ces couleurs-là, ce sont des couleurs mortes, n’est-ce pas... On ne peut leur donner une attribution spéciale.

Il n’y avait pas de noir.

Après la lecture de l’Entretien du 4 août 1929 sur le « sacrifice » et le don de soi.

Pourquoi, autrefois, les gens faisaient-ils des sacrifices humains dans les temples?

Je ne comprends pas bien la question. Pourquoi ne le feraientils pas! Il n’y a pas beaucoup de différence entre tuer une chèvre et tuer un homme. Je ne sais pas. En tout cas, ce qui est venu à la postérité et ce qui se passait réellement peut avoir été très différent. Quand on parlait de sacrifier, c’était peut-être seulement symbolique. Certaines religions, dit-on, ont massacré les gens par milliers. C’est possible, c’est le même instinct qui fait détruire. Et c’étaient certainement des religions qui tendaient à la destruction. Maintenant il y a beaucoup de cas, et si l’on demande pourquoi les gens faisaient des sacrifices matériels, il faudrait en être sûr. Pour moi, je n’en suis pas sûre. C’est possible. Cela dépend de la façon dont on regarde la vie. Et en tout cas, si l’on s’arroge le droit de se servir de l’existence d’un autre pour faire un sacrifice au Divin, et si on le regarde d’une certaine façon, c’est une assez vilaine attitude. Je le disais au début, je ne vois pas pourquoi on ferait une différence entre quelque animal ou un animal humain. C’est une chose assez curieuse.

Dans la plupart des religions, je crois que c’était comme c’est encore ici à l’endroit où il y a un temple de Kâlî sans tête 41 — c’est une chose extrêmement obscure et ignorante. Cela vient d’une sorte de crainte malsaine d’une divinité monstrueuse qui a besoin, soit de sang, soit de force, soit de n’importe quoi pour être satisfaite et ne pas faire de mal. Et tout vient d’une frayeur et d’une conception du Divin qui est une monstruosité. Mais même si on l’admettait, il n’y aurait qu’un sacrifice tolérable, c’est le sacrifice de soi. Si l’on veut sacrifier quelque chose au Divin, je ne vois pas de quel droit on va chercher la vie d’un autre, que ce soit un être humain ou un animal, pour l’offrir à sa place. Si l’on veut sacrifier, c’est soi que l’on doit sacrifier, non les autres. Et comme le mouvement lui-même est suffisamment laid et obscur et inconscient, je ne vois pas pourquoi il y aurait tant de différence entre sacrifier une chèvre et sacrifier un être humain. Au point de vue chèvre, c’est une idée intolérable — si l’on demandait à une chèvre pourquoi...

Les hommes ont des idées bizarres sur leur importance dans le monde et sur les valeurs respectives de leur personne. Cela ne fait pas beaucoup de différence. Si l’on dit : « Vous n’avez pas le droit de prendre la vie d’un autre », c’est défendable; mais alors ne faites pas de sacrifice; ou si vous voulez sacrifier, sacrifiezvous vous-même; si vous croyez qu’il y a un Dieu terrible qui a besoin qu’on lui donne du sang, ou je ne sais quoi, des forces vitales pour le satisfaire, faites-le. Mais de quel droit allez-vous prendre la vie des autres pour la donner? C’est une tyrannie intolérable. Même ne serait-ce que tous ces poulets que l’on tue. Seulement là, je crois qu’il y a une autre raison — c’est que les gens font bombance! C’est simplement une occasion d’avaler une quantité considérable de nourriture.

Je ne sais pas, pour moi cela ne fait pas beaucoup de différence.

Est-il possible de sentir la Présence divine même quand on a autour de soi une mauvaise atmosphère, une confu sion mentale et vitale?

À condition que l’atmosphère ne soit pas au-dedans de soi! Parce que là, c’est difficile. Et encore! On a eu des exemples fréquents de gens qui menaient une vie plus que douteuse et qui ont eu des révélations. On donne l’exemple d’un ivrogne qui, dans son ivrognerie, a tout d’un coup eu un contact avec le Divin — qui a transformé d’ailleurs son existence et qui, je dois le dire, l’a empêché de boire à l’avenir. Mais enfin, au moment où il a eu la révélation de la Présence divine, il était en état d’ivrognerie. Je ne crois pas — encore là nous retombons dans les mêmes choses —, je ne crois pas que le Divin soit un moraliste. C’est l’homme qui est moraliste, ce n’est pas le Divin. S’il se trouve que, justement, à ce moment-là, il y ait un concours de circonstances et qu’il y ait dans l’être une ouverture, le Divin, qui est toujours présent, se manifeste. Tandis que le sage ou le saint qui est tout à fait infatué de son importance et de sa valeur, et qui est plein d’orgueil et de vanité, il n’y a pas beaucoup de chances que le Divin se manifeste en lui, parce qu’il n’y a pas de place pour l’expression du Divin! Il n’y a de place que pour l’importante personnalité du sage et sa valeur morale.

Naturellement, il y a un état où l’on peut être parfaitement pur, parfaitement sage et être en rapport avec le Divin! Mais alors, cela veut dire que l’on a atteint un certain degré de perfection et que l’on a perdu le sens de son importance personnelle et de sa valeur personnelle. Je crois que c’est le plus important. Le plus grand obstacle au contact avec le Divin, c’est l’orgueil, et le sens de sa valeur personnelle, de ses capacités personnelles, de sa puissance personnelle — la personne devient très grosse, tellement grosse qu’il n’y a pas de place pour le Divin.

Non, la seule chose vraiment importante, c’est l’intensité de l’aspiration. Et cette intensité d’aspiration vient dans toutes sortes de circonstances.

Il y a deux choses qu’il ne faut pas confondre : certaines nécessités (qui sont purement des nécessités si l’on veut arriver à contrôler complètement la matière physique), et puis les notions morales. Ce sont deux choses tout à fait différentes. On peut, par exemple, s’abstenir d’empoisonner son corps, ou d’abrutir son cerveau, ou d’annuler sa volonté, parce que l’on veut devenir le maître de sa conscience physique et pouvoir transformer son corps. Mais si l’on fait ces choses uniquement parce que l’on considère qu’on gagnera un mérite moral en le faisant, cela ne vous mène nulle part, à rien du tout. Parce que ce n’est pas pour cela. On le fait pour des raisons purement pratiques : pour la même raison, par exemple, que l’on n’a pas l’habitude de prendre du poison, parce qu’on sait que cela vous empoisonne. Et alors, il y a des poisons assez lents que prennent les gens (impunément, croient-ils, parce que l’effet est si lent qu’ils ne peuvent pas le discerner facilement), mais si l’on veut arriver à devenir entièrement maître de ses activités physiques et pouvoir mettre la lumière dans les réflexes de son corps, alors il faut s’abstenir de ces choses — mais non pour des raisons morales : pour des raisons tout à fait pratiques, au point de vue de la réalisation du yoga. Il ne faut pas faire cela avec l’idée que l’on va gagner du mérite; et parce qu’on gagnera du mérite, Dieu sera bien content et viendra se manifester au-dedans de vous! Ce n’est pas du tout cela, pas du tout! Peut-être même se sent-Il plus proche de celui qui a fait des fautes, qui est conscient de ses fautes et qui a le sens de son infirmité, et qui aspire sincèrement à en sortir — Il se sent peut-être plus proche de lui que de celui qui n’a jamais fait de fautes et qui est content de sa supériorité extérieure sur les autres êtres humains. En tout cas, cela ne fait pas beaucoup de différence. Ce qui fait beaucoup de différence, c’est la sincérité, la spontanéité, l’intensité de l’aspiration — le besoin, ce besoin qui vous prend et qui est tellement puissant que rien d’autre au monde ne compte.

Comme je l’ai dit quelque part ailleurs à propos de la soumission et du sacrifice, si l’on regrette quelque chose, cela veut dire que l’on n’est pas dans un état de conscience spirituel. Si l’on regrette de ne plus pouvoir satisfaire ses désirs, cela veut dire que les désirs sont au moins aussi importants, sinon plus, que la chose à laquelle vous aspirez. Vous pouvez dire : « Les désirs sont une chose dont je suis tout à fait conscient, tandis que si j’abandonne mes désirs avec l’idée d’acquérir le Divin, je ne suis pas sûr que je l’aurai; par conséquent j’appelle cela un sacrifice. » Mais moi, j’appelle cela du commerce! C’est du commerce avec le Divin. On lui dit : « Donnant-donnant; moi, je Te donne la joie que j’ai à satisfaire mes désirs, il faut que Tu me donnes en échange la joie de Te sentir au-dedans de moi, sinon ce n’est pas juste. » Ce n’est pas un don de soi, c’est du marchandage.

C’est une chose que j’ai entendue si souvent, si souvent : « J’ai tant sacrifié de choses, j’ai fait tant d’efforts, je me suis donné tant de mal, et puis voilà, je n’ai rien en échange. » Tout ce que je peux répondre, c’est : « Ça ne m’étonne pas! »

Une personne très orgueilleuse peut-elle avoir une grande aspiration?

Pourquoi pas? La personne très orgueilleuse peut recevoir des coups, et être sensible; puis, quand elle reçoit un coup, ça peut l’éveiller un peu! Alors elle a une aspiration. Et si c’est une personne qui a de l’intensité dans son caractère et qui a de la puissance, eh bien, son aspiration est puissante.

Et sans recevoir de coups?

Cela peut arriver. Seulement dans ce cas-là, ce sera très mélangé. Dans tous les cas ce sera très mélangé — mais toujours tout est mélangé. Il faut longtemps pour que les choses se clarifient. On peut commencer n’importe où, à n’importe quel état et dans n’importe quelle condition. On peut toujours commencer. Seulement, dans certains cas cela prend très longtemps. Parce que le mélange est tel que, à chaque pas en avant, on fait un demi-pas en arrière. Mais il n’y a pas de raison. Au fond, comme c’est la raison d’être véritable de la vie et de l’existence individuelle, de prendre conscience du Divin, cela peut surgir n’importe où, à n’importe quel moment. S’il y a la moindre possibilité, ça jaillit. Naturellement, si l’on est parfaitement satisfait, alors c’est un obstacle parce que l’on s’endort dans la satisfaction. Mais cela ne peut pas durer. Dans la vie, dans le monde tel qu’il est maintenant, une satisfaction égoïste, une satisfaction personnelle ne peut pas durer, et tant qu’elle dure, oui, on peut s’endurcir, ne plus aspirer du tout. Mais ça ne dure pas.

Autre chose?...

Personne n’a rien à dire?...

Alors, au revoir mes enfants, bonne nuit!









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