CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1953 Vol. 5 of CWM (Fre) 472 pages 2008 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur ses Entretiens 1929.

Entretiens - 1953


septembre




Le 9 septembre 1953

« Chaque fois que quelque parcelle de la vérité et de la force divines descend pour se manifester sur la terre, un changement est effectué dans l’atmosphère terrestre. Tous ceux qui sont réceptifs, au contact de cette descente, s’éveillent à une inspiration, à un commencement de vision. S’ils étaient capables de contenir et d’exprimer correctement ce qu’ils ont reçu, ils diraient : “Une grande force est descendue; je suis en contact avec elle, et ce que j’en comprends, je vais vous le dire.” Mais la plupart d’entre eux ne peuvent pas s’en tenir à cela, parce que leur mental est petit. Ils deviennent illuminés, possédés pour ainsi dire, et ils s’écrient : “J’ai la divine vérité; je l’ai reçue pleine et entière!” » [...]

« La conscience divine unique travaille ici dans tous ces êtres, préparant son chemin à travers toutes ces ma nifestations. En ce jour, elle est à l’œuvre sur terre plus puissamment qu’elle ne l’a jamais été. Quelques-uns sont touchés par elle, d’une certaine façon et à un cer tain degré; mais ce qu’ils reçoivent, ils le déforment, ils en font quelque chose à eux. D’autres sentent le contact, mais ne peuvent supporter la force et perdent l’esprit sous la poussée. Un petit nombre seulement ont la ca pacité de recevoir et la force de supporter, et ce sont eux qui deviennent les réceptacles de la pleine connaissance, ses instruments, ses agents choisis. »

(Entretien du 9 juin 1929)

Comment la Force divine choisit-elle l’instrument dans lequel elle veut se manifester?

Par affinité. Parce que la qualité, la nature de la conscience est visible dans le domaine divin. Ça a une vibration spéciale, une lumière spéciale, et cela peut être perçu. Et alors, quand il y a une affinité (quelquefois seulement une affinité, quelquefois une identité, cela dépend du degré de perfection des êtres), la Force va là. Ceux qui sont encore en cours de formation mais dont le psychique est suffisamment développé, on les voit, on voit leur vibration, on voit l’être qui est là, et d’après cela, on décide quel est le degré de manifestation, la ligne exacte de la manifestation, et quelle est son importance, et dans quelles conditions. Tout cela appartient à la vision intérieure.

Mais il se peut que l’instrument ne comprenne pas, parce que l’homme en qui la Force se manifeste, quel quefois perd la tête et ne peut pas contenir la Force?

Cela peut arriver, tout est possible. Mais généralement... Je vous ai dit cela l’autre jour quand je vous ai parlé de la réincarnation des êtres psychiques, je vous ai dit que, de leur domaine, ils voient une certaine vibration, une certaine lumière, et ils savent que c’est là qu’ils doivent aller. Mais quand ils tombent, la plupart du temps ils tombent dans une inconscience et ils perdent leurs facultés, au moins pour un moment. Ils finiront par se retrouver. Cela prend du temps pour se retrouver, cela vient à mesure que l’on progresse, par illuminations consécutives.

Entre le vital et le mental, lequel fait le progrès le plus rapide, en général?

Cela dépend des gens. Ceux qui ont un vital plus fort, c’est le vital, et ceux qui ont un mental plus fort, c’est le mental. Tu veux dire dans le même être? Cela dépend absolument de ce qui est le plus actif ou le plus fort. De quelle façon? Dans chaque être la combinaison est différente, alors on ne peut pas faire une règle générale et dire comment ce doit être. On peut dire que dans certains genres de cas, c’est comme cela, et dans d’autres genres de cas, c’est comme cela.

Mais à vrai dire, je ne crois pas que l’on puisse faire de très grands progrès si les deux ne sont pas d’accord, si l’un tire d’un côté et l’autre tire de l’autre. Ce sera toujours difficile. Et généralement il vaut mieux que ce soit le mental qui se convertisse en premier, parce que c’est lui qui doit avoir le pouvoir d’organisation sur les autres parties de l’être.

(Mère s’arrête et regarde brusquement parmi les disciples) Il y a quelqu’un qui a envoyé ici, tout de suite, une formation mentale qui... si vous voulez, a pris la forme d’un papier bleu sur lequel il y avait écrit quelque chose. C’est tombé en tournoyant, et c’est tombé sur l’un d’entre vous. Alors je voudrais bien savoir s’il y a quelqu’un qui a reçu tout d’un coup une réponse sensationnelle?... Personne?... Je ne saisis pas qui c’était d’entre vous, parce que ça a tournoyé... (silence) Tant pis. Mais c’est tombé sur l’un d’entre vous. C’était comme un papier bleu, ça avait pris la forme d’un papier bleu, et il y avait une réponse très intéressante là-dessus. Personne n’a rien reçu? Il n’y a pas une idée qui soit venue tout d’un coup dans votre tête? Non? (Personne ne répond)

Si le vital ne se convertit pas, et si le mental est convaincu ?

Eh bien, vous passez la vie à vous disputer avec vous-même! L’un tire d’un côté, et l’autre essaye d’être un beau mentor, mais on ne l’écoute pas. Et alors on se sent comme cela, tiraillé. On sait ce que l’on devrait faire et on ne le fait pas. On sait ce qu’il ne faut pas faire et on le fait. Et puisque l’on fait des bêtises, on les regrette. Alors il y a deux choses, on est malheureux pour deux raisons : d’abord pour les bêtises que l’on a faites, et puis pour les regrets qu’on en a. C’est une situation un peu pénible...

Est ce que l’on ne peut pas convertir le vital?

Convertir le vital? Sûrement on peut. C’est une besogne difficile, mais on peut. Si l’on ne pouvait pas, alors il n’y aurait pas d’espoir. Mais généralement le mental ne suffit pas. Parce que j’ai connu une quantité considérable de gens qui voyaient très clair, qui comprenaient très bien, qui étaient tout à fait convaincus mentalement, qui pouvaient même vous décrire et vous dire des choses remarquables, qui pourraient très bien donner d’excellentes leçons aux autres, mais dont le vital faisait les quatre cents coups et n’écoutait pas du tout tout cela. Il disait : « Ça m’est bien égal ce que tu peux raconter, moi, je vais mon propre chemin! »

Il n’y a que si le contact avec le psychique est établi, alors ça, ça peut convertir — n’importe quoi, le pire des criminels — et en un moment. Ce sont de ces illuminations qui vous saisissent et qui vous retournent complètement. Après cela, ça va bien. On peut avoir des petites difficultés d’ajustement, mais enfin ça va bien.

Tandis que le mental est très prédicateur, c’est sa nature : il vous fait des discours, des sermons, comme on en fait dans les églises. Alors le vital généralement s’impatiente et lui répond très poliment : « Tu m’embêtes! C’est très bien pour toi ce que tu dis, mais pour moi, ça ne va pas. » Ou bien, au mieux, quand le mental est doué de capacités spécialement remarquables et que le vital est d’une qualité un peu supérieure, il peut dire : « Oh! comme c’est beau ce que tu me dis (cela arrive quelquefois), mais vois-tu, moi, je ne peux pas le faire; c’est très beau, mais c’est en dehors de ma capacité. »

Mais ce vital est un être curieux. C’est un être de passion, d’enthousiasme, naturellement de désir; mais, par exemple, il est très capable d’être enthousiasmé par quelque chose de beau, d’admirer, de sentir ce qui est plus grand et plus noble que lui. Et si vraiment quelque chose de tout à fait beau se passe dans l’être, s’il y a un mouvement qui ait une valeur exceptionnelle, eh bien, il peut être enthousiasmé et il est capable de se donner avec un dévouement total — avec une générosité que l’on ne trouve pas, par exemple, dans le domaine mental ni dans le domaine physique. Il a cette plénitude dans l’action, qui vient justement de sa capacité de s’enthousiasmer et d’être tout entier sans réserve dans ce qu’il fait. Les héros sont toujours des gens qui ont un vital puissant, et quand le vital s’enthousiasme pour quelque chose, ce n’est pas un être raisonnable mais c’est un guerrier; il est tout entier dans son action, et il peut faire des choses exceptionnelles parce qu’il ne calcule pas, il ne raisonne pas, il ne se dit pas : il faut prendre des précautions, il ne faut pas faire ceci, il ne faut pas faire cela. Il n’est pas prudent, il s’emballe comme on dit, il se donne tout entier. Alors il peut faire des choses magnifiques s’il est dirigé de la bonne manière.

Un vital converti est un instrument tout-puissant. Et il est converti quelquefois par quelque chose d’exceptionnellement beau, moralement ou matériellement. Quand il assiste, par exemple, à une scène d’abnégation totale, de don de soi sans calcul — une de ces choses qui sont excessivement rares mais qui sont splendidement belles —, il peut s’emballer pour cela, il peut être pris de l’ambition de faire la même chose. Ça commence par une ambition, ça finit par une consécration.

Il n’y a qu’une chose dont le vital ait horreur, c’est de la vie terne, monotone, grise, sans goût et sans valeur. En face de cela, il s’endort, il entre dans l’inertie. Il aime les choses extrêmement violentes, c’est vrai; il peut être extrêmement méchant, extrêmement cruel, extrêmement généreux, extrêmement bon, et extrêmement héroïque. Il sera toujours extrême, et ce peut être d’un côté ou de l’autre suivant, mon dieu, le courant qui passe.

Et ce vital, si vous le mettez dans un mauvais entourage, il imitera le mauvais entourage et il fera les choses mauvaises avec violence et extrémité. Si vous le mettez en présence de quelque chose de merveilleusement beau, généreux, grand, noble, divin, il pourra s’emballer là aussi, oublier tout le reste et se donner tout entier. Il se donnera plus totalement que n’importe quelle autre partie de l’être, parce qu’il ne calcule pas. Il va selon ses passions et son enthousiasme. Quand il a des désirs, ses désirs sont violents, arbitraires, et il ne calcule pas du tout le bien ou le mauvais des autres, ça lui est tout à fait égal. Mais quand il se donne à quelque chose de beau, il ne calcule pas non plus, il se donnera tout entier sans savoir si ça lui fera du bien ou si ça lui fera du mal. C’est un instrument très précieux.

Mais c’est comme un cheval pur-sang : s’il se laisse guider, alors il gagnera toutes les courses, il arrivera premier partout; s’il est indompté, il piétinera les gens et il fera des dégâts, et il se cassera lui-même les pattes ou les reins! C’est comme cela. Le tout est de savoir de quel côté il tournera. Il aime les choses exceptionnelles — exceptionnellement mauvaises ou exceptionnellement bonnes, mais il aime l’exceptionnel. Il n’aime pas la vie ordinaire : il devient terne, il devient à moitié inerte. Et si on l’enferme dans un coin et qu’on lui dise : « Tiens-toi tranquille », alors il restera là et il deviendra de plus en plus comme quelque chose qui s’effrite et qui finit par devenir comme une momie : il n’y a plus de vie dedans, c’est desséché. Et on n’aura plus la force de faire ce que l’on veut faire. On aura de belles idées, on aura d’excellentes intentions, mais on n’aura pas d’énergie pour exécuter.

Alors, ne vous lamentez pas si vous avez un vital puissant, mais il faut avoir des rênes solides et puis le tenir assez fort. Alors ça va.

La dépression vient du vital?

Oh! oui. Tout, tous vos embêtements, dépressions, découragements, dégoûts, fureurs, tout, tout cela vient du vital. C’est lui qui change l’amour en haine, c’est lui qui crée l’esprit de vengeance, la rancune, la mauvaise volonté, le besoin de détruire et de nuire. C’est lui qui vous décourage quand les choses sont difficiles ou quand elles ne sont pas suivant son goût. Et il a une capacité extraordinaire de faire grève! Quand il n’est pas content, il se fourre dans un coin et il ne bouge plus. Et alors vous n’avez plus d’énergie, vous n’avez plus de force, vous n’avez plus de courage, votre volonté est comme... comme une plante qui se fane. Tous les dépits, tous les dégoûts, toutes les fureurs, tous les désespoirs, tous les chagrins, toutes les colères, tout cela vient de ce monsieur-là. Parce que c’est l’énergie en action. Alors, cela dépend de quel côté elle se tourne.

Et je vous dis, il a une très grande habitude de faire grève. Ça, c’est son arme puissante : « Ah! vous ne faites pas ce que je veux, eh bien, je ne bouge plus, je ferai le mort. » Et il le fait pour la moindre chose. Il a très mauvais caractère, il est très susceptible et il est très rancunier — il a très mauvais caractère. Parce que je crois qu’il est très conscient de son pouvoir, et il sent très bien que s’il se donne tout entier, il n’y a rien qui résistera au mouvement de sa force. Et comme tous les gens qui ont un poids dans la balance, eh bien, il fait du marchandage : « Je vous donnerai mon énergie, mais il faudra que vous fassiez ce que je veux. Si vous ne me donnez pas ce que je demande, eh bien, je retire mon énergie. » Et vous serez plat comme une galette. Et c’est vrai, ça arrive comme cela.

C’est difficile à régler. Mais naturellement, quand on arrive à dompter ça, on a quelque chose de puissant entre les mains pour réaliser. C’est lui qui peut enlever d’assaut les plus grands obstacles. C’est lui qui est capable de rendre intelligent un idiot — c’est le seul, parce que si l’on se passionne pour faire un progrès, si le vital se met dans la tête que l’on progressera, même le plus idiot peut devenir intelligent! Je l’ai vu, je n’en parle pas par ouï-dire : j’ai vu cela, j’ai vu des gens qui étaient ternes, stupides, incapables de comprendre, qui ne comprenaient rien — on pouvait leur expliquer pendant des mois quelque chose, ça n’entrait pas, comme si l’on parlait à un morceau de bois — et puis, tout d’un coup, leur vital a été pris d’une passion; ils ont voulu simplement plaire à quelqu’un ou réaliser quelque chose, et pour cela il fallait comprendre, il fallait savoir, c’était nécessaire; eh bien, ils ont mis tout en mouvement, ils ont bousculé ce mental endormi, ils ont mis des énergies dans tous les coins où il n’y en avait pas, et ils ont compris, ils sont devenus intelligents. J’ai connu quelqu’un qui pratiquement ne savait rien, ne comprenait rien, et qui, lorsque le mental s’est mis en mouvement et que cette passion de progrès l’a pris, s’est mis à écrire des choses merveilleuses. Je les ai entre les mains. Et quand le mouvement s’est retiré, quand le vital faisait grève (parce que quelquefois il faisait grève, il se retirait), la personne redevenait absolument stupide.

N’est-ce pas, il est très difficile d’établir un contact constant entre la conscience physique la plus extérieure et la conscience psychique, et ouf! la conscience physique est de très bonne volonté, elle est très régulière, elle essaye beaucoup, mais elle est lente et lourde, et c’est long, c’est difficile. Elle ne se fatigue pas, mais elle ne fait pas d’effort; elle continue son chemin, tranquillement. Ça peut prendre des siècles pour mettre en contact la conscience extérieure avec le psychique. Mais pour une raison quelconque, voilà que le vital s’en mêle. Il lui prend une passion. Il veut ce contact (pour une raison quelconque, qui n’est pas toujours une raison spirituelle), mais il veut ce contact. Il le veut avec toute son énergie, toute sa force, toute sa passion, tout son enthousiasme : en trois mois l’affaire est faite.

Alors voilà. Prenez bien soin de lui, traitez-le avec grande considération, mais ne lui obéissez jamais. Parce qu’il vous mènera à toutes sortes d’expériences fâcheuses. Et si vous arrivez d’une façon quelconque à le convaincre, alors vous ferez des pas de géant sur le chemin.









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