CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1954 Vol. 6 of CWM (Fre) 533 pages 2009 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur son livre Éducation, et sur trois œuvres courtes de Sri Aurobindo : Les Éléments du Yoga, La Mère et Les Bases du Yoga.

Entretiens - 1954


avril




Le 14 avril 1954

Suite de la lecture de Les Quatre Austérités et les Quatre Libérations.

Douce Mère, je n’ai pas compris ici : « Au début de cette manifestation, dans la pureté de son origine, l’amour est constitué de deux mouvements, les deux pôles complémentaires de l’élan vers la fusion complète. C’est, d’une part, le pouvoir d’attraction suprême et de l’autre, le besoin irrésistible de don absolu de soi. »

Il n’y a rien à comprendre, c’est un fait. Tu ne sais pas ce que ça veut dire, « le pouvoir d’attraction »? Tu ne sais pas ce que ça veut dire, « le besoin de don de soi »?... Eh bien, tu les mets l’un en face de l’autre et quand ils se joignent, cela donne l’amour. C’est aussi simple que ça. Si tu veux, c’est comme l’endroit et l’envers d’une même médaille; mais ce n’est pas endroit et envers. Ce sont deux choses qui sont appelées à se joindre par leur nature même et c’est par cette jonction qu’est produit l’amour dans sa manifestation extérieure.

Après cela, tu as dit : « Aucun mouvement ne pouvait mieux et plus que celui-là jeter un pont sur l’abîme qui se creusa quand, dans l’être individuel, la conscience se sépara de son origine et devint inconscience. »

Oui, parce que de la minute où la conscience individuelle s’est séparée de la Conscience divine, de son Origine divine, cela a créé le sens de la séparation. De la minute où la conscience individuelle n’a pas suivi, n’est pas restée identifiée au mouvement de la Conscience divine, cela a fait une séparation. La Conscience divine suit son mouvement propre, et si la conscience individuelle ne reste pas unie et ne suit pas ou change de route, ou ralentit sa route, cela crée une séparation. Et c’est cette séparation-là qui est la cause de toutes les misères. Toutes les misères dans l’univers sont le résultat de cette séparation de la conscience individuelle qui, pour une raison quelconque, n’est pas restée identifiée avec la Conscience d’origine, son Origine, et s’est séparée. Séparée... elle ne s’est pas séparée volontairement, mais elle n’est pas restée identifiée. Alors ne restant pas identifiée, la Conscience divine a suivi un certain mouvement et elle en a suivi un autre, et naturellement cela a fait qu’elles se sont écartées de plus en plus. Prenons une image : l’une avance avec un certain mouvement, une certaine rapidité, et l’autre, n’étant pas restée unie, n’a pas pu suivre et, par conséquent, petit à petit, est de plus en plus en arrière, loin, loin, loin — l’autre part en avant et elle reste. Elle marche clopin-clopant quand l’autre vole; elle fait un pas quand l’autre bondit. Alors cela fait une séparation de plus en plus grande. Et c’est cette séparation qui a produit toutes les séparations, et c’est toutes les séparations qui ont produit la misère universelle — ou en tout cas la misère terrestre, celle que nous connaissons. Cela a commencé par une séparation de conscience et cela a fini par une séparation de mondes et des éléments de la Matière. Cela a commencé par une division de conscience et cela a fini par une division telle que nous la voyons. (Mère désigne du doigt les individus autour d’elle) Il y a des milliards de choses qui sont toutes séparées les unes des autres, et c’est à cause de cela qu’il y a toutes les misères. Si elles étaient restées unies en conscience, il n’y aurait pas de misères. Mais comme la conscience s’est séparée, cette séparation de conscience a produit la séparation des formes, et la séparation des formes a produit toutes les misères.

Si l’on rétablissait le sens de l’unité, les misères disparaîtraient.

Avant que la nature soit transformée, est-ce qu’un être peut en aimer un autre vraiment?

Aimer un autre? J’ai dit là que c’était impossible. J’ai dit que si l’on veut savoir ce qu’est l’amour, il faut aimer le Divin. Alors il y a une chance de savoir ce qu’est l’amour. J’ai dit que l’on ressemble à ce que l’on aime. Alors si l’on aime le Divin, petit à petit, par cet effort d’amour, on ressemble de plus en plus au Divin, et alors on peut s’identifier à l’amour divin et savoir ce que c’est, autrement on ne peut pas.

Nécessairement un amour entre deux êtres humains, quel qu’il soit, est toujours fait d’ignorance, d’incompréhension, d’impuissance et de ce terrible sens de la séparation. C’est comme si l’on voulait entrer dans la présence d’une Splendeur unique et que, la première chose que l’on fasse, c’est de mettre un rideau, deux rideaux, trois rideaux, entre soi et cette Splendeur, et on est très étonné de n’avoir qu’une vague impression et pas du tout la chose elle-même. La première chose à faire, c’est de supprimer le rideau, de les enlever tous, de passer au travers, et de se trouver en présence de la Splendeur. Et alors vous saurez ce que c’est que la Splendeur. Mais si vous accumulez les voiles entre vous et elle, vous ne la verrez jamais. On pourra avoir une sorte de petite, de vague impression comme ça : « Oh! il y a quelque chose », mais c’est tout.

Naturellement il y a tous ceux qui ne se soucient pas de la Splendeur, qui lui tournent le dos et qui vivent dans leur instinct, qui sont des animaux un petit peu perfectionnés. Ceux-là, n’en parlons pas. Il n’y a qu’à les laisser faire ce qu’ils veulent, cela n’a aucune espèce d’importance. Ils ne nous concernent pas. Ce n’est pas pour eux que j’ai écrit ces choses.

Pour savoir aimer vraiment, faut-il que la nature soit transformée?

La qualité de l’amour est en proportion de la transformation de ta conscience.

Je ne comprends pas.

C’est d’une simplicité enfantine. Si tu as la conscience d’un animal, tu aimeras comme un animal. Si tu as la conscience d’un homme ordinaire, tu aimeras comme un homme ordinaire. Si tu as la conscience d’un être d’élite, tu aimeras comme un être d’élite, et si tu as la conscience de la divinité, tu aimeras comme la divinité. C’est simple! C’est ce que j’ai dit. Et alors, si par un effort de progrès et de transformation intérieurs, par aspiration et par développement, on passe d’une conscience à l’autre et que sa conscience devienne de plus en plus vaste, eh bien, l’amour qu’on éprouvera sera de plus en plus vaste. Ça, c’est clair!

Tu prends l’eau la plus pure, une eau de roche cristalline, tu la reçois dans un vase plus ou moins grand, et alors, il y a, dans ce vase, un peu (ou beaucoup, ou énormément) de boue, et tu ne pourras pas dire : c’est la même eau que celle qui est descendue. Pourtant c’est la même, mais tu l’auras mélangée avec tant de choses dans ton vase qu’elle ne lui ressemblera plus du tout! Eh bien, l’amour dans son essence est une chose absolument pure, cristalline, parfaite. Dans la conscience humaine, elle se mélange à une quantité plus ou moins considérable de boue. Alors cela devient de plus en plus boueux, à mesure qu’il y a plus de boue.

On a dit que le besoin de dévorer du tigre est l’une des premières expressions de l’amour dans le monde. Je pense que même longtemps avant le tigre, il devait y avoir des êtres primitifs dans le fond de la mer qui n’avaient que cette fonction-là : un estomac. Ils n’existaient qu’en tant qu’estomacs. Et alors ils avalaient : c’était leur seule occupation. Évidemment, c’était l’un des premiers résultats de la Puissance d’Amour s’infiltrant dans la Matière, parce que, avant, il n’y avait rien : c’était l’inconscience parfaite, l’immobilité complète et rien ne bougeait. Avec l’Amour a commencé le mouvement : l’éveil de la conscience et le mouvement de transformation. Eh bien, les premières formes, on peut dire que c’est la première expression de l’Amour dans la Matière. Alors nous pouvons aller depuis le besoin d’avaler, qui est l’exclusive conscience — un besoin d’avaler, de s’unir — jusqu’à... Pardon ! nous disons que l’Amour est la puissance du monde — c’est une façon primitive de s’unir aux choses, mais c’est une façon très directe : on avale et on absorbe la chose; eh bien, le tigre, lui, y met une grande joie. Alors il a déjà une joie, c’est déjà une forme très supérieure de l’amour. Vous pouvez aller plus haut et finir par l’une des expressions les plus hautes de l’amour dans les êtres humains : le don total de soi à ce que l’on aime, c’est-à-dire se faire tuer pour sa patrie, ou donner sa vie pour défendre une personne, des choses comme ça. Ça, c’est déjà... c’est assez supérieur. C’est encore mélangé à de la boue. Ce n’est pas la forme la plus haute, mais c’est déjà quelque chose. Et vous voyez tous les échelons, n’est-ce pas. Eh bien, de là, il y a encore beaucoup à remonter pour arriver à la véritable expression, à ce que j’ai dit, qui est au sommet de l’ascension — je ne voudrais pas travestir mes mots. (Mère prend Les Quatre Austérités et lit) « L’amour, dans son essence, est la joie de l’identité; il trouve son ultime expression dans la félicité de l’union. »

Il y a d’abord (avant l’émanation de l’amour) quelque chose que nous pouvons exprimer très maladroitement par « la joie de l’identité ». Ça, c’est très difficile à concevoir parce que la pensée humaine ne peut concevoir les choses que par opposition, tandis que la phase ultime, c’est quand l’amour a fait tout le cercle dans l’univers pour remonter à son origine; alors il a le résultat de toute cette expérience qu’il a eue et il retourne au point de départ. Il retourne au point de départ avec quelque chose de plus, qu’il n’avait pas avant de partir : c’est l’expérience universelle. Et au fond, c’est cela la raison d’être de la création. C’est parce que la conscience ne serait pas ce qu’elle est si elle ne s’était pas exprimée dans une création. Eh bien, le retour de la création — qui, notez-le, n’est pas quelque chose qui se passe dans le temps — c’est très, très difficile à concevoir, parce que nous concevons le temps et l’espace et que, pour nous, les choses sont successives, l’une après l’autre, mais si l’on pouvait concevoir un mouvement d’ensemble qui engloberait tout et qui serait à la fois le commencement et la fin, et qui contiendrait tout, eh bien, ce retour, qui ne serait pas un retour dans le temps, qui serait un retour dans la conscience... comment vous expliquer cela... Le retour de l’amour à son origine, au lieu d’être simplement la joie de l’identité, devient l’extase de l’union — et évidemment si l’on se place au point de vue psychologique pur, il y a un enrichissement de la conscience qui provient de l’expérience faite dans l’univers; c’est-à-dire qu’il y a une richesse de contenu et une plénitude de conscience qui n’existeraient pas s’il n’y avait pas eu d’univers manifesté. Et c’est évidemment l’explication la plus logique, la raison la plus logique de la création.

Que veut dire cette phrase, Douce Mère : « Chaque fois qu’un être rompt les limites étroites dans lesquelles son ego l’emprisonne, pour jaillir à l’air libre dans le don de soi-même, que ce soit à un autre être humain, ou à sa famille, à sa patrie ou à sa foi, il trouve dans cet oubli de soi un avant-goût des joies merveilleuses de l’amour, et cela lui donne l’impression qu’il entre en contact avec le Divin; mais le plus souvent ce n’est qu’un contact fugitif, parce que dans l’être humain l’amour est tout de suite mélangé à des mouvements égoïstes inférieurs, qui l’avilissent et lui enlèvent la puissance de sa pureté. Mais même s’il restait pur, ce contact avec une existence divine ne pourrait pas toujours durer : parce que l’amour n’est qu’un aspect du Divin et un aspect qui, ici-bas, a subi les mêmes déformations que les autres. »

Quoi? Qu’est-ce que tu n’as pas compris? Que l’univers et le monde tel qu’il est, sont une déformation du Divin? Le monde tel qu’il est, dans l’état de conscience où il est, est une déformation du Divin, et l’amour aussi est une déformation du Divin. Par conséquent, même si votre amour restait aussi pur qu’il peut l’être dans le monde manifesté, il ne pourrait pas vous garder en contact constant avec le Divin, à moins que tout le reste ne soit transformé. Parce qu’il est déformé au même titre que le reste. Parce qu’il faut dire, n’est-ce pas, que la pureté telle qu’on la conçoit terrestrement n’a rien à faire avec la pureté divine. C’est une approximation, au mieux.

Pas compris?

Ça viendra un jour.

Douce Mère, les parents, quelle sorte d’amour ont-ils pour les enfants?

Quelle sorte? Un amour humain, non ! Comme tous les amours humains : ef-froy-a-ble-ment mélangé, de toutes sortes de choses. Le besoin de possession, un égoïsme formidable. D’abord, je dois vous dire qu’on a fait un tableau merveilleux... On a écrit beaucoup de livres, on a dit des choses merveilleuses sur l’amour d’une mère pour ses enfants. Je garantis qu’à part la capacité de faire des phrases sur la chose, l’amour des animaux supérieurs comme les... enfin les mammifères pour leurs enfants, est exactement de la même qualité : même dévouement, même oubli de soi, même abnégation, même souci d’éducation, même patience, même... J’ai vu des choses absolument merveilleuses, et si l’on avait écrit cela en le mettant dans le caractère d’une femme au lieu de le mettre dans une chatte, on aurait fait des romans superbes, les gens auraient dit : « Quel être! comme ces femmes sont merveilleusement dévouées dans leur amour maternel. » Absolument la même chose. Seulement, les chats ne pouvaient pas faire des phrases. C’est tout. Ils ne pouvaient pas écrire des livres et faire des discours, c’est la seule différence. Mais j’ai vu des choses absolument étonnantes. Et cette espèce de don de soi et d’oubli de soi, dès qu’il y a le commencement de l’amour, ça vient. Mais les hommes... Je crois sincèrement, d’après tout ce que j’ai étudié, qu’il y a peut-être une pureté plus grande chez les animaux, parce qu’ils ne réfléchissent pas et que chez les êtres humains, avec leur pouvoir mental, leur capacité de réfléchir, de raisonner, d’analyser, d’étudier, tout ça, oh ! ils abîment le plus joli mouvement. Ils commencent à calculer, à raisonner, à douter, à organiser.

Prenez, par exemple, le fait des parents. Au risque d’effacer beaucoup d’illusions dans votre conscience, je dois vous dire un peu l’origine de l’amour de la mère pour l’enfant. C’est que cet enfant est fait de sa propre substance à elle, et, pendant assez longtemps, relativement longtemps, le lien matériel, substantiel, entre l’enfant et la mère est ex-trê-me-ment proche — c’est comme si l’on avait pris un bout de sa chair et qu’on l’avait mis à une distance — et ce n’est que longtemps après que le lien entre les deux est complètement coupé. Il y a une sorte de lien, de sensation subtile telle que la mère sent exactement ce que sent l’enfant, comme elle le sentirait en elle-même. Ça, c’est la base matérielle de l’attachement de la mère pour l’enfant. C’est une base d’identité matérielle, pas autre chose que cela. Le sentiment vient longtemps après (il peut venir avant, cela dépend des gens), mais je parle de la majorité humaine : le sentiment ne vient que longtemps après, et il est conditionné. Il y a toutes sortes de choses... Je pourrais vous parler pendant des heures sur le sujet. Mais enfin, il ne faut pas mélanger cela avec l’amour. C’est une identité matérielle qui fait qu’on sent intimement, on sent d’une façon tout à fait concrète et matérielle ce qu’éprouve l’enfant : si l’enfant reçoit un choc, eh bien, on le sent. Cela dure au moins pendant deux mois.

C’est la base. Le reste provient de la nature des gens, de leur état de développement, de leur conscience, de leur éducation et de leur capacité de sentiment. Cela s’ajoute là-dessus, et puis, alors, toutes les suggestions collectives qui construisent des romans — parce que les hommes sont merveilleux pour construire des romans. Ils construisent des romans sur tout. Ils ont employé leur mentalité à bâtir des imaginations qui circulent dans l’air et qu’on attrape, comme ça. Alors les uns en attrapent d’un certain genre, les autres en attrapent d’un autre genre, et puis, comme l’imagination est une force de propulsion, avec cela on commence à agir, et puis finalement on vit un roman dans la vie, pour peu que l’on ait de l’imagination... Cela n’a absolument rien à voir avec la conscience véritable, avec l’être psychique, rien du tout, mais ils viennent vous faire des phrases et vous raconter des histoires — tout ça, c’est dans les imaginations qui flottent. Si l’on pouvait voir, c’est-à-dire si vous pouviez voir cette atmosphère mentale, du mental physique, qui circule partout, qui vous fait mouvoir, qui vous fait sentir, qui vous fait penser, qui vous fait agir, oh! mon Dieu! vous perdriez beaucoup de vos illusions sur votre personnalité. Mais enfin c’est comme ça. Qu’on le sache ou non, c’est comme ça.

Il y a beaucoup d’âmes sur la terre, d’êtres humains... Évidemment ceux qui ont une certaine culture, un certain développement, une certaine individualisation, se rassemblent généralement : instinctivement, ils se mettent ensemble, ils forment des groupes. Et alors on peut trouver dans l’espace et dans le temps un nombre — pas considérable mais enfin assez grand — d’êtres cultivés qui sont réunis, mais il ne faut pas croire que cela donne la proportion exacte de la culture et du développement des êtres humains. C’est seulement comme une sorte d’écume qu’on a soulevée et qui est sur le dessus. Mais même parmi ceux-là, même parmi ces êtres qui sont déjà une sélection, il n’y en a peut-être pas un sur un millier qui soit un être vraiment individuel, conscient de lui-même, uni à son être psychique, gouverné par sa loi intérieure et, par suite, à peu près (sinon totalement) libre des influences extérieures parce que, étant un être conscient, quand ces influences viennent, il les voit : celles qui lui paraissent en accord avec son développement intérieur et sa croissance normale, il les accepte; celles qui sont en contradiction, il les refuse. Et alors, au lieu d’être un chaos — ou en tout cas un affreux mélange — ce sont des êtres organisés, individuels, conscients d’eux-mêmes, marchant dans la vie en sachant où ils veulent aller et comment ils veulent marcher.

Ça, si vous voulez, nous pouvons dire que ce sont des hommes. C’est-à-dire que c’est ce que la Nature peut produire de mieux en fait d’homme. Ce sont encore des hommes, mais c’est le sommet des hommes. Ils sont prêts à devenir quelque chose d’autre. Mais à moins qu’on ne soit ça, on est en grande partie encore un animal et un tout petit commencement d’homme. C’est seulement ça qu’on peut appeler un homme. Alors voilà, vous n’avez qu’à regarder en vous-mêmes et savoir... si vous êtes des hommes ou pas.

Au revoir.

Je le dis dans l’espoir que vous le deviendrez.









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