Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur son livre Éducation, et sur trois œuvres courtes de Sri Aurobindo : Les Éléments du Yoga, La Mère et Les Bases du Yoga.
Cet Entretien est basé sur le chapitre I de Les Bases du Yoga, « Calme, Paix, Équanimité ».
Quand on se détache du mental des pensées, est-ce que le mental pense encore?
Généralement, il continue à penser, mais cela ne vous affecte plus. Ce n’est pas exactement « penser », c’est comme une place publique, n’est-ce pas. Ça vient, ça circule, ça tourne, ça sort, ça revient, ça se croise, quelquefois ça s’entrechoque. C’est tout à fait comme une place publique. Ce sont des choses qui marchent comme ça (gestes).
La fabrique de pensées, c’est... ça ne se produit pas très souvent. Il y a quelques personnes qui ont une occupation spéciale, qui consiste à donner une forme spéciale à la force de pensée qui vient de dehors. Ce sont généralement les gens qui écrivent, les gens qui parlent, les gens qui professent, et les autres... C’est assez rare. Généralement, ça vient, ça va, ça revient, ça retourne, et si on se détache, on peut même regarder ça du dessus, comme si on regardait une place publique du sommet d’une tour. Alors cela devient très amusant. On peut même voir d’où vient la pensée, où elle va, ce qu’elle fait bouger, quelles sont les conséquences.
Mère, que veut dire « vital du mental » ?
Eh bien, n’est-ce pas, naturellement ce sont des mots de classification pour se faire comprendre; mais vraiment, chaque partie de l’être est elle-même divisée en quatre. Il y a un mental physique, un vital physique et un physique physique, et il y a même un psychique physique qui est par derrière. Eh bien, il y a un mental vital, un vital vital, un physique vital et aussi un psychique vital qui est là, derrière, caché. Et il y a un mental mental, un vital mental et un physique mental et un psychique mental qui est caché derrière. Et chacun correspond à un certain genre d’activité, et aussi à une certaine région, zone de la conscience et de l’être. Et ces zones, ou ces dimensions intérieures, correspondent à des zones et à des dimensions extérieures universelles, ou terrestres si vous voulez, pour simplifier le problème. Il y a un mental mental au-dedans de vous, il y a un mental mental dans l’atmosphère terrestre; et... comment dire... la densité de ces régions internes et externes est identique, le mode vibratoire est identique.
Si vous entrez consciemment dans votre mental mental, vous pouvez entrer consciemment dans le mental mental de la terre. Nous avons expliqué cela une fois, hein? On avait fait des sortes de dessins, non? Non, je ne parle pas du globe, je parle de... où on faisait les régions, n’est-ce pas.
Douce Mère, comment est-ce qu’on peut acquérir par une lutte une maîtrise mentale de ses impulsions?
Tous les gens qui sont éduqués le font. Il n’y a que le barbare qui ne le fait pas. C’est l’étoffe même de l’éducation, n’est-ce pas, parce qu’il est entendu que si l’on vit en société — en fait, même si l’on vit tout seul, mais encore beaucoup plus si l’on vit en société —, on ne peut pas faire tout ce que vos impulsions vous poussent à faire. C’est tout à fait impossible, n’est-ce pas. Depuis le moment où l’on est tout petit, l’occupation des éducateurs est de vous apprendre à maîtriser vos impulsions et à n’obéir qu’à celles qui sont conformes aux lois sous lesquelles vous vivez, ou à l’idéal auquel vous voulez vous conformer, ou aux usages du milieu dans lequel vous existez. La valeur de cette construction mentale qui gouvernera vos impulsions dépend beaucoup du milieu dans lequel on vit, et de la nature des parents, ou des gens qui vous éduquent. Mais que ce soit bon ou mauvais, médiocre ou excellent, c’est toujours le résultat d’un contrôle mental sur les impulsions. Quand les parents vous disent : « Tu ne dois pas faire cela », ou quand ils vous disent : « Tu vas faire ceci », c’est cela qui est un commencement d’éducation pour le contrôle du mental sur les impulsions.
Alors, l’homme de valeur ou l’homme qui est plus civilisé, il a toute une construction mentale à laquelle il faut qu’il se conforme pour être en accord avec l’idéal du milieu dans lequel il vit. Mais quelqu’un qui ne se conformerait pas au moins à un minimum de cette construction, serait considéré comme un sauvage et serait rejeté de la société immédiatement. En fait, les gens qui sont des criminels ou des demi-fous, ce sont des gens qui obéissent à leurs impulsions sans contrôle mental. Il n’y en a pas un seul d’entre vous qui fasse sans contrôle toutes les impulsions qui s’emparent de lui. Vous n’avez qu’à vous regarder vivre, vous passez votre temps à dire : « Non, ça, je ne peux pas le faire », ou : « Ça, je peux le faire », ou à refréner un mouvement ou à encourager un autre. Ça, c’est le contrôle mental.
Je pense que c’est seulement l’homme des bois qui n’en a pas, celui qui vivrait dans la jungle, n’est-ce pas, qui ne serait en contact avec aucun homme. Et encore, il faudrait qu’il se contrôle lui-même, parce qu’il pourrait lui arriver malheur s’il ne se contrôlait pas. Il faut tout de même que son mental agisse pour l’empêcher de faire des choses qui lui causeraient des désagréments sérieux. C’est cela, le propre de l’être humain. C’est d’avoir une sorte d’activité mentale en lui qui gouverne le reste de son être, plus ou moins. Et son degré de civilisation dépend justement du point auquel est arrivé ce contrôle, et naturellement, comme j’ai dit, de la valeur de la construction mentale qui contrôle.
Douce Mère, le mental physique et le mental mécanique sont-ils les mêmes?
Presque. N’est-ce pas, il y a une toute petite différence, mais pas beaucoup. Le mental mécanique est encore plus stupide que le mental physique. Le mental physique est celui dont nous avons parlé un jour, qui n’est jamais convaincu de rien.
Je vous ai raconté l’histoire de la porte fermée, n’est-ce pas. Eh bien, ça, c’est le propre du mental physique. Le mental mécanique est encore d’un degré inférieur, parce qu’il n’écoute même pas la possibilité d’une raison convaincante, et cela arrive à tout le monde. Mais généralement on ne le laisse pas fonctionner. Mais il vient répétant les mêmes choses, absolument d’une façon mécanique, sans rime ni raison, comme ça quand il lui prend une manie quelconque, il va... Par exemple, n’est-ce pas, s’il s’amuse à compter : « Un, deux, trois, quatre », alors il continuera : « un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre... » Et vous pensez à toutes sortes de choses, ça continue : « un, deux, trois, quatre », comme ça... (Mère rit) Ou ça attrape trois mots, quatre mots, et ça les répète, et ça continue à les répéter; et à moins qu’on ne se tourne avec une certaine violence, et qu’on ne lui assène un bon coup de poing, en lui disant : « Taistoi! », il continuera comme ça, indéfiniment.
Mère, les pensées et les idées appartiennent-elles exclusivement au monde mental?
Il y a des idées et des pensées qui viennent d’au-delà, et d’audessus, et alors celles-là, le mental leur donne seulement une forme. En fait, c’était ce que j’allais dire tout à l’heure. Le vrai écrivain, le vrai penseur, le vrai orateur, il ne construit pas des pensées dans sa tête, il reçoit une inspiration d’au-dessus, et en entrant dans le mental, cela se formule dans des mots. Mais l’origine de la pensée est très supérieure.
Mais toi, tu voulais dire : « Est-ce qu’il y a des pensées qui viennent d’en bas? » Ce ne sont pas des pensées. Ce sont justement des impulsions qui se traduisent dans la conscience par des mots, qui se formulent dans des mots, mais ce ne sont pas des pensées. Cela a un autre caractère.
Que veut dire exactement subconscient?
Subconscient? C’est ce qui est à moitié conscient, n’est-ce pas. Et on dit « sub », parce que cela veut dire « en dessous » de la conscience. C’est quelque chose qui est plus obscur que la conscience, mais qui, en même temps, est comme un substratum inférieur qui supporte la conscience. C’est comme des magasins généraux dans lesquels on puiserait quelque chose qui est assez informe, une substance informe que l’on pourrait traduire en des formes, ou traduire en des actions, ou traduire en des impulsions, ou traduire même en des sentiments. Mais c’est comme des magasins qui contiendraient une quantité considérable de choses suffisamment mélangées, pas très distinctes, mais qui seraient très riches en possibilités, seulement qu’il faudrait tirer à la lumière et organiser, classer, mettre en forme pour qu’elles aient une valeur. Tant qu’elles sont là, c’est une masse, un mélange — certainement subconscient, c’est-à-dire semi-conscient, à demi conscient — où tout est embrouillé. Cela manque d’organisation et de classification. C’est le propre de la conscience, d’organiser et de classer. Classification, mettre en ordre, arranger d’une façon logique... il y a toutes sortes de logiques, mais enfin une logique, un commencement de logique. Il y a des logiques de plus en plus hautes, de plus en plus supérieures. Mais même la logique préliminaire, c’est le premier travail de la conscience.
Mais la conscience est plongée — comme plongée par des racines — dans ce domaine, et pompe comme elle pomperait une sève; elle pompe constamment ce subconscient qu’elle doit transformer en quelque chose d’organisé. C’est pour cela que l’on passe son temps à refaire le même travail. Si l’on avait une petite quantité limitée de conscience qui vous soit propre (comme il y a des gens qui se l’imaginent), comme un petit sac plein de conscience, n’est-ce pas, qui est votre conscience à vous, eh bien, quand vous l’aurez bien mise en ordre, et bien organisée, votre travail sera fini, et vous pourrez être tranquille. Mais ce n’est pas du tout comme ça, ce n’est pas du tout comme ça.
Aussi bien qu’il y a des éléments de conscience qui s’échappent et qui s’évaporent, qui se répandent, il y a cette montée constante, comme d’un sol profond, de quelque chose qui demande à être rendu conscient. Et votre travail est perpétuellement à refaire. Mais on peut — si on est soigneux et attentif —, au lieu de refaire exactement la même chose chaque fois, on peut la refaire avec un petit progrès. Alors, le mouvement n’est pas un mouvement rectiligne, mais c’est un mouvement qui fait comme... n’est-ce pas... (mouvement en spirale) On a l’air quelquefois de retourner en arrière, mais c’est pour s’en aller de plus en plus en avant.
Peut-on avoir le silence sans avoir la paix ?
Peut-être, oui; c’est-à-dire que l’on peut avoir le silence dans le mental, et ne pas avoir la paix dans le cœur. Cela peut très bien arriver que le mental soit tout à fait silencieux et immobile, mais que tout de même, là, dans le cœur, cela vibre et cela batte. Cela prouve généralement que l’on est assez divisé. Mais il y a beaucoup de gens qui sont divisés. On peut même avoir le silence mental et ne pas avoir la paix dans le cœur. Cela peut très bien arriver que le mental soit tout à fait silencieux et immobile, mais que, tout de même, il reste des trépidations dans les nerfs qui peuvent être là à vibrer, à sauter, et que tout de même le mental soit tout à fait silencieux. Mais si l’on garde le silence assez longtemps, le reste nécessairement doit suivre.
La quiétude et le calme, c’est la même chose?
Quiétude et calme? Oui, à peu près.
Il y a évidemment des genres très différents de calme et des genres très différents de paix, et à chacun l’on pourrait donner un autre mot, un autre nom, si on voulait être tout à fait précis et exact. Mais alors, c’est un travail qui consiste à se construire un vocabulaire et, évidemment, quand on a à parler toujours aux mêmes personnes, et que le nombre est limité, on peut se construire un vocabulaire suffisamment précis pour qu’on n’ait plus besoin d’expliquer les mots dont on se sert.
Mais si vous communiquez avec le dehors, ou avec de nouvelles gens, il faudrait que vous recommenciez tout votre travail, parce que c’est une chose, en somme, assez... non seulement relative, mais assez arbitraire. Mes mots, on leur donne un certain sens, chacun leur donne un certain sens, et on ne se comprend bien que quand on a l’habitude de se parler, et qu’on s’est mis d’accord, au moins tacitement, sur le sens des mots que l’on emploie. Vous parlez à une nouvelle personne qui vient d’un milieu tout à fait différent — mettez, quelqu’un qui vient d’un autre pays que le vôtre —, et qui a, par exemple, un courant de pensées très, très différent. Eh bien, vous lui dites des choses, il ne comprend pas ce que vous lui dites. Il comprend quelque chose d’autre qu’il a dans sa tête, parce qu’il ne donne pas le même sens que vous aux mots que vous employez. C’est quand on a l’habitude de se parler, qu’on a pris le soin de préciser son vocabulaire, alors on peut se parler avec un minimum d’incompréhension, ou, si vous voulez, un maximum de compréhension.
Comment accepter la Grâce avec gratitude?
Ah! D’abord, il faut en sentir le besoin.
Cela, c’est le point le plus important. C’est d’avoir une certaine humilité intérieure qui vous rend conscient de votre infirmité sans la Grâce... que vraiment, sans elle, eh bien, vous n’êtes pas complet et vous êtes impuissant. D’abord, c’est la première chose.
C’est une expérience que l’on peut très bien avoir. Quand, n’est-ce pas, même des gens qui ne savent rien se trouvent dans des circonstances tout à fait difficiles, ou devant un problème à résoudre, ou justement une impulsion à surmonter, ou quelque chose qui les a dérangés... et puis, ils s’aperçoivent qu’ils sont perdus, ils ne savent pas quoi faire — ni avec leur tête, ni avec leur volonté, ni avec leurs sensations —, ils ne savent pas quoi faire, alors ça, il y a au-dedans quelque chose comme une sorte d’appel qui se produit, un appel à quelque chose qui peut ce que l’on ne peut pas. On aspire à quelque chose qui est capable de faire ce que l’on ne peut pas faire.
Cela, c’est la première condition. Et alors, si l’on se rend compte que c’est seulement la Grâce qui peut faire cela, que cette situation dans laquelle vous vous trouvez, seule la Grâce peut vous tirer de là, vous donner la solution et la force d’en sortir, alors, tout naturellement s’éveille en vous une aspiration intense, une conscience qui se traduit par une ouverture. Si vous appelez, si vous aspirez, et que vous espérez avoir une réponse, vous vous ouvrirez tout naturellement à la Grâce.
Et après, il faut faire bien attention à ceci : la Grâce vous répondra, la Grâce vous tirera d’embarras, la Grâce vous donnera la solution de votre problème ou vous sortira de votre difficulté, mais une fois que vous êtes tiré d’embarras et que vous êtes sorti de votre difficulté, n’oubliez pas que c’est la Grâce qui vous a tiré de là, et ne croyez pas que c’est vousmême. Parce que ça, c’est le point important. La majorité des gens, dès que la difficulté est passée, ils disent : « Après tout, je me suis bien tiré d’embarras. »
Voilà. Et alors, vous fermez la porte — cadenassée, n’est-ce pas —, et vous ne pouvez plus rien recevoir. Il vous faut encore une angoisse aiguë, une difficulté terrible pour que cette espèce de stupidité intérieure fléchisse, et que vous vous rendiez compte une fois de plus que vous ne pouvez rien. Parce que c’est seulement quand vous vous rendez compte que vous êtes impuissant que vous commencez à être un petit peu ouvert et plastique. Mais tant que vous croyez que ce que vous faites, cela dépend de votre propre habileté et de votre propre capacité, vraiment, non seulement vous fermez une porte, mais, n’est-ce pas, vous fermez un tas de portes l’une sur l’autre, et cadenassées. Vous vous enfermez dans une forteresse, et rien ne peut entrer là. Ça, c’est le grand inconvénient. On oublie très vite. Tout naturellement, on se satisfait de sa propre capacité.
Mais Mère, même quand on essaye de croire qu’on est impuissant, il y a quelque chose qui croit qu’on est puissant. Alors?
Ah oui, ah oui! Ah, c’est très difficile d’être sincère... C’est pour cela que les coups se multiplient et que quelquefois ils deviennent terribles, parce que c’est la seule chose qui brise votre stupidité. C’est cela, la légitimation des malheurs. Ce n’est que quand vous vous trouvez dans une situation aiguë et devant, vraiment, une chose qui vous affecte profondément, alors, cela fait fondre un peu de la stupidité. Mais comme tu dis, même quand il y a quelque chose qui fond, il y a encore un petit quelque chose qui reste là-dedans. Et c’est pour cela que ça dure si longtemps...
Combien il faut de coups dans la vie pour savoir, jusqu’au fond, qu’on n’est rien, qu’on ne peut rien, qu’on n’existe pas, qu’on n’est rien, qu’il n’y a pas d’entité sans la Conscience divine et la Grâce. Du moment où on le sait, c’est fini, toutes les difficultés sont parties — mais quand on le sait intégralement, et qu’il n’y a rien qui résiste. Mais jusqu’à ce moment-là... Et cela prend très longtemps.
Pourquoi est-ce que le coup ne vient pas d’un seul coup ?
Parce qu’il vous tuerait. Pour que le coup soit assez fort pour vous guérir, simplement, il vous écraserait, il vous mettrait en bouillie. C’est seulement en procédant petit à petit, petit à petit, très progressivement, que vous pouvez continuer à exister. Naturellement, cela dépend de la force intérieure, de la sincérité intérieure, et de cette capacité de progrès, de profiter de l’expérience, et comme je disais tout à l’heure, de ne pas oublier. Si on a le bonheur de ne pas oublier, alors on va beaucoup plus vite. On peut aller très vite. Et si l’on a en même temps cette force morale intérieure, qui fait que quand le fer rouge est là, au lieu d’essayer de jeter de l’eau dessus pour l’éteindre, on va jusqu’au fond de l’abcès, alors là, cela va très vite aussi. Mais il n’y a pas beaucoup de gens qui soient assez forts pour cela. Au contraire, ils font bien vite comme ça, comme ça, comme ça (gestes), pour cacher, pour se cacher à eux-mêmes. Combien de jolies petites explications l’on se donne, combien d’excuses l’on accumule pour toute les sottises que l’on a faites!
Le nombre des coups, Douce Mère, est-ce que cela dépend des gens?
Oui, cela dépend des gens; cela dépend, comme j’ai dit, de leur capacité de progrès, et de leur puissance, et de leur résistance. Mais je connais bien peu de gens qui n’aient pas du tout besoin de coups.
Mère, le coup qui vient, c’est le coup de Mahâkâlî?
Le coup? Pas nécessairement.
Si tu avales un poison et que tu sois empoisonné, ce ne sera pas la faute de Mahâkâlî. C’est toi qui auras avalé le poison. Si l’on se met dans une condition absolument ridicule, on est dans un état qui doit nécessairement vous faire casser la tête, le bras ou le dos, parce que vous êtes dans un état d’équilibre qui n’en est pas; vous ne pouvez pas accuser les forces divines. C’est la conséquence mécanique normale de la stupidité qui est faite, de l’état intérieur.
Quel est le caractère du coup de Mahâkâlî?
Cela vous rend très heureux. Cela vous fait chaud au cœur, comme ça, bien. On est tout content.
Pour l’avoir, il faut aspirer, ou ça vient naturellement?
Oui, il faut avoir une sincérité dans l’aspiration, vouloir vraiment le progrès. Il faut vraiment dire : « Oui, je veux progresser », avec une sincérité... « Quoi que ce soit qui arrive, je veux progresser. » Alors, cela vient.
Mais comme je dis, cela vient avec une puissance de plénitude qui contient une joie intense. Quand on a pris une décision, que l’on a décidé de boucler quelque chose en soi, justement de ne pas refaire une bêtise que l’on a faite, ou de faire quelque chose que l’on trouve impossible et difficile à faire, et que l’on sait qu’elle doit être faite, et quand on a pris la décision et qu’alors on a mis la pleine sincérité de sa volonté, eh bien, quand un coup formidable vient pour vous obliger à faire ce que vous avez décidé de faire, c’est un coup, mais on se sent glorifié, on est tout content; c’est magnifique, n’est-ce pas, on sent quelque chose de magnifique, là (Mère désigne le cœur).
Il y a une si grande différence entre les malheurs qui vous viennent, justement, parce que vous êtes dans une conscience purement extérieure, mécanique, physique, et que vous êtes dans un état d’ignorance qui vous fait faire toutes les sottises possibles — qui naturellement portent leurs conséquences, fatalement —, il y a une si grande différence entre cela et l’état tout à fait supérieur auquel on s’élève quand on a décidé que l’on se surmonterait soi-même, que l’on ne vivrait que dans la conscience de la vérité, que coûte que coûte, quoi que ce soit que cela coûte de progresser, on progressera... Et les choses qui vous arrivent à ce moment-là sont si pleines de sens, on voit si bien en elles cette vérité qui brille, cette lumière qui vous éclaire sur le chemin comme si l’on avait un phare, là, pour vous guider... On voit si clair! Ce n’est plus comme quelque chose qui vous écrase, comme un bloc de pierre qui vous tombe sur le dos. C’est un éblouissement.
C’est pour cela que l’on dit toujours : il n’y a que le premier pas qui coûte. Le premier pas, cela veut dire : sortez de ce niveau-là, et montez à celui-ci. Après cela, tout, tout change.
Mais il faut absolument sortir de ce niveau-là, il ne faut pas y rester, il ne faut pas essayer d’avoir un pied ici et un pied là, parce que cela ne marche pas.
Voilà, mes enfants.
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