CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles de la Mère - I Vol. 14 of CWM (Fre) 422 pages 2009 Edition
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Les textes publiés dans ce volume sont, pour l’essentiel, des écrits de la Mère sur Sri Aurobindo et sur elle-même, sur l’Ashram, Auroville, l’Inde et le monde.

Paroles de la Mère - I


Troisième partie

L'Ashram de Sri Aurobindo




Quitter l’Ashram

Je ne vous conseille pas de partir. Quant à X., eu égard aux circonstances que vous décrivez, il vaudrait mieux pour elle, au lieu de partir, que quelqu’un vienne ici pour l’aider. Pouvezvous arranger cela ?

Bénédictions.

25 février 1939


Je n’étais guère d’accord avec le départ de X., mais pour le vôtre je ne suis pas d’accord du tout, et je ne comprends pas pourquoi il vous faudrait abandonner votre travail, interrompre votre sâdhanâ et la mettre en danger, parce qu’elle choisit de retourner dans son village.

Je ne trouve pas que cette décision soit bonne ni juste, ni pour vous, ni pour votre aspiration spirituelle, aussi j’espère que vous l’examinerez sous cet angle et que vous la réviserez.

3 mai 1939


Je ne veux certainement pas vous rendre malheureux et si votre conscience vous tiraille au point que vous ne puissiez pas le supporter, je ne peux pas vous empêcher de partir.

4 mai 1939


Si vous êtes convaincu qu’un séjour au lieu de votre naissance soulagera votre corps, je ne peux pas vous refuser mon autorisation. Vous pouvez vous mettre en route le 1er juin comme vous le suggérez

30 mai 1939


Mère,

Il paraît que le docteur X. a exprimé le désir d’emmener les peintres de l’Ashram au fort de Gingi. Pour ma part, je désire vous faire savoir que je n’ai pas très envie d’y aller. J’en aurais envie seulement si vous pensez qu’il est bon pour moi d’y aller, et que vous le souhaitez. Ce n’est pas pour moi une question de désir. Je souhaite toujours faire ce qui vous plaît, aussi je vous demande votre avis et souhaite que vous me fassiez connaître votre opinion sans réserve ni hésitation. J’éprouve plus de plaisir à vous satisfaire et à suivre vos instructions qu’à satisfaire un désir.

Pranâm.

Il vaut mieux ne pas y aller; ce genre d’excursion n’est pas très favorable à la vie spirituelle.

Avec mon amour et mes bénédictions.

24 décembre 1940


Les raisons invoquées par X. ne sont pas très convaincantes. Mais si son désir de partir persiste à ce point, elle peut s’en aller — vous avez tout à fait raison de penser que vous ne devriez pas partir.

Mes bénédictions.

5 mai 1941


Vous pouvez aller voir votre père — mais je voudrais que vous partiez seulement lorsque l’école fermera, c’est-à-dire après le 2 décembre et que vous soyez rentré avant le 1er janvier quand l’école rouvrira — car il ne faut pas négliger les cours.

Avec mon amour et mes bénédictions.


J’ai du mal à comprendre comment X. qui s’est immergé dans le yoga pendant tant d’années, que vous considériez comme étant de l’étoffe des saints, a pu s’éloigner peu à peu de vous et tomber hors de la vie yoguique.

Votre psychologie est faussée par un excès de simplification. Vous accordez une importance exagérée à un aspect de la question en faisant abstraction du reste. Une personne peut posséder certaines qualités sans être parfaite; et dans le subconscient se trouve l’inverse. Si l’on ne prend pas soin d’éliminer cette contradiction, à n’importe quel moment, sous la pression des circonstances, ce qui est dans le subconscient peut surgir avec force et provoquer un effondrement, ce qu’on appelle une chute hors du Yoga.

30 novembre 1943


Si quelqu’un que vous avez déclaré être par nature un « saint » peut s’éloigner de la vie yoguique après tant d’années, je ne puis m’empêcher d’être vraiment triste et découragé.

Je pourrais vous faire remarquer que rien d’irrémédiable ne s’est produit. Bien entendu, plus on se sera écarté du chemin, plus la conversion pour y revenir devra être radicale; mais un retour est toujours possible.

22 décembre 1943


La Mère sait sûrement qu’une certaine personne est du genre à se rebeller ou à végéter, et en tout cas, à quitter l’Ashram. Sachant cela, pourquoi lui a-t-elle permis de rester à l’Ashram pendant plusieurs années? Pourquoi ne lui dit-elle pas que son séjour est inutile ou qu’elle peut partir quand elle veut?

Parce qu’on donne à chacun toutes ses chances et qu’il peut toujours se produire une ouverture inattendue et une conversion.

24 juin 1958


J’ai bien reçu votre lettre et je l’ai lue.

Il vaudrait mieux éclaircir quelques points.

Premièrement, il n’est jamais sage de s’attendre à de la gratitude de la part des gens, surtout de la part des domestiques.

Deuxièmement, lorsque celui qui plaisante est seul à s’amuser, c’est ce qu’on appelle une mauvaise plaisanterie.

Enfin, il n’est pas nécessaire d’attacher de l’importance aux opinions des gens, parce qu’elles sont seulement le résultat passager d’impressions passagères; d’autres circonstances et de nouvelles impressions les changeront facilement.

Mais pour ramener le calme, je crois qu’il serait plus sage pour vous de changer de logement et de laisser le temps atténuer la tension.

Je dois toutefois ajouter que si vous vous sentez malheureux ici et que l’atmosphère est trop difficile à supporter, je ne peux en aucune façon vous demander de rester en dépit de cette épreuve.

7 octobre 1959


Je ne vois aucune utilité à ce que vous alliez à Tiruvannamalaï excepté si vous aimez le tourisme.

5 septembre 1964


Mère divine,

Dois-je retourner en Amérique et organiser là-bas la collecte des fonds et la diffusion du Yoga pour vous et Sri Aurobindo ? Ou bien est-ce simplement mon vital agité qui parle? Je ne souhaite pas me dérober au combat ici, si tel doit être mon rôle. Mais j’ai depuis peu le sentiment que ma place est peut-être en Amérique.

Alors, ce que je demande en réalité, c’est : quel est mon rôle et où le jouer?

Il serait infiniment préférable pour le travail et pour vous-même que vous restiez ici.

30 mai 1966


Mon cher enfant,

Tu es mon fils et je suis ta mère pour l’éternité.

Ne te fais aucun souci, je prends l’entière responsabilité de ton développement spirituel et tu peux vivre à l’Ashram du moment que tu t’y sens chez toi et que tu te consacres sincèrement à l’Œuvre Divine.

Avec mon amour et mes bénédictions.

13 décembre 1966


Le chemin n’est pas facile.

Seuls peuvent rester ici ceux qui sentent profondément, audedans d’eux-mêmes, que c’est ici le seul endroit au monde où ils peuvent vivre.

Ce sentiment peut — et doit — venir en toi, mais en attendant il vaut mieux retourner dans le monde et voir ce qu’il a à t’offrir.

Je serai toujours avec toi dans ton aspiration à un avenir plus vrai.

Bénédictions.

3 juillet 1968


Ici se trouve le plus grand champ d’expérience possible, puisqu’il s’étend des activités les plus matérielles jusqu’aux régions les plus spirituelles en couvrant tous les plans intermédiaires.

Par conséquent, si vous sentez le besoin de partir d’ici pour faire « votre expérience d’homme », comme vous dites, c’est que vous voulez avoir la liberté de faire toutes les bêtises que vous avez envie de faire, sans être sous le contrôle direct d’une conscience de vérité qui vous montrerait que ce sont des sottises.

Les expériences véritables qui doivent être faites pour le progrès individuel, ne dépendent pas des circonstances ni du milieu dans lequel on vit, mais de l’attitude intérieure et de la volonté de progrès.


Si tu veux trouver ton âme, la connaître et lui obéir, reste ici à tout prix.

Si ce n’est pas le but de ta vie et que tu es prête à vivre la vie de l’immense majorité des hommes, tu peux certainement retourner dans ta famille.


X. voudrait savoir si elle peut choisir cette vie ou si elle doit se contenter de la vie ordinaire.

Le fait qu’elle se trouve ici prouve qu’il y a une aspiration quelque part dans son être et avec de l’aide, cette aspiration pourra se répandre dans l’être tout entier.


Pour répondre à votre question, « où est ma place? », le monde est plein de gens comme vous, aussi vous trouveriez bien votre place dans ce monde, si — car il y a un si — vous n’étiez pas divisé contre vous-même. La cause de tous vos ennuis vient de ce que vous ne vous entendez pas avec vous-même, ou plutôt votre être extérieur et ses actes ne s’accordent pas du tout avec votre âme, et comme votre âme est assez éveillée, c’est ce conflit qui vous pose un problème.

Une fois qu’on a une âme éveillée, il n’est pas facile de s’en débarrasser. Alors mieux vaut obéir à ses ordres.

Je ne puis mieux vous aider que par ce conseil.


Se pourrait-il que vous soyez impatient parce que vous croyez avancer lentement?

Êtes-vous agité et impatient de goûter bientôt les fruits de vos efforts?

De plus, je ne vois pas comment le fait de vous replonger — ne serait-ce que pendant quelques semaines — dans cette atmosphère qui est précisément la cause de la croûte épaisse dont votre âme doit percer la surface pour se faire sentir extérieurement, pourrait vous aider le moins du monde à vous débarrasser des « obstacles tenaces ».

Vous êtes bien conscient de l’aspiration et du but de votre âme; vous êtes bien conscient de ce que veut votre âme et de ce qu’elle attend de vous à l’avenir. Seules les conséquences de cette formation physique actuelle font obstruction. Alors c’est seulement par un travail soutenu et patient sur ces obstacles que la difficulté sera résolue.

Aussi, du point de vue du yoga, « prendre des vacances » serait « abdiquer » devant l’obstination de la résistance. Pour moi cela est tout à fait clair.

Mais êtes-vous bien sûr que ce n’est pas le souvenir d’un attachement, tapi dans quelque coin du mental, qui vous fait réagir, à votre insu, à l’insistance d’une pression venue de l’extérieur? Dans ce cas il faudrait examiner le problème sous un autre angle.


Il est évident que ton être intérieur n’est pas très fort et qu’il n’a pas le pouvoir de contrebalancer l’influence pernicieuse d’un entourage plein de doutes stériles, de pessimisme défaitiste, d’égoïsme et d’infidélité.

Notre chemin n’est pas facile, il exige un grand courage et une endurance inlassable. Il faut beaucoup travailler et faire de grands efforts de tranquille stabilité pour obtenir des résultats parfois très peu perceptibles extérieurement.

Il y a beaucoup d’êtres humains qui ont besoin de se rouler dans la boue pour sentir la nécessité de se nettoyer.

Si le désir est trop persistant pour que tu aies la force de le surmonter, demande aux gens que tu connais de te trouver une position (ce n’est généralement pas trop difficile pour les jeunes gens qui sortent de l’Ashram) et va faire face à la vie ordinaire jusqu’à ce que tu apprennes la vraie valeur de la vie que tu auras quittée.

Il faut de l’héroïsme pour être un précurseur; car en général, les hommes n’ont foi que dans ce qui est déjà accompli, évident, visible et reconnu même par les plus sceptiques.


Je regrette de vous voir partir et j’espérais que ce ne serait pas nécessaire. Mais si vous vous sentez si malheureux et si peu sûr de vous-même, mieux vaudrait partir pour quelque temps et recouvrer votre équilibre. Je laisserai la porte ouverte et aussitôt que vous serez assez fort, vous reviendrez.

Mes bénédictions sont avec vous et seront toujours avec vous.

Et si, la prochaine fois, vous pouvez venir pour le yoga et mener la vie divine, alors tout deviendra facile.


Heureuse si votre séjour ici a pu élargir votre vision, votre compréhension et approfondir votre conscience.









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