Les textes publiés dans ce volume sont, pour l’essentiel, des écrits de la Mère sur Sri Aurobindo et sur elle-même, sur l’Ashram, Auroville, l’Inde et le monde.
Les textes publiés dans ce volume sont, pour l’essentiel, des écrits de la Mère sur Sri Aurobindo et sur elle-même, sur l’Ashram, Auroville, l’Inde et le monde. Ce livre comporte en outre une sélection de ses messages, de sa correspondance avec les disciples et de ses notes personnelles.
Nous ne sommes pas ici pour faire de la politique, mais pour servir le Divin.
Sri Aurobindo pense qu’il ne nous est pas possible d’intervenir par télégramme dans une affaire politique de cette nature. Tout au plus pourriez-vous écrire à X. pour lui faire part de votre opinion personnelle sur la meilleure conduite à suivre dans ces circonstances douloureuses et difficiles.
Avec notre amour et nos bénédictions.
24 février 1939
J’ai reçu la lettre de X. Tu peux lui écrire : « Il est absolument hors de question que quiconque associé à l’Ashram intervienne dans des activités politiques quelles qu’elles soient. » Il ne doit pas aller voir Y. (ce serait inutile de toute façon). S’il allait le voir et que Y. nous en parlait, nous serions obligés de désavouer sa démarche et de dire qu’elle n’a pas reçu notre approbation.
3 juin 1939
Sri Aurobindo et moi nous opposons à ce que qui que ce soit, ici, corresponde avec X. et surtout en reçoive de l’argent, parce qu’en dépit du fait qu’il a vécu quelques mois ici, nous ne savons rien de lui, sauf le peu que lui-même nous en a dit.
D’après certaines observations qu’il a faites en passant, il semble qu’il soit violemment pro-nazi et ne s’en cache pas, et toute relation avec lui pourrait, en ces temps troublés, attirer de sérieux ennuis à l’Ashram.
25 juin 1940
Ce matin de bonne heure, votre mental est venu me trouver et m’a posé quelques questions auxquelles j’ai répondu. J’ai noté les questions et les réponses, afin que votre conscience extérieure puisse en tirer profit.
« Pourquoi n’êtes-vous pas en colère contre le Gouvernement britannique quand il agit d’une telle façon contre les intérêts de l’Ashram? »
Pourquoi être en colère? C’est tellement naturel qu’ils agissent ainsi, puisque c’est dans leur intérêt et qu’ils en ont le pouvoir.
« Mais ce n’est ni juste ni charitable! »
Quand avez-vous vu un gouvernement être juste et compatissant? Dans leurs agissements extérieurs ils sont tous les mêmes.
« Mais alors pourquoi prenez-vous parti pour l’un contre l’autre? »
C’est une tout autre histoire et cela dépend du jeu des forces qui agissent sous la surface. Certaines forces travaillent pour le Divin, d’autres sont tout à fait antidivines dans leurs visées et leur but.
Si les nations ou les gouvernements, qui sont des instruments aveugles des forces divines, étaient aussi parfaitement purs et divins dans leur façon de penser et d’agir que dans l’inspiration qu’ils reçoivent avec tant d’ignorance, ils seraient invincibles parce que les forces divines sont elles-mêmes invincibles. C’est le mélange inhérent à la manifestation extérieure qui donne à l’Asura le droit de leur infliger une défaite.
C’est facile d’être un instrument efficace des forces âsouriques, parce qu’elles s’emparent de tous les mouvements de votre nature inférieure et en font usage, si bien que vous n’avez aucun effort spirituel à faire.
Inversement, pour devenir un bon instrument de la force divine vous devez vous purifier parfaitement, car c’est seulement dans un instrument intégralement divinisé que la Force Divine peut agir avec toute sa puissance et toute son efficacité.
4 juillet 1940
Le monde est aujourd’hui dans une situation critique. Le destin de l’Inde est en jeu. À une certaine époque, l’Inde était absolument en sécurité. Il n’y avait aucun danger qu’elle soit victime d’une agression âsourique. Mais les choses ont changé. Les gens et les forces, en Inde, ont agi de telle façon qu’ils ont attiré sur elle les influences âsouriques : ces influences ont travaillé insidieusement et miné la sécurité qui y régnait.
Si l’Inde est en danger, Pondichéry ne peut pas espérer rester en dehors de la zone de danger. Pondichéry partagera le destin du reste du pays. La protection que je peux donner n’est pas inconditionnelle. Il est vain d’espérer qu’en dépit de tout, la protection sera là sur tous. Ma protection est là si les conditions sont remplies. Il va sans dire que toute sympathie ou tout appui pour les Nazis (ou l’un quelconque de leurs alliés) brise automatiquement le cercle de protection. En dehors de ce facteur extérieur évident, certaines conditions psychologiques plus fondamentales doivent être remplies. Le Divin ne peut donner protection qu’à ceux qui sont fidèles de tout leur cœur au Divin, qui vivent vraiment dans l’esprit de la sâdhanâ et qui gardent leur conscience et leurs préoccupations fixées sur le Divin et sur le service du Divin. Le désir, par exemple, l’attachement à ses goûts et à ses commodités, tous les mouvements d’hypocrisie, d’insincérité, de mensonge, sont de grands obstacles qui empêchent le Divin d’exercer sa protection. Si vous cherchez à imposer votre volonté au Divin, c’est comme si vous appeliez une bombe à tomber sur vous. Je ne dis pas que les choses arriveront nécessairement de cette façon, mais il est très probable qu’elles arriveront si les gens ne deviennent pas conscients et strictement vigilants et s’ils n’agissent pas dans le véritable esprit d’un chercheur spirituel. Si l’atmosphère psychologique reste la même ici que dans le monde extérieur, aucun mur de sécurité ne pourra s’opposer à l’entrée des Forces obscures qui, au-dehors, œuvrent pour soumettre le monde aux épreuves du danger, de la souffrance et de la destruction.
25 mai 1941
On vient de me mettre au courant du bruit si stupide que vous avez fait courir hier, et je dois vous demander de ne plus recommencer une chose pareille. Toute cette histoire, c’est bien compris, est ridicule et si fausse qu’elle ne contient pas un brin de vérité. Mais les gens sont tellement stupides qu’ils sont prêts à croire n’importe quoi et, en tout cas, à répéter n’importe quoi; et si jamais il était dit que l’Ashram répand de tels bruits, cela nous attirerait les ennuis les plus désagréables et même les plus dangereux.
Je suis sûre que vous comprendrez ce que je veux dire et je vous envoie mon amour et mes bénédictions.
11 février 1946
Je vous l’ai déjà dit : de telles manœuvres politiques ne doivent pas provenir de l’Ashram; cela pourrait nous valoir une montagne d’ennuis.
Dans le cas du présent imbroglio, je vous demande d’être fidèle à votre foi en Sri Aurobindo et en moi et de nous laisser la responsabilité de la destinée de X. Si de par la vérité de son être il doit être libéré, il le sera sûrement.
Avec mon amour et mes bénédictions.
14 février 1946
Nous l’avons dit et répété, tout esprit de clocher est tout à fait déplacé à l’Ashram et ne saurait être toléré.
Je regrette de dire que la réunion d’hier a fait montre de la tendance la plus étroite et la plus stupide à cet esprit de clocher, ce qui m’oblige à mettre fin de façon fort désagréable à de telles rencontres.
1er avril 1946
Déclaration
Sri Aurobindo s’est retiré de la politique et, dans son Ashram, une des règles les plus importantes est de s’abstenir de toute politique — non pas parce que Sri Aurobindo s’est désintéressé des événements mondiaux, mais parce que la politique, telle qu’elle est pratiquée, est une chose basse et laide, entièrement dominée par le mensonge, la tromperie, l’injustice, l’abus de pouvoir et la violence; parce que pour réussir dans la politique il faut cultiver en soi l’hypocrisie, la duplicité et l’ambition sans scrupule.
La base indispensable à notre yoga est la sincérité, l’honnêteté, l’absence d’égoïsme, le don de soi désintéressé à l’œuvre à accomplir, la noblesse de caractère et la droiture. Ceux qui ne pratiquent pas ces vertus élémentaires ne sont pas des disciples de Sri Aurobindo et leur place n’est pas à l’Ashram. C’est pourquoi je refuse de répondre aux accusations imbéciles et sans fondement qui sont formulées contre l’Ashram par des esprits pervertis et mal intentionnés.
Sri Aurobindo a toujours aimé profondément sa Mère Patrie, mais il l’a voulue grande, noble, pure et digne de sa grande mission dans le monde. Il n’accepte pas qu’elle se ravale au niveau sordide et grossier des intérêts aveugles et des préjugés ignorants. C’est pourquoi, en plein accord avec sa volonté, nous élevons bien haut l’étendard de la Vérité, du progrès et de la transformation humaine, sans nous soucier de ceux qui, par ignorance, stupidité, envie ou mauvaise volonté, s’efforcent de le salir et veulent le traîner dans la boue. Nous le dressons très haut afin que ceux qui ont une âme puissent le voir et s’assembler autour de lui.
25 avril 1954
Il est important et urgent que les membres de votre Parti de l’Unité s’élèvent à un niveau de conscience plus haut et cessent ces manœuvres politiques mesquines qui consistent à s’en prendre aux personnes. Ils doivent apprendre à se battre pour la Vérité et la Réalisation Divine et non contre un parti politique. Du point de vue du Divin, il y a une vérité dans toute conviction sincère. C’est au cours de l’application mentale et pratique dans la vie et l’action que le mensonge apparaît et déforme tout. Pour tous ceux qui sont plus ou moins associés à l’Ashram et veulent baser leur action sur l’enseignement de Sri Aurobindo et sur le mien, l’heure est venue de s’abstenir de ces mouvements inférieurs de polémique politicienne et de demeurer sur les hauteurs de l’esprit.
J’attends de vous que vous preniez immédiatement les dispositions nécessaires dans ce sens.
31 janvier 1955
Il est bien entendu que l’Ashram ne fait pas de politique et ne s’intéresse pas aux élections.
25 juin 1955
La politique est en plein mensonge, et nous n’avons rien à voir avec elle.
Les hommes se servent de la moralité comme d’un bouclier pour se protéger de la Vérité.
Seule la Volonté Divine est justifiable. Et c’est cela que les hommes, dans toutes leurs actions, travestissent et déforment.
Certains, qui voient les choses d’une manière superficielle, pourraient se demander comment il se fait que l’Ashram, qui existe dans cette ville depuis tant d’années, n’est pas aimé de la population.
La première réponse qui vient à l’esprit, c’est que tous ceux qui, dans cette population, sont d’un niveau plus élevé, par la culture, l’intelligence, la bonne volonté et l’éducation, ont non seulement bien accueilli l’Ashram, mais aussi exprimé leur sympathie, leur admiration et leurs bons sentiments. À Pondichéry, l’Ashram a beaucoup de partisans et d’amis sincères et fidèles.
Cela dit, notre position est claire.
Nous ne luttons contre aucune croyance, aucune religion.
Nous ne luttons contre aucune forme de gouvernement.
Nous ne luttons contre aucune caste, aucune classe sociale.
Nous ne luttons contre aucune nation, aucune civilisation.
Nous luttons contre la division, l’inconscience, l’ignorance, l’inertie et le mensonge.
Nous nous efforçons d’établir sur terre l’union, la connaissance, la conscience, la vérité; et nous luttons contre tout ce qui s’oppose à l’avènement de cette création nouvelle de Paix, de Vérité et d’Amour.
16 février 1965
Lorsque l’Ashram a été attaqué [en 1965], j’ai essayé d’être confiant et paisible, en vous appelant à l’aide. N’était-ce pas dissimuler ma timidité sous un manteau ?
Ne mets jamais en doute une telle expérience. C’est exactement l’état dans lequel tous auraient dû se trouver, celui que j’ai essayé de faire descendre sur l’Ashram, et s’il avait été partagé par tous, rien n’aurait pu arriver, les attaques les plus violentes auraient été vaines.
1965
Mère est avec tous ceux qui sont sincères et aspirent à une vie divine au-dessus de tout parti et de toute politique.
26 mars 1971
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