CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles de la Mère - III Vol. 16 of CWM (Fre) 447 pages 2009 Edition
French

ABOUT

Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie.

Paroles de la Mère - III

The Mother symbol
The Mother

Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie : le Divin et l’univers, la religion, l’occultisme, les forces adverses, la guerre, le gouvernement, la transformation, la santé et la maladie, ainsi que des messages, des prières et des conversations.

Collection des œuvres de La Mère Paroles de la Mère - III Vol. 16 447 pages 2009 Edition
French
 PDF   

Deuxième partie

Entretiens




Le 22 janvier 1951

La Fonction Du Mental La Compréhension Du Point De Vue De L’autre

Cet entretien est basé sur le texte de la Mère intitulé « La science de vivre ». (Éducation, p. 5-8)

« Le mental n’est pas un instrument de connaissance; il lui est impossible de trouver la connaissance, mais il doit être mis en mouvement par elle. La connaissance appartient à un domaine beaucoup plus élevé que celui de la mentalité humaine, bien au-dessus de la région des idées pures. Le mental doit être silencieux et attentif pour recevoir la connaissance d’en haut et pour la manifester; car il est un instrument de formation, d’organisation et d’action; et c’est dans ces fonctions qu’il prend sa pleine valeur et sa réelle utilité. »

Le mental est « un instrument de formation, d’organisation et d’action ». Pourquoi? Le mental donne une forme aux pensées. Ce pouvoir de formation forme des entités mentales avec une vie indépendante du mental qui les a formées — elles agissent comme des êtres au moins semi-indépendants. On peut former une pensée et elle peut se déplacer, aller trouver quelqu’un, répandre l’idée qui est en elle. Il y a une substance mentale comme il y a une substance physique et, dans ce domaine-là, le mental peut émettre d’innombrables formes et on peut objectiver ces formes et les voir, et c’est là une des explications les plus courantes des rêves. Car, quand on est actif et que les yeux physiques voient physiquement, il y a des gens qui peuvent en même temps voir mentalement. Mais quand on dort, les yeux sont fermés, le physique est endormi et le vital et le mental deviennent actifs. Dans le domaine mental, toutes les formations que le mental a faites, de véritables « formes » qu’il a données aux pensées, reviennent et se présentent à vous comme venant de l’extérieur et vous donnent des rêves. La majorité des rêves, c’est ça. Il y a des gens qui ont une vie mentale très consciente et qui peuvent aller dans le domaine mental et s’y mouvoir avec la même indépendance qu’on a dans la vie physique, c’est-àdire avoir des nuits objectives mentalement. Mais la plupart des gens ne sont pas capables de ça — c’est leur activité mentale qui continue durant leur sommeil et qui prend des formes, et ces formes produisent pour eux ce qu’ils appellent des rêves.

Il y a un exemple très fréquent — il est amusant parce qu’il est un peu vif, n’est ce pas! Si pendant la journée vous vous êtes querellé avec quelqu’un, vous avez envie, peut-être, de lui donner des coups, de lui dire des choses très désagréables... Vous vous contrôlez, vous ne le faites pas, mais votre pensée, votre mental a travaillé et quand vous dormez vous avez tout d’un coup un rêve terrible : quelqu’un vient vers vous avec un bâton, et vous vous donnez des coups et vous avez une véritable bataille. Et quand vous vous réveillez, si vous ne savez pas, si vous ne comprenez pas ce qui est arrivé, vous vous dites : « Quel rêve désagréable j’ai eu! » Mais en réalité, c’est votre propre pensée qui est revenue vers vous comme ça... Alors méfiez-vous quand vous rêvez que quelqu’un est méchant avec vous! D’abord, il faut se dire : « Mais est ce que je n’ai pas eu une mauvaise pensée contre lui? »

Les pensées sont de véritables entités qui, généralement, persistent jusqu’à ce qu’elles soient réalisées. Il y a des gens qui sont obsédés par leurs propres pensées. Ils pensent quelque chose et la pensée revient et tourne dans la tête comme si c’était quelque chose du dehors. Mais ce sont leurs propres formations qui reviennent ainsi constamment et se cognent contre leur formateur, c’est-à-dire le mental. Ça, c’est un aspect. Vous n’avez jamais eu l’expérience d’une pensée qui prend la forme de mots, d’une phrase dans votre tête, et ça vient et ça revient? Mais si vous êtes assez habile pour prendre un papier et un crayon et l’écrire, c’est fini — ça ne revient plus, vous l’avez mise en dehors de vous. La chose a eu la petite satisfaction d’une manifestation suffisante et elle ne revient plus.

Et une chose beaucoup plus intéressante : si votre pensée est mauvaise, si elle ne vous plaît pas et qu’elle vous dérange, vous l’écrivez avec beaucoup d’attention, très soigneusement, en y mettant autant de conscience et de volonté que vous pouvez; vous prenez ensuite le papier et, en vous concentrant, vous le déchirez avec la volonté que la pensée soit déchirée de la même façon. Comme ça vous pouvez vous en débarrasser.

Le mental est un instrument d’organisation. Dans le domaine extérieur, il y a des gens qui ont un mental lui-même organisé, qui ont organisé leurs propres idées (et notez que ce n’est pas une chose très fréquente!), leurs propres pensées; mais si vous regardez au-dedans de vous, vous verrez que vous avez des pensées très contradictoires et si vous n’avez pas pris soin de les organiser, elles cohabitent pour ainsi dire dans votre tête et elles y font un désordre complet.

Par exemple, j’ai connu quelqu’un qui pouvait en même temps avoir dans sa tête les idées les plus mystiques et les idées les plus positivistes, c’est-à-dire les idées les plus matérialistes, les négations de tout ce qui n’est pas purement la matière; tout ça n’était pas organisé et cette personne était constamment ballottée d’un côté à l’autre dans une confusion constante. Notez que je ne désapprouve pas que l’on ait toutes ces idées : c’est bon de pouvoir regarder les choses de tous les côtés à la fois, et comme nous avons dit l’autre jour, il y a un moyen de concilier les idées les plus contraires, mais il faut en prendre la peine : il faut les organiser dans sa tête, autrement on vit dans un chaos. J’ai remarqué une autre chose : les gens qui ont du désordre dans leur tête gardent leur chambre et leurs affaires dans un désordre analogue. J’ai vu des gens qui n’avaient aucun ordre dans leur esprit et si vous ouvrez un tiroir de leur commode ou de leur armoire, c’est une confusion effroyable — tout est pêle-mêle. Il y a des gens qui sont intelligents et qui ont des papiers sur lesquels ils écrivent des notes — des auteurs par exemple —, mais si par hasard ils ont besoin d’un de ces papiers, ils doivent passer une heure à le chercher en tournant tout sens dessus dessous! Ou ils trouvent le papier dans la corbeille à papier ou dans le tiroir où on met les mouchoirs. Enfin, c’est comme ça, n’est ce pas!

Il y a des gens qui ne sont peut-être pas très intelligents, mais qui ont pris la peine de mettre en ordre les quelques idées qu’ils ont; si vous ouvrez une armoire, vous verrez qu’ils ont très peu de choses, mais ces choses sont bien rangées, bien en ordre, parce qu’ils ont organisé les choses matérielles de la même façon qu’ils ont organisé leurs pensées. Le mental est donc un instrument d’organisation.

Ceux qui ont le pouvoir d’organisation peuvent d’abord organiser leurs petites affaires personnelles, ensuite leur vie et les événements de leur vie; ils ont peut-être la responsabilité d’un certain nombre de gens : ils peuvent organiser une entreprise, une école, n’importe quoi, n’est ce pas; ou s’ils ont le pouvoir gouvernemental, ils peuvent organiser un pays. Il y a des gens qui ont ce pouvoir d’organisation et d’autres qui ne l’ont pas.

Je vais vous donner un exemple de quelqu’un qui avait ce don d’organisation. C’est une histoire ancienne et on peut toujours raconter les histoires anciennes, n’est ce pas! J’ai connu Sir Akbar Hydari qui était d’abord ministre des finances de Hyderabad et, après, son premier ministre. Avant lui, les finances de Hyderabad étaient dans ce chaos dont j’ai parlé et le gouvernement était toujours en déficit. C’était un pays riche qui n’aurait pas dû être dans cette condition. Alors, Sir Akbar est arrivé; il est devenu ministre des finances et, dès la première année, ils ont eu quelques lakhs de bénéfice et tout était si merveilleusement organisé que c’était peut-être un des seuls pays au monde où les gens n’avaient pas à payer de taxes... Ils ne payaient ni taxes ni impôts et jamais l’État n’était en déficit et cela a duré tout le temps qu’il était ministre. Mais il est tombé malade, il a été obligé de s’en aller; finalement il est mort. Il a été remplacé par quelqu’un qui n’avait pas son don d’organisation et immédiatement, dès la première année, ils avaient de nouveau 17.000 lakhs de déficit! 24 C’était le même pays, n’est ce pas, avec le même rendement, les mêmes gens, mais le merveilleux don d’organisation de Sir Akbar n’y était plus. Ça, c’est une histoire vraie. Il y a très peu de gens qui ont ce don.

C’est comme si vous aviez un très grand nombre de choses disparates en face de vous : en faire toutes les combinaisons possibles prendrait un siècle. Il y a des gens qui n’ont pas besoin de faire cela — ils ont la vision, ils savent immédiatement où placer les choses et établir un rapport d’organisation entre elles, afin de créer quelque chose d’ordonné et d’organisé. Il est indispensable dans la vie d’avoir cette capacité d’organisation; et si vous voulez apprendre à organiser, commencez par organiser votre tiroir et vous finirez par organiser votre tête! Ce sont les deux choses que certains doivent faire. Il faut d’abord voir les idées dans votre tête avant de pouvoir les organiser — en tout cas vous pouvez voir vos mouchoirs et vos costumes! Mais vous verrez qu’il faut y appliquer un soin pour arriver à un arrangement intelligent — ne pas mettre les choses dont vous vous servez tous les jours sous les choses que vous utilisez une fois par mois!

Le mental est aussi un instrument d’action. Les pensées forment les plans. La pensée forme le plan d’action et, avec cette formation dont je vous parlais d’entités indépendantes et agissantes, elle met en mouvement les autres parties de l’être (le vital et le physique) et les pousse vers une action. Il arrive souvent, n’est ce pas, que vous ayez une pensée vers une action quelconque; vous ne la faites pas immédiatement, mais la pensée qui veut se manifester dans cette action revient sans cesse. Vous entendez peut-être dans votre tête les mots : « Il faut que je fasse ça, il faut que je fasse ça », jusqu’à ce que vous lâchiez tout et que vous fassiez ce que vous avez « pensé ». Eh bien, ça c’est le pouvoir d’action du mental. Avant de l’avoir, il faut apprendre à organiser, à harmoniser et à maîtriser votre mental. Mais quand on a ce pouvoir, on peut commencer à agir volontairement, tandis que la plupart des gens sont ballottés par des pensées dont ils n’ont même pas suivi la formation.

Il y a beaucoup de gens dont les pensées viennent de dehors, qui n’ont pas pris le soin d’organiser leur mentalité qui est une sorte de place publique. Alors toutes les pensées qui viennent du dehors s’y rencontrent; il y a parfois des batailles, on ne peut plus bouger, on n’y voit pas clair, etc. Il y a aussi des gens qui sont dans un état mental plus ou moins atone. Tout d’un coup, ils se trouvent en face de quelqu’un dont le mental est bien organisé et ils commencent à penser clairement, et des choses qu’ils ne savaient pas une minute avant. Il y en a d’autres, au contraire, qui normalement pensent très clairement, ils savent exactement ce qui se passe dans leur tête. Mais ils arrivent en face de certaines gens et tout devient confus, vague, embrouillé, ils n’arrivent pas à attraper le fil de leurs pensées et ne savent plus ce qu’ils veulent dire. Ce sont les effets de la contagion et cette contagion mentale est constante. Il y a très peu de gens qui ne reçoivent pas des pensées de dehors. J’ai connu des gens — beaucoup — qui, par exemple, avaient une foi très forte, voyaient très clair en eux-mêmes, savaient très bien ce qu’ils voulaient faire, etc. Mais ils se trouvaient au milieu d’autres gens, ils essayaient d’attraper tout ça, ils voulaient l’exprimer, mais ils ne le trouvaient plus; cela avait été remplacé par quelque chose qui bougeait dans une sorte de confusion semi-obscure et ils se sentaient incapables de formuler leur pensée qui était auparavant très claire.

Il y a un autre phénomène qui est considéré comme un phé nomène spirituel, mais qui est spirituel seulement d’une façon indirecte : c’est quand vous vous trouvez à côté de quelqu’un qui a maîtrisé la pensée en lui et qui a le silence mental, vous sentez tout d’un coup ce silence descendre en vous, et une chose qui vous était impossible une demi-heure avant devient tout d’un coup une réalité. Ça, c’est un phénomène assez rare.

« Une autre habitude qui peut être profitable au progrès de la conscience, consiste, lorsqu’on est en désaccord avec quelqu’un sur un sujet quelconque, une décision à prendre, une action à accomplir, à ne jamais rester enfermé dans sa propre conception, son propre point de vue. Au contraire, il faut s’efforcer de comprendre le point de vue de l’autre, de se mettre à sa place, et au lieu de se disputer ou même de se battre, il faut trouver la solution qui puisse raisonnablement satisfaire les deux parties : il y en a toujours une pour les gens de bonne volonté. »

Je dis ça surtout pour les gens d’action qui ont une pensée directe et formatrice, très active, dynamique. Ils voient les choses d’une façon linéaire et c’est nécessaire pour agir; ils voient qu’une chose doit être faite « comme ça ». Une autre personne peut avoir une pensée aussi dynamique et dire : « Non, ça doit être fait comme ça. » Donc on se dispute, on n’arrive pas à se mettre d’accord. Mais on peut se taire une minute et regarder la chose calmement. L’autre personne n’est pas nécessairement de mauvaise volonté — son point de vue peut être vrai ou partiellement vrai —, il s’agit de savoir pourquoi elle pense comme ça. Alors, on s’arrête, on réfléchit et on essaye de s’identifier avec le point de vue de l’autre, de se mettre à sa place, de se dire : « Il a peut-être une raison pour penser comme ça, et elle est peut-être meilleure que la mienne. » Et, de cette façon, il faut tâcher de trouver la solution qui peut raisonnablement satisfaire les deux partis. Ça, c’est très important quand il s’agit d’affaires matérielles. Chacun, naturellement, ne voit que son point de vue personnel et son point de vue personnel est toujours intéressé. On a beaucoup de peine à admettre un autre point de vue, car ce point de vue peut vous être « detrimental » [préjudiciable]. Ceci est une vérité absolue quand il s’agit de nations. Si les nations, au lieu de se disputer continuellement pour des choses qui sont évidentes et de soutenir leur propre intérêt et de ne voir que leur angle personnel, c’est-à-dire l’angle de la personnalité nationale, si au lieu de faire tout ça, elles tâchaient de comprendre que chaque nation a son droit de vivre sur terre et qu’il ne s’agit pas d’enlever ce droit, mais de trouver un compromis qui peut satisfaire tout le monde... Il y a toujours une solution, mais à une condition (pas pour trouver la solution, mais pour la mettre en pratique), c’est que les individus et les nations soient de bonne volonté.

S’ils n’ont pas de bonne volonté, s’ils savent parfaitement bien qu’ils ont tort mais cela leur est absolument égal, s’ils veulent leur intérêt même s’ils ont tout à fait tort, alors il n’y a rien à faire — il n’y a qu’à laisser les gens se battre et se détruire réciproquement. Mais si, au contraire, il y a bonne volonté réciproque, il y a toujours une bonne solution.

Pouvez-vous définir « compromis » ?

C’est une solution intermédiaire. Ce n’est pas toujours le juste milieu. Il faut trouver une sorte d’harmonisation.

Je vais vous raconter une autre histoire, celle d’un marchand qui partait en voyage et qui dit à son voisin : « Je pars, je ne sais quand je reviendrai... Gardez-moi ce grand pot, je le reprendrai quand je reviendrai. » Après quelque temps, le voisin a été tenté d’ouvrir le pot — il l’a fait et il a trouvé sous une épaisse couche de poussière... des pièces d’or! Cela représentait pour lui une grosse tentation; il commença à se dire : « Peut-être que mon ami est mort, peut-être qu’il ne reviendra plus... à quoi ça sert de garder tout cet argent là-dedans? Et justement, j’ai tant besoin d’argent! » Alors il en prend, un peu, encore un peu, beaucoup jusqu’à ce que tout l’or qui était dans le pot soit parti. Les olives qui cachaient l’or étaient pourries, n’est ce pas, et il les a jetées.

Alors, voilà le marchand qui revient et qui dit à son voisin : « Rends-moi mon pot. » Quelques jours plus tard, le voisin rend le pot tout couvert de poussière, comme il était avant. Le marchand ouvre le pot et trouve seulement des olives fraîches, tout l’or est parti. Il va chez le juge et explique ce qui est arrivé. Mais le juge dit : « Comment est ce que je puis être sûr que tu dis la vérité? Peut-être le voisin est sincère. » Ils se disputaient et ne pouvaient trouver une solution. Le marchand, qui avait mal à la tête, se disait : « Je vais me promener en ville ce soir. » Il est donc allé à travers la ville et, tout d’un coup, il voit des enfants qui étaient en train de jouer et ils avaient un pot : il y avait aussi le marchand, le voisin et le juge! Le juge disait au voisin : « Ouvremoi ce pot. Mais je ne vois que des olives fraîches! Depuis combien de temps le marchand était-il parti? » — « Depuis deux ans et demi. » — « Vraiment? Alors vous n’avez pas pu garder les olives fraîches pendant si longtemps? Vous n’avez pas par hasard enlevé ce qui était dans le pot pour le remplacer par les olives fraîches? » Le voisin s’enfuit. Le marchand se disait : « Eh bien, ces enfants sont beaucoup plus intelligents que moi, ils ont trouvé la solution immédiatement. » Il est donc retourné chez son voisin pour lui poser les mêmes questions et, naturellement, celui-ci n’avait plus rien à dire et a été obligé d’admettre la vérité.









Let us co-create the website.

Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.

Image Description
Connect for updates