CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles de la Mère - III Vol. 16 of CWM (Fre) 447 pages 2009 Edition
French

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Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie.

Paroles de la Mère - III

The Mother symbol
The Mother

Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie : le Divin et l’univers, la religion, l’occultisme, les forces adverses, la guerre, le gouvernement, la transformation, la santé et la maladie, ainsi que des messages, des prières et des conversations.

Collection des œuvres de La Mère Paroles de la Mère - III Vol. 16 447 pages 2009 Edition
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Deuxième partie

Entretiens




Le 6 janvier 1951

Une Transformation Intégrale

Cet entretien est basé sur les textes de la Mère intitulés « Transformation » et « Ce qu’un enfant doit toujours se rappeler ». (Éducation, p. 88-89, 143-44)

« Nous voulons une transformation intégrale, la transformation du corps et de toutes ses activités. Mais il est un premier pas, tout à fait indispensable, qui doit être accompli avant que rien d’autre ne puisse être entrepris; c’est la transformation de la conscience. (...) Cependant ceci n’est qu’un commencement, car la conscience extérieure, les différents plans et parties de l’être extérieur et actif ne se transforment que lentement et graduellement comme une conséquence de la transformation intérieure. »

Pourquoi est ce que je fais une distinction entre la transformation intégrale et la transformation de conscience dont j’ai déjà parlé? Quel est le rapport entre la conscience et les autres parties de l’être? Quelles sont ces autres parties?

Cette transformation de la conscience est une chose qui arrive à tous ceux qui ont fait une discipline yoguique et qui sont devenus conscients de la Présence divine ou de la vérité de leur être. Je ne dis pas que beaucoup de gens ont réalisé cela, mais en tout cas assez de gens. Quelle est la différence entre cette expérience et la transformation intégrale?

Dans la transformation intégrale la nature extérieure est transformée en même temps que la conscience intérieure, c’est-à-dire le caractère, les habitudes, etc., changent complètement, ainsi que les pensées et la façon mentale d’envisager les choses.

Oui, mais il y a quelque chose qui reste le même, à moins que l’on ne prenne des précautions et que l’on ne continue son effort. Qu’est ce que c’est? La conscience du corps. Quelle est la conscience du corps?... La conscience vitale, c’est entendu — la conscience physique dans son ensemble. Mais alors, dans cette conscience physique dans son ensemble, il y a le mental physique qui s’occupe de toutes les choses ordinaires, qui réagit à tout ce qui vous entoure. Il y a aussi la conscience vitale, en effet, qui est la conscience des sensations, des impulsions, des enthousiasmes et des désirs. Il y a enfin la conscience physique elle-même, la conscience matérielle, la conscience du corps, et c’est ça qui, jusqu’à présent, n’a jamais été totalement transformé. La conscience globale, la conscience d’ensemble du corps a été transformée, c’est-à-dire qu’on peut se passer de l’esclavage de la pensée, des habitudes et que l’on ne les considère plus comme étant inévitables — ça peut changer, ça a été changé; mais ce qui reste à changer est la conscience cellulaire.

Il y a une conscience dans les cellules; c’est cela que l’on appelle « la conscience du corps » et qui est tout à fait attaché au corps. Cette conscience-là a beaucoup de difficulté à changer parce qu’elle est sous l’influence de la suggestion collective qui s’oppose absolument à cette transformation. Alors il faut lutter avec cette suggestion collective, et pas seulement avec une suggestion collective du temps présent, mais une suggestion collective qui appartient à la conscience terrestre dans son ensemble, la conscience humaine terrestre depuis la première formation humaine; il faut que cela soit vaincu avant que les cellules puissent avoir spontanément conscience de la Vérité, de l’éternité de la matière.

Jusqu’à présent, il est entendu que ceux qui ont eu cette transformation consciente, qui sont conscients de la vie éternelle et infinie au-dedans d’eux, dans les profondeurs de leur être, doivent, pour garder cette conscience, se référer constamment à leur expérience intérieure, retourner à leur contemplation intérieure, vivre dans une sorte de méditation plus ou moins constante; et quand ils en sortent, leur nature extérieure est à peu près ce qu’elle était auparavant et leur façon de penser et de réagir n’est pas très différente, à moins qu’ils ne renoncent totalement à toute action, mais dans ce cas la réalisation intérieure, cette transformation de la conscience est utile seulement pour l’individu qui l’a faite, mais elle ne change en rien l’état de la matière ou de l’existence terrestre.

Il faut, pour que cette transformation soit effectuée, que tous les êtres humains, même tous les êtres vivants et l’ensemble de la matière autour d’eux soient transformés, autrement les choses resteront ce qu’elles sont — l’expérience individuelle ne peut changer la vie terrestre, c’est la différence essentielle entre l’ancienne conception de la transformation, c’est-à-dire la prise de conscience avec l’être psychique et la vie intérieure, et la transformation telle que nous la concevons, telle que nous en parlons. Non seulement l’individu, un ensemble d’individus, même la totalité des individus, mais la vie, la conscience d’ensemble de la vie matérielle plus ou moins développée doivent être transformés. Sans cette transformation, nous aurons la même misère, les mêmes malheurs et les mêmes horreurs dans le monde dont certains individus échapperont par leur développement psychique, mais l’ensemble restera dans les mêmes conditions de misère.

Si l’on ne change que la conscience intérieure, on peut avoir toujours des impuretés dans l’être extérieur, n’est-ce pas?

Oui, évidemment. C’est là la différence essentielle entre notre yoga et les disciplines yoguiques anciennes qui ne s’occupaient que de la conscience intérieure. Les croyances anciennes disaient (et quelques-uns interprètent la Bhagavad Gîtâ comme ça), qu’il n’y a pas de feu sans fumée, pas de vie sans l’ignorance de la vie. C’est l’expérience générale, mais ce n’est pas ce que nous concevons, n’est ce pas?

Nous savons par expérience que si l’on descend dans le subconscient, plus bas que la conscience physique, dans le subconscient et plus bas encore dans l’inconscient, on peut trouver en soi l’origine de l’atavisme, ce qui vient de la première éducation et du milieu dans lequel on a vécu et cela donne une sorte de caractéristique particulière à l’individu, à sa nature extérieure, et généralement il est entendu qu’on est né comme ça et que l’on reste comme ça. Mais en descendant dans le subconscient, dans l’inconscient, on peut remonter à la source de cette formation et défaire ce qui a été fait, changer par une action volontaire consciente les mouvements et les réactions de la nature ordinaire et ainsi transformer véritablement son caractère. C’est une chose qui n’est pas faite d’une façon courante, mais qui a été faite, alors on peut affirmer que c’est une chose plus que faisable, qui a été faite; c’est le premier pas de la transformation intégrale, mais après ça il y a cette transformation cellulaire dont je parlais.

Il y a un article de Sri Aurobindo dans un des Bulletins qui décrit par quelles étapes l’être physique dans sa totalité peut être changé. Et c’est ça qui n’a jamais été fait jusqu’à présent.

Est-ce que l’inconscient en soi-même appartient à l’être individuel ou à la terre?

L’inconscience n’est pas individualisée et quand vous descendez dans l’inconscient en vous-même, vous descendez dans l’inconscient de la matière — on ne peut pas dire que chaque individu a son inconscient, car ce serait déjà un commencement d’individualisation, et quand vous descendez dans l’inconscient, vous descendez dans l’inconscient, peut-être pas universel, mais en tout cas terrestre.

La lumière, la conscience qui descend dans cet inconscient pour le transformer doit être forcément une conscience qui est suffisamment proche pour pouvoir le toucher. On ne peut pas concevoir une lumière, par exemple la lumière supramentale, qui aurait le pouvoir d’individualiser l’inconscient. Mais, à travers un être conscient individualisé, cette lumière peut être amenée dans l’inconscient et petit à petit le rendre conscient.

D’abord c’est le subconscient qui doit devenir conscient, et la principale difficulté de la transformation intégrale est justement que les choses surgissent constamment du subconscient. On pense avoir maîtrisé un certain mouvement, la colère, par exemple. Vous faites beaucoup d’efforts pour contrôler votre colère; vous réussissez dans une certaine mesure et, tout d’un coup, elle resurgit, on ne sait pourquoi, comme si vous n’aviez rien fait et il faut tout recommencer. Si c’était la partie transformée de l’être qui recommençait à être comme ça, ce serait très décourageant, mais ce n’est pas ça; c’est la partie, la vie matérielle qui est pour ainsi dire appuyée, supportée par une vie subconsciente, et ce subconscient commence justement à s’individualiser autour des individus, est en affinité avec un genre de subconscient comme le nôtre, et c’est là que les choses que vous avez refoulées, chassées de votre nature, descendent, et puis un jour elles remontent. Mais si vous arrivez à amener la lumière dans le subconscient et à le rendre conscient, la chose n’arrivera plus.

On a souvent l’expérience suivante : on se bat contre un défaut, un mauvais mouvement, avec plus ou moins de succès, mais juste au moment où l’on renonce peut-être à une victoire complète, la chose vous est enlevée comme de l’extérieur. Pourquoi?

Il y a deux raisons principales. Dans un cas pareil, on peut devenir tout d’un coup réceptif et, dans un état de réceptivité, vous recevez l’aide nécessaire pour éliminer le défaut, et cette aide devient effective. L’autre raison est que, en continuant votre effort avec patience et persévérance, vous avez, peut-être à votre insu, touché la source de la difficulté dans le subconscient et, une fois que vous avez touché cette source-là, il est facile de transformer ce que vous avez voulu transformer en vous, mais cette transformation peut vous donner l’impression de venir « de l’extérieur », parce que vous ne vous rendiez pas compte de ce qui s’est passé; ça ne vient pas du dehors, c’est hors de votre conscience active et vous vous rendez compte seulement du « résultat » de votre action. Cela peut être une de ces deux choses ou toutes les deux à la fois.


Une Sincérité Absolue Ce Qu’un Enfant Doit Toujours Se Rappeler

« La nécessité d’une sincérité absolue.

La certitude que finalement la vérité triomphera.

La possibilité du progrès constant avec la volonté de l’accomplir. »

Pourquoi est ce que j’insiste sur une sincérité absolue? Les petits enfants ne comprennent peut-être pas ce que c’est la sincérité, mais les grands enfants doivent le savoir! Vous avez passé tous par l’enfance et vous devez vous souvenir de ce qu’on vous a enseigné, de ce qu’on vous a dit quand vous étiez petits. Les parents disent presque toujours à leurs enfants : « Il ne faut pas mentir, il est très vilain de mentir », mais le malheur est qu’ils mentent devant vous, et vous vous demandez alors pourquoi ils désirent de vous quelque chose qu’ils ne font pas eux-mêmes.

Mais à part cela, pourquoi est ce que j’insiste sur ce fait qu’il faut dire aux enfants depuis le plus petit âge que c’est une nécessité absolue d’être sincère? Je ne parle pas de ceux qui ont été élevés dans une famille ordinaire, avec les idées ordinaires. Il est très fréquent que l’on enseigne aux enfants à être plus malins que les autres, à dissimuler pour bien paraître devant les autres, etc. Il y a des parents qui essayent de mener les enfants par la peur, et de toutes les méthodes d’éducation, c’est la plus détestable, car c’est justement un encouragement au mensonge, à la dissimulation, à l’hypocrisie et tout le reste. Tandis que si vous êtes constamment à expliquer aux enfants quelque chose comme ceci : si vous n’êtes pas absolument sincères non seule ment vis-à-vis des autres, mais aussi vis-à-vis de vous-mêmes, si vous essayez à aucun moment de dissimuler vos imperfections et vos défauts, eh bien, vous ne ferez jamais de progrès, vous resterez toujours à travers la vie tout entière ce que vous êtes, sans jamais faire un progrès. Par conséquent, si vous voulez simplement sortir de l’état inconscient primaire pour rentrer dans une conscience progressive, la chose la plus importante, la chose qui est absolument importante, c’est la sincérité. C’est quand vous avez fait quelque chose que vous ne devez pas faire qu’il faut le reconnaître vis-à-vis de vous-mêmes; quand vous avez fait un mouvement qui n’était pas admirable, vous devez le regarder bien en face en vous disant « ce n’était pas bien » ou bien « c’était dégoûtant » ou encore « c’était méchant ».

Et ne vous imaginez pas qu’il y ait des gens qui échappent à cette règle, parce que vous ne pouvez pas vivre dans le monde physique sans participer à la nature physique, et la nature physique est essentiellement mélangée. Vous verrez, quand vous deviendrez absolument sincères, que vous n’avez rien en vous qui soit absolument sans mélange; mais c’est seulement quand vous vous regardez bien en face, à la lumière de votre conscience la plus haute, que ce que vous voulez faire disparaître de votre nature disparaîtra. Sans cet effort vers la sincérité absolue, le défaut, la petite ombre restera dans un coin en attendant le moment de sortir.

Je ne parle pas du vital, qui est hypocrite, je ne parle que du mental. Si vous avez une petite sensation désagréable, un petit malaise, comme ce mental vous donne vite des explications favorables! Il dit que c’est la faute de celui-ci, la faute des circonstances, que vous avez bien fait, que vous n’êtes pas responsables, et ainsi de suite. Si vous regardez bien en vousmêmes, vous verrez que c’est comme ça et vous trouverez ça très amusant aussi! Si un enfant commence de très bonne heure à se regarder bien en face, à s’observer avec droiture pour ne pas se tromper lui-même et pour ne pas tromper les autres, cela deviendra une habitude qui lui évitera bien des luttes plus tard.

Je parle ici aux parents et aux professeurs, car il est très important d’apprendre aux enfants que ça ne sert absolument à rien d’« avoir l’air » d’être sage, d’avoir l’air d’être obéissant, d’avoir l’air de bien apprendre, etc. Très souvent, la façon d’agir des parents et des professeurs vis-à-vis des enfants est de les encourager à « avoir l’air ». Il arrive souvent que si un enfant confesse spontanément sa faute, il reçoit une gronderie. Ça, c’est une des plus grandes fautes des parents. Il faut être suffisamment maître de soi pour ne jamais gronder un enfant, même s’il vous a cassé un objet très précieux et que vous aimez beaucoup. On doit simplement lui demander : « Comment as-tu fait cela ? », « Qu’est ce qui s’est passé? » Car il faut que l’enfant voie pourquoi la chose est arrivée, afin qu’il puisse être plus attentif la prochaine fois, mais c’est tout. Par ce moyen-là, vous arriverez à ce que l’enfant soit sincère avec vous au lieu d’essayer de vous tromper.

Le plus grand obstacle à la transformation du caractère individuel est l’hypocrisie. Si vous vous rappelez toujours cela quand vous vous trouvez en face d’un enfant, vous pouvez lui faire beaucoup de bien. Naturellement, il faut simplement lui faire comprendre qu’il y a une noblesse dans l’être, une grande pureté, un grand amour de la beauté, qui est tellement fort que même les êtres les plus méchants et les plus criminels, quand ils se trouvent en face d’un acte vraiment beau, vraiment héroïque, vraiment désintéressé, ils sont obligés de s’incliner. Car il y a dans les êtres humains une Présence, la Présence la plus merveilleuse du monde et, à l’exception de quelques très rares cas dont je n’ai pas besoin de parler ici, cette Présence est endormie dans le cœur (pas le cœur matériel, mais le centre psychique) de tous les êtres, et quand cette Splendeur se manifestera avec une suffisante pureté, elle éveillera en tout être l’écho de cette Présence.

Pourquoi l’insincérité reçoit-elle une telle sanction de la société?

Parce que la société ne pense qu’à réussir.

Y a-t-il une distinction entre sincérité et loyauté?

Il y a toujours une distinction entre deux choses différentes. Naturellement il est très difficile, je suppose, d’être loyal sans être sincère et vice versa, mais j’ai connu des êtres qui étaient loyaux mais qui manquaient d’une certaine sincérité. Le contraire aussi n’est pas rare. Les deux choses ne se suivent pas automatiquement, mais il est évident que l’honnêteté, la droiture, la loyauté et la sincérité sont des proches parents. Je pense que c’est très difficile pour un être d’être parfaitement sincère sans être loyal et honnête, mais cela demande un maximum naturellement.

La loyauté n’est-elle pas limitée par un sentiment envers quelque chose ou quelqu’un ? La sincérité est plus vaste?

Oui, en effet. La loyauté implique un certain rapport hiérarchique, pour ainsi dire, avec quelqu’un ou quelque chose; il y a une sorte d’interdépendance. Selon l’idée courante, la loyauté veut dire tenir la parole donnée, remplir son devoir scrupuleusement, etc.

L’individu qui se trouve tout seul dans une forêt peut pratiquer la sincérité dans sa totalité, mais on ne peut pratiquer la loyauté que dans la vie sociale, en rapport avec d’autres êtres. Celui qui se consacre entièrement à un acte de dévotion intérieure vis-à-vis de la Présence divine peut être loyal à cette Présence. Cela implique un rapport avec quelque chose en face de vous, ou un rapport avec l’universel.

Les généraux allemands étaient loyaux envers Hitler, mais ils n’étaient pas sincères envers eux-mêmes.

Là, vous touchez à un problème très compliqué. Peut-être qu’ils étaient sincères vis-à-vis de leur idéal propre. Vous ne savez pas. J’ai connu des êtres qui étaient les instruments les plus actifs contre la vie divine, contre la réalisation divine; eh bien, dans une certaine mesure, ils étaient très loyaux vis-à-vis de leur idéal et très sincères dans leur [...] 21 On appelle ces êtres des asuras, mais comme je viens de dire, ils étaient sincères vis-à-vis de leur idéal propre.

Alors la sincérité ne suffit pas?

Je n’ai pas dit qu’ils avaient une sincérité absolue. J’ai simplement dit qu’ils étaient très sincères. Il y avait peut-être dans un coin de l’être quelque chose qui n’essayait pas de savoir plus qu’il ne savait. C’est fort probable.

Il y a des êtres qui croient avoir atteint la sincérité absolue.

Quand on est sûr d’avoir atteint la sincérité absolue, on peut être sûr que l’on est plongé dans le mensonge!









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