Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie.
Ce volume se compose de brèves communications écrites de la Mère sur différents aspects du yoga et de la vie : le Divin et l’univers, la religion, l’occultisme, les forces adverses, la guerre, le gouvernement, la transformation, la santé et la maladie, ainsi que des messages, des prières et des conversations.
L’expérience Du 5 Novembre 1958
Le Message de l’Année 1959
Tout au fond de l’inconscience la plus dure, la plus rigide, la plus étroite, la plus suffocante, j’ai touché un ressort tout-puissant qui m’a projetée d’un seul coup dans une immensité sans forme et sans limite où vibrent les semences d’un monde nouveau.
Voici l’origine de ce message.
Hier soir à la classe 27, je me suis aperçue que ces enfants qui avaient eu toute une semaine pour préparer des questions sur le texte que nous lisons, n’en avaient pas trouvé une seule. Une somnolence terrible! Un manque total d’intérêt! Quand j’ai eu fini la lecture, je me suis dit : « Mais qu’est ce qu’il y a donc dans ces cerveaux qui ne s’intéressent à rien qu’à leurs petites affaires personnelles? Enfin qu’est ce qui se passe là-dedans, derrière ces formes? »
Alors pendant la méditation, j’ai commencé à descendre dans l’atmosphère mentale de ceux qui m’entouraient, à la recherche de la petite lumière, de ce qui répond. Et j’ai été littéralement tirée en bas comme dans un trou.
Dans ce trou, je vois encore ce que j’ai vu : je descendais comme dans une faille entre deux rochers, abrupte, des rochers qui étaient faits de quelque chose de plus dur que le basalte, noirs, métalliques en même temps, avec des arêtes si aiguës — on avait l’impression que si on les touchait seulement, on serait écorché. C’était comme sans fin et sans fond, et cela devenait de plus en plus étroit, de plus en plus étroit, comme un entonnoir, si étroit qu’il n’y avait presque plus la place, même pour la conscience, de passer. Le fond était invisible, un trou noir, et ça descendait, descendait, descendait, sans air, sans lumière, juste une sorte de lueur, comme une réflexion sur le sommet des roches, d’une lueur qui venait d’au-delà, de quelque chose qui pouvait être le ciel, mais qui était invisible. Je continuais à glisser le long de cette faille, et je voyais les arêtes, les roches noires, coupées au ciseau, luisantes comme une coupure fraîche, le bord si tranchant que c’était comme un couteau. Il y en avait une là, une là, une là, partout, tout autour. Et j’étais tirée, tirée, tirée, je descendais, descendais, descendais, cela n’en finissait plus et devenait de plus en plus comprimant, étouffant, suffocant.
Physiquement le corps suivait, il participait à l’expérience. La main qui était sur le bras du fauteuil avait glissé, puis l’autre, puis la tête se penchait d’un mouvement irrésistible. Alors je me suis dit : « Il faut tout de même que cela cesse, parce que si cela continue, je vais avoir ma tête par terre! » (la conscience était ailleurs, mais je voyais mon corps du dehors.) Et je me suis demandée : « Mais qu’est ce qu’il y a donc au fond de ce trou? »
À peine avais-je formulé cette question, ce fut comme si j’avais touché un ressort qui se trouvait au fond du trou, un ressort que je n’avais pas vu mais qui a agi instantanément, avec une puissance formidable, et d’un seul coup m’a fait jaillir tout droit en l’air; j’ai été projetée hors de cette faille dans une immensité sans limite, sans forme, qui était infiniment confor table — pas exactement chaude, mais qui donnait une impression confortable de chaleur intime. Après cette descente assez pénible, c’était une sorte de superconfort, une aide, une aise au maximum. Et mon corps tout de suite a suivi le mouvement, ma tête s’est redressée d’un seul coup toute droite. Et je vivais tout cela sans objectiver le moins du monde; je ne me rendais pas compte de ce que c’était, je ne cherchais aucune explication de ce qui se passait, c’était comme c’était, je le vivais et c’était tout. L’expérience était absolument spontanée.
C’était tout-puissant, d’une richesse infinie; cela n’avait aucune espèce de forme, aucune limite — naturellement j’étais identifiée, c’est pour cela que je savais qu’il n’y avait ni limite ni forme. C’était comme si — je dis « comme si » parce que ça ne se voyait pas —, comme si cette immensité était faite d’innombrables imperceptibles points, des points qui n’occupent pas de place dans l’espace (il n’y avait pas d’espace, n’est ce pas) et qui était d’un or chaud foncé — mais ce n’était qu’une impression, une traduction. Et tout ça, absolument vivant, vivant d’une puissance qui paraissait infinie. Et pourtant immobile, d’une immobilité parfaite qui donnait un sentiment d’éternité, mais avec une intensité de mouvement et de vie incroyable, intérieure — c’était intérieur, contenu en soi, et immobile (immobile par rapport à l’extérieur, s’il y avait un extérieur). Et c’était dans une vie innombrable, on ne peut pas dire autrement qu’infi nie d’une façon imagée, et d’une intensité et d’une puissance, d’une force, d’une paix — la paix d’une éternité —, un silence, un calme, un pouvoir capable de tout.
Et je ne le pensais pas, je ne l’objectivais pas, je le vivais confortablement, très confortablement. Et cela a duré très longtemps, pendant tout le reste de la méditation.
C’était comme si cela contenait toutes les richesses de possibilités; et tout cela qui n’avait pas de forme avait le pouvoir de devenir des formes.
Sur le moment je me suis demandée : « Qu’est ce que c’est que ça, à quoi cela correspond? » Après, naturellement, j’ai trouvé, et finalement, ce matin je me suis dit : « Tiens, mais c’est pour me donner mon message de l’année prochaine. » Alors j’ai transcrit — on ne peut pas faire de description naturellement, d’ailleurs c’est indescriptible : c’était un phénomène psychologique, et les formes étaient seulement une façon de se décrire à soi-même l’état psychologique. Voici ce que j’ai noté, d’une façon mentale évidemment; je n’ai rien décrit, j’ai seulement établi un fait :
« Tout au fond de l’inconscience la plus dure, la plus rigide, la plus étroite, la plus suffocante, j’ai touché un ressort tout-puissant qui m’a projetée d’un seul coup dans une immensité sans forme et sans limite où vibraient les semences d’un monde nouveau. »
Généralement, l’inconscience donne l’impression de quelque chose d’amorphe, d’inerte, de sans forme, de neutre et gris — quand je suis entrée dans les zones de l’inconscience, autrefois, c’était la première chose que j’ai rencontrée —, mais dans l’expérience d’hier, c’était une inconscience dure, rigide, coagulée, comme si elle était coagulée pour une résistance : c’était une inconscience mentale, tout effort glisse dessus, rien ne peut pénétrer. Et cette inconscience-là est bien pire qu’une inconscience purement matérielle. Ce n’était pas l’inconscient originel, c’était un inconscient mentalisé si l’on peut dire : toute cette rigidité, cette dureté, cette étroitesse, cette fixité, cette opposition, cela provient de la présence mentale dans la création, c’est ce que le mental a apporté dans l’inconscient. Quand le mental n’était pas manifesté, l’inconscient n’était pas comme cela : il était sans forme et il avait la plasticité des choses sans formes — cette plasticité a disparu.
Le début de l’expérience est une image très expressive de l’action mentale dans l’inconscient, elle a rendu l’inconscient agressif — il ne l’était pas avant —, agressif, résistant, obstiné. C’est bien, en effet, le point de départ de mon expérience, je cherchais justement à regarder dans l’inconscience mentale des gens; et cette inconscience mentale refuse de changer, ce que l’autre ne faisait pas. L’inconscience purement matérielle n’a pas de manière d’être, elle n’existe pas, n’est organisée d’aucune façon, tandis que celle-là c’était une inconscience organisée, organisée par un commencement d’influence mentale — et c’est cent fois pire! c’est devenu un obstacle beaucoup plus grand qu’avant. Avant, cela n’avait même pas le pouvoir de résister, cela n’avait rien, c’était vraiment inconscient; maintenant c’est une inconscience qui est organisée dans son refus de changer! Alors j’ai écrit : « la plus dure, la plus rigide, la plus étroite — c’était l’idée de quelque chose qui vous resserre, resserre — la plus suffocante. »
Puis j’ai écrit : « J’ai touché un ressort tout-puissant. » Ça veut dire exactement ceci : dans les profondeurs les plus pro fondes de l’inconscient, il y a le ressort suprême qui nous fait toucher le Suprême. Parce que, tout au fond de l’inconscience, il y a le Suprême. C’est le Suprême qui nous fait toucher le Suprême; c’est cela le ressort tout-puissant.
C’est toujours la même idée que la hauteur la plus haute touche la profondeur la plus profonde. L’univers est comme un cercle; on le représente par le serpent qui se mord la queue, cela veut dire que la hauteur suprême touche la matière la plus matérielle, sans intermédiaire. Je l’ai dit déjà plusieurs fois, mais cela, c’en était l’expérience telle que je l’ai eue.
Enfin j’ai dit : « une immensité sans forme et sans limite où vibraient les semences d’un monde nouveau. » Il ne s’agissait pas de la création primordiale, mais de la création supramen tale. Cette expérience ne correspondait pas à un retour dans le Suprême, origine de tout; j’ai eu tout à fait l’impression que j’étais projetée dans l’origine de la création supramentale : quelque chose du Suprême qui est déjà objectivé avec un but précis de création supramentale.
Il y avait en effet toute cette impression de puissance, de chaleur, d’or : ce n’était pas fluide, c’était comme un poudroiement. Et chacune de ces choses (on ne peut pas appeler cela des parcelles ni des fragments, ni même des points, à moins qu’on ne prenne le point au sens mathématique, un point qui n’occupe pas de place dans l’espace), c’était comme de l’or vivant, un poudroiement d’or chaud — on ne peut pas dire brillant, on ne peut pas dire sombre; ce n’était pas non plus de la lumière : une multitude de petits points d’or, rien que cela — on aurait dit qu’ils me touchaient les yeux, le visage... avec une puissance formidable! En même temps, le sentiment d’une plénitude, de la paix d’une toute-puissance; c’était riche, c’était plein. C’était le mouvement à son maximum, infiniment plus rapide que tout ce que l’on peut imaginer, et en même temps c’était la paix absolue, la tranquillité parfaite.
Et ce ressort tout-puissant, c’est l’image parfaite de ce qui se passe, ce qui doit se passer, ce qui se passera, pour tout le monde : tout d’un coup on jaillit dans l’immensité.
L’expérience que je viens de décrire a été suivie d’une autre qui a été notée à l’époque.28
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