Agenda de l’action Supramentale sur la Terre. The 'psychological preparation' of Satprem for his role as The Mother's confidant, as She narrated her experiences of the 'yoga of the cells' from 1951-1973.
This first volume is mostly what could be called the "psychological preparation" of Satprem. Mother's confidant had to be prepared, not only to understand the evolutionary meaning of Mother's discoveries, to follow the tenuous thread of man's great future unravelled through so many apparently disconcerting experiences - which certainly required a steady personal determination for more than 19 years! - but also, in a way, he had to share the battle against the many established forces that account for the present human mode of being and bear the onslaught of the New Force. Satprem - "True Love" - as Mother called him, was a reluctant disciple. Formed in the French Cartesian mold, a freedom fighter against the Nazis and in love with his freedom, he was always ready to run away, and always coming back, drawn by a love greater than his love for freedom. Slowly she conquered him, slowly he came to understand the poignant drama of this lone and indomitable woman, struggling in the midst of an all-too-human humanity in her attempt to open man's golden future. Week after week, privately, she confided to him her intimate experiences, the progress of her endeavour, the obstacles, the setbacks, as well as anecdotes of her life, her hopes, her conquests and laughter: she was able to be herself with him. He loved her and she trusted him. It is that simple.
(Lettre de Satprem à Mère)
Bangalore, octobre 1955
Douce Mère, depuis trois jours que j’ai quitté l’Ashram, je n’ai cessé de sentir ta Présence au fond de moi comme la seule chose essentielle, la seule chose solide au milieu de vagues apparences. A mesure que j’entrais dans ce monde extérieur, il me semblait entrer dans un monde sans épaisseur, sans consistance où toutes choses et les êtres s’agitaient comme un voile très mince dans le vent; et à mesure que j’entrais dans ce monde flottant, tu semblais grandir en moi avec une évidence irréfutable comme la seule chose réelle, ma seule raison d’être en ce monde – sans quoi tout s’écroule et perd son Sens.
Mère je n’avais jamais senti avec une telle force combien tu faisais partie de moi-même, ou combien je t’appartenais, sans retour possible. Et je sentais cela pas seulement avec mon esprit ou même mon cœur, mais d’une façon physique. Depuis plusieurs semaines d’ailleurs, pendant cette dernière «crise» que j’ai traversée à l’Ashram, il m’a semblé, douce Mère, qu’un lien physique s’établissait entre toi et moi. Est-ce que je me trompe? J’avais parfois l’impression que tu n’étais plus seulement «Mère» selon l’Esprit mais presque ma Mère, comme si tu m’avais réellement mis physiquement au monde et qu’il n’y avait plus rien d’«étranger» dans ma relation avec toi. Mes mots sont maladroits, mais tu sauras voir la Vérité qui est derrière, même si cette Vérité est encore confuse pour moi.
J’ai cru que j’avais commis une «faute» spirituelle en quittant l’Ashram. Mais il me semble maintenant que cette expérience était nécessaire, car elle me met avec une évidence criante en présence du Sens de ma vie, de sa Réalité profonde. J’avais besoin, en quelque sorte, d’«objectiver» ma présence à l’Ashram, de la voir de l’extérieur. Je ne crois pas que ce soient là de bonnes raisons, ou de mauvaises, pour justifier mentalement cette fugue – car je ne vois pas d’autres raisons à ce départ. Et je me trouve ici sans le moindre désir à satisfaire, comme si tous ces «plaisirs» du monde n’éveillaient plus rien en moi. Ta grâce est sûrement là. La seule expérience que j’aie faite, c’est celle de fumer l’opium. J’y avais trouvé autrefois un apaisement qui me semblait très «raffiné» et je n’y trouve plus que des crampes d’estomac et un abrutissement sans joie. C’est étrange, mais j’ai l’impression que plus rien n’a prise sur moi et les seuls gens qui me semblent vivre réellement, ce sont ceux de l’Ashram. Les autres font semblant et sont tout au contraire complètement en dehors de la vie, si paradoxal que cela paraisse.
Douce Mère, l’expérience est faite. Me permets-tu de revenir à l’Ashram, dans le courant de la semaine prochaine? Il n’y a plus en moi de lutte ni de conflit, c’est tout mon être, jusqu’à mon être physique qui a besoin de toi, qui veut revenir et aspire à te servir, joyeusement, paisiblement. Et non seulement j’aspire à te servir mais à lutter contre ces forces obscures et stupides, trompeuses, pour mériter ta Lumière, la vraie Lumière de mon être. Je ne vois aucun autre sens à ma vie, à toute vie.
Mère, je sais ce que signifie, maintenant, le mot consécration. Je veux me consacrer à ton œuvre totalement, avec mon cœur, mon esprit, mon corps et mon âme. Je t’appartiens sans retour possible, sans hésitation. Je sais qu’il n’existe plus rien au monde qui vaille la peine d’être vécu, hormis toi. Cette crise m’a aidé à voir clair en moi et je crois y avoir gagné quelque chose. Ou est-ce que je m’abuse?
Je voudrais enfin te dire ma gratitude car il me semble sentir partout ta main, ton infinie compréhension me conduisant vers ta Lumière, à travers tous les détours de ma nature et te servant d’elle et la transformant, l’élevant peu à peu dans chacun de ses éléments, et dans les plus petits détails. Merci, Mère, de m’avoir permis de te trouver – et pardonne à cet enfant terrible qui se révoltait contre la force de transformation, sans doute pour te mieux retrouver.
Je me sens tellement ton enfant avec chacune des fibres de mon être. Oui, ton enfant.
Signé: Bernard
(Réponse de Mère)
21 octobre 1955
Mon cher petit, oui, tu peux revenir tout de suite. Je serai heureuse de te revoir.
Tu as raison, l’expérience était nécessaire et a été fructueuse.
Ta bonne lettre... juste ce que j’attendais de toi; car ce que tu écris est vrai: je te sens aussi tout proche de moi, uni par un lien indestructible, comme si je t’avais formé, non seulement spirituellement, mais aussi matériellement.
A bientôt, Avec toute ma tendresse
Signé: Mère
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