Savitri passages traduits par La Mère 119 pages 1988 Edition
French

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Savitri passages traduits par La Mère - read passages from Savitri translated into French by The Mother

Savitri passages traduits par La Mère


BOOK X

The Book of the Double Twilight



LIVRE X

Le Livre du Double Crépuscule

 

 

Canto I

The Dream Twilight of the Ideal

All still was darkness dread and desolate;

There was no change nor any hope of change.

In this black dream which was a house of Void,

A walk to Nowhere in a land of Nought,

Ever they drifted without aim or goal;

Gloom led to worse gloom, death to an emptier death,

In some positive Non-Being's purposeless Vast

Through formless wastes dumb and unknowable.

An ineffectual beam of suffering light

Through the despairing darkness dogged their steps

Like the remembrance of a glory lost;

Even while it grew, it seemed unreal there,

Yet haunted Nihil's chill stupendous realm,

Unquenchable, perpetual, lonely, null,

A pallid ghost of some dead eternity.

It was as if she must pay now her debt,

Her vain presumption to exist and think,

To some brilliant Maya that conceived her soul.

This most she must absolve with endless pangs,

Her deep original sin, the will to be

And the sin last, greatest, the spiritual pride,

That, made of dust, equalled itself with heaven,

Its scorn of the worm writhing in the mud,

Condemned, ephemeral, born from Nature's dream,

Refusal of the transient creature's role,

The claim to be a living fire of God,

The will to be immortal and divine.

In that tremendous darkness heavy and bare

She atoned for all since the first act whence sprang

The error of the consciousness of Time,

The rending of the Inconscient's seal of sleep,

The primal and unpardoned revolt that broke



Chant I

Le Rêve crépusculaire de l'Idéal

Tout était encore obscur, redoutable, désolé ;

II n'y avait aucun changement, ni aucun espoir de changement.

Dans ce rêve noir qui était la maison du Vide,

Une marche vers Nulle part dans la terre du Néant,

Toujours ils allaient à la dérive sans objet ni but ;

L'affliction menait à une pire affliction, la mort à une mort plus vide encore,

................................................................................................................*

À travers des déserts informes, muets et inconnaissables.

Un rayon inefficace de lumière souffrante

À travers l'obscurité désespérante, suivait leurs pas

Comme le souvenir d'une gloire perdue ;

Tout en croissant, il semblait irréel, là,

Cette zone formidable encore hantée par le frisson du Néant,

Inassouvissable, perpétuelle, solitaire, nulle,

Le spectre blême de quelque éternité défunte.

C'était comme si elle devait, maintenant, payer sa dette,

Sa présomption vaine d'exister et de penser,

À une Maya brillante qui conçut son âme.

Ceci, plus que tout, elle doit absoudre avec des angoisses interminables,

Son péché originel profond, la volonté d'être

Et le dernier péché, le plus grand, la fierté spirituelle,

Qui, faite de poussière, s'égale au ciel,

Son mépris du ver se tortillant dans la boue,

Condamnée, éphémère, née du rêve de la Nature,

Le refus du rôle de la créature transitoire,

La prétention d'être une flamme vivante de Dieu,

La volonté d'être immortelle et divine.

Dans cette formidable obscurité lourde et nue

Elle expia pour tout, depuis l'acte premier d'où jaillit

L'erreur de la conscience du Temps,

La rupture du sceau du sommeil de l'Inconscient,

La révolte primordiale et impardonnable qui brisa

 

* II n'a pas été possible de retrouver la traduction de ce vers, dont le sens est le suivant :

Dans quelque vaine Vastitude de Non-Être qui s'affirme. (Note de l'éditeur)

 

Page 6~7


 

 

The peace and silence of the Nothingness

Which was before a seeming universe

Appeared in a vanity of imagined space

And life arose engendering grief and pain:

A great Negation was the Real's face

Prohibiting the vain process of Time:

And when there is no world, no creature more,

When Time's intrusion has been blotted out,

It shall last, unbodied, saved from thought, at peace.

Accursed in what had been her godhead source,

Condemned to live for ever empty of bliss,

Her immortality her chastisement,

Her spirit, guilty of being, wandered doomed,

Moving for ever through eternal Night.

But Maya is a veil of the Absolute;

A Truth occult has made this mighty world:

The Eternal's wisdom and self-knowledge act

In ignorant Mind and in the body's steps.

The Inconscient is the Superconscient's sleep.

An unintelligible Intelligence

Invents creation's paradox profound ;

Spiritual thought is crammed in Matter's forms,

Unseen it throws out a dumb energy

And works a miracle by a machine.

All here is a mystery of contraries:

Darkness a magic of self-hidden light,

Suffering some secret rapture's tragic mask

And death an instrument of perpetual life.

Although Death walks beside us on Life's road,

A dim bystander at the body's start

And a last judgment on man's futile works,

Other is the riddle of its ambiguous face:

Death is a stair, a door, a stumbling stride

The soul must take to cross from birth to birth,

A grey defeat pregnant with victory,

A whip to lash us towards our deathless state.

The inconscient world is the spirit's self-made room,

Eternal Night shadow of eternal Day.

Night is not our beginning nor our end;

She is the dark Mother in whose womb we have hid

 

La paix et le silence du Néant

Qui était avant qu'un semblant d'univers

Apparaisse dans la vanité d'un espace imaginaire

Et que la vie se lève engendrant la douleur et la souffrance :

Une grande Négation était la face du Réel

Interdisant le vain processus du Temps :

Et quand il n'y a plus de monde, plus de créature,

Quand l'intrusion du Temps a été supprimée,

Elle durera, désincarnée, sauvée de la pensée, en paix.

Maudite en ce qui fut sa source divine,

Condamnée à vivre pour toujours vide de béatitude,

Son immortalité étant son châtiment,

Son esprit, coupable d'être, voué à errer,

Se déplaçant à jamais dans une Nuit éternelle.

Mais Maya est un voile de l'Absolu ;

Une Vérité occulte a fait ce puissant monde :

La sagesse et la connaissance en soi de l'Eternel agissant

Dans le Mental ignorant et dans les pas du corps.

L'Inconscient est le sommeil du Supraconscient.

Une Intelligence incompréhensible

Invente le paradoxe profond de la création ;

La pensée spirituelle bourre les formes de la Matière,

Invisible elle projette une énergie muette

Et accomplit un miracle avec une machine.

Ici, tout est un mystère de contraires :

L'obscurité, la magie de la lumière se cachant à elle-même,

La souffrance, le masque tragique d'une extase secrète

Et la mort, un instrument de vie perpétuelle.

Bien que la Mort marche à côté de nous sur la route de la Vie,

Un assistant blafard dès le début du corps

Et un jugement dernier des œuvres futiles de l'homme,

Tout autre est l'énigme de sa face ambiguë :

La mort est un escalier, une porte, une enjambée trébuchante

Que l'âme doit prendre pour traverser d'une naissance à l'autre,

Une défaite grise grosse de la victoire,

Un fouet pour nous cingler vers l'état où nous ne mourrons plus.

Le monde inconscient est la chambre de l'esprit faite par lui-même,

La Nuit éternelle, l'ombre du Jour éternel.

La Nuit n'est pas notre commencement ni notre fin ;

Elle est la sombre Mère dans les flancs de laquelle nous nous sommes cachés

 

Page 8~9


 

 

Safe from too swift a waking to world-pain.

We came to her from a supernal Light,

By Light we live and to the Light we go.

Here in this seat of Darkness mute and lone,

In the heart of everlasting Nothingness

Light conquered now even by that feeble beam:

Its faint infiltration drilled the blind deaf mass ;

Almost it changed into a glimmering sight

That housed the phantom of an aureate Sun

Whose orb pupilled the eye of Nothingness.

A golden fire came in and burnt Night's heart;

Her dusky mindlessness began to dream ;

The Inconscient conscious grew, Night felt and thought.

Assailed in the sovereign emptiness of its reign

The intolerant Darkness paled and drew apart

Till only a few black remnants stained that Ray.

But on a failing edge of dumb lost space

Still a great dragon body sullenly loomed;

Adversary of the slow struggling Dawn

Defending its ground of tortured mystery,

It trailed its coils through the dead martyred air

And curving fled down a grey slope of Time.

 

There is a morning twilight of the gods;

Miraculous from sleep their forms arise

And God's long nights are justified by dawn.

There breaks a passion and splendour of new birth

And hue-winged visions stray across the lids,

The dreaming deities look beyond the seen

And fashion in their thoughts the ideal worlds

Sprung from a limitless moment of desire

That once had lodged in some abysmal heart.

Passed was the heaviness of the eyeless dark

And all the sorrow of the night was dead:

Surprised by a blind joy with groping hands

Like one who wakes to find his dreams were true,

Into a happy misty twilit world

Where all ran after light and joy and love

She slipped; there far-off raptures drew more close

And deep anticipations of delight

 

En sécurité contre un éveil trop rapide à la douleur du monde.

Nous sommes venus à elle d'une Lumière supernelle,

Par la Lumière nous vivons et vers la Lumière nous allons.

Ici dans ce siège de l'Obscurité muette et solitaire,

Au cœur du Néant sans fin

Même maintenant, la Lumière a conquis par ce faible rayon :

Sa pâle infiltration a foré l'aveugle et sourde masse ;

Elle s'est presque changée en un spectacle vacillant

Qui logeait le fantôme d'un Soleil doré

Dont l'orbe donna un regard à l'œil du Néant.

Une flamme d'or pénétra et brûla le cœur de la Nuit ;

Sa sombre carence mentale commença à rêver ;

L'Inconscient devint conscient, la Nuit sentit et pensa.

Assaillie dans le vide souverain de son règne

L'Obscurité intolérante pâlit et se retira

Au point que seules quelques marques noires tachaient le Rayon.

Mais sur le bord défaillant d'un espace perdu, muet,

Un grand corps de dragon se dessine encore, morose

Adversaire de l'Aurore qui lutte lentement

Défendant son terrain de mystère torturé,

II traîna ses replis dans l'air mort martyrisé

Et se recourbant, dégringola la pente grise du Temps.

 

Il y a un crépuscule matinal des dieux ;

Miraculeuses, leurs formes se lèvent du sommeil

Et les longues nuits de Dieu sont justifiées par l'aurore.

Une passion, une splendeur de nouvelle naissance jaillit

Et des visions aux ailes colorées traversent les paupières,

Les déités rêvant regardent au-delà de ce qui est vu

Et façonnent dans leur pensée les mondes idéaux

Nés d'un moment de désir illimité

Qui, une fois, logea dans un cœur insondable.

Elle était passée, la lourdeur de l'obscurité sans yeux

Et toute la douleur de la nuit était morte :

Surprise par une joie aveugle, les mains tendues

Comme quelqu'un qui s'éveille pour trouver que ses rêves étaient vrais,

Dans un monde crépusculaire vaporeux et heureux

Où tout court après la lumière et la joie et l'amour

Elle glissa ; là de très lointaines extases se rapprochèrent

Et de profondes anticipations de félicité

 

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For ever eager to be grasped and held,

Were never grasped, yet breathed strange ecstasy.

A pearl-winged indistinctness fleeting swam,

An air that dared not suffer too much light.

Vague fields were there, vague pastures gleaned, vague trees,

Vague scenes dim-hearted in a drifting haze;

Vague cattle white roamed glimmering through the mist;

Vague spirits wandered with a bodiless cry,

Vague melodies touched the soul and fled pursued

Into harmonious distances unseized;

Forms subtly elusive and half-luminous powers

Wishing no goal for their unearthly course

Strayed happily through vague ideal lands

Or floated without footing or their walk

Left steps of reverie on sweet memory's ground ;

Or they paced to the mighty measure of their thoughts

Led by a low far chanting of the gods.

A ripple of gleaming wings crossed the far sky;

Birds like pale-bosomed imaginations flew

With low disturbing voices of desire,

And half-heard lowings drew the listening ear,

As if the Sun-god's brilliant kine were there

Hidden in mist and passing towards the sun.

These fugitive beings, these elusive shapes

Were all that claimed the eye and met the soul,

The natural inhabitants of that world.

But nothing there was fixed or stayed for long;

No mortal feet could rest upon that soil,

No breath of life lingered embodied there.

In that fine chaos joy fled dancing past

And beauty evaded settled line and form

And hid its sense in mysteries of hue;

Yet gladness ever repeated the same notes

And gave the sense of an enduring world ;

There was a strange consistency of shapes,

And the same thoughts were constant passers-by

And all renewed unendingly its charm

Alluring ever the expectant heart

Like music that one always waits to hear,

Like the recurrence of a haunting rhyme.

 

Toujours anxieuses d'être saisies et tenues,

N'étaient jamais saisies, mais soufflaient une étrange extase.

Des ailes perlées indistinctes flottèrent rapides,

Un air qui n'osait supporter trop de lumière.

Des champs vagues étaient là, de vagues pâturages, des arbres vagues,

Des scènes vagues au cœur pâle dans une brume à la dérive ;

De vagues troupeaux blancs luisaient à travers le brouillard ;

De vagues esprits erraient avec un cri sans corps,

De vagues mélodies touchaient l'âme et s'enfuyaient, poursuivies

Jusqu'à des distances harmonieuses insaisissables ;

Des formes subtilement insaisissables et des pouvoirs à demi lumineux

Ne désirant de but à leur parcours non terrestre

Erraient heureuses sur de vagues régions idéales

Ou flottaient sans pied à terre, ou leur marche

Laissait des pas de rêverie sur un terrain de doux souvenir,

Ou elles avançaient à la puissante mesure de leurs pensées

Conduites par le murmure du chant lointain de dieux.

Un frémissement d'ailes miroitantes traversa le ciel lointain ;

Des oiseaux semblables à des imaginations de sein pâle, volèrent

Avec de troublantes voix basses de désir,

Et des mugissements à demi entendus attirèrent l'oreille attentive,

Comme si les vaches brillantes du Dieu Soleil étaient là

Cachées dans le brouillard et passant vers le soleil.

Ces êtres fugitifs, ces formes évasives

Etaient tout ce qui attirait l'œil et rencontrait l'âme,

Les habitants naturels de ce monde.

Mais là rien n'était fixe ni ne restait longtemps ;

Aucun pied mortel ne peut se poser sur ce sol,

Aucun souffle de vie ne peut s'attarder incorporé là.

Dans ce joli chaos, la joie s'enfuyait, passant en dansant

Et la beauté évitait la ligne et la forme établies

Et cachait son sens dans le mystère des nuances ;

Cependant la gaieté répétait toujours les mêmes notes

Et donnait le sentiment d'un monde durable ;

I! y avait une étrange consistance dans les formes,

Et les mêmes pensées étaient des passants constants

Et tout renouvelait son charme, sans fin

Séduisant toujours le cœur dans l'expectative

Comme de la musique que l'on s'attend toujours à entendre,

Comme la répétition d'une rime obsédante.

 

Page 12~13


 

 

One touched incessantly things never seized,

A skirt of worlds invisibly divine.

As if a trail of disappearing stars

There showered upon the floating atmosphere

Colours and lights and evanescent gleams

That called to follow into magic heaven,

And in each cry that fainted on the ear

There was the voice of an unrealised bliss.

An adoration reigned in the yearning heart,

A spirit of purity, an elusive presence

Of faery beauty and ungrasped delight

Whose momentary and escaping thrill,

However unsubstantial to our flesh,

And brief even in imperishableness,

Much sweeter seemed than any rapture known

Earth or all-conquering heaven can ever give.

Heaven ever young and earth too firm and old

Delay the heart by immobility:

Their raptures of creation last too long,

Their bold formations are too absolute;

Carved by an anguish of divine endeavour

They stand up sculptured on the eternal hills,

Or quarried from the living rocks of God

Win immortality by perfect form.

They are too intimate with eternal things:

Vessels of infinite significances,

They are too clear, too great, too meaningful;

No mist or shadow soothes the vanquished sight,

No soft penumbra of incertitude.

These only touch a golden hem of bliss,

The gleaming shoulder of some godlike hope,

The flying feet of exquisite desires.

On a slow trembling brink between night and day

They shine like visitants from the morning star,

Satisfied beginnings of perfection, first

Tremulous imaginings of a heavenly world :

They mingle in a passion of pursuit,

Thrilled with a spray of joy too slight to tire.

All in this world was shadowed forth, not limned,

Like faces leaping on a fan of fire

 

Constamment des choses étaient touchées mais jamais saisies,

Une lisière de mondes invisiblement divins.

Comme une traînée d'étoiles disparaissant

II pleuvait sur l'atmosphère flottante

Des couleurs, des lumières, des lueurs évanescentes

Qui appelaient pour être suivies dans des cieux magiques,

Et dans chaque cri s'évanouissant sur l'oreille

Se trouvait la voix d'une béatitude irréalisée.

Une adoration régnait dans le cœur languissant,

Un esprit de pureté, une présence insaisissable

De beauté féerique et de félicité imprenable

Dont le frisson fuyant et momentané,

Bien que sans substance pour notre chair,

Et bref tout en étant impérissable,

Semblait beaucoup plus doux qu'aucune extase connue

Que la terre ou le ciel irrésistible puissent jamais donner.

Le ciel toujours jeune et la terre trop ferme et vieille

Retardent le cœur par immobilité :

Leurs extases de création durent trop longtemps,

Leurs formations hardies sont trop absolues ;

Taillées par l'angoisse d'un effort divin

Elles se tiennent sculptées sur les collines éternelles

Ou creusées dans les rocs vivants de Dieu

Elles gagnent l'immortalité par la forme parfaite.

Elles sont trop intimes avec les choses éternelles :•

Les récipients de significations infinies

Elles sont trop claires, trop grandes, trop significatives ;

Ni brume ni ombre adoucit la vision vaincue,

Aucune molle pénombre d'incertitude.

Celles-ci touchent seulement l'ourlet doré de la félicité,

L'épaule brillante de quelque espoir divin,

Les pieds fuyants de désirs exquis.

Sur une lente bordure tremblant entre nuit et jour

Elles brillaient comme des visiteuses venant de l'étoile du matin,

Des commencements satisfaits de perfection, d'abord

Des imaginations timides d'un monde céleste :

Elles s'entremêlent dans une passion de poursuite,

Tressaillant avec un poudroiement de joie trop léger pour lasser.

Dans ce monde, tout était figuré, pas dessiné,

Comme des images dansant sur un écran de feu

 

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Or shapes of wonder in a tinted blur,

Like fugitive landscapes painting silver mists.

Here vision fled back from the sight alarmed,

And sound sought refuge from the ear's surprise,

And all experience was a hasty joy.

The joys here snatched were half-forbidden things,

Timorous soul-bridals delicately veiled

As when a goddess' bosom dimly moves

To first desire and her white soul transfigured,

A glimmering Eden crossed by fairy gleams,

Trembles to expectation's fiery wand,

But nothing is familiar yet with bliss.

All things in this fair realm were heavenly strange

In a fleeting gladness of untired delight,

In an insistency of magic change.

Past vanishing hedges, hurrying hints of fields,

Mid swift escaping lanes that fled her feet

Journeying she wished no end: as one through clouds

Travels upon a mountain ridge and hears

Arising to him out of hidden depths

Sound of invisible streams, she walked besieged

By the illusion of a mystic space,

A charm of bodiless touches felt and heard

A sweetness as of voices high and dim

Calling like travellers upon seeking winds

Melodiously with an alluring cry.

As if a music old yet ever new,

Moving suggestions on her heart-strings dwelt,

Thoughts that no habitation found, yet clung

With passionate repetition to her mind,

Desires that hurt not, happy only to live

Always the same and always unfulfilled

Sang in the breast like a celestial lyre.

Thus all could last, yet nothing ever be.

In this beauty as of mind made visible,

Dressed in its rays of wonder Satyavan

Before her seemed the centre of its charm,

Head of her loveliness of longing dreams

And captain of the fancies of her soul.

Even the dreadful majesty of Death's face

 

Ou des formes de prodige dans un barbouillage teinté,

Comme des paysages fugitifs peignant des brouillards argentés.

Ici, la vision s'enfuyait de la vue alarmée

Et le son cherchait un refuge contre la surprise de l'oreille,

Et toute expérience était une joie hâtive.

Les joies attrapées ici étaient des choses à moitié défendues,

Des noces d'âme timorées délicatement voilées

Comme le sein d'une déesse qui frémit faiblement

Au premier désir et que son âme blanche se transfigure,

Un Eden vacillant traversé par des lueurs féeriques,

Tremble devant la baguette magique de l'expectative

Mais rien n'est familier tout en étant délicieux.

Dans cette région agréable, tout était d'une étrangeté céleste

Dans la gaieté fuyante d'une félicité inlassée,

Dans l'insistance d'un changement magique.

Des haies passées qui s'évanouissent, des allusions de champs qui se hâtent,

Au milieu de sentiers rapides qui échappent et fuient ses pieds

Voyageant elle ne souhaitait pas de fin ; comme celui qui à travers les nuages

Avance sur la crête d'une montagne et entend

S'élevant vers lui hors de profondeurs cachées

Le bruit de cours d'eau invisibles, elle marchait assiégée

Par l'illusion d'un espace mystique,

Le charme de contacts immatériels sentis et entendus

La douceur de voix hautes et indistinctes

Appelant comme des voyageurs sur des vents quêteurs

Mélodieusement avec un cri attrayant.

Comme une musique ancienne et pourtant toujours nouvelle,

Des suggestions mouvantes demeuraient sur les cordes de son cœur,

Des pensées qui ne trouvaient pas d'habitation, cependant s'accrochaient

A son esprit avec une répétition passionnée,

Des désirs qui ne blessent point, heureux de vivre seulement

Toujours les mêmes et toujours inassouvis

Chantaient dans la poitrine comme une lyre céleste.

Ainsi tout pouvait durer, pourtant rien ne fut jamais.

Dans cette beauté comme mentalement rendue visible,

Habillé de ses rayons merveilleux, Satyavan

Devant elle semblait le centre de son charme,

Chef de la beauté de ses rêves ardents

Et capitaine des fantaisies de son âme.

Même la majesté terrible de la face de la Mort

 

Page 16~17


 

 

And its sombre sadness could not darken nor slay

The intangible lustre of those fleeting skies.

The sombre Shadow sullen, implacable

Made beauty and laughter more imperative;

Enhanced by his grey, joy grew more bright and dear;

His dark contrast edging ideal sight

Deepened unuttered meanings to the heart;

Pain grew a trembling undertone of bliss

And transience immortality's floating hem,

A moment's robe in which she looked more fair,

Its antithesis sharpening her divinity.

A comrade of the Ray and Mist and Flame,

By a moon-bright face a brilliant moment drawn,

Almost she seemed a thought mid floating thoughts,

Seen hardly by a visionary mind

Amid the white inward musings of the soul.

Half-vanquished by the dream-happiness around,

Awhile she moved on an enchantment's soil,

But still remained possessor of her soul.

Above, her spirit in its mighty trance

Saw all, but lived for its transcendent task

Immutable like a fixed eternal star.

 

Et sa tristesse sombre ne pouvait obscurcir ni détruire

L'éclat intangible de ces cieux flottants.

L'Ombre sombre, morose, implacable

Rendait la beauté et le rire plus impératifs ;

Rehaussée par sa grisaille, la joie devenait plus brillante et chère ;

Son noir contraste aiguisant la vision idéale

Approfondissait dans le cœur des significations inexprimées ;

La peine devint un demi-ton tremblant de la félicité

Et la transition, le bord flottant de l'immortalité,

La robe d'un moment dans laquelle elle apparaissait plus belle,

Sa divinité aiguisée par son antithèse.

Camarade du Rayon, de la Brume et de la Flamme,

Par une face de lune brillante, un moment attirée,

Elle semblait presque une pensée parmi les pensées flottantes,

A peine vue par un esprit visionnaire

Au milieu des blanches rêveries intérieures de l'âme.

A demi vaincue par le bonheur de rêve alentour,

Un moment elle avança sur un sol d'enchantement,

Mais resta cependant possesseur de son âme.

Au-dessus, son esprit dans sa transe puissante,

Voyait tout, mais vivait pour sa tâche transcendante

Immuable comme une étoile fixe éternelle.

 

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