Savitri passages traduits par La Mère 119 pages 1988 Edition
French

ABOUT

Savitri passages traduits par La Mère - read passages from Savitri translated into French by The Mother

Savitri passages traduits par La Mère


 

 

Canto II

The Gospel of Death and Vanity of the Ideal



Then pealed the calm inexorable voice :

Abolishing hope, cancelling life's golden truths,

Fatal its accents smote the trembling air.

That lovely world swam thin and frail, most like

Some pearly evanescent farewell gleam

On the faint verge of dusk in moonless eves.

"Prisoner of Nature, many-visioned spirit,

Thought's creature in the ideal's realm enjoying

Thy unsubstantial immortality

The subtle marvellous mind of man has feigned,

This is the world from which thy yearnings came.

When it would build eternity from the dust,

Man's thought paints images illusion rounds;

Prophesying glories it shall never see,

It labours delicately among its dreams.

Behold this fleeing of light-tasselled shapes,

Aerial raiment of unbodied gods;

A rapture of things that never can be born,

Hope chants to hope a bright immortal choir;

Cloud satisfies cloud, phantom to longing phantom

Leans sweetly, sweetly is clasped or sweetly chased.

This is the stuff from which the ideal is formed:

Its builder is thought, its base the heart's desire,

But nothing real answers to their call.

The ideal dwells not in heaven, nor on the earth,

A bright delirium of man's ardour of hope

Drunk with the wine of its own phantasy.

It is a brilliant shadow's dreamy trail.

Thy vision's error builds the azure skies,

Thy vision's error drew the rainbow's arch;

Thy mortal longing made for thee a soul.

This angel in thy body thou callst love,

Who shapes his wings from thy emotion's hues,

In a ferment of thy body has been born

And with the body that housed it it must die.

 

Chant II

L'Evangile de la Mort et la vanité de l'Idéal

 

Alors retentit la calme et inexorable voix ;

Abolissant l'espoir, annulant les vérités dorées de la vie,

Fatals, ses accents frappèrent l'air tremblant.

Ce joli monde flotta mince et frêle, ressemblant

À quelque lueur d'adieu perlée et évanescente

Sur le léger bord de brume des soirs sans lune.

"Prisonnier de la Nature, esprit à vision multiple,

Créature de la pensée dans la région de l'idéal jouissant

De ton immortalité insubstantielle

Que le mental humain, merveilleux et subtil, a simulée,

Ceci est le monde d'où viennent tes aspirations.

Quand elle veut construire l'éternité avec la poussière,

La pensée de l'homme peint des images que l'illusion encercle ;

Prophétisant des gloires qu'elle ne verra jamais,

Elle travaille délicatement au sein de ses rêves.

Vois cette fuite de formes frangées de lumière,

Vêtements aériens de dieux sans corps ;

Extase de choses qui ne peuvent jamais naître,

L'espoir chante à l'espoir un brillant chœur immortel ;

Le nuage satisfait le nuage, le fantôme vers le fantôme soupirant

Se penche doucement, doucement il est saisi ou doucement poursuivi.

Telle est la substance dont l'idéal est formé ;

Son constructeur est la pensée, sa base est le désir du cœur,

Mais rien de réel ne répond à leur appel.

L'idéal n'habite pas le ciel, ni sur la terre,

Un délire scintillant de l'ardeur humaine d'espoir

Ivre du vin de sa propre fantaisie.

C'est la traînée brillante d'une ombre de rêve.

L'erreur de ta vision construit les cieux d'azur,

L'erreur de ta vision a dessiné l'arc-en-ciel ;

Ton aspiration mortelle a fait pour toi une âme.

Cet ange dans ton corps que tu appelles amour,

Qui forme ses ailes avec les nuances de tes émotions,

Est né dans un ferment de ton corps

Et avec le corps qui l'abrite, il doit mourir

 

Page 20~21


 

 

It is a passion of thy yearning cells,

It is flesh that calls to flesh to serve its lust;

It is thy mind that seeks an answering mind

And dreams awhile that it has found its mate;

It is thy life that asks a human prop

To uphold its weakness lonely in the world

Or feeds its hunger on another's life.

A beast of prey that pauses in its prowl,

It crouches under a bush in splendid flower

To seize a heart and body for its food:

This beast thou dreamst immortal and a god.

O human mind, vainly thou torturest

An hour's delight to stretch through infinity's

Long void and fill its formless, passionless gulfs,

Persuading the insensible Abyss

To lend eternity to perishing things,

And trickst the fragile movements of thy heart

With thy spirit's feint of immortality.

All here emerges born from Nothingness ;

Encircled it lasts by the emptiness of Space,

Awhile upheld by an unknowing Force,

Then crumbles back into its parent Nought:

Only the mute Alone can ever be.

In the Alone there is no room for love.

In vain to clothe love's perishable mud

Thou hast woven on the Immortal's borrowed loom

The ideal's gorgeous and unfading robe.

The ideal never yet was real made.

Imprisoned in form that glory cannot live;

Into a body shut it breathes no more.

Intangible, remote, for ever pure,

A sovereign of its own brilliant void,

Unwillingly it descends to earthly air

To inhabit a white temple in man's heart:

In his heart it shines rejected by his life.

Immutable, bodiless, beautiful, grand and dumb,

Immobile on its shining throne it sits;

Dumb it receives his offering and his prayer.

It has no voice to answer to his call,

No feet that move, no hands to take his gifts:

 

C'est la passion de tes cellules assoiffées,

C'est la chair qui appelle la chair pour servir sa luxure,

C'est ton mental qui cherche la réponse d'un mental

Et rêve un instant qu'il a trouvé son compagnon ;

C'est ta vie qui demande un appui humain

Pour soutenir sa faiblesse isolée dans le monde

Ou qui nourrit sa faim sur la vie d'un autre.

Une bête de proie qui s'arrête dans sa promenade,

Elle se tapit sous un buisson en fleur splendide

Pour saisir un cœur et un corps pour s'en nourrir :

Cette bête, tu la rêves immortelle et un dieu.

Ô mental humain, vainement tu tortures

La félicité d'une heure pour l'étirer jusqu'à l'infinité

Et son long vide et remplir ses gouffres sans forme et sans passion,

Persuadant l'Abîme insensible

De prêter l'éternité aux choses périssables,

Et tu dupes les mouvements fragiles de ton cœur

Avec la feinte d'immortalité de ton esprit.

Tout ce qui émerge ici est né de Rien ;

Encerclé cela dure par le vide de l'Espace,

Soutenu un moment par une Force qui ne sait pas,

Puis s'écroule de nouveau dans son parent le Néant :

C'est seulement le Muet qui peut toujours être.

Dans le Solitaire, il n'y a pas de place pour l'amour.

En vain pour vêtir la boue périssable de l'amour

As-tu tissé sur le métier emprunté à l'Immortel

La robe splendide et impérissable de l'idéal.

Jamais encore l'idéal n'a été rendu réel.

Emprisonnée dans la forme, cette gloire ne peut pas vivre ;

Enfermé dans un corps, il ne respire plus.

Intangible, lointain, à jamais pur,

Souverain de son propre vide brillant,

À contre-cœur il descend dans l'air terrestre

Pour habiter un temple blanc dans le cœur de l'homme ;

Dans son cœur l'idéal resplendit, rejeté par sa vie.

Immuable, sans corps, beau, grand et silencieux,

Sur son trône brillant, il s'assoit immobile ;

Muet, il reçoit l'offrande de l'homme et sa prière.

Il n'a pas de voix pour répondre à l'appel humain,

Pas de pieds pour bouger, pas de mains pour prendre ses offrandes :

 

Page 22~23


 

 

Aerial statue of the nude Idea,

Virgin conception of a bodiless god,

Its light stirs man the thinker to create

An earthly semblance of diviner things.

Its hued reflection falls upon man's acts;

His institutions are its cenotaphs,

He signs his dead conventions with its name;

His virtues don the Ideal's skiey robe

And a nimbus of the outline of its face:

He hides their littleness with the divine Name.

Yet insufficient is the bright pretence

To screen their indigent and earthy make:

Earth only is there and not some heavenly source.

If heavens there are they are veiled in their own light,

If a Truth eternal somewhere reigns unknown,

It burns in a tremendous void of God ;

For truth shines far from the falsehoods of the world;

How can the heavens come down to unhappy earth

Or the eternal lodge in drifting time ?

How shall the Ideal tread earth's dolorous soil

Where life is only a labour and a hope,

A child of Matter and by Matter fed,

A fire flaming low in Nature's grate,

A journey's toilsome trudge with death for goal ?

The Avatars have lived and died in vain,

Vain was the sage's thought, the prophet's voice;

In vain is seen the shining upward Way.

Earth lies unchanged beneath the circling sun;

She loves her fall and no omnipotence

Her mortal imperfections can erase,

Force on man's crooked ignorance Heaven's straight line

Or colonise a world of death with gods.

O traveller in the chariot of the Sun,

High priestess in the holy fancy's shrine

Who with a magic ritual in earth's house

Worshippest ideal and eternal love,

What is this love thy thought has deified,

This sacred legend and immortal myth ?

 

Statue aérienne de l'Idée nue,

Conception vierge d'un dieu sans corps,

Sa lumière pousse l'homme le penseur à créer

Une ressemblance terrestre des choses plus divines.

Sa réflexion colorée tombe sur les actions des hommes

Dont les institutions sont ses cénotaphes,

II signe ses conventions mortes du nom de l'Idéal

...........................................................................*

Et le nimbe du contour de sa face ;

II cache leur petitesse avec le Nom divin.

Pourtant, insuffisante est la prétention brillante

De voiler l'indigence de leur fabrication terrestre :

Seule la terre est là et non pas une source céleste.

S'il y a des cieux, ils sont voilés par leur propre lumière,

Si, quelque part, une Vérité éternelle règne inconnue,

Elle brûle dans un vide formidable de Dieu ;

Car la vérité brille loin du mensonge du monde ;

Comment les cieux peuvent-ils descendre sur la terre malheureuse

Ou l'éternel loger dans le temps en dérive ?

Comment l'Idéal peut-il fouler le sol douloureux de la terre

Où la vie n'est qu'un labeur et un espoir,

Un enfant de la Matière, nourri par la Matière,

Un feu qui flambe bas dans le foyer de la Nature,

Le cheminement d'un voyage laborieux ayant la mort pour but ?

Les Avatars ont vécu et sont morts en vain,

Vaine était la pensée du sage, la voix du prophète ;

En vain est vue la Voie montante qui brille.

La terre ne change point sous la ronde du soleil ;

Elle aime sa chute et aucune omnipotence

Ne peut effacer ses imperfections mortelles,

Ne peut imposer sur l'ignorance perverse de l'homme, la ligne droite du Ciel

Ou coloniser le monde de la mort avec des dieux.

Ô  voyageuse dans le char du Soleil,

Grande prêtresse du sanctuaire de la fantaisie sainte,

Qui, dans la maison de la terre, avec un rituel magique

Adores l'idéal et l'amour éternel,

Qu'est cet amour que ta pensée a déifié,

Cette légende sacrée, ce mythe immortel ?


* Une ligne manque dans la traduction dont le sens est le suivant :
Ses vertus revêtent la robe de ciel de l'idéal.

 

Page 24~25


 

 

It is a conscious yearning of thy flesh,

It is a glorious burning of thy nerves,

A rose of dream-splendour petalling thy mind,

A great red rapture and torture of thy heart.

A sudden transfiguration of thy days,

It passes and the world is as before.

A ravishing edge of sweetness and of pain,

A thrill in its yearning makes it seem divine,

A golden bridge across the roar of the years,

A cord tying thee to eternity.

And yet how brief and frail! how soon is spent

This treasure wasted by the gods on man,

This happy closeness as of soul to soul,

This honey of the body's companionship,

This heightened joy, this ecstasy in the veins,

This strange illumination of the sense !

If Satyavan had lived, love would have died;

But Satyavan is dead and love shall live

A little while in thy sad breast, until

His face and body fade on memory's wall

Where other bodies, other faces come.

When love breaks suddenly into the life

At first man steps into a world of the sun ;

In his passion he feels his heavenly element:

But only a fine sunlit patch of earth

The marvellous aspect took of heaven's outburst.

The snake is there and the worm in the heart of the rose.

A word, a moment's act can slay the god ;

Precarious is his immortality,

He has a thousand ways to suffer and die;

Love cannot live by heavenly food alone,

Only on sap of earth can it survive.

For thy passion was a sensual want refined;

A hunger of the body and the heart;

Thy want can tire and cease or turn elsewhere

Or love may meet a dire and pitiless end

By bitter treason, or wrath with cruel wounds

Separate, or thy unsatisfied will to others

Depart when first love's joy lies stripped and slain:

A dull indifference replaces fire

 

C'est un désir conscient de ta chair,

C'est une brûlure glorieuse de tes nerfs,

La rosé d'une splendeur de rêve pétalant ton mental,

Un grand ravissement rouge et une torture de ton cœur.

Soudaine transfiguration de tes jours,

Elle passe, et le monde est comme auparavant.

Un rebord ravissant de douceur et de peine,

Un frisson dans son désir le fait paraître divin,

Un pont doré au-dessus du grondement des années,

Une corde t'attachant à l'éternité

Et pourtant combien bref et frêle ! si vite est dépensé

Ce trésor gaspillé par les dieux sur l'homme,

Cette heureuse intimité, comme d'âme à âme,

Le miel de ce compagnon du corps,

Cette joie exhaussée, cette extase dans les veines,

Cette étrange illumination des sens !

Si Satyavan avait vécu, l'amour serait mort ;

Mais Satyavan est mort et l'amour vivra

Pendant quelque temps dans ta poitrine douloureuse jusqu'à ce que

La figure et le corps s'effacent du mur de la mémoire

Où d'autres corps, d'autres figures viennent.

Quand l'amour apparaît soudain dans la vie

Tout d'abord l'homme pénètre dans un monde de soleil ;

Dans sa passion, il sent son élément céleste :

Mais seulement un beau morceau ensoleillé de la terre

L'aspect merveilleux a pris l'éclat céleste,

Le serpent est là et le ver dans le cœur de la rosé.

Un mot, l'acte d'un moment peut frapper le dieu ;

Précaire dans son immortalité,

II a mille moyens de souffrir et de mourir ;

L'amour ne peut pas vivre sur la seule nourriture céleste,

II ne peut survivre que par la sève de la terre.

Car ta passion était un besoin sensuel raffiné ;

Une faim du corps et du cœur ;

Ton besoin peut se fatiguer et cesser ou tourner ailleurs

Ou l'amour peut rencontrer une fin terrible et sans pitié

Par la trahison amère, ou la fureur avec ses blessures cruelles

Séparé, ou ta volonté insatisfaite, vers d'autres

S'en va, quand la joie du premier amour est dépouillée et détruite :

Une terne indifférence remplace la flamme

 

Page 26~27


 

 

Or an endearing habit imitates love:

An outward and uneasy union lasts

Or the routine of a life's compromise.

Where once the seed of oneness had been cast

Into a semblance of spiritual ground

By a divine adventure of heavenly powers

Two strive, constant associates without joy,

Two egos straining in a single leash,

Two minds divided by their jarring thoughts,

Two spirits disjoined, for ever separate.

Thus is the ideal falsified in man's world;

Trivial or sombre, disillusion comes,

Life's harsh reality stares at the soul:

Heaven's hour adjourned flees into bodiless Time.

Death saves thee from this and saves Satyavan:

He now is safe, delivered from himself;

He travels to silence and felicity.

Call him not back to the treacheries of earth

And the poor petty life of animal Man.

In my vast tranquil spaces let him sleep

In harmony with the mighty hush of death

Where love lies slumbering on the breast of peace.

And thou, go back alone to thy frail world :

Chastise thy heart with knowledge, unhood and see,

Thy nature raised into clear living heights,

The heaven-bird's view from unimagined peaks.

For when thou givest thy spirit to a dream

Soon hard necessity will smite thee awake:

Purest delight began and it must end.

Thou too shalt know, thy heart no anchor swinging,

Thy cradled soul moored in eternal seas.

Vain are the cycles of thy brilliant mind.

Renounce, forgetting joy and hope and tears,

Thy passionate nature in the bosom profound

Of a happy Nothingness and wordless Calm,

Delivered into my mysterious rest.

One with my fathomless Nihil all forget.

Forget thy fruitless spirit's waste of force,

Forget the weary circle of thy birth,

Forget the joy and the struggle and the pain,

 

Ou une habitude affectueuse imite l'amour ;

Une union extérieure et inquiète se prolonge

Ou la routine d'une vie de compromis.

Là où le germe d'unité fut semé

Dans ce qui semblait être un terrain spirituel

Par une aventure divine de pouvoirs célestes,

Deux êtres se débattent, constants associés sans joie,

Deux ego s'efforcent dans une seule laisse,

Deux mentalités divisées par leurs pensées discordantes,

Deux esprits disjoints, à jamais séparés.

Ainsi l'idéal est falsifié dans le monde de l'homme,

Triviale ou sombre, la désillusion vient,

La dure réalité de la vie s'impose à l'âme ;

L'heure du ciel ajournée s'enfuit dans le Temps sans corps.

La mort te sauve de cela, et sauve Satyavan :

Lui maintenant est en sécurité, délivré de lui-même ;

II voyage vers le silence et la félicité.

Ne le rappelle pas vers les trahisons de la terre

Et la pauvre vie mesquine de l'homme animal.

Dans mes espaces vastes et tranquilles, laisse-le dormir

En harmonie avec le silence majestueux de la mort

Où l'amour est couché endormi sur la poitrine de la paix.

Et toi, retourne seule à ton monde fragile ;

Corrige ton cœur avec la connaissance ; déchaperonne et vois

Ta nature soulevée à des hauteurs vivantes et claires,

La vue des oiseaux du ciel sur des pics inimaginables.

Car lorsque tu donnes ton esprit à un rêve

Bientôt la dure nécessité t'éveillera en frappant :

La plus pure félicité eut un commencement, et doit avoir une fin.

Toi aussi tu sauras que ton cœur ne se balance pas à l'ancré,

Ton âme bercée amarrée dans les mers éternelles.

Les cycles de ton mental brillant sont vains.

Renonce, oubliant la joie, l'espoir et les larmes,

Ta nature passionnée, dans le sein profond

D'un Néant heureux et d'un Calme sans mots,

Délivrée dans mon repos mystérieux.

Unie à mon Rien insondable, oublie tout.

Oublie le gaspillage de force stérile de ton esprit,

Oublie le cercle lassé de ta naissance,

Oublie la joie et la lutte et la douleur,

 

Page 28~29


 

 

The vague spiritual quest which first began

When worlds broke forth like clusters of fire-flowers,

And great burning thoughts voyaged through the sky of mind

And Time and its aeons crawled across the vasts

And souls emerged into mortality."

But Savitri replied to the dark Power:

"A dangerous music now thou findst, O Death,

Melting thy speech into harmonious pain,

And flut'st alluringly to tired hopes

Thy falsehoods mingled with sad strains of truth.

But I forbid thy voice to slay my soul.

My love is not a hunger of the heart,

My love is not a craving of the flesh;

It came to me from God, to God returns.

Even in all that life and man have marred,

A whisper of divinity still is heard,

A breath is felt from the eternal spheres.

Allowed by Heaven and wonderful to man

A sweet fire-rhythm of passion chants to love.

There is a hope in its wild infinite cry;

It rings with callings from forgotten heights,

And when its strains are hushed to high-winged souls

In their empyrean, its burning breath

Survives beyond, the rapturous core of suns

That flame for ever pure in skies unseen,

A voice of the eternal Ecstasy.

One day I shall behold my great sweet world

Put off the dire disguises of the gods,

Unveil from terror and disrobe from sin.

Appeased we shall draw near our Mother's face,

We shall cast our candid souls upon her lap ;

Then shall we clasp the ecstasy we chase,

Then shall we shudder with the long-sought god,

Then shall we find Heaven's unexpected strain.

Not only is there hope for godheads pure;

The violent and darkened deities

Leaped down from the one breast in rage to find

What the white gods had missed: they too are safe;

A Mother's eyes are on them and her arms

Stretched out in love desire her rebel sons.

 

La vague quête spirituelle qui commença d'abord

Quand les mondes jaillirent comme des grappes de fleurs de feu,

Et que de grandes pensées brûlantes voyagèrent à travers le ciel mental

Et que le Temps et ses éons se traînèrent à travers les immensités

Et que les âmes émergèrent dans la mortalité."

Mais Savitri répondit au Pouvoir sombre :

"Tu trouves maintenant une dangereuse musique, ô Mort,

Attendrissant ton discours en une peine harmonieuse,

Et jouant d'une flûte séduisante aux espoirs fatigués

Tes mensonges mélangés à de tristes tendances de vérité.

Mais j'interdis à ta voix de tuer mon âme.

Mon amour n'est pas une faim du cœur,

Mon amour n'est pas un désir de la chair ;

II m'est venu de Dieu, à Dieu il retourne.

Même dans tout ce que la vie et l'homme ont défiguré

On entend encore un murmure de divinité,

On sent un souffle des sphères éternelles.

Autorisé par le Ciel et merveilleux pour l'homme

Un doux rythme de feu de la passion chante à l'amour.

Il y a un espoir dans son cri sauvage infini ;

II résonne d'appels venant de hauteurs oubliées

Et quand ses accents se taisent dans des âmes de haute envolée

Dans leur empyrée, son souffle brûlant

Survit au-delà, le cœur joyeux des soleils

Cette flamme à jamais pure dans des cieux invisibles,

Une voix de l'Extase éternelle.

Un jour je contemplerai mon grand et doux monde

Débarrassé des déguisements cruels des dieux,

Dévoilé de la terreur et dépouillé du péché.

Apaisés nous nous rapprocherons de la face de notre Mère,

Nous jetterons nos âmes candides sur ses genoux ;

Alors nous saisirons l'extase que nous poursuivons,

Alors nous tressaillirons avec le dieu recherché si longtemps,

Alors nous trouverons le ton inattendu du Ciel.

Il n'y a pas d'espoir seulement pour la pure Divinité ;

Les déités violentes et obscures

Bondirent, descendant de la poitrine unique, dans la rage de trouver

Ce que les dieux blancs avaient manqué ; eux aussi sont en sécurité ;

Les yeux d'une Mère sont sur eux, et ses bras

Tendus par amour, désirent ses fils rebelles.

 

Page 30~31


 

 

 

One who came, love and lover and beloved

Eternal, built himself a wondrous field

And wove the measures of a marvellous dance.

There in its circles and its magic turns

Attracted he arrives, repelled he flees.

In the wild devious promptings of his mind

He tastes the honey of tears and puts off joy

Repenting, and has laughter and has wrath,

And both are a broken music of the soul

Which seeks out, reconciled, its heavenly rhyme.

Ever he comes to us across the years

Bearing a sweet new face that is the old.

His bliss laughs to us or it calls concealed

Like a far-heard unseen entrancing flute

From moonlit branches in the throbbing woods,

Tempting our angry search and passionate pain.

Disguised the Lover seeks and draws our souls.

He named himself for me, grew Satyavan.

For we are man and woman from the first,

The twin souls born from one undying fire.

Did he not dawn on me in other stars ?

How has he through the thickets of the world

Pursued me like a lion in the night

And come upon me suddenly in the ways

And seized me with his glorious golden leap !

Unsatisfied he yearned for me through time,

Sometimes with wrath and sometimes with sweet peace,

Desiring me since first the world began.

He rose like a wild wave out of the floods

And dragged me helpless into seas of bliss.

Out of my curtained past his arms arrived;

They have touched me like the soft persuading wind,

They have plucked me like a glad and trembling flower,

And clasped me happily burned in ruthless flame.

I too have found him charmed in lovely forms

And run delighted to his distant voice

And pressed to him past many dreadful bars.

If there is a yet happier greater god,

Let him first wear the face of Satyavan

And let his soul be one with him I love;

 

Celui qui est venu, amour, amant et bien-aimé

Eternel, construisit lui-même un champ admirable

Et tissa les mesures d'une danse merveilleuse.

Là, dans ses cercles et ses courbes magiques

Attiré il arrive, repoussé il s'enfuit.

Dans les impulsions errantes et désordonnées de son esprit

II goûte le miel des larmes et retarde la joie

Par le repentir, il a le rire et il a la fureur,

Et tous deux sont une musique brisée de l'âme

Qui recherche, réconciliée, son rythme céleste.

Toujours il vient à nous à travers les années

Portant une douce figure nouvelle qui est l'ancienne.

Sa félicité nous rit, ou elle appelle cachée

Comme une flûte lointaine, invisible et enchanteresse

Venant de branches éclairées par la lune dans les bois palpitants,

Tentant notre recherche irritée et notre peine passionnée.

Déguisé, l'Amant cherche et attire nos âmes.

Il s'est nommé pour moi, a grandi Satyavan.

Car nous sommes l'homme et la femme depuis le commencement,

Les âmes jumelles nées d'un feu unique qui ne s'éteint pas.

Ne m'est-il pas apparu dans d'autres étoiles ?

Comme il m'a, à travers les taillis du monde,

Poursuivie comme un lion dans la nuit

Et venu à moi subitement sur les chemins

Et m'a saisie d'un bond doré glorieux :

Insatisfait il me voulait à travers le temps

Parfois avec fureur et parfois avec une douce paix,

Me désirant depuis que le monde commença.

Il surgit comme une vague déréglée hors des flots

Et m'attira, sans défense, dans des mers de béatitude.

Hors de mon passé voilé ses bras arrivèrent ;

Ils m'ont touchée comme un doux vent persuasif,

Ils m'ont cueillie comme une fleur heureuse et tremblante,

Et m'ont serrée heureusement brûlée dans une flamme implacable.

Moi aussi je l'ai trouvé, charmée par des formes ravissantes

Et j'ai couru charmée vers sa voix lointaine

Et me suis empressée vers lui en passant de terribles barrières.

S'il y a un dieu encore plus grand et plus heureux,

Qu'il revête d'abord la figure de Satyavan

Et que son âme soit une avec celui que j'aime :

 

Page 32~33


 

 

So let him seek me that I may desire.

For only one heart beats within my breast

And one god sits there throned. Advance, O Death,

Beyond the phantom beauty of this world ;

For of its citizens I am not one.

I cherish God the Fire, not God the Dream."

But Death once more inflicted on her heart

The majesty of his calm and dreadful voice:

"A bright hallucination are thy thoughts.

A prisoner haled by a spiritual cord,

Of thy own sensuous will the ardent slave,

Thou sendest eagle-poised to meet the sun

Words winged with the red splendour of thy heart.

But knowledge dwells not in the passionate heart;

The heart's words fall back unheard from Wisdom's throne.

Vain is thy longing to build heaven on earth.

Artificer of Ideal and Idea,

Mind, child of Matter in the womb of Life,

To higher levels persuades his parents' steps;

Inapt, they follow ill the daring guide.

But Mind, a glorious traveller in the sky,

Walks lamely on the earth with footsteps slow;

Hardly he can mould the life's rebellious stuff,

Hardly can he hold the galloping hooves of sense:

His thoughts look straight into the very heavens;

They draw their gold from a celestial mine,

His acts work painfully a common ore.

All thy high dreams were made by Matter's mind

To solace its dull work in Matter's jail,

Its only house where it alone seems true.

A solid image of reality

Carved out being to prop the works of Time;

Matter on the firm earth sits strong and sure.

It is the first-born of created things,

It stands the last when mind and life are slain,

And if it ended all would cease to be.

All else is only its outcome or its phase:

Thy soul is a brief flower by the gardener Mind

 

Ainsi qu'il me recherche pour que je le désire.

Car un seul cœur bat au-dedans de ma poitrine

Et un seul dieu est assis là sur le trône. Avance, ô Mort,

Au-delà de la beauté fantôme de ce monde :

Car je ne suis pas un de ses citoyens.

Je chéris Dieu le Feu, non pas Dieu le Rêve."

Mais, une fois de plus, la Mort infligea sur son cœur

La majesté de sa voix calme et inexorable :

"Tes pensées sont une brillante hallucination.

Un prisonnier haie par une corde spirituelle,

Ou l'esclave ardente de ta propre volonté sensuelle,

Tu envoies, avec un port d'aigle pour rencontrer le soleil

Des mots ailés de la rouge splendeur de ton cœur.

Mais la connaissance ne demeure pas dans le cœur passionné ;

Les paroles du cœur retombent sans être entendues du trône de la Sagesse.

Vaine est ton aspiration à construire le ciel sur la terre.

Artificier de l'Idéal et de l'Idée,

Mental, enfant de la Matière dans la matrice de la Vie,

Vers des niveaux supérieurs, entraîne les pas de ses parents,

Inaptes, ils suivent mal le guide hardi.

Mais le Mental, un voyageur glorieux dans le ciel,

Marche en boitant sur la terre avec des pas lents ;

A peine peut-il mouler la substance rebelle de la vie,

A peine peut-il tenir les sabots galopants des sens :

Ses pensées regardent tout droit dans les deux mêmes ;

Elles tirent leur or d'une mine céleste,

Ses actes travaillent douloureusement un minerai commun.

Tous tes hauts rêves étaient faits par le mental de la Matière,

...........................................................................................*

La seule maison où lui seul semble vrai,

Une solide image de la réalité

Sculptée pour être l'étai des œuvres du Temps ;

Sur la terre ferme la matière est assise forte et sûre.

Elle est le premier-né des choses créées,

Elle demeure la dernière quand le mental et la vie sont tués,

Et si elle prenait fin, tout cesserait d'être.

Tout le reste n'est que son produit ou sa phase ;

Ton âme est une brève fleur, par le Mental jardinier


* Une ligne manque dans la traduction dont le sens est le suivant :
Pour se consoler du travail fastidieux dans la prison de la Matière.

 

Page 34~35


 

 

Created on thy Matter's terrain plot;

It perishes with the plant on which it grows,

For from earth's sap it draws its heavenly hue:

Thy thoughts are gleams that pass on Matter's verge,

Thy life a lapsing wave on Matter's sea.

A careful steward of Truth's limited means,

Treasuring her founded facts from the squandering Power,

It tethers mind to the tent-posts of sense,

To a leaden grey routine clamps Life's caprice

And ties all creatures with the cords of Law.

A vessel of transmuting alchemies,

A glue that sticks together mind and life,

If Matter fails, all crumbling cracks and falls.

All upon Matter stands as on a rock.

Yet this security and guarantor

Pressed for credentials an impostor proves

A cheat of substance where no substance is,

An appearance and a symbol and a nought,

Its forms have no original right to birth:

Its aspect of a fixed stability

Is the cover of a captive motion's swirl,

An order of the steps of Energy's dance

Whose footmarks leave forever the same signs,

A concrete face of unsubstantial Time,

A trickle dotting the emptiness of Space:

A stable-seeming movement without change,

Yet change arrives and the last change is death.

What seemed most real once, is Nihil's show.

Its figures are snares that trap and prison the sense;

The beginningless void was its artificer:

Nothing is there but aspects limned by Chance

And seeming shapes of seeming Energy.

All by Death's mercy breathe and live awhile,

All think and act by the Inconscient's grace.

Addict of the roseate luxury of thy thoughts,

Turn not thy gaze within thyself to look

At visions in the gleaming crystal, Mind,

Close not thy lids to dream the forms of Gods.

At last to open thy eyes consent and see

The stuff of which thou and the world are made.

 

Créée sur ton pan de terrain de la Matière ;

Elle périt avec la plante sur laquelle elle croît,

Car de la sève de la terre elle tire sa nuance céleste :

Tes pensées sont des rayons qui passent sur la lisière de la Matière,

Ta vie est une vague qui coule sur la mer de la Matière.

Un intendant soigneux des moyens limités de la Vérité,

Amassant les faits établis provenant du Pouvoir gaspilleur,

II enchaîne le mental aux pieux de tente des sens,

A une routine gris de plomb, il cramponne le caprice de la Vie

Et attache toutes les créatures avec les cordes de la Loi.

Un récipient d'alchimies transmutatrices,

Une glu qui colle ensemble le mental et la vie,

Si la Matière faillit, tout s'écroulant craque et tombe.

Sur la Matière, tout se tient comme sur un roc.

Pourtant, cette sécurité, cette garantie

Pressée par ses lettres de créance, prouve être un imposteur ;

Une tromperie de substance où la substance n'est pas,

Une apparence, un symbole et un néant,

Ses formes n'ont aucun droit originel à la naissance ;

Son aspect de stabilité fixe

Est le couvert du remous d'un mouvement captif;

L'ordre des pas de la danse de l'Energie

Dont les pas laissent toujours les mêmes empreintes,

La face concrète du temps immatériel,

Un suintement pointillant le vide de l'Espace :

Un mouvement qui semble stable sans changement,

Pourtant des changements surviennent et le dernier changement est la Mort.

Ce qui, un temps, semblait le plus réel est la parade du Néant.

Les figures sont des pièges qui attrapent et emprisonnent les sens ;

Le vide sans commencement en était l'artisan :

II n'y a rien excepté des aspects enluminés par la Chance

Et les apparences de formes d'une apparence d'Energie.

Tous par la miséricorde de la Mort respirent et vivent pour un temps,

Tous pensent et agissent par la grâce de l'Inconscient.

Adonnée au luxe le plus rosé de tes pensées,

Ne tourne pas ton regard au-dedans de toi pour voir

Des visions dans le cristal miroitant, esprit,

Ne ferme pas tes paupières pour rêver les formes des Dieux.

Consens enfin à ouvrir tes yeux et vois

L'étoffé dont vous êtes faits, toi et le monde.

 

Page 36~37


 

 

Inconscient in the still inconscient Void

Inexplicably a moving world sprang forth:

Awhile secure, happily insensible,

It could not rest content with its own truth.

For something on its nescient breast was born.

Condemned to see and know, to feel and love,

It watched its acts, imagined a soul within;

It groped for truth and dreamed of Self and God.

When all unconscious was, then all was well.

I, Death, was king and kept my regal state,

Designing my unwilled, unerring plan,

Creating with a calm insentient heart.

In my sovereign power of unreality

Obliging nothingness to take a form,

Infallibly my blind unthinking force

Making by chance a fixity like fate's,

By whim the formulas of Necessity,

Founded on the hollow ground of the Inane

The sure bizarrerie of Nature's scheme.

I curbed the vacant ether into Space;

A huge expanding and contracting breath

Harboured the fires of the universe:

I struck out the supreme original spark

And spread its sparse ranked armies through the Inane,

Manufactured the stars from the occult radiances,

Marshalled the platoons of the invisible dance;

I formed earth's beauty out of atom and gas,

And built from chemic plasm the living man.

Then Thought came in and spoilt the harmonious world:

Matter began to hope and think and feel,

Tissue and nerve bore joy and agony.

The inconscient cosmos strove to learn its task;

An ignorant personal god was born in Mind

And to understand invented reason's law,

The impersonal Vast throbbed back to man's desire,

A trouble rocked the great world's blind still heart

And Nature lost her wide immortal calm.

Thus came this warped incomprehensible scene

Of souls enmeshed in life's delight and pain

And Matter's sleep and Mind's mortality,

 

Inconscient dans le Vide toujours inconscient

Inexplicablement, un monde en mouvement jaillit :

Pendant un temps en sécurité, heureusement insensible,

II ne pouvait se contenter de sa propre vérité.

Car sur son sein ignorant quelque chose naquit

Condamné à voir et à savoir, à sentir et à aimer,

II observa ses actions, imagina une âme au-dedans,

Tâtonna en quête de la vérité et rêva d'un Moi et de Dieu.

Quand tout était inconscient, alors tout allait bien.

Moi, la Mort, j'étais roi et gardais mon état royal,

Préparant mon plan infaillible sans volonté,

Créant avec un cœur calme et insensible.

Dans mon pouvoir souverain d'irréalité

Obligeant le rien de prendre une forme,

Infailliblement, ma force aveugle sans penser

Faisant par hasard une fixité comme celle du destin,

Par caprice, les formules de la Nécessité,

Fonda sur le terrain creux de l'Absurde

Les bizarreries certaines du plan de la Nature.

J'ai courbé l'éther vacant en Espace ;

Un souffle énorme se dilatant et se contractant

Hébergea les feux de l'univers :

J'allumai l'étincelle originelle suprême

Et répandis l'éparpillement de ses armées rangées à travers le Vide,

J'ai manufacturé les étoiles avec des radiations occultes,

Arrangé les pelotons de la danse invisible ;

J'ai formé la beauté de la terre avec l'atome et le gaz,

Et construit avec le plasma chimique l'homme vivant.

Alors la Pensée arriva et abîma le monde harmonieux ;

La matière commença à espérer, à penser, à sentir,

Les tissus et les nerfs portèrent la joie et l'agonie.

Le cosmos inconscient s'efforça d'apprendre sa tâche ;

Un dieu personnel ignorant naquit dans le mental

Et, pour comprendre, inventa la loi de la raison,

L'Immensité impersonnelle palpita en réponse au désir de l'homme,

Un trouble secoua le grand cœur aveugle et tranquille du monde

Et la Nature perdit son vaste calme immortel.

Ainsi arriva cette scène pervertie et incompréhensible

D'âmes prises au filet de joie et de peine de la vie

Et le sommeil de la Matière et la mortalité du mental,

 

Page 38~39


 

 

Of beings in Nature's prison waiting death

And consciousness left in seeking ignorance.

This is the world in which thou mov'st, astray

In the tangled pathways of the human mind,

In the issueless circling of thy human life,

Searching for thy soul and thinking God is here.

But where is room for soul or place for God

In the brute immensity of a machine ?

A transient Breath thou takest for thy soul,

Born from a gas, a plasm, a sperm, a gene,

A magnified image of man's mind for God,

A shadow of thyself thrown upon Space.

Interposed between the upper and nether Void,

Thy consciousness reflects the world around

In the distorting mirror of ignorance

Or upwards turns to catch imagined stars.

Or if a half Truth is playing with the earth

Throwing its light on a dark shadowy ground,

It touches only and leaves a luminous smudge.

Immortality thou claimest for thy spirit;

But immortality for imperfect man,

A god who hurts himself at every step,

Would be a cycle of eternal pain.

Wisdom and love thou claimest as thy right;

But knowledge in this world is error's make,

A brilliant procuress of Nescience,

And human love a posturer on earth-stage

Who imitates with verve a feary dance.

An extract pressed from hard experience,

Man's knowledge casked in the barrels of Memory

Has the harsh savour of a mortal draught:

A sweet secretion from the erotic glands

Flattering and torturing the burning nerves

Love is a honey and poison in the breast

Drunk by it as the nectar of the gods.

Earth's human wisdom is no great-browed power,

And love no gleaming angel from the skies.

If they aspire beyond earth's dullard air,

Arriving sunwards with frail waxen wings

How high could reach that forced unnatural flight ?

 

D'êtres attendant la mort dans la prison de la Nature

Et la conscience abandonnée à la recherche de l'ignorance.

Tel est le monde dans lequel tu te meus, errant

Dans les chemins enchevêtrés du mental humain,

Dans le cercle sans issue de ta vie humaine,

A la recherche de ton âme et pensant que Dieu est ici.

Mais où y a-t-il de l'espace pour une âme et une place pour Dieu

Dans l'immensité brutale d'une machine ?

Un souffle transitoire, tu le prends pour ton âme

Né d'un gaz, d'un plasma, d'un sperme, d'un gène,

Une image magnifiée du mental humain comme Dieu,

Une ombre de toi-même jetée sur l'Espace.

Interposée entre le Vide supérieur et le Vide inférieur,

Ta conscience reflète le monde alentour

Dans le miroir déformant de l'Ignorance,

Ou vers le haut se tourne pour attraper des étoiles imaginaires,

Ou si une demi-vérité joue avec cette terre

Projetant sa lumière sur l'ombre d'un sol obscur

Elle touche seulement et laisse une tache lumineuse.

Tu réclames l'immortalité pour ton esprit,

Mais l'immortalité pour l'homme imparfait,

Un dieu qui se fait mal à chaque pas,

Serait un cycle de peine éternelle.

La sagesse et l'amour, tu les réclames comme ton droit ;

Mais dans ce monde la connaissance est faite par l'erreur,

Une brillante entremetteuse de la Nescience,

Et l'amour humain un acrobate sur l'estrade de la terre

Qui imite avec verve une danse féerique

Un extrait pressuré d'une dure expérience,

La connaissance de l'homme embarillé dans les barriques de la mémoire

A l'acre saveur d'une potion mortelle :

Une sécrétion sucrée des glandes érotiques

Flattant et torturant les nerfs embrasés,

L'amour est un miel et un poison dans la poitrine

Bu par elle comme le nectar des dieux.

La sagesse humaine de. la terre n'est pas un pouvoir intimidant

Et l'amour n'est pas un ange radieux venu des cieux.

S'ils aspirent au-delà de l'air lourd de la terre,

Arrivant vers le soleil avec de frêles ailes de cire

A quelle hauteur peut atteindre ce vol forcé contre nature ?

 

Page 40~41


 

 

But not on earth can divine wisdom reign

And not on earth can divine love be found;

Heaven-born, only in heaven can they live,

Or else there too perhaps they are shining dreams.

Nay, is not all thou art and doest a dream ?

Thy mind and life are tricks of Matter's force.

If thy mind seems to thee a radiant sun,

If thy life runs a swift and glorious dream,

This is the illusion of thy mortal heart

Dazzled by a ray of happiness or light.

Impotent to live by their own right divine,

Convinced of their brilliant unreality,

When their supporting ground is cut away,

These children of Matter into Matter die.

Even Matter vanishes into Energy's vague

And Energy is a motion of old Nought.

How shall the Ideal's unsubstantial hues

Be painted stiff on earth's vermilion blur,

A dream within a dream come doubly true ?

How shall the will-o'-the-wisp become a star ?

The Ideal is a malady of thy mind,

A bright delirium of thy speech and thought,

A strange wine of beauty lifting thee to false sight.

A noble fiction of thy yearnings made,

Thy human imperfection it must share:

Its forms in Nature disappoint the heart,

And never shall it find its heavenly shape

And never can it be fulfilled in Time.

O soul misled by the splendour of thy thoughts,

O earthly creature with thy dream of heaven,

Obey, resigned and still, the earthly law.

Accept the light that falls upon thy days;

Take what thou canst of Life's permitted joy,

Submitting to the ordeal of Fate's scourge

Suffer what thou must of toil and grief and care.

There shall approach silencing thy passionate heart

My long calm night of everlasting sleep :

There into the hush from which thou cam'st retire."

 

Mais ce n'est pas sur terre que peut régner la sagesse divine

Et pas sur terre que l'amour divin peut être trouvé ;

Nés du ciel, seulement au ciel ils peuvent vivre,

Ou bien, là aussi peut-être ils sont des rêves brillants.

Bien plus, tout ce que tu es et tout ce que tu fais, n'est-ce point un rêve ?

Ton mental et ta vie sont des trucs de la force de la matière.

Si ton mental te semble un soleil radieux,

Si ta vie coule selon un rêve rapide et glorieux,

Ceci est l'illusion de ton cœur mortel

Ebloui par un rayon de bonheur ou de lumière.

Impotents à vivre par leur propre droit divin,

Convaincus de leur brillante irréalité,

Quand le terrain qui les supporte est enlevé,

Ces enfants de la Matière meurent dans la Matière.

La Matière elle-même s'évanouit dans le vague de l'Energie

Et l'Energie est un mouvement du vieux Néant.

Comment les nuances immatérielles de l'Idéal

Peuvent-elles être peintes tenaces sur le barbouillage vermillon de la terre,

Un rêve dans un rêve est-il doublement vrai ?

Comment le feu follet peut-il devenir une étoile ?

L'Idéal est une maladie de ton mental,

Un brillant délire de ta parole et de ta pensée,

Un étrange vin de beauté te soulevant à une vision fausse.

Noble fiction issue de tes aspirations

Elle doit partager ton imperfection humaine :

Ses formes dans la Nature désappointent le cœur,

Et jamais elle ne trouvera sa forme céleste

Et jamais peut-elle être accomplie dans le Temps.

Ô  âme égarée par la splendeur de tes pensées,

Ô  créature terrestre avec ton rêve du ciel,

Obéis, résignée et tranquille, la loi de la terre.

Accepte la lumière qui tombe sur tes jours ;

Prends ce que tu peux de la joie permise de la Vie,

Te soumettant à l'ordalie du fléau du Destin

Souffre ce que tu dois du labeur, de la douleur et du souci.

Réduisant au silence ton cœur passionné, s'approchera

Ma nuit longue et calme de sommeil perpétuel :

Là, dans le silence d'où tu es venue, retire-toi."

 

Page 42~43









Let us co-create the website.

Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.

Image Description
Connect for updates