Savitri passages traduits par La Mère - read passages from Savitri translated into French by The Mother
There came a slope that slowly downward sank;
It slipped towards a stumbling grey descent.
The dim-heart marvel of the ideal was lost;
Its crowding wonder of bright delicate dreams
And vague half-limned sublimities she had left:
Thought fell towards lower levels; hard and tense
It passioned for some crude reality.
The twilight floated still but changed its hues
And heavily swathed a less delightful dream;
It settled in tired masses on the air;
Its symbol colours tuned with duller reds
And almost seemed a lurid mist of day.
A straining taut and dire besieged her heart;
Heavy her sense grew with a dangerous load,
And sadder, greater sounds were in her ears,
And through stern breakings of the lambent glare
Her vision caught a hurry of driving plains
And cloudy mountains and wide tawny streams,
And cities climbed in minarets and towers
Towards an unavailing changeless sky:
Long quays and ghauts and harbours white with sails
Challenged her sight awhile and then were gone.
Amidst them travailed toiling multitudes
In ever shifting perishable groups,
A foiled cinema of lit shadowy shapes
Enveloped in the grey mantle of a dream.
Imagining meanings in life's heavy drift,
They trusted in the uncertain environment
And waited for death to change their spirit's scene.
A savage din of labour and a tramp
Of armoured life and the monotonous hum
Of thoughts and acts that ever were the same,
As if the dull reiterated drone
Of a great brute machine, beset her soul,—
A grey dissatisfied rumour like a ghost
Alors vint une pente qui lentement s'enfonçait ;
Elle glissait en une descente incertaine et grise.
La merveille au cœur pâle de l'idéal était perdue
Sa foule prodigieuse de rêves brillants et délicats
Et ses splendeurs vaguement définies, elle les avait laissées :
La pensée retomba vers des régions inférieures ; dure et tendue
Se passionnant pour une réalité crue.
Le crépuscule flottait encore mais changea de nuances
Et enveloppa lourdement un rêve moins charmant ;
II s'établit dans l'air en masses fatiguées ;
Ses couleurs symboliques s'accordèrent à des rouges plus ternes
Ressemblant presque à un lugubre brouillard de jour.
Une tension aiguë et terrible assiégea son cœur ;
Ses sens devinrent lourds d'un poids dangereux,
Et des sons plus forts et plus tristes frappèrent ses oreilles,
Et par des ruptures brutales dans la lumière affleurante
Sa vision saisit une ruée de régions mouvantes
Et des montagnes nuageuses et de larges rivières fauves
Et des cités qui grimpent en minarets et en tours
Vers un ciel immuable et inutile :
De longs quais et des rives et des ports blancs de voiles
Frappaient sa vue un moment puis disparurent.
Au sein de tout cela peinaient des multitudes laborieuses
En groupes périssables toujours en mouvement,
Cinéma superficiel éclairant des formes inconsistantes
Enveloppées dans le gris manteau d'un rêve.
Donnant un sens imaginaire au lourd tourbillon de la vie,
Elles se fiaient au milieu incertain
Et attendaient que la mort changeât la scène de leur esprit.
Le vacarme sauvage du travail et le grondement
D'une vie blindée et le bourdonnement monotone
De pensées et d'actes qui sont toujours les mêmes, —
Comme le lourd grondement répété
D'une grande machine brute assaillait son âme,
Une grise rumeur insatisfaite comme le spectre
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Of the moaning of a loud unquiet sea.
A huge inhuman Cyclopean voice,
A Babel-builder's song towering to heaven,
A throb of engines and the clang of tools
Brought the deep undertone of labour's pain.
As when pale lightnings tear a tortured sky,
High overhead a cloud-rimmed series flared
Chasing like smoke from a red funnel driven,
The forced creations of an ignorant Mind:
Drifting she saw like pictured fragments flee
Phantoms of human thought and baffled hopes,
The shapes of Nature and the arts of man,
Philosophies and disciplines and laws,
And the dead spirit of old societies,
Constructions of the Titan and the worm.
As if lost remnants of forgotten light,
Before her mind there fled with trailing wings
Dimmed revelations and delivering words,
Emptied of their mission and their strength to save,
The messages of the evangelist gods,
Voices of prophets, scripts of vanishing creeds.
Each in its hour eternal claimed went by:
Ideals, systems, sciences, poems, crafts
Tireless there perished and again recurred,
Sought restlessly by some creative Power.
But all were dreams crossing an empty vast.
Ascetic voices called of lonely seers
On mountain summits or on river banks
Or from the desolate heart of forest glades
Seeking heaven's rest or the spirit's worldless peace,
Or in bodies motionless like statues, fixed
In tranced cessations of their sleepless thought
Sat sleeping souls, and this too was a dream.
All things the past has made and slain were there,
Its lost forgotten forms that once had lived,
And all the present loves as new-revealed
And all the hopes the future brings had failed
Already, caught and spent in efforts vain,
Repeated fruitlessly age after age.
Unwearied all returned insisting still
D'une mer bruyante qui s'agite et gémit.
Une voix cyclopéenne, énorme, inhumaine,
Un chant de constructeurs de Babel montant au ciel,
Un halètement de machines et un martèlement d'outils
Apportaient le bruit de fond du labeur douloureux.
Tels de pâles éclairs déchirant un ciel torturé,
Là-haut très loin, des séries de formes bordées de nuages flamboyaient
Chassant, comme la fumée jaillie d'un entonnoir rouge,
Les créations forcées d'un Mental ignorant :
Elle voyait dériver comme un vol de fragments imagés
Les fantômes de pensées humaines et d'espoirs déçus,
Les formes de la Nature et les arts de l'homme,
Les philosophies et les disciplines et les lois,
Et l'esprit défunt des vieilles sociétés,
Constructions de Titan et de larve.
Comme les vestiges perdus d'une lumière oubliée,
Devant son mental, fuyaient avec des ailes traînantes
Des révélations pâlies et des paroles de délivrance,
Vidées de leur mission et de leur puissance salvatrice,
Messages de dieux évangélistes,
Voix de prophètes, écritures de croyances qui s'éteignent.
Chacun à son heure prétendue éternelle, s'évanouissait :
Idéaux, systèmes, sciences, poèmes, œuvres d'art
Infatigables ils périssaient et revenaient encore,
Poursuivis sans trêve par quelque pouvoir créateur.
Mais tous étaient des rêves traversant l'immensité vide.
Les voix ascétiques de voyants solitaires appelaient
Sur le sommet des montagnes ou la rive des fleuves
Ou du cœur désolé d'une clairière dans la forêt
Recherchant le repos du ciel ou la paix sans monde de l'esprit,
Ou en des corps immobiles comme des statues, fixées
Dans la cessation cataleptique de leur pensée sans sommeil
Des âmes endormies étaient assises, et cela aussi était un rêve.
Tout ce que le passé avait produit et détruit, était là,
Ses formes perdues et oubliées qui furent vivantes un jour,
Et tout ce qu'aime le présent comme une nouvelle révélation
Et tous les espoirs qu'apporte l'avenir, avaient déjà
Echoué, pris et épuisés en de vains efforts,
Répétés sans fruit d'âge en âge.
Inlassablement tout revenait avec insistance
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Because of joy in the anguish of pursuit
And joy to labour and to win and lose
And joy to create and keep and joy to kill.
The rolling cycles passed and came again,
Brought the same toils and the same barren end,
Forms ever new and ever old, the long
Appalling revolutions of the world.
Once more arose the great destroying Voice:
Across the fruitless labour of the worlds
His huge denial's all-defeating might
Pursued the ignorant march of dolorous Time.
"Behold the figures of this symbol realm,
Its solid outlines of creative dream
Inspiring the great concrete tasks of earth.
In its motion-parable of human life
Here thou canst trace the outcome Nature gives
To the sin of being and the error in things
And the desire that compels to live
And man's incurable malady of hope.
In an immutable order's hierarchy
Where Nature changes not, man cannot change:
Ever he obeys her fixed mutation's law;
In a new version of her oft-told tale
In ever-wheeling cycles turns the race.
His mind is pent in circling boundaries:
For mind is man, beyond thought he cannot soar.
If he could leave his limits he would be safe:
He sees but cannot mount to his greater heavens;
Even winged, he sinks back to his native soil.
He is a captive in his net of mind
And beats soul-wings against the walls of life.
In vain his heart lifts up its yearning prayer,
Peopling with brilliant Gods the formless Void;
Then disappointed to the Void he turns
And in its happy nothingness asks release,
The calm Nirvana of his dream of self:
The Word in silence ends, in Nought the name.
Apart amid the mortal multitudes,
He calls the Godhead incommunicable
A cause de la joie dans l'angoisse de la poursuite
Et de la joie de peiner et de vaincre et de perdre
Et de la joie de créer et de garder et de la joie de détruire.
Les cycles tournoyants passaient et revenaient encore,
Apportant le même labeur et la même fin stérile,
Formes toujours nouvelles et toujours vieilles, les longues,
Effarantes révolutions du monde.
Encore une fois s'éleva la grande Voix destructrice :
A travers le labeur stérile des mondes
Le pouvoir désintégrant de son énorme déni
Poursuivait la marche ignorante du Temps douloureux.
"Regarde les formes de cette région symbolique,
Les contours solides de son rêve créateur
Inspirant les grandes tâches concrètes de la terre.
Dans sa parabole mouvante de la vie humaine
Tu peux découvrir le résultat que donne la Nature
Au péché d'être et à l'erreur des choses
Et au désir qui contraint à vivre
Et à l'espoir, cette incurable maladie de l'homme.
Dans la hiérarchie d'un ordre immuable
Où la Nature ne change point, l'homme ne peut changer :
Pour toujours il obéit à la loi de ses mutations fixes ;
Dans une nouvelle version de son conte souvent répété
En des cycles qui roulent à jamais tourne l'espèce.
Son mental est parqué dans le cercle de ses limites :
Car le mental est de l'homme, au-delà de la pensée, il ne peut s'envoler.
S'il pouvait quitter ses limites il serait sauvé :
II voit ses cieux supérieurs, mais ne peut s'y élever ;
Même ailé, il retombe sur son sol naturel.
Il est captif de son filet mental
Et cogne les ailes de son âme contre les murs de la vie.
En vain son cœur élève sa prière angoissée,
Peuplant de dieux brillants le Vide sans forme ;
Alors déçu, vers le Vide il se tourne
Et dans cette heureuse nullité demande la délivrance,
Le calme Nirvana de son rêve de soi ;
Le Verbe dans le silence finit, et le nom dans le Néant.
Isolé parmi les multitudes mortelles,
II appelle le Divin incommunicable
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To be the lover of his lonely soul
Or casts his spirit into its void embrace,
Or he finds his copy in the impartial All;
He imparts to the Immobile his own will,
Attributes to the Eternal wrath and love
And to the Ineffable lends a thousand names.
Hope not to call God down into his life:
How shalt thou bring the Everlasting here ?
There is no house for him in hurrying Time.
Vainly thou seek'st in Matter's world an aim;
No aim is there, only a will to be.
All walk by Nature bound for ever the same.
Look on these forms that stay awhile and pass,
These lives that long and strive, then are no more,
These structures that have no abiding truth,
The saviour creeds that cannot save themselves,
But perish in the strangling hands of the years,
Discarded from man's thought, proved false by Time,
Philosophies that strip all problems bare
But nothing ever have solved since earth began,
And sciences omnipotent in vain
By which men learn of what the suns are made,
Transform all forms to serve their outward needs,
Ride through the sky and sail beneath the sea,
But learn not what they are or why they came;
These polities, architectures of man's brain,
That, bricked with evil and good, wall in man's spirit
And, fissured houses, palace at once and jail,
Rot while they reign and crumble before they crash;
These revolutions, demon or drunken god,
Convulsing the wounded body of mankind
Only to paint in new colours an old face;
These wars, carnage triumphant, ruin gone mad,
The work of centuries vanishing in an hour,
The blood of the vanquished and the victor's crown
Which men to be born must pay for with their pain,
The hero's face divine on satyr's limbs,
The demon's grandeur mixed with the demi-god's,
The glory and the beasthood and the shame;
Why is it all, the labour and the din,
À être l'amant de son âme solitaire
Ou plonge son esprit dans l'embrassement vide,
Ou il trouve sa copie dans le Tout impartial ;
II applique à l'Immobile sa propre volonté,
Attribue colère et amour à l'Eternel
Et à l'Ineffable prête un millier de noms.
N'espère pas faire descendre Dieu dans la vie :
Comment amènerais-tu ici le Permanent ?
Il n'est pas de maison pour lui dans la hâte du Temps.
En vain tu cherches un but au monde de la Matière ;
II n'y a là aucun but, seulement une volonté d'être.
Tout marche, lié par la Nature, à jamais pareil.
Regarde ces formes qui restent un temps puis passent,
Ces vies qui ont soif et peinent, puis ne sont plus,
Ces constructions sans vérité durable,
Les croyances salvatrices qui ne peuvent se sauver elles-mêmes,
Et périssent aux mains étranglantes des années,
Rejetées de la pensée des hommes, prouvées fausses par le Temps,
Les philosophies qui mettent à nu tous les problèmes
Mais n'ont rien résolu depuis que la terre a commencé,
Et la science omnipotente en vain
Qui apprend aux hommes de quoi les soleils sont faits,
Transforme toutes les formes pour servir leurs besoins extérieurs,
Chevauche à travers le ciel et navigue sous les mers,
Mais ne leur apprend pas ce qu'ils sont ni pourquoi ils sont venus ;
Ces régimes, ces architectures du cerveau humain,
Plâtrés de bien et de mal, qui emmurent l'esprit de l'homme
Ces maisons crevassées, palais et prison à la fois,
Qui pourrissent tandis qu'elles régnent et s'émiettent avant de crouler ;
Ces révolutions, démon ou dieu ivre,
Qui convulsent le corps blessé de l'humanité
Seulement pour peindre de couleurs neuves une vieille figure ;
Ces guerres, ce carnage triomphant, ces ruines folles
L'œuvre des siècles évanouie en une heure,
Le sang du vaincu et la couronne du vainqueur
Que les hommes à naître doivent payer de leur peine,
La face divine du héros sur des membres de satyre,
La grandeur du démon mêlée à celle du demi-dieu,
La gloire et la bestialité et la honte ;
Pourquoi tout cela, ce labeur et ce vacarme,
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The transient joys, the timeless sea of tears,
The longing and the hoping and the cry,
The battle and the victory and the fall,
The aimless journey that can never pause,
The waking toil, the incoherent sleep ?
Song, shouts and weeping, wisdom and idle words,
The laughter of men, the irony of the gods ?
Where leads the march, whither the pilgrimage ?
Who keeps the map of the route or planned each stage ?
Or else self-moved the world walks its own way,
Or nothing is there but only a Mind that dreams:
The world is a myth that happened to come true,
A legend told to itself by conscious Mind,
Imaged and played on a feigned Matter's ground
On which it stands in an unsubstantial Vast.
Mind is the author, spectator, actor, stage:
Mind only is and what it thinks is seen.
If Mind is all, renounce the hope of bliss ;
If Mind is all, renounce the hope of Truth.
For Mind can never touch the body of Truth
And Mind can never see the soul of God;
Only his shadow it grasps nor hears his laugh
As it turns from him to the vain seeming of things.
Mind is a tissue woven of light and shade
Where right and wrong have sewn their mingled parts;
Or Mind is Nature's marriage of covenance
Between truth and falsehood, between joy and pain:
This struggling pair no court can separate.
Each thought is a gold coin with bright alloy
And error and truth are its obverse and reverse:
This is the imperial mintage of the brain
And of this kind is all its currency.
Think not to plant on earth the living Truth
Or make of Matter's world the home of God;
Truth comes not there but only the thought of Truth,
God is not there but only the name of God.
If Self there is, it is bodiless and unborn ;
It is no one and it is possessed by none,
On what shalt thou then build thy happy world ?
Cast off thy life and mind, then art thou Self,
Les joies transitoires, l'océan de larmes immémorial,
Les soifs, les espoirs et les cris,
La bataille, la victoire et la chute,
Le voyage sans but et sans repos,
La peine de l'éveil, l'incohérence du sommeil ?
Chants, cris et larmes, sagesse et vaines paroles,
Le rire des hommes, l'ironie des dieux ?
Où conduit la marche, où le pèlerinage ?
Qui garde la carte de la route, qui a prévu chaque étape ?
A moins que le monde n'aille tout seul son propre chemin,
Ou rien n'est là, qu'un Mental qui rêve :
Le monde est un mythe qui par hasard devint vrai,
Une légende que le Mental conscient se dit à lui-même,
Imagée et jouée sur un semblant de fond matériel
Où elle se tient sur une Immensité sans substance.
Le Mental est l'auteur, le spectateur, l'acteur et la scène :
Seul le Mental existe et ce qu'il pense est vu.
Si le Mental est tout, renonce à l'espoir de la béatitude ;
Si le Mental est tout, renonce à l'espoir de la Vérité.
Car le Mental ne pourra jamais toucher le corps de la Vérité
Et le Mental ne pourra jamais voir l'âme de Dieu ;
II saisit seulement son ombre et n'entend pas son rire
Car il se détourne de lui, pour la vaine apparence des choses.
Le Mental est un tissu d'ombre et de lumière
Où le vrai et le faux ont cousu leurs parts mélangées ;
Ou le Mental est le mariage de convenance de la Nature
Entre la vérité et le mensonge, la joie et la douleur :
Ce couple en querelle qu'aucune cour ne peut séparer.
Chaque pensée est une pièce d'or au brillant alliage
Et erreur et vérité en sont l'obvers et le revers :
Telle est la monnaie impériale du cerveau
Et tout son numéraire est de ce genre.
Ne pense pas à planter sur la terre la Vérité vivante
Ou à faire du monde de la Matière la demeure de Dieu ;
La Vérité ne va pas là, mais seulement la pensée de la Vérité,
Dieu n'est pas là, mais seulement le nom de Dieu.
S'il y a un Moi, il est sans corps et sans naissance ;
II n'est personne et possédé par personne,
Sur quoi donc, construiras-tu ton heureux monde ?
Rejette ta vie et ton mental, et tu seras le Moi,
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An all-seeing Omnipresence stark, alone.
If God there is he cares not for the world ;
All things he sees with calm indifferent gaze,
He has doomed all hearts to sorrow and desire,
He has bound all life with his implacable laws;
He answers not the ignorant voice of prayer.
Eternal while the ages toil beneath,
Unmoved, untouched by aught that he has made,
He sees as minute details mid the stars
The animal's agony and the fate of man:
Immeasurably wise, he exceeds thy thought;
His solitary joy needs not thy love.
His truth in human thinking cannot dwell:
If thou desirest truth then still thy mind
For ever, slain by the dumb unseen Light.
Immortal bliss lives not in human air;
How shall the mighty Mother her calm delight
Keep fragrant in this narrow fragile vase
Or lodge her sweet unbroken ecstasy
In hearts which earthly sorrow can assail
And bodies careless Death can slay at will ?
Dream not to change the world that God has planned,
Strive not to alter his eternal law.
If heavens there are whose gates are shut to grief,
There seek the joy thou couldst not find on earth;
Or in the imperishable hemisphere
Where Light is native and Delight is king
And Spirit is the deathless ground of Things,
Choose thy high station, child of Eternity.
If thou art Spirit and Nature is thy robe,
Cast off thy garb and be thy naked self
Immutable in its undying truth,
Alone for ever in the mute Alone.
Turn then to God, for him leave all behind;
Forgetting Love, forgetting Satyavan,
Annul thyself in his immobile peace.
O soul, drown in his still beatitude.
For thou must die to thyself to reach God's height:
I, Death, am the gate of immortality."
But Savitri answered to the sophist God:
Une Omniprésence qui voit tout, inflexible, seule.
Si Dieu existe, II n'a aucun souci du monde ;
II voit toute chose d'un calme regard indifférent,
II a condamné tous les cœurs au chagrin et au désir,
II a enchaîné la vie par ses lois implacables ;
II ne répond pas à la voix ignorante de la prière.
Eternel, tandis qu'au-dessous peinent les âges.
Immuable, non touché par rien de ce qu'il fit,
II voit comme des détails infimes parmi les étoiles
L'agonie de l'animal et le destin de l'homme :
Sage immensément, il dépasse ta pensée ;
Sa joie solitaire n'a nul besoin de ton amour.
Sa vérité ne peut demeurer dans la pensée des hommes :
Si tu désires la vérité, immobilise ton mental
À jamais, aboli par l'invisible Lumière muette.
La béatitude immortelle ne vit pas dans l'air humain :
Comment la puissante Mère, de sa calme félicité
Garderait-elle le parfum dans ce vase étroit et fragile
Ou logerait-elle intacte sa douce extase
En des cœurs que la douleur terrestre peut assaillir
Et des corps que la Mort insouciante peut détruire à volonté ?
Ne rêve pas de changer le monde que Dieu a ordonné,
Ne l'efforcé pas de modifier sa loi éternelle.
S'il existe des cieux dont les portes sont closes au chagrin,
Cherches-y la joie que tu n'as pu trouver sur terre ;
Ou, dans l'hémisphère impérissable
Où la Lumière est naturelle et la Félicité est reine
Et l'Esprit est la base immortelle des Choses,
Choisis ta haute position, enfant de l'Eternité.
Si tu es Esprit et que la Nature est ta robe,
Rejette ton vêtement et sois ton être nu.
Immuable en sa vérité immortelle,
Seule à jamais dans le Seul muet.
Tourne-toi donc vers Dieu, pour lui laisse tout derrière ;
Oubliant l'Amour, oubliant Satyavan,
Annule-toi dans sa paix immobile.
Ô âme, noie-toi dans sa béatitude immuable.
Car tu dois mourir à toi-même pour atteindre le sommet de Dieu :
Moi, la Mort, je suis la porte de l'immortalité."
Mais Savitri répondit au Dieu sophiste :
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"Once more wilt thou call Light to blind Truth's eyes,
Make knowledge a catch of the snare of Ignorance
And the Word a dart to slay my living Soul ?
Offer, O king, thy boons to tired spirits
And hearts that could not bear the wounds of Time,
Let those who were tied to body and to mind,
Tear off those bonds and flee into white calm
Crying for a refuge from the play of God,
Surely thy boons are great since thou art He!
But how shall I seek rest in endless peace
Who house the mighty Mother's violent force,
Her vision turned to read the enigmaed world,
Her will tempered in the blaze of Wisdom's sun
And the flaming silence of her heart of love ?
The world is a spiritual paradox
Invented by a need in the Unseen,
A poor translation to the creature's sense
Of That which for ever exceeds idea and speech,
A symbol of what can never be symbolised,
A language mispronounced, misspelt, yet true.
"Une fois encore appelleras-tu la Lumière pour aveugler les yeux de la Vérité,
Pour enfermer la connaissance dans les mailles de l'Ignorance
Et faire du Verbe une flèche pour tuer mon Ame vivante ?
Offre, ô roi, tes bienfaits à des esprits fatigués
Et aux cœurs qui ne peuvent supporter les blessures du Temps,
Que ceux qui étaient liés au corps et au mental,
Arrachent ces liens et fuient dans le calme blanc
Implorant un refuge hors du jeu de Dieu,
Sûrement tes bienfaits sont grands puisque tu es Lui !
Mais comment puis-je chercher le repos dans une paix sans fin
Moi qui abrite la force violente de la formidable Mère,
Sa vision attentive à lire le monde énigmatique,
Sa volonté trempée par le brasier du soleil de la Sagesse
Et le silence flamboyant de son cœur d'amour ?
Le monde est un paradoxe spirituel
Inventé par un besoin dans l'Invisible,
Une pauvre traduction pour les sens des créatures
De Cela qui à jamais dépasse l'idée et la parole,
Un symbole de ce qui ne peut jamais être symbolisé,
Un langage mal prononcé, mal épelé, pourtant vrai.
(Ici s'arrête la traduction du livre X par la Mère.)
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