CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1955 Vol. 7 of CWM (Fre) 477 pages 2008 Edition
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Entretiens - 1955 19 tracks  

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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Entretiens - 1955

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1955 Vol. 7 477 pages 2008 Edition
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Entretiens - 1955

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avril




Le 13 avril 1955

Cet Entretien se rapporte au chapitre V de Les Bases du Yoga, « La conscience physique, le subconscient, le sommeil et les rêves, la maladie ».

Alors, quelqu’un a-t-il des questions?

Douce Mère, ici, il est écrit : « Je trouve difficile de prendre ces psychanalystes au sérieux... »

Ça veut dire qu’il se moque d’eux, tout simplement.

(L’enfant poursuit sa lecture) « ... quand ils essayent de sonder l’expérience spirituelle à la lueur vacillante... »

« ... de leurs lampes de poche. » C’est une plaisanterie; c’est pour dire que c’est une toute petite lumière de rien du tout, et qu’ils pensent qu’ils peuvent juger des expériences spirituelles avec cette lumière qui ne vaut pas plus qu’une lumière de poche; ça veut dire quelque chose qui n’a aucune puissance. C’est une plaisanterie. Mais qu’est-ce que tu voulais demander?

Ici, « l’expérience spirituelle à la lueur vacillante de leurs lampes de poche ».

Oui, c’est ça, ça veut dire qu’ils veulent juger des expériences spirituelles avec une toute petite lumière qui n’a aucune valeur, qui n’a aucune force, une lumière de poche, une lampe de poche, ce n’est rien du tout. Ces gens-là veulent tout expliquer avec les phénomènes les plus matériels et les plus ordinaires de la vie humaine; et ils veulent expliquer tout, y compris la création et tous les phénomènes supérieurs, à l’aide de toutes petites habitudes physiques de la conscience la plus ordinaire. C’est tout à fait ridicule.

Douce Mère, qu’est-ce que c’est qu’un « super-ego » ?

Un super-ego, ça veut dire un ego agrandi, grossi, rendu plus important, même, qu’il ne peut être... Toute cette lettre-là est pleine de moquerie. Super-ego, ça veut dire un ego encore plus ego qu’un ego ordinaire, quelque chose de grossi, quelque chose qui essaye d’être très grand en n’étant rien du tout.

Mais pourquoi un « super-ego souterrain » ?

Souterrain, oui, ça veut dire quelque chose qui est caché, et qui est très bas dans la conscience, très en dessous, très bas. Souterrain, ça donne l’impression de quelque chose qui est dans une grande obscurité, inférieur, caché dans l’ombre : les mouvements les plus matériels — un ego qui essaye de devenir un personnage important.

Douce Mère, quelquefois on rêve de choses ordinaires, mais quelquefois on rêve des rêves qui ne sont pas...

Oui, c’est ce que dit Sri Aurobindo, n’est-ce pas; il dit que tous les rêves ne sont pas des rêves ordinaires, des associations de souvenirs, qu’il y a des rêves qui sont des révélations. Il décrit toutes sortes de genres de rêves, là.

Mère, est-ce que cela dépend de la journée? Si on est plus conscient dans la journée, alors on aura des rêves de bonne qualité?

Ça, c’est très difficile à dire, de quoi cela dépend.

Il se trouve que quand on a besoin de rêver quelque chose, pour que ça vous éclaire sur un point de votre nature, que ça vous donne une indication sur l’effort qu’il faut faire, ça arrive.

Cela dépend peut-être d’une conscience qui veille sur chacun; et pour peu qu’on soit un tout petit peu ouvert, elle peut vous guider et donner des indications sûres.

Je pense qu’il y a toute une catégorie de rêves tout à fait vulgaires, inutiles et simplement fatigants, qu’on peut éviter si, avant de s’endormir, on fait un petit effort de concentration, qu’on essaye de se mettre en rapport avec ce que l’on a de meilleur en soi — ou par une aspiration, ou par une prière —, et de ne s’endormir que quand ça, c’est fait... même, si on veut, essayer de méditer et passer tout naturellement de la méditation au sommeil sans même s’en apercevoir... Généralement, il y a toute une catégorie de rêves qui sont inutiles, fatigants, qui vous empêchent de bien vous reposer — tout ça on peut l’éviter. Et alors, si on a vraiment bien réussi sa concentration, il se peut qu’on ait justement, la nuit, pas positivement des rêves mais des expériences dont on devient conscient et qui sont très utiles, des indications, comme je viens de dire, des indications sur des questions que vous vous posiez et pour lesquelles vous n’aviez pas de réponse; ou bien un ensemble de circonstances où vous devez prendre une décision et vous ne savez pas quelle est la décision à prendre; ou bien quelque manière d’être de votre propre caractère qui ne vous apparaît pas clairement dans la conscience éveillée — parce que vous en avez tellement l’habitude que vous ne vous en apercevez pas —, mais quelque chose qui nuit à votre développement et qui obscurcit votre conscience, et qui dans un rêve révélateur symbolique vous apparaît, et vous vous rendez compte de la chose clairement, alors vous pouvez agir dessus.

Cela dépend non pas de ce qu’on a été dans la journée, parce que ça n’a pas toujours beaucoup d’effet pour la nuit, mais beaucoup de la manière dont on s’est endormi. Il suffit justement d’avoir au moment de s’endormir une aspiration sincère que la nuit, au lieu d’être un obscurcissement de la conscience, soit une aide pour comprendre quelque chose, pour avoir une expérience; et alors, ça ne vient pas toujours, mais ça a une chance de venir.

Il y a aussi, n’est-ce pas, toute une quantité d’activités de la nuit dont on ne se souvient pas du tout. Quelquefois, quand on a eu un réveil assez lent et tranquille, qu’on n’a pas sursauté en se réveillant, qu’on se réveille tout doucement, tout lentement, sans bouger, on a une impression vague de quelque chose qui s’est passé, et qui a laissé une empreinte sur votre conscience : vous avez une façon d’être en vous réveillant... particulière, quelquefois même étrange. Et alors si vous restez bien tranquille et que vous observez attentivement, sans bouger, vous vous apercevez d’une sorte de demi-souvenir d’une activité qui s’est passée dans la nuit, et si vous restez concentré sur ça, encore immobile pour un certain temps, tout à coup ça peut venir comme ça, comme quelque chose qui apparaît de derrière un voile, et vous pouvez tenir la queue d’un rêve. Quand vous tenez la queue — rien qu’un petit événement —, quand vous tenez la queue vous tirez dessus, là, comme ça, tout doucement, et ça vient. Mais il faut être très tranquille et il ne faut pas bouger. Et généralement ces rêves-là sont très intéressants, ce sont des activités qui sont très instructives.

On fait beaucoup, beaucoup de choses la nuit, qu’on ne sait pas, et si on apprend, n’est-ce pas, quand on devient conscient, on peut commencer à avoir le contrôle. Avant d’être conscient, on n’a pas de contrôle du tout. Mais quand on commence à être conscient, on peut commencer aussi à avoir un contrôle. Et alors, si on a le contrôle de ses activités de la nuit, on peut se reposer beaucoup mieux ; parce que le fait que quand on se réveille on est souvent au moins aussi fatigué que quand on s’est endormi, et on a un sentiment de lassitude, c’est parce qu’on fait d’innombrables choses inutiles pendant la nuit : on se fatigue à courir vitalement, ou à marcher mentalement dans une activité effrénée. Alors quand vous vous réveillez, vous vous sentez fatigué.

Eh bien, une fois que vous avez le contrôle, vous pouvez arrêter ça complètement... arrêter avant de s’endormir... faire comme la mer étale, c’est-à-dire qu’elle est tout à fait étendue et plate et immobile... eh bien, vous pouvez rendre votre mental comme ça, vaste, plat, comme une surface plate et immobile, alors votre sommeil est excellent.

Naturellement il est question, là aussi, des gens qui s’en vont dans leur sommeil dans des endroits du vital qui sont très mauvais, et alors, quand ils reviennent, quelquefois ils sont plus que fatigués, des fois ils sont malades, ou ils sont tout à fait épuisés. Ça, c’est parce qu’ils ont été dans de mauvais endroits et qu’ils se sont battus. Mais ça, ça a certainement quelque chose à faire avec l’état de conscience que l’on a pendant la veille. Si, par exemple, vous vous êtes mis en colère dans la journée, n’est-ce pas, il y a beaucoup de chances pour que la nuit vous soyez dans une bataille vitale pendant quelque temps; ça, ça arrive.

C’est tout? Rien?

Qu’est-ce que « l’archétype céleste du lotus » ?

Ça veut dire la conception première d’un lotus.

Chaque chose qui est exprimée physiquement a été conçue quelque part avant d’être réalisée matériellement.

Il y a tout un monde qui est le monde des formateurs, où toutes les conceptions sont faites. Et ce monde est un monde très élevé, de beaucoup supérieur à tous les mondes du mental ; et de là ces formations, ces créations, ces types qui ont été conçus par les formateurs descendent et s’expriment dans des réalisations physiques. Et il y a toujours un grand écart entre la perfection de la conception et puis ce qui est matérialisé. Très souvent les choses matérialisées sont comme des caricatures en comparaison de la conception première. Ça, c’est ce qu’il appelle l’archétype. Ça se passe dans des mondes... pas toujours les mêmes, cela dépend des choses, mais pour beaucoup de choses du physique, ces conceptions premières, ces archétypes, étaient dans ce que Sri Aurobindo appelle l’Overmind 5.

Mais il y a encore un domaine supérieur à celui-là, où les origines sont encore plus pures, et si on arrive à ça, à atteindre à ça, on a les types absolument purs de ce qui s’est manifesté sur la terre. Et alors, c’est très intéressant de pouvoir comparer, voir à quel point la création terrestre est une effroyable déformation. Et c’est d’ailleurs seulement quand on peut atteindre à ces régions-là et voir la réalité des choses dans leur essence, qu’on peut sciemment travailler à les transformer ici; autrement, sur quoi se baser pour concevoir un monde meilleur, plus parfait, plus beau que celui qui est? Ça ne peut pas être sur notre imagination qui elle-même est une chose très pauvre et très matérielle. Mais si on peut entrer dans cette consciencelà, s’élever jusqu’à ces mondes supérieurs de création, alors avec ça dans la conscience on est capable de travailler à ce que les choses matérielles prennent leur forme véritable.

Mère, pendant la nuit, quand on voit quelqu’un mourir, et quelques mois après on voit encore cette même personne mourir, qu’est-ce que ça veut dire? Est-ce que cette personne est en danger?

Dans un rêve on voit une personne, et quelques mois après on la voit encore...?

Oui, mourir...

On voit mourir une personne, et puis quelques mois après on la voit mourir encore une fois! La même personne! Elle est morte ou elle est vivante?

Vivante.

Ça devient inquiétant, mon enfant! Je ne sais pas; ça dépend absolument des cas.

Ça peut être une mort spirituelle, ça peut être une mort vitale, ça peut être la mort de quelque chose qui doit disparaître dans l’être (et alors ça veut dire un progrès), ça peut être un phénomène prémonitoire, ça peut être une quantité de choses. À moins que tu n’aies le contexte de ton rêve, on ne peut pas expliquer. Mais tu dois avoir ce qu’on pourrait appeler une jurisprudence de tes rêves. Tu n’as jamais rapproché le rêve avec des événements qui se produisent? Par exemple, est-ce qu’il t’est arrivé — je le sais, que ça t’est arrivé — de voir quelqu’un mourir, et que cette personne est morte réellement? Mais tu ne la vois plus mourir une seconde fois. Si tu vois le même rêve une seconde fois, ça veut dire de deux choses l’une : ou qu’elle a perdu encore un autre état d’être, n’est-ce pas, qu’elle est entrée dans une conscience vitale, ou qu’après, de cette conscience vitale elle est sortie pour entrer dans une conscience psychique. Ça peut être cela. Mais alors, il y a des signes certains. Le rêve ne peut pas tromper, et il ne peut pas être analogue.

Ou ça peut être simplement qu’il y a eu quelque chose qui a été profondément impressionné dans la pensée, dans le cerveau, et qu’alors, dans certaines circonstances qui peuvent avoir beaucoup de causes — mais enfin certaines circonstances —, cette impression se remet en activité et te redonne le même rêve. Si c’est un rêve identique, ça peut être ça, simplement un phénomène cérébral.

Il y a beaucoup de rêves qui sont simplement des phénomènes du cerveau, c’est-à-dire des choses qui se remettent en activité sous une instigation quelconque et qui redonnent les mêmes images, quelquefois tout à fait identiques, quelquefois avec des associations, des connexions un peu différentes, alors il y a des différences.

Il y a parfois des rêves qui se répètent, n’est-ce pas, souvent des rêves qui sont des leçons ou des indications, des rêves qui vous annoncent quelque chose, ou qui veulent attirer votre attention sur quelque chose, ou vous mettre en garde de quelque chose. Il arrive très souvent qu’ils se reproduisent, à brève échéance ou après un certain temps. Et généralement, cela veut dire que les premières fois l’impression a été très faible, on ne se souvient pas bien. La troisième ou dès la seconde fois on a déjà une impression vague — « Tiens, ce n’est pas la première fois » —, quand on voit ça. Alors la troisième fois, c’est clair, précis, absolu, et on se souvient : « Tiens, j’ai déjà vu ça trois fois! »

Ça, généralement, ce sont des rêves extrêmement intéressants et qui vous donnent des indications précises : ou sur quelque chose à faire, ou sur quelque chose à ne pas faire, ou sur des précautions à prendre, ou bien sur des relations avec quelqu’un, ce qu’il faut s’attendre à recevoir d’une personne, comment il faut agir avec elle, ou dans certaines circonstances.

Tu vois, c’est un tout petit détail, un tout petit détail qui se reproduit comme ça ; quelquefois ça vient immédiatement : une nuit, la seconde nuit, la troisième nuit; quelquefois ça prend des semaines pour se reproduire.

Douce Mère, pour profiter de sa nuit, pour avoir de bons rêves, est-ce qu’il est nécessaire qu’on n’ait rien fait de très intellectuel tard dans la nuit, ou bien qu’on ne mange pas trop tard dans la nuit, ou qu’on ne fasse rien d’extérieur?

Cela dépend de chacun; mais certainement, si vous voulez vous reposer tranquillement pendant la nuit, il ne faut pas étudier juste avant de vous endormir. Si vous lisez quelque chose qui exige de la concentration, votre tête continuera à marcher, et alors vous ne vous reposerez pas bien. Quand le mental continue à travailler, on ne se repose pas.

L’idéal, n’est-ce pas, c’est d’entrer dans un repos intégral, c’est-à-dire immobilité dans le corps, paix parfaite dans le vital, silence absolu dans le mental — et la conscience sort de toute activité pour entrer dans le Satchidânanda. Si vous pouvez faire cela, alors quand vous vous réveillez, vous vous réveillez avec le sentiment d’une puissance extraordinaire, d’une joie parfaite. Mais ce n’est pas très, très facile à faire. Cela peut se faire; ça, c’est la condition idéale.

Généralement, ce n’est pas du tout comme ça, et la plupart du temps, presque toutes les heures du sommeil sont gaspillées dans des sortes d’activités désordonnées; votre corps se met à gigoter dans votre lit, vous donnez des coups de pied, vous vous tournez, vous sautez, vous vous tournez ici, vous vous tournez là, et puis vous faites comme ça, et puis comme ça (geste)... Alors vous ne vous reposerez pas du tout.

Pendant la journée on n’a pas de temps, alors on est obligé de préparer les leçons pendant la nuit.

Oh! il y a toujours cinquante mille raisons pour faire les choses! Il ne faut pas du tout mettre là-dedans une question morale. Vous pouvez faire votre devoir, et d’une façon tout à fait... pas égoïste, et puis que ça vous empêche tout de même de dormir.

Les choses morales n’ont rien à faire dans le développement intérieur. Je regrette de vous le dire, mais l’un va d’un côté, l’autre va de l’autre. Vous pouvez vous rendre tout à fait malade en faisant un acte absolument... comment dire... on dit en anglais unselfish, n’est-ce pas, qui n’a rien d’égoïste, et vous pouvez vous porter très bien en étant absolument égoïste. Ça n’intervient pas. Ce n’est pas ce genre de moralité-là qui a de l’effet.

Il y a une très grande différence entre avoir une conscience morale et une conscience qui est l’expression de la vérité. Mais je dois dire qu’il est infiniment plus difficile d’avoir une conscience qui exprime la vérité que d’avoir une conscience morale, parce que n’importe quel imbécile qui connaît les règles sociales et qui les suit, a une conscience morale; tandis que pour avoir une conscience de vérité il ne faut pas être un imbécile — en tout cas, première condition!

C’est comme ça que je perds mes nuits depuis plus d’un an!

Oui. Mais vous ne croyez pas que toutes ces choses proviennent d’un manque d’organisation de la vie? On vit à la minute la minute, comme ça arrive, n’importe comment. Ou bien alors on fait des efforts d’organisation mentale, qui ne correspondent pas à la vérité du tout, et par conséquent sont contrecarrés à chaque minute.

Mais si on organisait sa vie d’après un principe supérieur de la conscience, et sans les tâtonnements que l’on fait généralement — c’est-à-dire suivant une indication précise à chaque minute de ce qu’il faut faire, et comment il faut le faire —, je crois qu’on pourrait s’arranger pour que les choses ne soient pas malencontreuses. C’est très bien d’être un bon professeur, mais peut-être n’est-il pas tout à fait nécessaire de corriger tous les devoirs juste à l’heure où l’on va aller se coucher. Je ne sais pas, n’est-ce pas, parce que je n’ai jamais été un bon professeur, par conséquent je n’ai jamais préparé les devoirs de mes élèves, jamais corrigé les devoirs de mes élèves. Mais enfin, il me semble que ça doit être fort possible.

D’une façon générale, au lieu de choisir son travail très soigneusement et de prendre exactement ce que l’on peut faire, et de le faire aussi bien que l’on peut, très souvent on prend trop. Et dans ce trop, il y a beaucoup de choses qui sont au moins partiellement inutiles, qu’on pourrait diminuer considérablement, sans nuire au résultat (notez que je n’en fais pas une règle générale, mais c’est seulement une expérience que j’ai); et lorsqu’on est très attentif à l’indication intérieure et qu’on se refuse à être ballotté par les vagues qui viennent du dehors — les vagues sont les vagues de toutes sortes de mouvements provenant de la volonté des autres, ou d’une espèce de routine des circonstances, ou d’oppositions venant de forces qui ne sont pas très favorables —, alors au lieu d’être poussé comme ça et mû par ces choses, si on reçoit l’indication intérieure très claire, très précise, et qu’on la suit sans tergiverser, n’est-ce pas, sans hésitation, un peu rigoureusement — ma foi, si ça ne plaît pas aux autres, tant pis —, eh bien, il se trouve qu’on devient en quelque sorte le maître des circonstances, qu’elles s’organisent favorablement, et que vous faites beaucoup plus de travail en beaucoup moins de temps.

Il y a une façon de diminuer le temps nécessaire pour faire les choses en augmentant considérablement la concentration; il y a des gens qui ne peuvent pas faire ça pendant longtemps, ça les fatigue; mais ça, c’est comme de porter des poids, n’est-ce pas, on peut s’habituer. Et alors, si on peut arriver à maîtriser ce pouvoir de concentration, et si vous arrivez à rendre votre mental absolument tranquille — parce que ça, c’est la première condition —, et si dans cette tranquillité vous le concentrez, concentrez, concentrez, concentrez sur le point que vous voulez... sur le travail que vous avez à faire, ou sur l’action que vous avez à faire, eh bien, vous pouvez (ça vient comme une sorte de force de propulsion extrêmement tranquille, mais toute-puissante, et vous avancez d’un mouvement, sans hésitation), vous pouvez littéralement faire en un quart d’heure ce qui prendrait une heure autrement. Et alors ça, ça a le grand avantage que ça vous donne du temps, et que, après ça, au lieu de passer d’une activité à une autre, d’une agitation à une autre, vous pouvez vous détendre complètement pendant quelques minutes et avoir un repos total. Ça vous donne le temps de vous reposer; et dans ce repos, naturellement, comme vous vous détendez, tout ce qui peut avoir été un peu trop tendu se relâche et se remet, et ça vous remet dans une condition pour pouvoir de nouveau faire une autre concentration. Essayez!

Voilà. C’est tout? Pas de questions?

Alors au revoir, mes enfants.









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