CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1955 Vol. 7 of CWM (Fre) 477 pages 2008 Edition
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Entretiens - 1955 19 tracks  

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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Entretiens - 1955

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1955 Vol. 7 477 pages 2008 Edition
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Entretiens - 1955

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Le 23 février 1955

Cet Entretien se rapporte au chapitre IV de Les Bases du Yoga, « Le désir, la nourriture, le sexe ».

Douce Mère, depuis le commencement l’homme mangeait parce qu’il avait besoin de la nourriture pour vivre. Alors pourquoi le goût pour la nourriture est-il venu ? On mange ce qu’on aime, et on ne mange pas ce qu’on n’aime pas!

Je crois que l’homme primitif était très proche de l’animal et qu’il vivait plus par un instinct que par l’intelligence, n’est-ce pas. Il mangeait quand il avait faim, sans aucune règle d’aucun genre. Peut-être qu’il avait ses goûts et ses préférences aussi, nous n’en savons trop rien, mais il vivait beaucoup plus matériellement, beaucoup moins mentalement et vitalement que maintenant.

Sûrement, l’homme primitif était très matériel, très proche de l’animal. Et à mesure que les siècles passent, l’homme devient plus mental et plus vital ; et à mesure qu’il devient plus vital et plus mental, naturellement le raffinement est possible, l’intelligence croît, mais aussi la possibilité de perversion et de déformation. N’est-ce pas, il y a une différence entre éduquer ses sens au point qu’on peut y amener toutes sortes de raffinements, de développements, de connaissances, toutes les possibilités d’appréciation du goût, et tout ça — il y a une différence entre ça, qui est vraiment un développement et un progrès de la conscience, et puis l’attachement ou la gourmandise.

On peut très bien faire, par exemple, une étude très approfondie du goût et avoir une connaissance très détaillée des différents goûts des choses, de l’association entre les idées et le goût, afin de faire tout un développement pas positivement vital, mais un développement des sens. Il y a une grande différence entre ça et ceux qui mangent par gourmandise, qui pensent tout le temps à la nourriture. N’est-ce pas, pour eux, manger c’est la chose la plus importante; toutes leurs pensées sont concentrées là, et ils mangent non pas parce qu’ils ont besoin de manger, mais par désir et par convoitise et par gourmandise.

En fait, les gens qui travaillent pour développer leur goût, le raffiner, sont rarement des gens qui sont très attachés à la nourriture. Ce n’est pas par attachement pour la nourriture qu’ils le font. C’est pour la culture de leurs sens, ce qui est tout à fait différent. C’est comme l’artiste, n’est-ce pas, qui cultive ses yeux pour l’appréciation des formes et des couleurs, des lignes, la composition des choses, l’harmonie qui se trouve dans la nature physique, ce n’est pas du tout par désir qu’il le fait, c’est par goût, par culture, par développement du sens de la vue et de l’appréciation de la beauté. Et généralement, les artistes qui sont vraiment des artistes, et qui aiment leur art, et qui vivent dans le sens de la beauté, qui recherchent la beauté, ce sont des gens qui n’ont pas beaucoup de désirs. Ils vivent dans le sens du développement non seulement visuel, mais d’appréciation de la beauté. Il y a une grande différence entre ça et les gens qui vivent dans leurs impulsions et leurs désirs. C’est tout à fait autre chose.

Généralement toute éducation, toute culture, tout raffinement des sens et de l’être est une des meilleures façons de guérir l’instinct, les désirs, les passions. D’annuler ces choses ne le guérit pas; le cultiver, l’intellectualiser, le raffiner, ça, c’est le plus sûr moyen de guérir. Donner le maximum de développement possible pour le progrès et pour le développement, pour atteindre à un certain sens d’harmonie et d’exactitude de perception, ça, ça fait partie de la culture de l’être, de l’éducation de l’être. C’est comme les gens qui cultivent leur intelligence, qui apprennent, qui lisent, qui pensent, qui comparent, qui étudient. Ce sont des gens dont l’esprit s’élargit et qui sont beaucoup plus vastes et compréhensifs que ceux qui vivent sans éducation mentale, avec quelques petites idées qui sont quelquefois même contradictoires dans leur conscience et qui les gouvernent totalement parce qu’ils n’ont que celles-là, et qu’ils pensent que ce sont les idées uniques qui doivent diriger leur vie; ceux-là sont tout à fait étroits et limités, tandis que ceux qui se sont cultivés, et qui ont étudié, ça, au moins, ça élargit leur esprit, et ils peuvent voir, comparer les idées et voir que toutes les idées possibles sont dans le monde, et que c’est une mesquinerie, une absurdité d’être attaché à un nombre restreint d’idées et d’en faire l’exclusive expression de la Vérité.

L’éducation est certainement un des meilleurs moyens pour préparer la conscience pour un développement supérieur. Il y a des gens avec des natures très frustes et très simples, qui peuvent avoir de grandes aspirations et arriver à un certain développement spirituel, mais la base sera toujours d’une qualité inférieure, et dès qu’ils reviendront dans leur conscience ordinaire ils y trouveront des obstacles, parce que l’étoffe est trop mince, qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments dans leur conscience vitale et matérielle pour pouvoir supporter la descente d’une force supérieure.

Manger par gourmandise et par passion pour la nourriture, est une chose tout à fait différente d’étudier les différents goûts et de savoir les comparer, les combiner et les apprécier. Y a-t-il d’autres questions? Non?

Douce Mère, d’où viennent les goûts?

C’est un des sens; on dit que c’est la langue; moi, je ne sais pas. C’est le sens du goût, comme il y a le sens du toucher. Comment ça se fait que nous sentons quelque chose avec le bout des doigts? Ce sont les nerfs qui sont là, les nerfs et la conscience.

Le goût, c’est le nerf et la conscience qui sont dans la langue et dans le palais.

Mais il y a d’autres goûts pour des choses différentes.

Oh, ça c’est le mot qui est un... Le mot est employé dans un sens positif, et puis dans un sens figuré. « Il a du goût pour quelque chose », c’est une façon figurée d’employer le mot. Cela ne veut pas dire que c’est la même chose que le goût de la langue; ou de quelqu’un on dit qu’il a bon goût, cela veut dire qu’il sait apprécier d’une façon claire et judicieuse, mais cela ne veut pas dire qu’il goûte avec sa langue.

Comment est-ce que le jeûne donne un état de réceptivité?

C’est parce que généralement l’être vital est très concentré sur le corps, et quand le corps est bien nourri, il prend sa force par la nourriture, son énergie par la nourriture, et que c’est une façon... c’est évidemment à peu près la seule; pas la seule, mais la plus importante dans les conditions actuelles de vie... mais c’est une façon très tamasique d’absorber de l’énergie.

Si on y réfléchit, n’est-ce pas, c’est l’énergie vitale qui est ou dans les plantes ou dans les animaux, c’est-à-dire que, logiquement, elle est d’une qualité inférieure à l’énergie vitale qui doit être dans l’homme, qui est un être un peu supérieur dans la gradation des espèces. Alors si vous tirez par en bas, vous tirez en même temps l’inconscience qui est en bas. Il est impossible de manger sans absorber une quantité considérable d’inconscience; ça vous alourdit, ça vous épaissit; et puis si vous mangez beaucoup, une grande quantité de votre conscience est absorbée dans le fait de digérer et d’assimiler ce que vous avez mangé. Alors déjà, si vous ne prenez pas de nourriture, vous n’avez pas toute cette inconscience à assimiler et à transformer au-dedans de vous : ça libère des énergies. Et puis, comme il y a un instinct dans l’être pour récupérer les énergies dépensées, si vous ne les prenez pas dans la nourriture, c’est-à-dire d’en bas, vous faites instinctivement un effort pour les prendre par une union avec les forces vitales universelles, qui sont libres, et si on sait les assimiler, on les assimile directement, et alors il n’y a pas de limite.

Ce n’est pas comme votre estomac qui ne peut digérer qu’une certaine quantité de nourriture, et par conséquent vous ne pouvez pas en absorber plus que ça ; et la nourriture que vous prenez, elle-même ne libère qu’une petite partie, très petite quantité d’énergie vitale; et alors qu’est-ce qui vous reste après tout le travail d’avaler, de digérer, etc.? N’est-ce pas, pas grand-chose! Tandis que si vous apprenez... et ça c’est une sorte d’instinct, on apprend instinctivement à tirer vers soi les énergies universelles, qui sont libres dans l’univers et qui sont illimitées en quantité... tant que vous êtes capable de tirer vers vous, vous pouvez en absorber — alors instinctivement, quand il n’y a pas le support d’en bas qui vient de la nourriture, on fait le mouvement nécessaire pour récupérer les énergies du dehors, et on en absorbe autant qu’on est capable d’en absorber. Et quelquefois davantage. Alors ça vous met dans une sorte d’état d’excitation. Et si votre corps est très solide et qu’il peut supporter le fait d’être privé de nourriture pendant un certain temps, alors vous gardez votre équilibre et vous pouvez utiliser ces énergies pour toutes sortes de choses, comme progresser, par exemple, devenir plus conscient et transformer votre nature. Mais si votre corps physique n’a pas beaucoup de réserves, et s’il s’affaiblit considérablement du fait de ne pas manger, alors ça crée un déséquilibre entre l’intensité des énergies que vous absorbez et la capacité du corps de les supporter, et alors ça vous dérange. Vous perdez votre équilibre, et toute la balance des forces est détruite, et il peut vous arriver n’importe quoi. En tout cas vous perdez beaucoup de contrôle sur vous-même, et vous devenez très excité généralement, et vous prenez cette excitation pour un état supérieur. Mais c’est souvent simplement un déséquilibre intérieur, rien de plus. Cela affine beaucoup la réceptivité. Par exemple, justement quand on jeûne et qu’on ne prend plus les énergies d’en bas, eh bien, si vous respirez une fleur, ça vous nourrit, le parfum vous nourrit, ça vous donne beaucoup d’énergie, et autrement vous ne vous en apercevez pas.

Il y a certaines facultés qui s’intensifient, et alors on prend ça pour un effet spirituel. Ça n’a que très peu de chose à voir avec la vie spirituelle, excepté qu’il y a des gens qui mangent beaucoup, qui pensent beaucoup à leur nourriture, qui sont très absorbés là-dedans, et puis quand ils ont bien mangé — et comme je dis, il faut qu’ils digèrent, et alors toutes leurs énergies sont concentrées là pour leur digestion —, ces gens-là sont lourds en esprit, et ça les tire beaucoup vers la matière; alors s’ils cessent de manger et qu’ils cessent de penser à la nourriture... Parce qu’il y a une chose : si on jeûne et qu’on pense tout le temps qu’on a faim et qu’on voudrait manger, alors c’est dix fois pire que de manger, mais si on peut vraiment jeûner parce qu’on pense à autre chose et qu’on est occupé d’autre chose et qu’on n’est pas intéressé par la nourriture, alors là, cela peut vous aider à monter à un degré un peu supérieur de conscience, à vous libérer de l’esclavage du besoin matériel. Mais le jeûne est bon surtout pour ceux qui y croient — comme toute chose. Quand on a la foi que ça va vous faire faire un progrès, que ça va vous purifier, ça vous fait du bien. Si on n’y croit pas, ça ne fait pas grand-chose, excepté de vous rendre maigre.

Il y avait Maeterlinck — vous connaissez les livres de Maeterlinck, je crois; vous devez avoir lu L’Oiseau bleu, etc. C’était un homme très corpulent, et comme il avait un sens de beauté, ça le gênait beaucoup de devenir corpulent. Alors il avait décidé de jeûner une fois par semaine; un jour par semaine il ne mangeait pas, et comme c’était un homme intelligent, il ne s’occupait pas de la nourriture, il écrivait, il travaillait beaucoup ce jour-là, et ça le maintenait dans une forme raisonnable et élégante; et à ce point de vue-là c’était très utile pour lui.

C’est l’effet le plus sûr : si on ne mange pas, on maigrit. Alors si on est trop gros, et qu’on veut maigrir, c’est un bon moyen. Mais à condition qu’on ne passe pas sa journée à penser à la nourriture, parce qu’alors dès qu’on cesse son jeûne on se précipite et on mange tant qu’on rattrape tout ce que l’on a perdu. Au fond, le mieux c’est de ne pas y penser, c’est de régler sa vie d’une façon assez automatique pour ne pas avoir besoin de penser à manger. Vous mangez à heures fixes, vous mangez raisonnablement, vous n’avez même pas besoin de penser à la nourriture quand vous la prenez; il faut manger calmement, c’est tout, tranquillement, avec concentration, et quand vous ne mangez pas, il ne faut jamais y penser. Il ne faut pas manger trop, parce qu’alors il faudra que vous pensiez à votre digestion, et que ce sera très désagréable pour vous, et que cela vous fera perdre beaucoup de temps. Il faut manger juste... il faut cesser tout désir, toute attraction, tout mouvement du vital, parce que quand vous mangez simplement parce que le corps a besoin de manger, le corps vous dira d’une façon tout à fait précise et exacte quand il aura assez; n’est-ce pas, quand on n’est pas mû par un désir vital ou des idées mentales, on le saisit avec certitude. « Maintenant ça suffit, dit le corps, je n’en veux plus. » Alors on s’arrête. Dès qu’on a des idées, ou bien qu’on a des désirs dans le vital, qu’il y a par exemple quelque chose que vous aimez particulièrement, et parce que vous l’aimez particulièrement vous en mangez trois fois trop... D’ailleurs, ça peut vous guérir dans une certaine mesure, parce que si vous n’avez pas un estomac très solide, vous avez une indigestion, et alors après ça, vous avez un dégoût pour la chose qui vous a donné l’indigestion. Mais enfin, ce sont des moyens un peu drastiques. On peut faire des progrès sans avoir recours à ces moyens-là. Le mieux c’est de ne pas y penser.

Naturellement, il y a des gens qui préparent la nourriture pour eux-mêmes et pour les autres, et qui sont obligés d’y penser, mais un minimum. On peut préparer la nourriture en pensant à des choses plus intéressantes. Mais en tout cas, moins on y pense, mieux ça vaut; et quand on ne s’en occupe pas, ni mentalement ni vitalement, le corps devient un très bon indicateur. Quand il a faim, il vous le dira ; quand il a besoin d’absorber quelque chose, il vous le dira ; quand il a fini, qu’il n’a plus besoin, il vous le dira ; et quand il n’a pas besoin de nourriture, il n’y pense pas, il pense à autre chose. C’est seulement la tête qui fait tout le trouble. Au fond, c’est toujours la tête qui fait le trouble, parce qu’on ne sait pas s’en servir. Si on savait s’en servir, cela pourrait aussi créer l’harmonie. Mais il est une chose assez curieuse : les gens se servent de leur imagination toujours pour la chose qui est mauvaise, et c’est très, très rare qu’ils se servent de leur imagination pour le bien. Au lieu de penser des choses favorables, qui vous aideront à vous garder en équilibre et en harmonie, on pense toujours à toutes les catastrophes possibles, et alors naturellement on dérange l’équilibre de son être et par-dessus le marché, si on a le malheur d’avoir peur, alors on attire les catastrophes que l’on craint.

Voilà. C’est tout? Pas de question?

Bonne nuit, mes enfants!









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