CWM (Fre) Set of 18 volumes
Entretiens - 1955 Vol. 7 of CWM (Fre) 477 pages 2008 Edition
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Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Entretiens - 1955

The Mother symbol
The Mother

Ce volume comporte les réponses de la Mère aux questions des enfants de l’Ashram et des disciples, et ses commentaires sur trois œuvres de Sri Aurobindo : Les Bases du Yoga, Le Cycle humain et La Synthèse des Yogas ; et sur une de ses pièces de théâtre, Le Grand Secret.

Collection des œuvres de La Mère Entretiens - 1955 Vol. 7 477 pages 2008 Edition
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Entretiens - 1955

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août




Le 24 août 1955

Cet Entretien est basé sur le chapitre III de Lumières sur le Yoga, « Soumission et ouverture ».

Alors?

Douce Mère, quand on se concentre sur une de tes photos — il y a beaucoup de photos, chacune a une expression différente —, est-ce que cela fait une différence pour nous, celle sur laquelle on se concentre?

Si vous le faites exprès, oui, sûrement. Si vous choisissez cette photo pour telle raison, ou cette autre photo pour telle autre raison, sûrement. Ça a un effet. C’est comme si vous choisissiez de vous concentrer sur un aspect de la Mère plutôt qu’un autre; par exemple, si vous choisissez de vous concentrer sur Mahâkâlî, ou sur Mahâlakshmî, ou sur Maheshwarî, les résultats seront différents. La partie de vous qui répond à ces qualités-là, s’éveillera et deviendra réceptive. Alors, c’est la même chose. Mais quelqu’un qui n’a qu’une photo, quelle qu’elle soit, et qui se concentre, sans choisir celle-ci ou celle-là, parce qu’il n’en a qu’une, alors cela n’a aucune importance, laquelle c’est. Parce que le fait de se concentrer sur la photographie met en rapport avec la Force; et c’est ce qui est nécessaire dans le cas de chacun, qui répond automatiquement.

C’est seulement si la personne qui se concentre met une volonté spéciale, d’un rapport spécial, dans sa concentration, alors ça a un effet. Autrement la relation est plus générale, et elle est toujours l’expression du besoin ou de l’aspiration de la personne qui se concentre. Si elle est tout à fait neutre, qu’elle ne choisit pas, qu’elle n’aspire pas pour une chose particulière, qu’elle vienne comme ça, comme une feuille blanche et tout à fait neutre, alors ce sont les forces et les aspects qui lui sont nécessaires qui répondront à la concentration; et peut-être même que la personne elle-même ne saura pas quelles sont les choses particulières dont elle a besoin. Parce qu’il y a très peu de gens qui sont conscients d’eux-mêmes; ils vivent dans une impression vague, ils ont des aspirations vagues et c’est presque insaisissable; ce n’est pas une chose organisée, coordonnée et voulue, avec une vision claire, par exemple, des difficultés que l’on veut surmonter, ou des capacités que l’on veut acquérir; ça c’est généralement le résultat, déjà, d’une discipline assez avancée. Il faut avoir beaucoup réfléchi, beaucoup regardé, beaucoup étudié pour pouvoir savoir exactement les choses dont on a besoin. Autrement c’est quelque chose de flou, cette impression : on essaye d’attraper, et ça échappe... Non?

C’est tout?

C’est hors du texte.

(Un autre enfant) Mère, ici, il est dit : « On peut se détendre et méditer, au lieu de se concentrer. »

Ce n’est pas moi qui le dis. (rires) Bon! Alors? La différence entre méditer et se concentrer?

Oui, Mère, parce que quand on médite, est-ce qu’il n’y a pas une concentration de la conscience?

Méditation!

Il y a toutes sortes de méditations différentes. Ce que les gens appellent ordinairement une méditation, c’est, par exemple, de choisir un sujet ou une idée, et de suivre son développement, ou tâcher de comprendre ce que ça veut dire. Il y a une concentration, mais pas une concentration aussi absolue que dans la concentration propre, où alors rien ne doit exister que le point sur lequel on se concentre. La méditation est un mouvement plus relâché, moins tendu que la concentration.

Quand on essaye de comprendre un problème qui se pose, un problème psychologique ou un problème de circonstances, et qu’on s’assoit et qu’on regarde et qu’on voit toutes les possibilités, qu’on les compare, qu’on les étudie, ça c’est une forme de méditation; et on le fait spontanément quand le cas se présente. Quand on est en présence d’une décision à prendre, par exemple, et qu’on ne sait pas laquelle prendre, eh bien, d’une façon ordinaire, on réfléchit, on s’adresse à sa raison, on compare toutes les possibilités et on fait son choix... plus ou moins.

Eh bien, c’est une forme de méditation.

Maintenant, il y a la forme de méditation qui consiste alors en une concentration sur une idée, et à concentrer son attention là-dessus au point que cela seul existe; alors ça, c’est l’équivalent d’une concentration, mais au lieu d’être totale, elle est seulement mentale.

La concentration totale implique aussi une concentration de tous les mouvements du vital et du physique. Le procédé de fixer un point est un procédé très connu. Alors c’est même physique, n’est-ce pas, on a les yeux fixés sur ce point, et on ne bouge plus... plus rien... on ne voit rien, on ne bouge pas sa vue de ce point, et le résultat est généralement qu’on finit par devenir le point. Et je connaissais quelqu’un qui disait qu’il fallait passer au-delà du point, devenir ce point... au point de passer de l’autre côté, de franchir le point, et qu’on s’ouvrait alors sur des régions supérieures. Mais il est vrai que si on arrive à se concentrer totalement sur un point, il y a un moment où l’identification est absolue, et il n’y a plus de séparation entre ce qui se concentre et la chose sur laquelle on est concentré. Il y a une identification complète. On ne peut pas faire de distinction entre soi-même et le point. Ça c’est une concentration totale; tandis que la méditation, c’est une concentration spéciale de la pensée, partielle.

L’ouverture, Douce Mère... ne pas penser du tout!

Ne pas penser du tout, ce n’est pas facile; mais si on veut une concentration parfaite, c’est essentiel qu’il n’y ait plus de pensées.

Y a-t-il, Douce Mère, un rapport entre la concentration et la contemplation?

Il peut toujours y avoir un rapport entre toutes choses, mais on appelle généralement contemplation une sorte d’ouverture vers le haut. C’est plutôt un état d’ouverture passive vers le haut. C’est une forme assez passive de l’aspiration. On fait plutôt ce mouvement-là, comme quelque chose qui s’ouvre, et qui s’ouvre dans une aspiration; mais si la contemplation est suffisamment totale, ça fait une concentration. Mais ce n’est pas nécessairement une concentration.

Lorsque c’est une concentration, alors c’est la partie qui se concentre... la concentration est limitée ou bien...

Une concentration est essentiellement une limitation. On ne peut pas avoir une concentration en plusieurs points à la fois, ce n’est plus une concentration.

Non, je dis pendant une contemplation.

Non, tu viens de dire « c’est une concentration limitée »; une concentration est nécessairement limitée.

Douce Mère, dans le Bulletin, tu as écrit : « La poésie, c’est la sensualité de l’esprit. » Qu’est-ce que cela veut dire?

Qu’est-ce que ça veut dire?... C’est parce que la poésie a rapport avec les formes et les images des idées : les formes, les images, les sensations, les impressions, les émotions des idées, tout ça c’est le côté sensuel des choses. Tout le rapport avec les formes et les sensations, les images, les impressions, tout ça c’est la sensualité des choses. Et la poésie, c’est ce côté-là de la pensée; c’est cette façon-là d’aborder le monde, d’aborder le monde de la pensée, c’est par les images de ces pensées, les formes, les apparences, les émotions et les sensations et le jeu de ces choses, le jeu des apparences, des idées. Ce n’est pas du tout comme la philosophie ou la métaphysique, qui cherchent l’intérieur de l’idée, le principe de l’idée. La poésie, elle, n’est poétique que quand elle évoque. C’est le monde de la forme et de la sensation. Alors on prend une expression un peu... comment dire... épigrammatique, et on peut dire : « C’est la sensualité de l’esprit. » Comme les gens qui sont exclusivement occupés des sensations de tout ce que le monde matériel exprime par ses formes, et tout le côté des formes des sensations de la vie physique, ce sont des gens qui vivent dans leurs sens, et quand ils jouissent de toutes ces choses, eh bien, ce sont des gens qu’on appelle des sensuels.

Là, au lieu d’être appliqué à la vie physique extérieure, c’est appliqué à la vie de l’esprit, aux idées et à ce qui est au-delà des idées. Et c’est tout ce monde-là, vu sous l’aspect de la beauté de sa forme — cela, c’est la poésie. Elle exprime la beauté des idées, l’harmonie des pensées et donne à tout cela une forme qui devient concrète, des images, le jeu des images, le jeu des sons, le jeu des mots.

Alors, au lieu d’être la sensualité de la matière, c’est la sensualité de l’esprit. Ce n’est pas pris dans un sens péjoratif, ni moral — du tout —, c’est simplement descriptif.

Mais en se concentrant sur la forme et la beauté des idées, est-ce qu’on ne risque pas de manquer la vérité?

Mais c’est ce que j’ai dit. Ce n’est pas péjoratif, je n’ai pas dit que cela vous empêche de voir la vérité des choses. C’est la façon, c’est la manière d’aborder la question. Certainement, si j’avais à choisir entre lire une belle poésie et lire un livre de métaphysique, j’aimerais mieux lire la poésie; ce serait moins embêtant. Ce n’est pas péjoratif, c’est descriptif. C’est pour dire : « C’est comme ça. » C’est une constatation, rien de plus.

Ce qui étonne, c’est que les gens n’y ont jamais réfléchi. S’ils se mouvaient dans l’esprit avec la liberté de la pleine conscience, cela ne les étonnerait pas du tout, parce qu’ils le sauraient très bien, que c’est comme ça, que c’est une façon sensuelle d’approcher la vérité. Seulement, n’est-ce pas, dans ce domaine-là, ils ne sont pas encore tout à fait indépendants, alors généralement ils pensent d’une façon classique, ou traditionnelle, ou habituelle, ou selon ce qu’ils ont appris, ou selon ce qu’ils ont lu, mais pas avec la liberté de l’indépendance.

C’est simplement une façon de dire les choses un peu paradoxale, pour frapper — pour frapper la pensée —, c’est tout. Mais il ne faut pas croire que ce soit une condamnation de la poésie. C’est très loin de ça.

Douce Mère, quand est-ce qu’on peut dire qu’un poète est inspiré?

Pourquoi ne le serait-il pas?

Alors il ne pense pas quand il écrit un poème?

Pense pas? Ça veut dire?

Cela vient d’en haut!

Ce n’est pas ça. Tu veux dire : quand dit-on qu’un poète est inspiré? Généralement, on dit qu’un poète est inspiré quand il reçoit des inspirations. (rires)

Ce que tu veux dire et que tu ne dis pas... ce sont ceux qui passent par-delà la pensée, qui font le silence dans leurs pensées, qui ont un mental absolument silencieux et immobile, qui s’ouvrent vers des régions intérieures et qui écrivent presque automatiquement ce qui leur vient d’en haut. C’est ce que tu voulais dire et que tu n’as pas dit. Mais ça, c’est tout autre chose, et cela arrive une fois dans des milliers d’années. Ce n’est pas un phénomène fréquent. Il faut d’abord être un yogi pour pouvoir faire ça. Mais ce que l’on appelle un poète inspiré, c’est quelque chose de tout à fait différent. Tous les gens qui ont du génie, c’est-à-dire une ouverture sur un monde un peu supérieur au mental ordinaire, on les appelle « inspirés ». Quelqu’un qui fait des découvertes est aussi inspiré. Chaque fois qu’on est en rapport avec quelque chose qui est un peu supérieur au domaine humain ordinaire, on est inspiré. Alors quand on n’est pas tout à fait limité par la conscience ordinaire, on reçoit des inspirations d’en haut; la source de sa production est supérieure à la conscience mentale ordinaire.

C’est tout? Plus de questions?

Mère, parfois on sent un silence, mais on se sent en dehors de ce silence. Pourquoi est-ce comme cela ?

On sent un silence, et alors?

Dans les choses.

Non. Si toi, dans ta conscience, tu arrives à un état de silence, ton état de silence tu le perçois partout, mais les autres ne le perçoivent pas nécessairement. Tu le perçois parce que tu es dans cet état-là. C’est l’équivalent de ceux qui prennent conscience en eux du Divin : ils voient le Divin partout, mais les autres n’en sont pas nécessairement conscients. C’est parce que toi, tu as pénétré dans cet état; comme tu es consciente de cet état, tu es consciente de l’état partout où il se trouve; et en fait il se trouve partout, quelque part, pas superficiellement et extérieurement mais intérieurement.

On a l’impression qu’on est en dehors du silence, que ce n’est pas en moi.

Qu’on est en dehors du silence? Alors on est dans le bruit! Je ne comprends pas bien ce que...

Je veux dire que le silence est dans les choses, mais pas dans moi-même.

Probablement parce que tu es plus dans les choses qu’en toimême à ce moment-là. C’est que tu as pris conscience du silence plus en dehors de toi qu’au-dedans de toi.

Douce Mère, il arrive quelquefois qu’on n’était pas prêt pour une méditation ou une concentration, et puis soudainement on est forcé à quelque chose et on est obligé d’être silencieux ; et alors, même si on veut en sortir, on ne peut pas; on reste comme cela, quelquefois pendant longtemps, tout à fait emporté par le torrent des choses.

Est-ce que cela entre dans une catégorie de méditation?

Cela veut dire simplement qu’on est soudainement sous l’influence d’une force supérieure, dont on n’est pas conscient; on est conscient seulement de l’effet mais pas de la cause. C’est tout. Ce n’est pas autre chose que ça. Si on était conscient, on saurait ce qui vous rend silencieux, ce qui vous fait méditer, quelle est la force qui est entrée en vous, ou qui agit sur vous, ou qui vous influence et qui vous met dans le silence. Mais comme on n’est pas conscient, on est conscient seulement de l’effet, du résultat, c’est-à-dire du silence qui vient en vous.

Mais on peut être conscient, Douce Mère, n’est-ce pas?

Pleinement! Mais pour cela il faut travailler un peu au-dedans de soi. Il faut se retirer de la surface.

D’une façon presque totale, tout le monde vit dans la surface, tout le temps, tout le temps dans la surface. Et c’est même pour eux la seule chose qui existe — c’est la surface! Et quand quelque chose les oblige de se reculer de la surface, il y en a qui ont l’impression qu’ils tombent dans un trou. Tout à coup, si on les retire de leur surface, ils ont l’impression qu’ils croulent dans un abîme, tellement ils sont inconscients.

Ils ne sont conscients que d’une espèce de petite croûte mince qui est tout ce qu’ils connaissent d’eux-mêmes et des choses et du monde, et c’est tellement mince! Beaucoup! Il m’est arrivé, je ne sais combien de fois... des gens que j’ai essayé d’intérioriser, et immédiatement ils avaient l’impression qu’ils tombaient dans un abîme, et quelquefois un abîme noir. Alors c’est la suprême inconscience. Mais une chute, une chute dans quelque chose qui est pour eux comme une inexistence, cela arrive très souvent. On dit aux gens : « Asseyez-vous et tâchez d’être silencieux, d’être bien tranquilles » — ça les épouvante.

Il faut une assez longue préparation pour sentir un accroissement de vie quand on sort de la conscience extérieure. C’est déjà un grand progrès. Et puis il y a l’aboutissement : lorsqu’on est obligé pour une raison quelconque de revenir à une conscience extérieure, c’est là qu’on a l’impression de tomber dans un trou noir, en tout cas dans une sorte de grisaille terne et sans vie, un mélange chaotique de choses désorganisées, avec un minimum de lumière, et tout cela paraît si morne, si terne, si mort qu’on se demande comment il est possible de rester dans cet état-là — mais ça, c’est l’autre bout — irréel, faux, confus, sans vie!

(silence)

Alors, est-ce qu’on essaye d’entrer au-dedans, voir s’il y a un trou noir ou pas?

Seulement, je voudrais bien que personne ne bouge, ne se lève et ne s’en aille.

Ceux qui ne sont pas sûrs de pouvoir rester, je les prie de s’en aller immédiatement! Parce que, s’ils se lèvent pendant la méditation, ils dérangent tout.

Il y en a déjà un qui bouge là-bas. Il n’a rien entendu et il bouge.

Il y en a qui ne comprennent pas le français.

Parlent pas le français? S’ils ne parlent pas le français, pourquoi sont-ils ici? Je ne parle pas en une autre langue que le français ici!

(méditation)









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