Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.
Quelle est ma place dans l’œuvre universelle?
Nous avons tous un rôle à remplir, une œuvre à faire, une place que nous sommes seuls à pouvoir tenir.
Mais cette œuvre étant l’expression, la manifestation audehors de la profondeur la plus centrale de notre être, nous ne pouvons prendre conscience de sa forme définitive qu’en prenant conscience de cette profondeur en nous-mêmes.
C’est ce qui se produit parfois dans les cas de conversion véritable. En même temps que nous percevons la lumière qui transfigure et que nous nous donnons à elle sans restriction, nous pouvons savoir avec autant de soudaineté que de précision ce pour quoi nous sommes faits, quelle est notre raison d’être sur terre.
Mais cette illumination est rare. Elle est déterminée en nous par toute une série d’efforts, d’attitudes intérieures. Et l’une des conditions essentielles pour obtenir et maintenir en nous ces attitudes, ces états d’âme est de consacrer quotidiennement une partie de notre temps à une action impersonnelle; il nous faut, tous les jours, faire quelque chose qui soit utile aux autres.
En attendant de savoir quelle est la chose essentielle que nous sommes destinés à faire, il nous faudra donc trouver l’occupation provisoire qui manifestera le mieux nos capacités actuelles et notre bonne volonté.
Nous nous donnerons alors à cette occupation avec conscience et persévérance, tout en sachant qu’elle ne sera peut-être qu’une étape, et que, notre idéal et nos forces progressant, nous serons amenés un jour certainement à voir de façon plus précise l’œuvre qu’il nous faudra accomplir. Dans la mesure où nous perdrons l’habitude de tout reporter à nous-mêmes et où nous saurons de mieux en mieux nous donner plus complètement, avec plus d’amour, à la terre et aux hommes, nous verrons notre horizon s’élargir et nos devoirs se multiplier et se préciser.
Nous nous apercevrons que notre action suit une ligne progressive générale qui est déterminée par notre tempérament spécial.
En effet, les occupations que nous remplirons successivement, avant d’avoir pris conscience de la forme définitive de notre action, seront toujours dans un même sens, un même genre, selon un même mode qui est l’expression spontanée de notre caractère, de notre nature, de notre mode vibratoire propre.
La découverte de cette tendance, de cette orientation spéciale doit se faire tout naturellement par goût, par libre élection et en dehors de toute considération extérieure et intéressée.
Souvent on reproche aux gens de se choisir une action disproportionnée à leurs moyens. Il y a là une légère confusion.
Ceux qui librement se donnent une œuvre à faire qui soit leur œuvre de prédilection ne peuvent pas, à mon sens, se tromper de direction ; cette œuvre doit bien être l’expression de leur tendance particulière. Mais là où ils se trompent c’est quand du premier coup ils veulent accomplir cette œuvre dans sa totalité, son intégralité en profondeur et surtout en surface, oubliant que leur conception même en est imparfaite dans la mesure de leur propre imperfection, et que, pour être sages, ils doivent ajouter à la connaissance de ce qu’ils désirent faire celle plus immédiatement pratique de ce qu’ils sont capables de faire actuellement.
C’est en tenant compte de ces deux facteurs qu’ils peuvent s’utiliser avec un minimum de perte de temps et de force.
Mais peu agissent avec autant de clairvoyance et de sagesse. Et il est fréquent pour celui qui cherche sa voie de tomber dans l’une des deux erreurs opposées qui sont :
Soit de prendre ses désirs pour des réalités, c’est-à-dire de préjuger de ses forces et de ses capacités actuelles et de s’imaginer qu’on est capable de prendre immédiatement une place et un rôle qu’on ne pourrait remplir honorablement qu’après de nombreuses années d’efforts méthodiques et persévérants.
Soit de méjuger de ses puissances latentes et de se borner volontairement, malgré ses aspirations profondes, à une besogne bien au-dessous de ses moyens et qui éteindra petit à petit en soi la lumière qui aurait pu rayonner pour les autres.
Il semble tout d’abord difficile de s’orienter parmi ces écueils et de trouver le chemin équilibré, le chemin du milieu.
Mais nous possédons une sûre boussole pour le faire :
Quoi que ce soit que nous entreprenions, que cela ne soit surtout pas dans le but de nous faire valoir. Lorsque l’on tient à la renommée, à la gloire, à la considération de ses contemporains, on est vite entraîné à leur faire des concessions; et si l’on veut avoir l’occasion de s’admirer soi-même, facilement on se donne pour ce que l’on n’est pas, et rien n’obscurcit plus l’idéal en soi.
Ne nous disons jamais, que ce soit franchement ou de façon détournée : « Je veux être grand, quelle vocation vais-je bien pouvoir me trouver pour le devenir? »
Il faut se dire, au contraire : « Il y a certainement une chose que je puis faire mieux que quiconque puisque chacun de nous est un mode spécial de manifestation de la force divine une en tous dans son essence. Cette chose si humble, si modeste soitelle, est justement celle à laquelle je dois me consacrer, et pour la trouver je vais observer, analyser mes goûts, mes tendances, mes préférences et sans orgueil ou sans humilité excessive je la ferai quoi que puissent en penser les autres. Je la ferai comme je respire, comme la fleur embaume tout simplement, tout naturellement, parce que je ne puis faire autrement. »
Du moment où nous avons aboli en nous, ne serait-ce que pour un instant, tout désir égoïste, tout but personnel et intéressé, nous pouvons nous abandonner à cette spontanéité intérieure, à cette inspiration profonde qui nous fera communier avec les forces vivantes et progressives de l’univers.
La conception de notre œuvre ira forcément en se perfectionnant à mesure que nous nous perfectionnerons nous-mêmes; et pour réaliser ce perfectionnement il ne faudra négliger aucun effort sur nous-mêmes; mais en ce qui concerne notre production, il faudra qu’elle soit toujours et de plus en plus joyeuse et spontanée, semblable à l’eau qui jaillit de la source pure.
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