Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.
Le pouvoir des mots
Il me semble oiseux d’attirer votre attention sur la quantité de mots inutiles que l’on prononce tous les jours; c’est un mal connu de tous quoique bien peu songent à y porter remède.
Mais il est quantité d’autres mots que l’on prononce inutilement. C’est-à-dire que nous avons maintes fois, dans une journée, l’occasion, tout en prononçant un mot ou un autre, d’exprimer un vœu profitable, si toutefois nous savons mettre derrière les mots la pensée qui devrait s’y trouver.
Mais que de fois nous perdons cette occasion d’attirer autour de ceux que nous connaissons une atmosphère mentale bienfaisante et de les aider ainsi véritablement. Il serait très utile de remédier à cette négligence.
Pour cela il faut interdire à notre mentalité d’être dans cet état de vague et passive imprécision dans lequel, chez la plupart, elle se trouve presque constamment.
Nous pouvons, pour nous guérir progressivement de cette somnolence, nous obliger à réfléchir, en prononçant un mot, à son sens exact, à sa portée véritable, afin de lui donner sa pleine efficacité.
À ce sujet on peut dire que la puissance d’action des mots provient de trois causes différentes.
Les deux premières résident dans le mot lui-même devenu accumulateur de forces. La troisième se trouve dans le fait de vivre intégralement, au moment où on prononce un mot, la pensée profonde qu’il exprime.
Naturellement si ces trois causes d’efficacité se combinent, la puissance du mot en est considérablement multipliée.
1) Il est certains mots dont la résonance est, dans le monde physique, la matérialisation vibratoire parfaite de la vibration plus subtile produite par la pensée dans son domaine propre.
En étudiant d’assez près cette analogie des vibrations du son et de la pensée, on peut découvrir les quelques syllabes mères exprimant des idées tout à fait générales, et qui se retrouvent dans la majorité des langues parlées avec un sens à peu de chose près identique. (Il ne faut pas confondre cette origine du langage avec celle des langues écrites qui sont de tout autre nature et répondent à d’autres besoins.)
2) Il est d’autres mots qui, depuis des siècles, ont été répétés dans certaines circonstances et qui sont tout imprégnés des forces mentales de tous ceux qui les ont prononcés. Ce sont de véritables accumulateurs d’énergie.
3) Il est enfin des mots qui prennent une valeur immédiate, au moment où ils sont prononcés, par suite de la pensée vivante de celui qui les dit.
Voici, pour illustrer ce que je viens de dire par un exemple, un mot très puissant, car il peut réunir les qualités des trois catégories; c’est le mot sanscrit « AUM ».
Il est employé dans l’Inde pour exprimer l’Immanence divine. Ce mot y est uni à toute méditation, toute contemplation, tout exercice de yoga.
Aucun son n’éveille plus que ce son « AUM » un sentiment de paix, de sérénité, d’éternité.
De plus, ce mot est tout imprégné des forces mentales accumulées depuis des siècles sur l’idée qu’il exprime, par tous ceux qui l’ont employé; et il a, pour les hindous surtout, un véritable pouvoir de mise en rapport avec cette Essence divine qu’il évoque.
Et comme les Orientaux ont l’esprit religieux et l’habitude de la concentration, il en est peu qui prononcent ce mot sans y mettre toute la conviction nécessaire à sa pleine efficacité.
En Chine, un effet analogue est obtenu à l’aide d’un mot dont le sens est identique et le son à peu près semblable, le mot « TAO ».
Nos langues occidentales sont moins expressives; elles sont trop éloignées, dans leur forme actuelle, de la langue mère qui leur a donné naissance. Mais nous avons toujours la ressource d’animer un mot par la puissance de notre pensée vivante et active.
Sans compter qu’il est des formules que nous pourrions avec profit ajouter à toutes celles que l’on emploie couramment.
Ces formules étaient en usage dans certaines écoles initiatiques anciennes. On s’en servait comme salutations et elles prenaient, dans la bouche de celui qui savait les penser, une puissance d’action toute spéciale.
Aux disciples, aux néophytes qui faisaient leurs premiers pas sur le sentier, on disait : « Que la paix de l’équilibre soit avec vous. »
À tous ceux qui avaient prouvé par leur attitude intérieure et extérieure, continue et progressive, leur bonne volonté profonde et durable, on disait : « À vous la plénitude du bien. »
Et chez certains instructeurs manifestant des forces particulièrement hautes, cette parole était douée du pouvoir de transmettre des dons véritables, comme celui de guérir par exemple.
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