CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

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The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Septième Partie

Belles Histoires




Belles Histoires




Chapter III

Gaieté

Un après-midi, dans une grande ville d’un pays pluvieux, j’aperçus sept ou huit voitures remplies d’enfants. Ils avaient été conduits le matin à la campagne pour jouer sur l’herbe. Mais le mauvais temps les avait obligés à rentrer prématurément, sous la pluie.

Malgré cela ils chantaient, riaient et faisaient aux passants des saluts espiègles.

Par ce temps mélancolique, ils gardaient leur gaieté. Si l’un d’eux s’était senti triste, les chansons des autres l’auraient égayé; et pour les passants affairés qui entendaient les rires des enfants, il semblait un instant que le ciel fût moins sombre.


Amr était prince de Khorasan et splendide dans son train de vie. Lorsqu’il partait à la guerre, trois cents chameaux portaient les pots, les casseroles et les plats nécessaires à sa cuisine.

Un jour, il fut fait prisonnier par le calife Ismaïl. Mais comme l’infortune ne dispense pas d’avoir faim, Amr voyant son chef cuisinier près de lui, demanda au brave homme de lui préparer un repas.

Il restait au cuisinier un morceau de viande qu’il mit sur le feu dans une marmite; puis il partit à la recherche de légumes pour relever un peu le ragoût.

Un chien passant par là, renifla la viande et mit son nez dans la marmite; sentant alors la chaleur du feu, il se recula brusquement, mais avec tant de maladresse que la marmite le coiffa, et qu’il s’en fut ainsi, pris de panique, sans pouvoir s’en débarrasser.

Amr voyant cela, partit d’un éclat de rire.

— Pourquoi, demanda l’officier chargé de le garder, riez-vous alors que vous avez tout sujet d’être triste?

Mais Amr, lui montrant le chien qui s’éloignait du camp au galop, lui dit : « Je ris en pensant que ce matin même trois cents chameaux n’étaient pas de trop pour transporter ma cuisine; et maintenant un chien suffit à tout emporter! »

Amr prenait plaisir à être gai; il ne se mettait point en peine d’égayer les autres. Il faut pourtant rendre justice à son joyeux esprit; s’il pouvait plaisanter au milieu d’aussi graves difficultés, n’est-il pas en notre pouvoir de sourire en dépit de soucis moins grands?


En Perse une femme vendait du miel. Elle avait de fort agréables manières. Les clients se pressaient en foule autour de son étal. Et le poète qui nous raconte son histoire, affirme que même eût-elle vendu du poison, on le lui aurait encore acheté pour du miel.

Un homme acariâtre voyant quel grand profit elle tirait de ses marchandises sucrées, se résolut à entreprendre le même commerce.

Il s’installa donc, mais sa figure derrière l’étalage de pots de miel, était aigre. Il recevait d’un air renfrogné les acheteurs qui s’approchaient. Aussi chacun passait en lui laissant sa marchandise. « Aucune mouche ne s’aventurait sur son miel », dit le poète. Le soir venu, il n’avait encore rien gagné. Une femme l’ayant remarqué, dit à son mari : « Le visage amer rend le miel amer. »

La marchande de miel ne souriait-elle qu’afin d’attirer les clients? Espérons plutôt que sa gaieté tenait à son bon naturel. Nous ne sommes pas dans ce monde uniquement pour vendre ou acheter. Nous devons y être comme les camarades les uns des autres. Les clients de la bonne femme avaient l’impression que cette marchande était aussi quelque chose de plus : elle était une gaie citoyenne du monde.


Dans le cas suivant, dont je vais vous parler, l’esprit joyeux jaillit comme l’eau d’une jolie source. Le personnage dont il s’agit n’avait rien à faire avec le désir du gain et de la clientèle : c’était le célèbre et glorieux Rama.

Rama tua Ravana, le roi-démon aux dix têtes et vingt bras. Je vous ai déjà conté le commencement de l’histoire. La bataille avait été terrible entre toutes. Pour servir Rama les singes et les ours s’étaient fait tuer par milliers. Et les corps de leurs ennemis les démons étaient entassés les uns sur les autres. Leur roi était inanimé sur le sol. Mais comme il avait été dur de l’abattre! Coup après coup Rama avait coupé ses dix têtes et ses vingt bras, mais comme aussitôt cela repoussait, il dut les couper plusieurs fois de suite et en si grand nombre, qu’à la fin il semblait que le ciel avait fait pleuvoir des bras et des têtes.

Quand la terrible guerre fut terminée les singes et les ours qui avaient été tués, furent rappelés à la vie, et se tinrent debout comme une grande armée attendant les ordres.

Le glorieux Rama dont les manières demeuraient simples et calmes après la victoire, considéra ses amis fidèles avec bienveillance.

Vibhishan, alors, qui devait succéder à Ravana sur le trône, fit apporter pour les guerriers qui avaient si vaillamment combattu, une charretée de bijoux et de vêtements somptueux.

— Écoute, ami Vibhishan, dit Rama, élève-toi haut dans les airs et laisse tomber tes dons devant l’armée. Le roi fit ce qui lui était demandé. Du haut de son char élevé dans l’air, il jeta des parures étincelantes et des robes aux belles couleurs.

Pour s’approprier les trésors qui tombaient, les singes et les ours se précipitèrent, roulant les uns par-dessus les autres. Ce fut une joyeuse bousculade.

Et Rama riait de bon cœur ainsi que sa femme, la dame Sita, et Lakshmana son frère riait aussi.

Car ainsi savent rire les courageux. Rien n’est plus cordial que la bonne et franche gaieté. Et le mot cordial a la même origine que le mot courage. Dans les moments difficiles c’est, en effet, une sorte de courage que la gaieté venant d’un esprit cordial.

Certes il n’est pas nécessaire de toujours rire; mais l’entrain, la sérénité, la bonne humeur ne sont jamais de trop nulle part; et quels services ils peuvent rendre! C’est grâce à eux que la mère rend la maison joyeuse pour ses enfants; que l’infirmière hâte la guérison du malade; que le maître facilite la tâche de ses serviteurs; que l’ouvrier stimule la bonne volonté de ses camarades; que le voyageur aide ses compagnons de route dans leur dur voyage; que le citoyen entretient l’espoir dans le cœur de ses compatriotes.

Et vous, filles et garçons joyeux, que ne pouvez-vous faire par votre gaieté?









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