CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Septième Partie

Belles Histoires




Belles Histoires




Chapter X

L’ordre

Les anciens Hindous avaient une très pittoresque idée de la terre et du monde; et c’était une idée destinée à exprimer l’ordre.

La terre qu’habitent les hommes s’appelait Jambou Dvipa; elle était entourée d’une mer de sel. Puis venait un cercle de terre et ensuite une mer de lait. De nouveau un cercle de terre, une mer de beurre. De la terre encore, puis une mer de lait caillé. De la terre et ensuite une mer de vin. De la terre encore et après cela une mer de sucre. De la terre toujours, et à la fin, le septième et dernier cercle était fait d’eau pure; c’était la douce, la plus douce des mers!

Si vous prenez une mappemonde telle qu’on en use dans les écoles de nos jours, vous n’y trouverez ni la mer de sucre, ni la mer de lait, ni les autres. Et les Hindous non plus ne pensaient pas que ces mers existaient réellement, mais c’était pour eux une originale façon d’exprimer une idée profonde.

La légende ancienne, entre autres choses, voulait dire que dans le monde tout est fait pour être classé avec ordre; que la terre ne sera vraiment un lieu de repos, un endroit raisonnable et une demeure habitable que lorsque chaque chose y aura pris sa place. Comment pourrait-on jouir, en effet, même de ce qui est le meilleur, du sel, du lait, du beurre, du vin, du sucre, de l’eau, si tout cela n’était pas mis à part avec ordre, mais formait au contraire l’affreux mélange que vous pouvez imaginer.


Tous les livres religieux de l’humanité, sous les images les plus diverses, enseignent cette loi de l’ordre.

Le livre hébreu de la Genèse raconte lui aussi, à sa manière, une histoire d’ordre.

Au commencement était le chaos, c’est-à-dire le désordre et l’obscurité. Et le premier acte de Dieu fut de jeter une lumière dans ce désordre, exactement comme le fait un homme qui projette la clarté de sa lampe dans les ténèbres de la sombre et malpropre cave où il veut descendre.

Après cela, la Bible raconte comment jour après jour les choses sont sorties en ordre du chaos; jusqu’à ce qu’enfin la race humaine ait apparu.

C’est la gloire de l’homme de créer l’ordre, de le découvrir partout.

L’astronome lève les yeux vers les étoiles, et fait une carte du ciel ; il étudie le cours régulier des astres, leur donne des noms, calcule le mouvement des planètes autour du soleil, et prévoit à l’avance l’instant où la lune, passant entre la terre et le foyer solaire, produira ce que nous appelons une éclipse. Toute la science de l’astronomie dépend d’une connaissance de l’ordre.

L’arithmétique est aussi une science de l’ordre. Même un tout petit enfant prend plaisir à dire les nombres dans le bon ordre. Il découvre vite qu’il n’y a aucun sens à dire : un, cinq, trois, dix, deux, en comptant ses doigts ou ses billes. Il compte : un, deux, trois, quatre; et toutes les mathématiques viennent de là.

Et que serait sans ordre cette jolie chose qu’est la musique? Il y a sept notes dans la gamme : do, ré, mi, fa, sol, la, si. Si vous jouez ces notes l’une après l’autre cela va bien, mais si vous mélangez leur son en les frappant toutes à la fois, cela fera un bruit affreux. Ce n’est que dans un certain ordre qu’elles peuvent ensemble produire un son harmonieux. Do, mi, sol, do, par exemple, résonnant à la fois, forment ce que l’on appelle un « accord parfait ». Toute la science musicale se fonde sur cet ordre-là.

Et l’on pourrait montrer que l’ordre est aussi le fondement de toutes les autres sciences et de tous les arts que peuvent inventer les hommes.


Mais n’est-il pas également indispensable en toute chose?

Si vous entrez dans une maison et que vous trouviez le mobilier et les bibelots sens dessus-dessous, dans tous les coins, et recouverts d’une épaisse couche de poussière, vous vous écriez :

« Quel désordre et quelle saleté! » Car la saleté n’est elle-même que du désordre. Il y a de la place dans le monde pour la poussière, mais sa place n’est pas sur les meubles.

Et de même, la place de l’encre se trouve dans l’encrier et non pas sur vos doigts ou sur le tapis.

Tout est propre quand chaque chose est à sa place. Et vos livres à l’école, vos vêtements et vos jouets à la maison doivent avoir chacun une place qui soit bien à lui et qu’aucun autre ne lui dispute. Sans quoi, il s’ensuivra des batailles; et vos livres seront déchirés, vos vêtements tachés, vos jouets perdus. Il vous faudra alors beaucoup de peine et de patience pour vous reconnaître dans ce pêle-mêle et tout réparer. Tandis que c’est si commode quand les choses restent en ordre.

Toute la vie des hommes et toutes leurs affaires, et même la richesse et la prospérité des pays, dépendent de ce même principe d’ordre.

Et c’est pourquoi l’une des principales préoccupations du gouvernement d’un pays est d’y maintenir le bon ordre. Depuis l’empereur, le roi, ou le président, jusqu’au plus simple agent de police, chacun doit s’y employer de son mieux. Et tous les citoyens, quelle que soit leur occupation, doivent aussi participer à ce travail d’ordre; car chacun peut aider ainsi à l’organisation d’un pays prospère et durable.

Réfléchissez aux graves conséquences que peut avoir parfois le moindre désordre.

Que de régularité et de précision il faut parmi la foule des employés de gare, des gardes-barrières, des mécaniciens, des aiguilleurs, pour que les nombreux trains qui circulent dans tous les pays puissent partir et arriver à l’heure, à la minute précise calculée pour éviter tout encombrement. Et si, par accident ou par négligence, tout cet ordre est détruit, même pour un moment, que de malheurs peuvent arriver. Combien de choses un simple retard peut-il désorganiser : les amis n’arrivent pas à temps pour leurs rendez-vous, ni les employés et les commerçants pour leurs bureaux et leurs affaires; les passagers manquent leur navire. Et vous ne pouvez vous imaginer tous les ennuis qui s’ensuivront encore.

Songez aux tristes choses qui arriveraient si tout à coup l’ordre et la régularité cessaient d’exister dans le monde.

Voyez comme tout est troublé dans le travail de la maison, simplement lorsqu’une pendule, cessant de donner son charmant exemple de régularité, se met à retarder ou bien à avancer comme une folle. Le mieux alors est de s’en défaire, si on ne peut la régler avec précision.


Dans la salle d’une vieille ferme se trouvait une antique horloge qui depuis plus de cent cinquante ans n’avait cessé de faire entendre son tic-tac fidèle. Chaque matin dès le lever du jour, le fermier descendait et son premier soin était de rendre visite à l’horloge afin de s’assurer de son exactitude. Et voici qu’un matin, comme il entrait dans la salle selon sa coutume, l’horloge se mit à parler :

— Il y a plus d’un siècle et demi, dit-elle, que je travaille sans arrêt et que je marque l’heure sans faute. Maintenant je suis fatiguée, ne serait-il pas juste que je me repose et que j’arrête mon tic-tac ?

— Ta réclamation n’est pas légitime, bonne pendule, lui répondit l’intelligent fermier, car tu oublies qu’entre chaque tic-tac tu as une seconde pour te reposer.

Et la pendule après réflexion, reprit son travail comme à l’ordinaire.

Enfants, que prouve cette histoire? C’est que dans le travail ordonné la fatigue et le repos se balancent et que la régularité épargne beaucoup de peine et d’efforts.


Combien la force de toute chose s’accroît lorsqu’elle est ordonnée. Les machines les plus puissantes ne sont-elles pas celles dont chaque pièce, chaque rouage, chaque levier remplit avec ordre et précision sa fonction? Et même dans une telle machine, la plus petite vis, lorsqu’elle garde bien sa place, peut se dire aussi utile que le volant majestueux.

De même, un petit enfant qui accomplit sa tâche avec soin, devient un élément utile à l’ordre de l’école, de la maison, du petit monde qu’il occupe dans le grand monde.

Au début cela peut coûter quelque peine d’avoir de l’ordre. Rien ne s’apprend sans un effort : cela n’est pas non plus commode d’apprendre à nager, à ramer, à faire de la gymnastique; mais peu à peu l’on y arrive; de même au bout d’un certain temps, nous pouvons apprendre à faire les choses avec ordre sans la moindre difficulté. Et de plus en plus, nous trouvons le désordre pénible et désagréable.

La première fois que vous avez appris à marcher, vous avez fait beaucoup de faux pas; vous êtes tombé; vous vous êtes cogné; vous avez pleuré. Maintenant vous marchez sans même y penser et vous courez avec adresse. Eh bien, vos mouvements pour marcher et courir sont justement un superbe exemple de l’ordre avec lequel agissent vos nerfs, vos muscles et tous vos organes.

C’est ainsi que l’ordre finit toujours par devenir une habitude.

Et n’allez pas croire surtout que d’être ordonné, régulier, ponctuel, cela doive vous empêcher d’être heureux et de rire. Il n’est pas nécessaire d’avoir un visage maussade quand on remplit sa tâche avec exactitude. Et pour vous le prouver, nous allons terminer cette leçon sur l’ordre, en riant un peu.

Écoutez cet exemple de ponctualité qu’il ne faudrait pas imiter.

Une dame arabe avait un serviteur. Elle l’envoya dans une maison voisine chercher de la braise afin de rallumer son feu.

Le serviteur rencontra une caravane qui se dirigeait vers l’Égypte; il se mit à parler aux gens et résolut de s’en aller avec eux. Et il resta absent une année entière.

De retour, il alla dans la maison voisine pour chercher la braise. Mais comme il la rapportait, il buta, tomba et laissa rouler les charbons enflammés qui s’éteignirent. Alors il s’écria :

— Quelle mauvaise chose que de se dépêcher!









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