CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

ABOUT

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
 PDF   

Quatrième Partie




Prières et méditations

Dans la mesure où les activités de l’organisme physique sont égocentriques il est légitime et nécessaire d’isoler de lui la conscience et de le regarder comme un serviteur qu’il faut diriger, guider, faire obéir. Dans la mesure où l’être terrestre devient réceptif aux forces divines et les manifeste dans ses activités illuminées, on peut s’identifier de nouveau à lui et ne plus faire de distinction entre l’instrument et l’Ouvrier. Mais comme, par nécessité même de conservation, les deux modes d’activités se trouvent fatalement coexistants, les deux points de vue, les deux manières de sentir doivent aussi coexister.

24 juillet 1914


La véritable impersonnalité nerveuse ne consiste pas dans le fait d’une entière, d’une absolue soumission à la Volonté Divine. Cette obéissance n’est qu’une préparation. La parfaite impersonnalité — dans le prâna comme dans les autres mondes de l’être — réside dans l’identification avec le prâna terrestre, ou plutôt avec la félicité divine qui est au fond de toute sensation comme elle est au fond de toutes les activités universelles. Le résultat est qu’au lieu d’éprouver la joie d’une sensation, on est cette sensation même dans tous ceux qui en jouissent. Il n’existe plus alors de prâna individuel, mais une force impersonnelle et consciente à la fois se manifestant dans tout organe capable de la percevoir.

Par exemple il est une joie subtile, douce et profonde à la fois dans la sensation procurée par certaines promenades solitaires ou faites avec un compagnon en complète harmonie, dans certains paysages vierges ou à peu près, c’est-à-dire libres de toute atmosphère humaine, là où la Nature est paisible, vaste, pure comme une aspiration, sainte comme une prière, sur les montagnes, dans les forêts, les sentiers perdus le long de clairs ruisseaux, ou au bord de l’immense océan. Pour éprouver cette joie, tant que le prâna est demeuré individuel, on est obligé de se trouver dans certaines conditions extérieures. Quand, au contraire, le prâna est vraiment impersonnalisé, universalisé, on devient cette charmante félicité dans tous ceux qui l’éprouvent et pour la goûter il n’est plus aucun besoin de se trouver matériellement dans certaines conditions données.

C’est alors qu’en ce qui concerne le monde nerveux on est parfaitement libéré de toutes circonstances. On a atteint la libération.

30 juillet 1914


J’ai écouté la voix des vagues et elle m’a conté bien des merveilles. Elle m’a parlé de la joie de vivre et des extases du mouvement. Ô mer, tu m’as redit en un cantique sans fin et sans cesse renouvelé la puissance d’amour qui rend vraies toutes choses. En contemplant la splendeur de ton action invincible, j’ai perçu l’irrésistible élan emportant l’univers vers la Suprême Réalité; la force qui te soulève et change en montagnes ta surface n’est-elle point semblable à celle qui fait sortir le monde de son inertie pour faire naître en lui l’aspiration vers le Divin.

Puis à mesure que dans le silence je te regardais, plus profondément encore tu m’as parlé, et tu m’as dit le grand mystère de l’Amour éternel s’aimant en toutes les formes, se révélant à lui-même dans toutes les activités. Déjà en mon être cet ineffable Amour vivait conscient de lui-même, mais à cette heure-là sa vie revêtit une exceptionnelle intensité, ou peut-être la perception individuelle fut d’une exceptionnelle clarté. Ô Seigneur adorable, Souverain Maître du monde, Toi qui étant tout possèdes et jouis de tout, as-Tu, à cet instant de Ton éternité, jeté un plus précis regard vers nous pour que nous soyons ainsi baignés d’une telle magnificence d’amour, ou bien as-Tu, dans l’humble instrument de cet être fugitif et limité, voulu goûter de façon plus forte et complète, plus intense et précise Ta propre joie d’être et de Te manifester? Tout s’est soudain éclairé de l’inexprimable beauté de Ta Vérité et dans le miroir de la conscience individuelle Tu as réfléchi l’infinie variété des modes d’expression propre de Ton être qui est Amour. Douleur et jouissance s’unissaient à se confondre en une extase qui semblait devoir consumer l’être de ses flammes ardentes. Oh, que ce quelque chose de Toi qui s’est cristallisé en ce que j’appelle mon être T’a bien compris et T’a puissamment aimé en ces instants inoubliables. Toutes les barrières de la pensée et de la sensation avaient disparu, consumées par l’ardeur de Ton feu divin et ce fut bien Toi-même en cet instant qui jouis de Ton éternelle et infinie présence en tout. Tu fus toutes les actions et toutes les résistances, toutes les sensations et toutes les pensées, celui qui aime et celui qui est aimé, ce qui se donne et ce qui reçoit en une inépuisable et mouvante harmonie.

J’ai écouté le cantique des vagues et il m’a conté de bien grandes merveilles.

Mars ou avril 1915


Savoir renoncer à la satisfaction de l’instant présent en vue de la réalisation de son idéal est le grand art de ceux qui veulent faire produire son maximum à leur fugitive existence intégrale.

Il y a d’innombrables catégories parmi ceux qui « réussissent »; ces catégories sont déterminées par le plus ou moins d’envergure, de noblesse, de complexité, de pureté, de luminosité de leur idéal. On peut « réussir » comme chiffonnier et « réussir » comme maître du monde et même comme parfait ascète; et dans les trois cas, quoiqu’à des degrés très différents, c’est la maîtrise de soi plus ou moins intégrale et étendue qui permet la « réussite ».

Par contre, il n’y a qu’une façon d’être un « raté »; et cela arrive au plus grand, au plus royalement intelligent, comme au plus petit, au plus borné, à tous ceux qui ne savent pas subordonner la sensation présente à l’idéal qu’ils voudraient accomplir sans avoir la force de prendre le chemin — identique pour tous dans sa nature sinon dans son étendue et sa complexité — qui mène à cet accomplissement.

Entre les deux extrêmes de celui qui a pleinement, parfaitement réalisé ce qu’il avait conçu et celui qui n’a pu rien réaliser du tout, il y a, bien entendu, une échelle presque illimitée de cas intermédiaires; et cette échelle est remarquablement complexe puisqu’à la différence entre les degrés dans la réalisation de l’idéal, vient s’ajouter la différence entre les qualités diverses de cet idéal lui-même. Il est des ambitions qui ne visent que des intérêts matériels, sentimentaux ou intellectuels personnels, d’autres qui ont des buts plus généraux, plus collectifs, plus élevés, d’autres enfin qui sont, pour ainsi dire, surhumains et veulent escalader les cimes qui mènent vers les splendeurs de Vérité, de Conscience et de Paix éternelles. Il est facile à comprendre que la puissance d’effort et de renoncement doit être proportionnée à l’ampleur et à l’élévation du but qu’on s’est proposé.

À tous les degrés, depuis les plus modestes jusqu’aux plus transcendants, ce qu’il est rare de trouver c’est l’équilibre parfait entre la somme d’efforts sur soi, la puissance de sacrifice dont dispose celui qui s’est proposé un but, et la somme des renoncements de tout genre et de tout ordre exigés par ce but.

C’est lorsque la constitution d’un être permet la perfection de cet équilibre que son existence terrestre donne le maximum de son rendement possible.

23 avril 1915


Parfois, Tu allumes en mon être un brasier ardent, et à ces moments-là tout lui semble possible, les plus extrêmes, les plus suprêmes réalisations aussi bien que les plus obscures et les plus modestes...

Sans le brasier ardent, l’être est comme un amoncellement de cendres. Et Tu n’allumes le brasier que rarement, Seigneur. Est-ce pour ménager ce fragile instrument?

Le mental questionne; pourtant l’être intégral est satisfait et ne veut rien d’autre que ce que Tu veux.

Mais il se sait pauvre et misérable, nu et sans valeur hors de Ta Présence active.

Et c’est Elle toujours qu’il appelle et attend.

9 décembre 1916


Le silence se fait, puis la flamme de l’aspiration s’allume, alors une chaleur envahit le corps surtout du cœur au cerveau, et dans cette chaleur est un élan de transformation plein de béatitude; le chant de l’harmonie divine se fait entendre souriant et calme, c’est une symphonie douce, à peine perceptible et puissante à la fois. Puis le silence revient plus profond et plus vaste, oui, vaste jusqu’à l’infini, et l’être existe hors de toutes limites de temps ou d’espace.

Ô mon doux Seigneur, mon Dieu bien-aimé, tout mon être crie vers Toi dans un indomptable élan : je T’aime! je T’aime! je T’aime!... d’un amour qu’aucun mot ne saurait exprimer — tout l’être est en fusion dans cette intensité. Seul mon cœur si souvent déçu, si cruellement trompé, murmure timidement : « Ne feras-Tu de même que les hommes?... Ne repousseras-Tu pas cet amour comme indigne de Toi ou trop lourd à porter? » Ô cœur incrédule! ne vois-tu pas que c’est l’Être adoré lui-même qui aime en toi et alimente ce feu qui ne s’éteindra plus! Plus de timidité, plus de vaine réserve... le passé s’évanouit comme un rêve. Il ne reste plus qu’un Présent merveilleux fait de sublime Éternité...

Ô mon Dieu bien-aimé, Tu m’as prise dans Tes bras si puissants et si doux et rien n’existe plus que Ta divine Extase.


L’art est le langage humain du monde nerveux destiné à traduire et à communiquer le Divin qui, dans le domaine de la sensation, se manifeste comme beauté.

La raison d’être de l’art est donc de permettre chez ceux à qui il s’adresse une plus parfaite et plus aisée communion avec la Suprême Réalité. Le premier contact avec cette Suprême Réalité s’exprime en notre conscience par un épanouissement de l’être dans une plénitude de joie vaste et paisible. Chaque fois que l’art permet au spectateur ce contact, si fugitif soit-il, avec l’infini, il a rempli son but, il s’est montré digne de sa mission.

Ainsi un art, quel qu’il soit, qui depuis des siècles donne à un peuple des émotions et des joies, ne peut être un art méprisable puisqu’il a, au moins partiellement, rempli sa mission de porteparole plus ou moins parfait de ce qui est à exprimer.

Ce qui rend difficile à la sensibilité d’une nation de goûter à travers tel ou tel art les joies qu’une autre nation y trouve, c’est l’habituelle limitation de l’être nerveux qui, plus encore que l’être mental, est naturellement exclusif dans ses possibilités de perception du Divin et qui lorsqu’il est entré en rapport avec Lui à travers certaines formes éprouve une répugnance presque irrésistible à Le reconnaître à travers d’autres formes de sensation.


Qu’est ce « je » qui parle de temps en temps, percevant sa limitation au sein même de la conscience de l’infini? Il est le point de concentration où la Volonté qui est au-delà se fait consciente individuellement afin de pouvoir se manifester à travers l’instrument terrestre; il est, en somme, l’intermédiaire individualisé entre l’outil et la pensée de l’ouvrier, une sorte de main plus ou moins habile. Le « je » se sait tout à fait indépendant du moyen de manifestation actuel, forme, corps, entourage, éducation, expériences sensorielles; il est un élément constitutif du Tout, une partie infinitésimale de l’univers; sa durée en tant que « je », identique à celle de l’univers, dépend d’elle. Il sait que seul Ce qui n’est aucun « je » peut être libre de cette dépendance, être éternellement. Le « je » sait qu’il est parfaitement soumis à Cela qu’il ne peut penser, qu’il est mû par Cela, et par conséquent il ne dit pas : « Je veux », mais : « Il me faut vouloir » ou « On me fait vouloir ». Et soumis à son Maître Éternel, Maître de son outil temporaire, sachant qu’il disparaîtra en même temps que l’œuvre pour laquelle il fut créé, il l’accomplit joyeusement, sans hâte qu’elle s’achève ni désir qu’elle se prolonge.









Let us co-create the website.

Share your feedback. Help us improve. Or ask a question.

Image Description
Connect for updates