CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Septième Partie

Belles Histoires




Appendice




Chapter XVI

Sympathie

Quand est-ce que le chagrin accompagne le chagrin?

Quand un cœur l’éprouve et que notre cœur l’éprouve en même temps.

Duryodhana, le guerrier fameux, tomba dans la plaine de Kurukshétra, et ses amis furent si affligés, que lorsqu’il fut couché sur le sol et mourut, toute la nature parut en désordre. Des êtres sans tête mais avec beaucoup de bras et de jambes, dansèrent des danses affreuses sur la terre. L’eau des lacs et des puits fut changée en sang. Les rivières remontèrent vers leurs sources au lieu de descendre. Les femmes avaient l’apparence des hommes, et les hommes celle des femmes.

Le poète nous enseigne ici que la souffrance endurée par un seul être s’étend sur un grand, grand monde. Il y avait de la sympathie entre le roi tué et des milliers d’êtres vivants.

Cette sympathie se montre-t-elle seulement dans la peine? Non, elle se montre à la fois dans la joie et dans la souffrance.

Écoutez l’histoire de Nandiya, le cerf, qui fut bon avec ses parents en temps de paix et de contentement, et bon aussi en temps d’obscurité et de péril.

Le roi de Kosala chassait souvent dans la forêt où vivait Nandiya avec son père et sa mère, en paix et en amour réciproque. Quand il chassait, il galopait sur une grande étendue de pays, et beaucoup d’habitants de Kosala devaient le suivre comme attenants serviteurs; ainsi bien des gens étaient distraits de leurs métiers, et ils murmuraient de la perte que cela leur faisait subir.

En conséquence, ils firent un parc, avec des palissades et des grilles, et un étang au milieu, et ils allèrent dans la jungle pour chasser les cerfs dans le parc, de façon à ce que le roi puisse avoir sous la main tout le gibier, et qu’il n’ait pas besoin de chasser avec une si nombreuse suite.

Nandiya vit les gens venir armés de bâtons. Il mangeait avec ses parents dans un petit bois.

— Restez ici, dit-il à ses parents, je vais aller à la rencontre de ces gens.

Il émergea du bois tout seul, et les gens supposant qu’il n’y avait pas d’autres cerfs sous les arbres, l’emmenèrent et passèrent outre.

Tous les cerfs, excepté les deux vieux qui étaient restés sous le bois, se trouvèrent alors rassemblés dans le parc. Le roi fut satisfait, et de temps à autre il abattit un spécimen du troupeau, avec son arc et ses flèches. Le tour de Nandiya cependant n’arriva pas avant un très long temps.

Quand à la fin il arriva, Nandiya se tint immobile devant le roi, et n’essaya pas de se sauver.

Le roi fut tellement frappé par cette façon inaccoutumée d’agir, qu’il ne tira pas. Baissant son arc il attendit.

— Tire, ô roi, dit Nandiya.

— Je ne puis. Il y a du mérite en toi, ô cerf. Je te donne la vie.

— Ne voudrais-tu pas, ô roi, donner la liberté à ce qui reste de cerfs dans ce parc ?

— Je le veux.

— Et ne voudrais-tu pas, ô roi, accorder ta faveur aux oiseaux dans les airs, et aux poissons dans l’eau?

— Je le veux.

Ce cerf, dit la vieille histoire, était le Seigneur Bouddha ; il parla au roi, et lui enseigna la Loi de Miséricorde pour tout ce qui vit. Et ensuite il envoya un messager avec un tambour partout dans le pays pour proclamer la protection du roi, sur les cerfs, les oiseaux et les poissons.

Vous conviendrez sans peine que Nandiya avait raison de protéger ses parents. Ce serait bien aussi d’aider des frères ou des sœurs. Mais vous remarquerez dans l’histoire suivante, qu’un certain Arabe noble parla d’un homme comme de son frère, bien qu’il ne fût pas réellement son frère.

Une caravane traversait le désert, et l’eau devint rare. Les voyageurs arabes furent obligés de mesurer l’eau afin que chacun puisse avoir une petite, mais égale portion.

Ils mesurèrent à l’aide d’une tasse dans laquelle une pierre fut posée. L’eau était versée de l’outre jusqu’à ce que la pierre fut couverte. Telle était la portion de chacun.

Seulement les principaux hommes de la caravane avaient une portion de l’eau.

La première fois que l’eau fut ainsi mesurée, Kab-ibnMamah était sur le point de prendre la tasse, quand il vit un homme de la tribu de Namir qui le regardait avec envie. Kab dit au distributeur, en montrant l’homme de Namir :

« Donne ma portion à ce frère. »

L’homme but avidement. Kab n’eut pas d’eau.

Le lendemain le moment vint encore du partage de l’eau.

Encore l’homme de Namir regarda avec convoitise. Encore Kab donna la tasse au « frère » comme il l’appelait.

Mais quand la caravane fut sur le point de partir, Kab n’avait plus de force pour monter sur son chameau.

Il resta étendu sur le sable.

Les autres n’osèrent pas rester, de peur que tous ne meurent de soif. Ils le couvrirent avec des couvertures pour le protéger des bêtes de proie, et ils le laissèrent mourir.


Vous aurez remarqué que lorsqu’une peine est éprouvée, elle est rapidement éprouvée par le cœur du voisin. Quand Duryodhana tomba, la nature s’affligea de suite. Quand le danger menaça ses parents, Nandiya sortit pour les protéger. Quand l’homme de Namir regarda assoiffé, le noble chef arabe lui offrit immédiatement son eau.

Le chagrin suit le chagrin rapidement, et la joie accompagne la joie.

Quand la sympathie est lente à venir nous ne la considérons pas comme aussi précieuse.

Le fameux poète Firdausi écrivit l’histoire des rois de Perse et la récita au sultan Mahmud; le sultan fut charmé, et pour quelque temps tint le poète en haute faveur. Le poème du Shah-namah fut le travail de trente années, et le sultan avait promis de donner au poète soixante mille pièces d’or quand il serait terminé.

Firdausi n’était pas aimé par le vizir du sultan. Cet homme convainquit son maître que le trésor était très bas, et que ce ne serait que du bon sens de donner au poète de l’argent au lieu d’or. Mahmud écouta ce conseil et envoya à Firdausi quelques sacs contenant soixante mille pièces d’argent.

Firdausi était au bain quand les sacs arrivèrent. Il fut si furieux de l’avarice du sultan qu’il ne voulut même pas prendre le cadeau. Il donna vingt mille pièces au messager qui avait apporté l’argent, vingt mille au patron des bains, et vingt mille à un marchand de bière qui se trouvait par hasard à cet endroit.

Mahmud fut instruit de cette insulte, et ordonna que le poète soit piétiné par des éléphants jusqu’à ce que mort s’ensuive. Firdausi fut averti et s’enfuit vers une ville lointaine; finalement il s’installa à Tus, le lieu de sa naissance.

Le sultan fut bientôt affligé d’avoir traité Firdausi de si vilaine façon, et désira reconquérir le respect du poète. Il envoya à Tus un messager chargé de lui apporter de nombreux présents : soixante mille pièces d’or, des soies, des brocards, des velours...

Hélas! les présents arrivèrent trop tard.

Comme le messager du roi entrait par une des portes de la ville, conduisant les chameaux qui portaient les dons coûteux de Mahmud, une bière, contenant les restes du poète sortait par une autre porte pour les conduire au lieu de repos des morts.


— Notre empereur est un homme juste, disait le peuple de Chine, car il est toujours prêt à prêter l’oreille aux plaintes des pauvres.

Mais il vint un jour où l’oreille n’entendit plus. Subitement l’empereur devint sourd. Il ne put plus écouter le chant des oiseaux, le murmure du vent, ou la voix de l’humanité.

L’empereur pleura ; et les nobles et les officiers qui se réunissaient avec lui en conseil, lui firent des signes et lui écrivirent des paroles de consolation, le suppliant de ne pas tant s’attrister.

— Ne croyez pas, leur dit-il, que je sois triste pour moimême ou pour les soucis que cette infirmité pourra me causer. Je suis triste parce que maintenant je ne pourrai plus entendre les prières des affligés.

Il y eut silence car personne ne savait comment le consoler.

— Ah! s’écria-t-il tout d’un coup, j’ai trouvé un moyen. Ordonnez à mon peuple de ne plus porter de vêtements rouges, sauf ceux qui auront besoin de mon aide. Ainsi chaque fois que je verrai un homme ou une femme en robe rouge, je saurai que c’est un appel qui m’est adressé, mes oreilles sourdes l’entendront, et je veillerai à ce que l’aide soit donnée aux malheureux.

L’empereur dans son bon cœur ne cessa pas son travail quand il devint sourd. Il pensa de suite à un nouveau moyen de découvrir les pauvres et les nécessiteux. Pour les découvrir, car le noble homme ne veut pas attendre que la souffrance vienne au-devant de lui : il essaye de la découvrir.


Un certain nombre d’hindous se sont groupés en associations Dev Samaj pour accomplir des bonnes œuvres. Dans un journal mensuel, des choses telles que celles-ci furent rapportées :

De Peshawar : Deux dames enseignèrent la langue hindoue à des femmes et des enfants, pendant deux heures chaque jour. Des Sympathie 315 hommes soignèrent les malades à leur domicile ou à l’hôpital, s’occupèrent des vaches, et ramassèrent les morceaux de verre cassé tombés sur la route.

De Moga : Deux dames enseignèrent l’hindi à des filles. Les hommes nourrirent des animaux et plantèrent des arbres. Un membre du Samaj donna des leçons à un travailleur pauvre pour rien.

De Ferozepore : Huit dames soignèrent des malades. Des garçons allèrent aider les vieilles vaches estropiées, conduisirent les aveugles, et arrosèrent les plantes. Un autre membre découvrit un homme sans ami étendu sur la route, gravement blessé par un accident de voiture. Il l’emmena à l’hôpital. Un autre membre visita des villages et enseigna aux pauvres de basse caste comment être plus propres.

De Sialkot : Une veuve rendit visite à une autre veuve qui avait perdu son fils unique, lui fit la lecture, et lui dit des paroles de consolation.

Vous observerez que dans certains cas, la bonté prit la forme de l’enseignement. Le cœur de celui qui enseigne s’apitoie sur l’ignorance : un autre être a besoin de connaissance, il est prêt à la lui donner. Et la connaissance, comme le pain, l’eau ou les vêtements, est un présent qui peut être donné d’homme à homme.


Fort et adroit était le Seigneur Rama à la chasse, et fort et adroit il était dans l’art de l’enseignement. Lorsqu’il partait à la poursuite de bêtes dans la jungle, il emmenait avec lui un frère, comme camarade. Lorsqu’il se reposait et mangeait, son jeune frère s’asseyait à ses côtés et partageait le repas. Quand le héros alla dans la maison du guru pour étudier, il apprit les quatre Védas comme un autre pourrait apprendre un jeu ou une chanson. Ayant meublé son esprit avec les Védas et les Puranas, il n’eut aucun désir de garder les paroles sacrées dans le secret de son cœur. Il les enseigna à son frère.

De même que la bonté aime à faire partager la bonne connaissance, de même elle aime à faire partager les bonnes nouvelles. Par exemple, quelle ne fut pas la joie de Hanuman quand il fut capable de donner de la joie aux autres! Écoutez —

Le noble Bharat, frère du Seigneur Rama, avait attendu pendant quatorze ans pendant que Rama était exilé de la cité d’Ayodhya. Rama, le parfaitement beau, avait erré dans la forêt, et s’était trouvé dans les périls de la guerre. Mais Bharat ne savait pas quel était le sort de son frère. Quand fut proche la fin de la quatorzième année, il dépérit de chagrin, craignant de ne plus jamais revoir le visage de Rama, car il n’avait de lui aucune nouvelle.

Un jour encore et les quatorze années seraient écoulées. Bharat était assis sur une natte d’herbe sacrée, ses cheveux étaient tressés, son corps était maigre, et il soupirait à luimême :

— Ô Rama, Rama, Raghupati!

Alors se trouva devant lui le roi-singe Hanuman, le noble Hanuman qui avait si fidèlement servi le héros Rama dans les guerres.

Il apportait de bonnes nouvelles, et il était si heureux de les apporter que ses yeux étaient pleins de larmes, et il sentait dans son cœur un monde de joie de pouvoir changer le chagrin de Bharat en joie. Il dit :

— Celui pour lequel vous vous affligez jour et nuit, est revenu sain et sauf. Après avoir vaincu l’adversaire dans la bataille, et avoir entendu les dieux chanter des hymnes à sa louange, le Seigneur est maintenant sur son chemin de retour avec Sita et son frère.

Bharat ne pensa plus à sa peine passée :

— Qui es-tu qui m’apportes de si heureuses nouvelles?

— Je suis Hanuman, le fils du Vent, serviteur — quoique singe — de Raghupati, de Rama.

Bharat embrassa Hanuman.

— Dis-m’en davantage, dit-il, oui, dis-moi tout. Et Hanuman lui dit tout, et il fut heureux au-delà de toute expression d’être le porteur de bonnes nouvelles, et de voir la vie revenir dans le visage ravagé de Bharat, autrefois l’affligé.


Est-ce seulement aux êtres humains que le cœur humain montre de la miséricorde? Non, il éprouve de la peine pour la peine d’un animal, et de la joie pour sa joie.

Des gens passaient à côté d’une certaine femme avec mépris. Ils l’appelaient une pécheresse.

Cette pécheresse vit un chien qui tirait la langue, terriblement altéré. Il mourait. Sans une plainte, la pauvre créature suppliait pour avoir à boire.

La pécheresse enleva sa bottine et la descendit dans un puits tout proche; ainsi elle remonta un peu d’eau qu’elle donna au chien, dont la vie fut sauvée.

Les gens changèrent d’opinion à son égard.

— Le Seigneur, dirent-ils, a pardonné les péchés de cette femme.

Elle avait peut-être été une pécheresse, mais elle comprenait le sens de l’humanité.


Encore ceci :

Un homme vint auprès du prophète Mohammed et lui montra un nid de jeunes oiseaux enveloppé dans un morceau de tapis.

— J’ai trouvé ces oiseaux, mon seigneur, dit-il, en traversant le bois. Entendant le gazouillis de la nichée, j’ai regardé dans un arbre, et j’ai découvert ce nid.

— Pose le nid sur le sol, dit le prophète.

Alors la mère oiseau arriva à tire-d’aile et se tint sur le bord du nid, toute heureuse d’avoir retrouvé ses enfants.

— Remets la famille là où tu l’as trouvée, dit Mohammed. Et il ajouta :

— Sois bon avec les animaux. Monte-les quand ils sont assez forts pour te porter. Descends quand ils sont fatigués. Donneleur à boire quand ils ont soif.

Dans les récits de l’Islam, il est dit qu’un jour les anges du ciel dirent à Dieu :

— Ô Dieu! Y a-t-il dans le monde quelque chose de plus fort que les rochers?

— Oui, répondit Dieu, le fer est plus fort que les rochers car il les brise.

— Et y a-t-il quelque chose de plus fort que le fer?

— Oui, le feu, car il fait fondre le fer.

— Et qu’est-ce qui est plus fort que le feu?

— L’eau, car elle éteint le feu.

— Et qu’est-ce qui est plus fort que l’eau?

— Le vent, car il peut mettre en mouvement les vagues de l’eau.

— Et y a-t-il encore quelque chose de plus fort?

— Oui, le bon cœur qui fait l’aumône en secret, ne laissant pas la main gauche savoir ce que fait la droite.

Non pas que donner des aumônes soit à présent la principale manière d’être bon. Nous pouvons bien aider notre voisin par un don fait de bon cœur. Mais l’histoire veut dire que, dans le don ou dans tout autre moyen, la puissance de la bonté est la plus grande dans le monde pour gagner l’affection et l’amitié des autres.

La souffrance est éveillée par la souffrance des autres, et la joie par la joie.

Telle est la glorieuse nature de la sympathie.









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