CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Septième Partie

Belles Histoires




Appendice




Chapter XV

La famille

Un voyageur au Maroc remarqua que le soir quand les troupeaux de brebis et les troupeaux d’agneaux étaient réunis après avoir été séparés tout le jour, les braves bêtes couraient rapidement de côté et d’autre, semblant chercher. Chaque brebis, en effet, cherchait son agneau ; chaque agneau cherchait sa mère.

Une guenon avait des petits et les aimait, mais son amour était comme une fontaine qui ne donne pas seulement à boire aux siens, mais se répand pour tous. Elle trouva d’autres petits singes et fut bonne pour eux. Plus encore : elle prit avec elle des petits chiens et des petits chats comme si elle les avait adoptés. Et quand elle avait de la nourriture à distribuer, elle la partageait entre ses propres petits et ceux qu’elle avait adoptés.

La mère oiseau couve les œufs pour les tenir chauds, et le mâle se met en quête de nourriture pour elle et pour la couvée.

Le gorille d’Afrique vit avec sa famille et ses rejetons comme une véritable famille. Les chimpanzés font de même, et le père fait un nid rustique dans un arbre pour abriter la mère et les enfants, et il veille pendant la nuit pour protéger sa famille contre le léopard cherchant une proie.

Si nos parents les animaux peuvent montrer de l’affection pour les jeunes et les protéger, il n’y a rien d’étonnant à ce que les hommes même primitifs forment des groupes ou familles composés d’un homme, d’une femme et d’enfants.

Quand est-ce que la mère commence à aimer son enfant? Dès le début de sa vie.

Quand est-ce que l’enfant commence à aimer sa mère? Pas au même moment. Il a d’abord à apprendre à sentir, à penser, à agir. Alors il apprend à aimer sa mère et son père aussi.

On raconte l’histoire d’une petite fille de dix-sept mois qui courut à la rencontre de son père de retour après une absence de quelques jours, qui caressa et embrassa sa figure et lui offrit tous ses jouets.

Les hommes reçoivent toujours joyeusement des présents. Nous lisons dans l’histoire des musulmans que le Calif Mamun donna à sa femme un tapis d’or sur lequel il versa un amas de perles; et lorsque les dames de la suite eurent chacune pris une perle, il restait encore un tas étincelant de ces joyaux précieux.

Et que donne une mère à son enfant? Elle lui donne : une bonne santé, des membres droits; le pouvoir de la parole, le pouvoir d’aimer la rectitude.

Car si une mère néglige son enfant, sa santé en souffrira, ses jambes se tordront, sa langue ne prononcera pas de bonnes paroles; et il n’apprendra pas à bien se conduire et à bien penser. Et tous ces dons ne sont-ils pas infiniment plus précieux qu’un tapis d’or et beaucoup de perles?

La mère qui donne ces beaux présents à son enfant, sent que sa propre vie est dans son fils ou sa fille; et de même que son cœur est plein de joie quand l’enfant se porte bien, de même il est plein de peine lorsqu’il est malade ou qu’il meurt. Écoutez la voix de la mère dans un chant tamoul :

Il vit dans mon cœur; où a-t-il fui?
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Qui a pris mon idole d’or?
    Hélas mon enfant, mon enfant!
D’une jolie voix il m’appelait Amma,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Je n’ai jamais vu un aussi joli visage,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Il jouait gracieusement sur mes genoux,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Son père le soulevait avec délices,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Sur son front étaient écrites les lignes de la bonne fortune,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Oh! que le mal tombe sur le mauvais œil qui le regarda,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Reste, mon enfant, ou laisse-moi partir avec toi,
    Hélas mon enfant, mon enfant!
Reviens, reviens, ne me laisse pas seule,
    Hélas mon enfant, mon enfant!

Le cœur du bon père aussi vit de la vie de son enfant et est blessé par sa mort.

Combien cruellement souffrit Mohammed quand il perdit son petit-fils Ibrahim. Les vieux livres disent que l’enfant mourut à l’âge de quinze ou seize mois.

Mais il y a une très fameuse pièce appelée Hassan et Hussein dans laquelle Ibrahim paraît plus âgé. Dans cette pièce Azraël, l’Ange de la Mort, vient à la maison de Mohammed et demande l’enfant.

— Je supplie, dit le prophète en profond désespoir, qu’il puisse rester avec moi jusqu’à demain.

Alors l’ange attend un peu. Et à ce moment la voix du petit garçon est entendue à l’école, lisant ceci dans le Coran :

« Je vole vers Allah comme un refuge contre le méchant. Au nom d’Allah le tout miséricordieux, ô Toi, âme qui es au repos, retourne vers ton Seigneur satisfait et satisfaisant, entre parmi mes serviteurs et réjouis-toi dans mon paradis. »

Combien douce aux oreilles de Mohammed est la voix de son enfant! Combien douces pour les parents sont les voix des filles et des garçons qui récitent leurs leçons. Je ne raconterai pas le reste de la scène de la mort d’Ibrahim. Je désire dire seulement comment sa mère Marie veille sur lui pleine d’amour, combien affectueusement sa sœur Fatimah parle à Ibrahim ; comme Hussein le petit-fils du prophète met la tête de l’enfant sur ses genoux ; et comme son père pleure quand Ibrahim n’est plus.


Est-ce que les parents aiment seulement les enfants brillants et intelligents?

Non, leurs bras les entourent tous. Un jour je suis entrée dans une échoppe d’un village. Le père, un savetier, clouait une semelle à un vieux soulier. La mère nettoyait la cuisine. Ils interrompirent leur travail pour me parler de leur fils. Pauvre garçon, il était presque muet. Je ne pouvais pas comprendre ce qu’il disait; mais ses parents connaissaient le sens de ses cris inarticulés. Il avait si peu de raison qu’il ne pouvait ni s’habiller ni se nourrir tout seul. Ses parents devaient veiller sur lui tout le jour pour qu’il ne se fasse pas de mal ou qu’il ne fasse pas de mal à d’autres enfants. Et ceci ils l’avaient fait pour sept ou huit ans; et ils l’aimaient malgré tout ce tracas.

Le poète parle dans le Ramayana de l’amour du père pour tous ses enfants : « Un père a un certain nombre d’enfants, tous différents de tempérament et de caractère. L’un est étudiant, l’autre un instructeur qui jeûne, un autre médecin, un autre soldat, ou habile ouvrier, ou un moine. Le père éprouve la même affection pour tous. Un autre qui peut être très inhabile pour apprendre est pourtant dévoué en paroles, pensées et actions à son père; et celui-ci est le fils que le père aime comme sa propre âme. »

La mère chérie a des yeux plus profonds que les autres yeux. Elle verra souvent le don et le talent de son enfant alors que les autres ne voient rien.

Ainsi la reine Kausalya, mère de Rama, eut une vision sur la gloire de son fils. Car un jour il fut changé à ses yeux ; l’instant d’avant il était un petit enfant; et tout d’un coup dix mille étoiles brillèrent sur chaque cheveu de son corps, des soleils et des lunes étincelaient sur ses membres, et autour de lui se voyaient de hautes montagnes, des rivières, des océans, et beaucoup de pays; et toutes les puissances de la nature étaient rassemblées sur le merveilleux garçon.

Joignant ses mains en prière, la reine ne dit pas un mot. Les yeux clos, elle s’agenouilla à ses pieds, jusqu’à ce qu’il ait de nouveau pris l’apparence d’un petit enfant.

Nous avons vu que l’amour des parents existe d’une manière simple chez les animaux. Que le père et la mère aiment leur enfant dès le début de sa vie, qu’ils aiment dans la santé et la maladie, l’intelligence et l’imperfection. Que la mère spécialement a une vue perçante pour découvrir les bonnes qualités de son âme.

La famille est une chose très précieuse pour l’humanité. C’est la véritable demeure. Car ni le bois, ni la pierre, ni la toile de la tente, ni le marbre du palais, ne font la demeure, mais l’amour qui unit dans la famille les plus petits et les plus grands et les réunit comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes.


Un pieux musulman avait l’habitude d’embrasser les pieds de sa mère tous les jours avant d’aller rejoindre ses compagnons.

Une fois il arriva en retard, et ils lui en demandèrent la raison.

— Je me suis attardé avec plaisir, dit-il, dans les jardins du Paradis, car j’ai entendu dire que le Paradis se trouve près des pieds de la Mère.

Il est aussi écrit dans le livre d’Al-Mostatraf que lorsque Moïse s’entretint avec Dieu, le Très-Haut prononça trois mille cinq cents mots. À la fin de la conversation Moïse dit : « Ô mon Seigneur Dieu, donne-moi une règle de conduite. »

Le Seigneur répondit :

— Je te commande d’être bon pour ta mère.

Ces mots furent répétés sept fois, et Moïse dit qu’il s’en souviendrait sûrement.

Alors le Seigneur ajouta :

— Oui, Moïse. Quand ta mère est contente de toi, je suis content aussi, et si elle est fâchée,

je suis fâché. L’amour de la mère et du père s’exprime en mots charmants à l’enfant.

Une femme arabe caressait son enfant et dit : « Je l’aime comme l’avare aime son argent. »

Mais si l’amour des parents va vers l’enfant, l’amour de l’enfant n’ira-t-il pas vers ses parents?

Ne rendrons-nous pas l’amour pour l’amour?

Il y a d’innombrables fils et filles à travers le monde qui entourent leurs bons parents d’affection et leur rendent service. Un livre plus gros que tous les livres écrits par les poètes de l’Inde serait nécessaire pour dire toutes les marques d’affection données par les enfants à leurs père et mère.

Je vous raconterai seulement ici un de ces nombreux exemples. C’est une histoire de l’ancienne Grèce.

Le vieux roi Œdipe était aveugle. Il avait offensé les dieux et devait mener la vie d’un voyageur errant de village en village, de ville en ville. De braves gens lui donnaient l’abri et la nourriture, mais personne ne pouvait lui rendre la vue. Et qui devait le guider de place en place? Qui pouvait le faire sinon sa fille Antigone? C’est elle qui dirigeait ses pas le long des routes; c’est elle qui implorait pour lui la pitié des étrangers qu’ils rencontraient. C’est elle qui portait ses messages. Quand Antigone le quittait pour un moment, le vieil Œdipe se sentait triste. Grande était sa joie quand elle revenait : et quand de nouveau il touchait sa main, il disait :

         J’ai tout
Ce qui est précieux pour moi. Devrais-je maintenant mourir
Pendant que tu es ici, je ne serais pas malheureux.

À la fin les dieux lui furent favorables. Il sentit que c’était son heure de mourir, mais il devait aller à la demeure des Êtres Brillants. Aveugle comme il l’était, il se dirigea de son propre mouvement vers une vallée entourée de hauts rochers. Là il prit un bain et s’habilla de beaux vêtements. Un coup de tonnerre fut entendu. Et le vieil Œdipe disparut à la vue de tous. Il avait rejoint les dieux. Antigone pleura de son départ :

Oh ! j’étais heureuse de la misère avec lui;
Même ce qui était peu aimable, le devenait
Quand il était auprès de moi.

Il avait, en effet, vécu dans la misère, mais combien plus il aurait souffert s’il n’avait pas été réconforté par l’amour de sa fille!


Nous avons parlé de l’amour des parents pour les enfants, et des enfants pour les parents. Si l’on vous demandait ce qui fait une famille, que répondriez-vous?

Je l’ai demandé à un enfant l’autre jour, et il m’a répondu : « Deux ». Il voulait dire le mari et la femme.

J’ai demandé à un autre enfant, et il m’a répondu : « Trois », pensant au père, à la mère et à l’enfant.

Cependant nous pouvons voir que bien souvent la famille est plus large que ces trois. Supposez, par exemple, qu’ils sont quatre : le père, la mère et deux enfants. Alors une pensée nouvelle, une nouvelle amitié entre en jeu, l’amitié du frère et de la sœur. Dans cette amitié nous ne regardons pas en haut comme vers des parents, ou en bas, comme vers des enfants. Nous sommes La famille 303 attachés à un ami qui est plus sur notre plan, qui est en quelque sorte notre égal, ou presque, en âge. Et ainsi l’affection fraternelle ajoute une nouvelle gemme au trésor de la maisonnée.


Lorsque Rama rentra dans la cité d’Ayodhya avec son épouse Sita aux yeux de lotus, son frère Lakshmana prit part à la joie. Des tentes étaient dressées pour des divertissements; les rues étaient plantées de mangoustans, d’arbres à bétel et de bananiers. Les bazars étaient égayés de fleurs et de draperies; des drapeaux flottaient; les tambours faisaient entendre leurs roulements; toutes sortes de musiques jouaient agréablement; le peuple acclamait :

« Rama, Rama ! »; et le cœur de Rama était heureux.

De même était le cœur de Lakshmana, le frère partageait la joie du frère.

Un jour vint où le ciel de la vie se couvrit de nuages, et où aucune musique ne se faisait entendre. Le vieux roi d’Ayodhya avait fait connaître le terrible décret par lequel Rama devait partir en exil pour quatorze années.

Quand Lakshmana entendit cet ordre cruel, son corps fut secoué de douleur; ses yeux se remplirent de larmes; il courut embrasser les pieds de Rama, et pour un moment ne put prononcer une parole.

— Frère, dit le noble Rama, que ton âme ne soit pas troublée. Tout sera bien à la fin. Tu ne peux venir avec moi. Tu dois rester dans Ayodhya pour aider mon père et le peuple.

— Non, répondit Lakshmana, non, mon frère, pas ainsi. Je te suis uniquement dévoué. Je te déclare avec tout mon cœur qu’où tu iras, là aussi je dois aller.

Alors Rama releva son frère, l’embrassa, et lui dit :

— Va dire au revoir à ta mère, et puis viens avec moi vers la forêt et vers l’exil.

Et Lakshmana était joyeux.

Les frères et les sœurs se protègent les uns les autres.

Dans la fête de la Bhratridwitiya, les sœurs dans les familles hindoues, font des marques avec la poudre du bois de santal sur le front de leurs frères, leur donnent des friandises, et, si elles le peuvent, un cadeau d’étoffes. Ainsi elles espèrent parer à l’arrivée de Yama, le Seigneur de la Mort. Et elles récitent :

Sur le front de mon frère j’ai fait la marque,
De la porte de Yama le dard est tombé
.

Ce n’est pas le bois de santal mais l’amour qui protège et bénit, l’amour de la sœur pour le frère et du frère pour la sœur.


Mais nous pouvons élargir le cadre de la famille, et y faire entrer les chers grands-parents, les oncles et tantes et les cousins.

Nous pouvons l’élargir encore.

Je veux parler des hommes et des femmes qui ne sont pas du même sang que la famille, et pourtant aident dans la maison pour laver, nettoyer, faire la cuisine, et de bien d’autres manières encore. Je veux parler des domestiques. Eux aussi font partie de la famille. Quand dans la Rome ancienne, un patricien parlait de sa famille, il ne pensait pas seulement à sa femme et à ses enfants, mais aussi à ses esclaves.

Laissez-moi vous raconter une scène du drame de Hassan et Hussein qui est tant admiré des musulmans de Perse.

Le noble Hussein qui fut tué sur le champ de bataille de Karbala en Babylone, était sur le point de livrer son dernier combat. Tous ses compagnons de guerre étaient tués. Il était seul debout comme le dernier palmier debout dans l’oasis. Les femmes de sa famille se lamentaient sur les morts, et La famille 305 sur Hussein aussi qui sûrement allait mourir des mains des ennemis.

Il leur dit adieu à toutes l’une après l’autre; à sa femme Umm Lailah; à Zainab sa sœur; à son autre sœur Kulsum; à sa fille Sukainah.

Une vieille négresse approcha du grand capitaine. « Maître, dit-elle, mon cœur souffre à la pensée que je vais être séparée de toi. Je suis très âgée, et je n’ai plus de raison de vivre, je ne désire qu’une chose : Pardonne-moi, je te prie, toutes les fautes que j’ai commises. »

Hussein, le guerrier en cotte de mailles, qui dans peu d’heures allait être étendu comme un martyr dans la plaine de Karbala, regarda la vieille négresse d’un regard tendre et dit :

— Oui, vous nous avez servis bien longtemps. Vous avez peiné dans la corvée de la maison pour ma mère. Vous avez battu le grain. Combien souvent vous m’avez bercé dans vos bras! Votre visage est noir, mais vous avez un cœur de pure blancheur. Aujourd’hui je vais vous quitter. Je vous dois beaucoup plus de remerciements que je ne puis en compter. Je vous demande pardon pour toute action qui aurait pu être irréfléchie et peu gentille.


Mais nous n’avons pas encore trouvé combien large est le cercle de la famille. N’y a-t-il pas d’autres serviteurs, à deux et à quatre pattes, qui augmentent le plaisir de la maison? N’y a-t-il pas des oiseaux qui nous distraient par leurs gazouillements et leurs chants? N’y a-t-il pas des animaux domestiques qui jouent dans nos chambres ou travaillent pour nous dans nos fermes? Est-ce que les bêtes, ces aides apprivoisés, ne doivent pas être comptées comme des membres de la famille?

Le monde entier sait que le peuple de l’Inde est amical visà-vis des animaux qui demeurent dans le même pays que lui. Mais il n’est pas seul à avoir de bons sentiments vis-à-vis de nos frères les bêtes. Dans le Nord où la mer est transformée en glace épaisse et où la terre est presque toujours blanche de neige, habite un peuple appelé les Esquimaux.

Dans ce pays, un ours blanc ou ours polaire sauva un jour la vie de trois hommes. Étant tombés à la mer ils s’étaient saisis de l’ours qui, en nageant les porta jusqu’au rivage. Ils furent très reconnaissants et désirèrent acquitter leur dette.

— Merci, dit l’ours, je n’ai besoin de rien pour le moment. Mais si jamais vous chassez avec d’autres hommes et que vous m’attrapiez, voulez-vous, je vous prie, leur demander d’épargner ma vie? Vous me reconnaîtrez par ma tête nue.

Disant ainsi il plongea dans la mer et s’en fut en nageant.

L’hiver suivant, les Esquimaux de la même tribu virent un ours sur la glace et partirent à sa poursuite. Parmi les chasseurs se trouvaient les trois hommes dont la vie avait été sauvée par l’ours à tête chauve. Ils découvrirent que c’était le même animal. Ils supplièrent leurs compagnons de le laisser tranquille. Plus que cela, ils préparèrent un bon repas pour lui et l’étalèrent devant lui sur la glace.

Il mangea de bon cœur et s’étendit sur la glace pour dormir; personne ne lui fit de mal et les enfants jouèrent autour de lui sans crainte. Quand il se réveilla il descendit vers la mer, y plongea et partit à la nage. Les Esquimaux ne le virent jamais plus, mais ils se souvinrent toujours de leur ami l’ours.


Ainsi dans l’idée de famille nous ferons entrer : le père, la mère, l’enfant, le frère, la sœur, les grands-parents, les serviteurs, les animaux qui aident l’homme.

Bien entendu les coutumes et habitudes des familles ne sont pas les mêmes dans tous les pays du monde. Cela vous intéressera de savoir par des voyageurs, de lire dans des livres ou d’apprendre par des professeurs quelles sont les habitudes des familles au Japon, en Chine, en Perse, en Égypte, en Europe, en Amérique; et vous trouverez beaucoup de différences. Mais en toutes l’amour règne dans les cœurs, et la tendresse est la loi. Il peut arriver que les membres d’une famille ne s’aiment pas les uns les autres; mais alors ils ne constituent pas une vraie famille.

Un homme peut agir de façon inhumaine, mais alors il n’est pas un vrai homme.


Ranganada et son père

En l’année 1831 un Hindou de douze ans frappait à la porte du juge du district de Chittur. Il était le fils d’un fermier qui avait été mis en prison pour ne pas avoir payé sa redevance. Le fermier avait pris quelques terres du gouvernement, mais la récolte manqua, et par la loi qui était alors en vigueur, il devait aller en prison.

Pendant que le père était sous les fers, le jour de son anniversaire arriva, et la mère pleura parce qu’il ne pouvait pas être à la maison. Voilà pourquoi son fils Ranganada courut à Chittur et frappa à la porte du juge.

Le juge écouta le récit du garçon, puis dit :

— Je ne puis laisser aller ton père, à moins que je n’aie une assurance, une garantie qu’il reviendra accomplir sa peine.

— Nous n’avons pas d’argent, répliqua le garçon, mais je serai moi-même la garantie, et je resterai en prison à la place de mon père.

Le cœur du juge fut touché. Il signa la mise en liberté du père. Rapide comme un cerf Ranganada courut à la prison. Le père et le fils joyeusement se mirent en route pour la maison et y arrivèrent à la nuit.

Ranganada fut connu plus tard comme Ranganada Sastri. Il était capable de lire et de parler quinze langues.


L’éléphant blanc (fable)

Un troupeau de quatre vingt mille éléphants traversait les jungles de l’Himalaya, conduit par un puissant et blanc animal qu’ils étaient fiers de reconnaître comme leur roi.

La mère du roi était aveugle.

Si jamais il voyageait avec le troupeau dans les parties éloignées de la forêt, il avait tout de même des pensées affectueuses pour sa mère et lui envoyait des messagers avec des fruits.

Hélas! les messagers mangèrent eux-mêmes les fruits, et les dons de l’affection n’atteignirent pas la mère aveugle. Lorsqu’il découvrit la tromperie, le roi résolut de quitter le troupeau pour nourrir et protéger lui-même sa mère. Ainsi il l’emmena dans un souterrain du mont Candorana, près d’un lac, et ils vécurent ensemble en paix.

Un jour, un homme de la cité de Bénarès se perdit dans la jungle, et erra, désespéré, pendant sept jours.

Le roi éléphant s’agenouilla et invita l’homme égaré à monter sur son dos, puis il le conduisit au sentier qui menait à Bénarès et lui montra le chemin.

Hélas! le cœur de l’homme était mauvais. Il dit au roi de Bénarès quel superbe éléphant blanc pouvait être trouvé dans le souterrain de Candorana, et le roi l’envoya avec beaucoup d’aides, pour attraper l’éléphant royal. Les chasseurs virent le roi blanc debout dans le lac. Ils s’emparèrent de lui et il ne résista pas; ils le menèrent à Bénarès.

Triste fut la mère aveugle quand son fils ne revint plus.

— Ah! soupira-t-elle, l’arbre à encens pousse toujours, et le Kutaja, et l’herbe, la fougère, le lys et le bleuet, mais mon fils, où est-il?

L’éléphant blanc était dans une écurie toute égayée de fleurs, et le roi lui-même vint pour le nourrir. Mais l’éléphant ne voulut rien manger.

— Ma mère n’est point ici, dit-il.

— Allons, allons, pria le roi de Bénarès, mange et soyons bons amis.

— Ah ! la pauvre aveugle soupire dans le souterrain de Candorana.

— De qui parles-tu? demanda le roi.

— Ma mère soupire après moi.

Alors le roi ordonna à ses gens de rendre la liberté à l’éléphant, et le grand animal s’enfuit rapidement de la ville vers la jungle; il tira de l’eau d’un étang, courut à la cave, et aspergea sa mère aveugle avec la fraîche ondée.

Elle cria :

— Il pleut! Hélas, mon fils n’est pas ici pour prendre soin de moi.

— Mère, dit-il, c’est moi votre fils. Le roi m’a renvoyé ici.

Alors ils furent heureux ensemble.

La mère mourut et fut brûlée, et à son heure l’éléphant blanc aussi mourut. Le roi fit une statue en pierre à son image, et de tous les points de l’Inde des gens s’assemblèrent chaque année pour la Fête de l’Éléphant.









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