CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Troisième Partie




La Mère et Abdoul Baha

J’ai beaucoup connu Abdoul Baha, qui était le successeur de Baha Oullah, le fondateur de la religion bahai, et Abdoul Baha était son fils. Il était né en prison et il avait vécu en prison jusqu’à l’âge de quarante ans, je crois. Quand il est sorti de prison, son père était mort et il a commencé à prêcher la religion de son père 6.


Il était le fils du fameux Baha Oullah, qui avait été mis en prison, parce qu’il avait répandu des idées plus progressives et plus larges que celles des soufis, et les musulmans orthodoxes lui en voulaient. Après sa mort, son fils, le seul héritier, était décidé à prêcher les idées religieuses de son père, et c’est dans ce but qu’il allait dans beaucoup de pays du monde. Sa nature était excellente. Autant était-il simple, autant son aspiration était grande. Je l’aimais beaucoup...

Sa sincérité et ses aspirations vers le Divin étaient simples et très spontanées. Un jour, quand je suis allée le voir, il devait faire une conférence à ses disciples. Mais il était malade, et il ne pouvait pas se lever. Donc, peut-être qu’il fallait remettre cette séance. Quand je me suis approchée de lui, il m’a dit : « Allez à ma place faire aujourd’hui la conférence. » J’étais étonnée, si peu préparée à entendre pareille requête. Je lui ai dit : « Je ne suis pas un membre de votre secte, et je ne sais rien à son sujet. Comment donc pourrais-je leur parler de quelque chose? » Mais il insista en disant : « Ç’a ne fait rien. Dites n’importe quoi, ce sera très bien. Allez parler... Concentrez-vous au salon et parlez ensuite. » Enfin il me persuada de le faire...

Puis un jour il m’a dit de rester à Paris et de me charger de ses fidèles. Mais je lui ai répondu que moi-même n’ayant pas accepté la croyance de sa secte, il ne pouvait donc être question pour moi de le faire...


Introduction à une causerie

Tous les prophètes, tous les instructeurs qui sont venus apporter aux hommes la parole divine, ont, sur un point au moins, donné un enseignement identique.

Tous nous ont appris que les plus grandes vérités sont stériles si elles ne se transforment pas à travers nous en actes d’utilité. Tous ont proclamé la nécessité de vivre leur révélation dans la vie de chaque jour. Tous ont déclaré qu’ils nous montrent le chemin mais que nous devons le parcourir nousmêmes; aucun être si grand soit-il ne peut faire notre travail à notre place.

Baha Oullah n’a pas fait exception à la règle. Je ne vous citerai pas les textes, vous les connaissez aussi bien et mieux que moi. Que de fois Abdoul Baha n’a-t-il pas dit : « Ne parlez pas, agissez; les paroles ne servent à rien sans les actes, nous devons être un exemple pour le monde. »

Il est, en effet, de toute nécessité que chacun de nous soit un exemple pour le monde. Car c’est seulement en montrant aux hommes comment le commerce intérieur avec les vérités éternelles transforme le désordre en harmonie et la souffrance en paix que nous les engagerons à suivre la voie qui les mènera vers l’affranchissement. Mais Abdoul Baha ne se contente pas de donner cet enseignement, il le vit et là réside tout son pouvoir de persuasion.

Qui n’a vu Abdoul Baha, en effet, sans sentir en sa présence cette bonté parfaite, cette douce sérénité, cette paix qui se dégagent de son être?

Et les révélations de Baha Oullah transmises par la bouche de son fils sont d’autant plus compréhensibles et convaincantes pour nous qu’il les vit en lui-même.

Peut-être à l’esprit de certains viendra-t-il cette réflexion : « Si Abdoul Baha réalise cette beauté c’est qu’il est le Maître, mais nous... »

Notre indolence ne peut certes pas formuler une meilleure raison pour se refuser à tout effort, mais ce n’est qu’une excuse de paresse.

Il y a, sans doute, une différence presque irréductible entre les individus, c’est celle qui provient de leur rôle spécial, de leur place, de leur rang dans la hiérarchie infinie des êtres; mais quel que soit ce rôle, ce rang, chacun peut y développer jusqu’à la perfection ses propres capacités, chacun peut et doit aspirer à la conquête de cette pureté, de cette sincérité parfaites, de cette harmonie profonde, qui nous mettent en accord avec les lois d’ordre de l’univers.

J’ai connu un vieux sage qui comparait les hommes à des minerais plus ou moins gros, plus ou moins riches, mais contenant tous de l’or. Que le minerai passe par les flammes purificatrices de la spiritualisation et au fond du creuset se trouvera un lingot plus ou moins lourd mais toujours d’or pur.

Il faut donc chercher à débarrasser de sa gangue l’or pur qui est en nous.

Que de méthodes ont été préconisées pour cela !

Elles sont toutes excellentes, mais chacune s’adresse à une catégorie spéciale de mentalités et de caractères, et chaque être doit trouver celle qui convient le mieux à son tempérament.

C’est pour cela, si je ne me trompe, que Miss Sanderson demande à l’un ou à l’autre d’exposer ici sa manière spéciale d’envisager la question ou bien la méthode qui lui paraît la plus efficace.

Je n’ai pas la prétention de vous en exposer une dans son ensemble aujourd’hui.

Je voudrais seulement, puisqu’il nous est enseigné que notre premier devoir est d’agir et que, de plus, nos actes sont, pour nousmêmes, les plus puissants agents de transformation, je voudrais attirer votre attention sur deux catégories d’actes auxquels on ne donne pas toujours, à mon sens, toute l’importance qu’ils ont vis-à-vis des autres et de nous-mêmes.

Ce sont des actions purement mentales, mais qui n’en sont pas moins des actes très vivants, très puissants et par suite très bienfaisants ou très nuisibles selon la direction qui leur est donnée.

La première est notre faculté de formation mentale, la pensée, la seconde est notre activité des états de sommeil, appelée communément rêve et qui se rattache très intimement à la première, comme vous le verrez 7.

Les très anciennes traditions, qu’elles soient chaldéenne ou hindoue, ont de tous temps enseigné que les pensées sont des formations : par sa pensée, l’être humain a le pouvoir de donner naissance à de véritables entités vivantes et agissantes.

Et il ne faudrait pas croire que cela ne puisse se faire que par quelque extraordinaire et dangereuse pratique dite magique. Il n’en est rien.

Toute pensée un peu forte et persistante, tout désir un peu intense — ce qui est encore une manière de penser — déterminent pour ainsi dire mécaniquement, dans leur milieu propre, une formation dont le pouvoir d’action et la durée dépendront de la puissance et de l’intensité de la pensée ou du désir qui lui aura donné naissance.

Pour mieux me faire comprendre, je vous ai apporté quelques passages tirés d’un volume philosophique encore inédit.

« Tout ce qui vit est substantiel, mais tout ce qui est substantiel est vivant. Chaque état de substance est un monde de forces vivantes, de formes réelles.

« Réduire le réel au seul domaine des formes que nous percevons équivaut à réduire l’intelligence universelle à sa seule manifestation physique, toute la lumière au seul champ de notre vision.

« Or il n’est pas d’espace où ne soit quelque vibration lumineuse et pas de profondeur où l’essence de l’intelligible ne se revête de formes appropriées. »

« Tant que nous nous imaginons que toute l’universelle réalité se réduit au seul ordre de substance, au seul état de matérialité que perçoivent nos sens, nous ignorons tout et nous ne pouvons rien expliquer.

« Quand la science a voulu comprendre ce qu’est la lumière, elle a dû s’élancer hors du lieu trop étroit et de la région trop bornée des phénomènes perceptibles; et elle a postulé, sous le nom d’éther, un état subtil de réalités. Mais en atteignant cet état, elle n’a fait que ses premiers pas sur le chemin des transcendances infinies...

« Ainsi nous pouvons savoir maintenant que le domaine de l’être que nous connaissons n’est que le champ de manifestation, de matérialisation plus complète de ses modes lointains et antérieurs, le dernier des champs de la vie. »

« Si nous pouvions apercevoir les images vivantes qu’à chaque instant les pensées produisent autour de nous, si nous pouvions mesurer la force de leur pouvoir de formation, nous comprendrions ce que peut créer le concours de nos volontés convergentes et le formidable concert des idées et des croyances collectives d’un peuple, d’une civilisation, d’une race. »

« Toutes les idées, certes, ne sont point au même degré créatrices. Il est même peu de cerveaux capables de pensées véritables; et la plupart des formations mentales individuelles ne sont que des déformations, des malformations de clichés formés par un penseur anonyme et tombés dans le domaine public. Les formes qu’elles revêtent dans la substance intellectuelle sont généralement grossières et sottes; elles sont d’ailleurs peu durables.

« Mais dès qu’une idée devient idée-force, dynamisme mental véritable, elle tend à produire et à maintenir sa représentation plastique dans une forme plus stable et précise. Et les grandes pensées, les synthèses coordonnées de force intellectuelle, sont effectivement, dans la substance qui les revêt, des créations vivantes et des entités agissantes. »

(Ici, la Mère répétait en partie ce qu’elle avait déjà dit dans la troisième causerie sur la pensée, y compris la description de « l’atmosphère mentale d’une ville comme Paris » (p. 96) — la « nuit » à laquelle il est fait allusion dans la phrase suivante.)

Et pourtant, il nous faut allumer les étoiles qui l’une après l’autre viendront éclairer cette nuit. Voilà, au point de vue mental, ce qu’Abdoul Baha attend de nous tous. Telle est la manière d’être intellectuellement un exemple pour le monde.

Pour cette action, plus que pour toute autre peut-être, l’utilité de réunions comme celle-ci apparaît clairement.

En unissant pendant une heure ou deux nos pensées autour d’une idée très pure et très haute, dans une commune volonté de progrès désintéressé, nous créons une atmosphère mentale de plus en plus lumineuse et forte. Mais ce n’est pas suffisant, ce serait même bien peu si, en sortant de semblables réunions, nous nous replongions sans défense dans cette atmosphère lourde et grossière. 8

10 mars 1912


Notes pour une réunion

Ce que doit être une vraie réunion.

M. Ber nous a parlé vendredi dernier des mantrams.

2 genres de maîtres d’après Râmakrishna :

Le maître qui donne le mantram et qui est ainsi un moyen indirect de spiritualisation.

Le maître qui a fait l’expérience profonde d’union divine et qui par sa seule présence communique la spiritualité — Abdoul Baha.

Ce qu’un homme seul peut faire par sa puissance spirituelle peut être obtenu par un groupe s’il s’unit dans une pensée de bonne volonté :

Initiation chaldéenne :

« Lorsque vous serez douze unis dans la rectitude, vous manifesterez l’Indicible. »

Les groupes sont soumis aux mêmes lois que les individus.

Moments plus favorables grâce aux suggestions collectives.

Les renouvellements : débuts d’années quelle que soit la date choisie comme point de départ.

Occasion offerte de faire naître en soi l’idée que toutes choses peuvent être nouvelles et la résolution de les rendre telles.

Par suite, utilité qu’il y a à se réunir à des moments déterminés pour prendre en commun des résolutions favorables.

Lecture.

3 janvier 1913


Le départ d’Abdoul Baha

Lundi dernier, Abdoul Baha nous a fait ses adieux ; d’ici bien peu de jours il aura quitté Paris, et je connais bien des cœurs qui sentiront un grand vide et seront attristés.

Pourtant seul le corps nous quitte, et qu’est-ce que le corps si ce n’est justement ce par quoi les hommes se ressemblent le plus entre eux, qu’ils soient grands ou petits, sages ou ignorants, terrestres ou divins? Oui, vous pouvez être assurés que seul son corps nous quitte, sa pensée restera avec nous fidèlement, et son affection invariable nous enveloppera, et son influence spirituelle sera toujours la même, tout à fait la même, qu’il soit près ou loin de nous matériellement, peu importe, car les forces divines échappent totalement aux lois du monde matériel : elles sont omniprésentes, à l’œuvre toujours pour satisfaire toute réceptivité, toute aspiration sincère.

Si donc il peut être doux pour notre être extérieur de voir son apparence physique ou d’entendre sa voix, de se trouver en sa présence, nous devons bien nous dire que, dans la mesure même ou cela nous paraît indispensable, c’est une preuve que nous sommes peu conscients encore de la vie intérieure, de la vie véritable.

Sans atteindre aux profondeurs merveilleuses de la vie divine, dont de très rares individus seulement sont constamment conscients, dans le domaine de la pensée déjà nous échappons aux lois du temps et de l’espace.

Penser à quelqu’un c’est être près de lui; et en quelque lieu que se trouvent deux êtres, même si des milliers de kilomètres les séparent physiquement, s’ils pensent l’un à l’autre ils sont ensemble très réellement. Si l’on arrive à concentrer suffisamment sa pensée et à se concentrer suffisamment dans sa pensée, on peut devenir intégralement conscient de ce à quoi l’on pense, si c’est un homme, le voir ou l’entendre parfois, en tout cas connaître sa pensée.

Ainsi la séparation n’existe plus, elle est une apparence illusoire. Et en France, en Amérique, en Perse, ou en Chine, nous sommes toujours proche de celui que nous aimons et à qui nous pensons.

Mais ce fait est d’autant plus réel dans un cas comme celui qui nous occupe, quand on veut se mettre en rapport avec une pensée spécialement active et consciente, une pensée qui revêt et manifeste un amour infini, une Pensée qui enveloppe la terre entière de sa tendre et paternelle sollicitude ne demandant qu’à venir en aide à ceux qui se confient à elle.

Faites l’expérience de cette communion mentale, et vous verrez qu’il n’est pas de place pour la tristesse.

Chaque matin en vous levant, avant de commencer votre journée, saluez avec amour, admiration et reconnaissance, cette grande famille, ces sauveurs de l’humanité, qui, toujours les mêmes, sont venus, viennent et viendront jusqu’à la fin des temps, comme des guides et des instructeurs, comme d’humbles et merveilleux serviteurs de leurs frères, afin de les aider à gravir la pente abrupte de la perfection. Concentrez sur eux ainsi au réveil votre pensée pleine de confiance et de gratitude et vous en éprouverez bientôt les effets salutaires. Vous sentirez leur présence répondre à votre appel, vous serez entourés, pénétrés de leur lumière et de leur amour. Alors l’effort quotidien pour comprendre un peu mieux, pour aimer un peu plus, pour servir davantage, sera, à la fois, plus fructueux et plus aisé. L’aide que vous donnerez aux autres deviendra plus efficace et votre cœur se remplira d’une joie inébranlable.

9 juin 1913









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