CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Septième Partie

Belles Histoires




Belles Histoires




Chapter VI

La vie simple

Le prophète Mohammed, qui consacra sa vie à instruire le peuple arabe, ne tenait ni au bien-être, ni aux richesses.

Il dormit une nuit sur une dure natte, et quand il se réveilla sa peau était marquée par les fibres et les nœuds de sa couche.

Un ami lui dit :

— Ô Messager d’Allah! ce lit était trop dur pour vous; et si vous me l’aviez demandé, je vous en aurais avec joie préparé un plus doux, pour que votre repos fût meilleur.

Le prophète répondit :

— Un doux lit n’est pas fait pour moi. J’ai une œuvre à faire dans le monde. Quand mon corps a besoin de repos je lui en donne, mais seulement comme le cavalier qui attache un moment son cheval à l’ombre d’un arbre, pour lui épargner l’ardeur du soleil, et repart aussitôt après.

« J’ai une œuvre à faire dans le monde », dit le prophète. Voilà pourquoi sa noble vie fut une vie simple. Croyant en sa mission, il voulait instruire toute l’Arabie. Il ne se souciait pas des choses de luxe : son cœur était tourné vers des pensées plus hautes.


L’histoire arabe suivante montre que pour une âme saine, la vie simple offre plus de satisfaction que toute autre.

Maisun était fille de la tribu de Kalb; elle avait passé les premières années de sa vie sous la tente, dans le désert. Elle fut mariée, un jour, au calife Muawiyah ; mais quoiqu’il fût riche et eût beaucoup d’esclaves, elle n’était pas heureuse avec lui; et malgré tout ce luxe qui l’entourait, sa pensée ne pouvait trouver de repos. Souvent lorsqu’elle était seule, elle se chantait doucement des vers arabes qu’elle avait elle-même composés :

*Les bruns vêtements en poil de chameau sont plus beaux à mes yeux que des robes de reine.

La tente du désert est plus douce à habiter que les vastes salles d’un palais.

Les jeunes poulains qui galopent autour d’un camp arabe, sont plus agiles que les mules alourdies sous leurs riches harnachements.

La voix du chien de garde qui aboie quand l’étranger approche est plus harmonieuse que la corne d’ivoire des gardes du palais*.

Son chant fut entendu par le calife qui la bannit alors de sa cour. La poétesse retourna donc vers sa tribu, heureuse de ne plus jamais voir la riche demeure qui l’attristait.


Beaucoup de gens, en tous pays, commencent à comprendre que la vie simple est plus désirable que celle qui s’écoule au milieu des dépenses, des apparences et des vanités.

De plus en plus, il est des hommes et des femmes qui, ayant le moyen de s’acheter des choses coûteuses, pensent qu’ils ont mieux à faire de leur argent. Ils remplacent par une saine nourriture les mets trop riches, et préfèrent orner leurs maisons de meubles sobres, solides et de bon goût, plutôt que d’encombrantes et somptueuses inutilités destinées seulement à être étalées aux regards des autres.

En tous temps, les meilleurs et les plus énergiques serviteurs du progrès terrestre ont su vivre d’une façon paisible et frugale, qui garde le corps en bonne santé et rend l’homme capable de prendre une part plus active à l’œuvre de bonheur commun.

Leur exemple fera toujours honte à ceux qui entassent autour d’eux des trésors inutiles, et deviennent eux-mêmes esclaves du grand nombre de leurs vêtements, de leurs meubles, de leurs serviteurs.

On ne peut faire un tas qu’en creusant un trou; et trop souvent le luxe des uns représente la misère de beaucoup d’autres. Il y a trop de belles et grandes et utiles choses à faire dans le monde, pour qu’il soit permis à ceux qui ne sont pas tout à fait sans intelligence, de perdre leur temps, leur argent, leurs pensées, en de futiles occupations.


Saint François était apôtre de la Bonne Vie. Il n’enseignait pas en vue de gagner de l’argent. Sa vie était simple et son plus grand bonheur consistait à instruire le peuple par son exemple et sa prédication. Et il se contentait de ce qui lui était offert comme nourriture.

Un jour, passant par une ville avec son compagnon frère Mattéo, celui-ci descendit une rue, tandis que François prenait l’autre. Mattéo était grand et beau; le saint au contraire était de petite taille et de médiocre apparence. Les gens donnaient au premier avec abondance et François ne recueillait que fort peu de chose.

Quand ils se rencontrèrent hors des portes de la ville, ils s’assirent devant une large pierre, au bord d’un clair ruisseau qui coulait par là, et mirent en commun les produits de leur quête.

— Ô frère Mattéo, s’écria saint François, le visage joyeux, nous ne méritons pas un si grand festin.

— Certes, reprit Mattéo, mais où verrions-nous un festin dans ces quelques morceaux de pain? Nous n’avons ni couteau, ni couvert, ni nappe, ni domestique.

— N’est-ce pas un festin, répliqua le saint, que d’avoir du bon pain sur une bonne table quand on a faim, et l’eau fraîche d’une source limpide à boire quand on a soif?

Cela ne veut pas dire qu’il faille que les pauvres gens se résignent toujours à leur misérable pitance. Mais cela montre en tout cas combien le contentement que donne une noble vie, et la gaieté que portent en elles les belles âmes, peuvent suppléer à l’absence des biens matériels et des richesses extérieures.


Une chose est certaine, c’est que la vie simple n’a jamais fait de mal à personne; tandis qu’il n’en est pas de même du luxe et de l’abondance excessive. Le plus souvent les choses inutiles deviennent aussi pour les hommes des choses nuisibles.

Sous le règne du fameux Akbar, vivait à Agra un saint jaïn nommé Banarasi Das. L’empereur manda le saint à son palais et lui dit :

— Demande-moi ce que tu voudras, et à cause de ta vie sainte ton désir sera satisfait.

— Parabrahma m’a donné plus que je ne désire, répondit le saint.

— Mais demande tout de même, insista Akbar.

— Alors, Seigneur, je demanderai que vous ne me fassiez plus appeler au palais, car je désire consacrer mon temps à l’œuvre divine.

— Qu’il en soit ainsi, dit Akbar. Mais à mon tour j’ai une faveur à te demander.

— Parlez, Seigneur.

— Donne-moi quelque bon conseil que je puisse garder en mémoire pour m’y conformer. Banarasi Das réfléchit un moment, puis il dit :

— Veillez à ce que votre nourriture soit saine et pure, et prenez garde, la nuit surtout, à la viande et à la boisson.

— Je n’oublierai pas ton avis, lui dit l’empereur. Le conseil était bon, à la vérité; car une nourriture et une boisson saines font un corps sain, digne d’être le temple d’une pensée et d’une vie pures.

Mais il se trouvait justement que le jour où le saint visita l’empereur, était un jour de jeûne. Akbar ne devait donc prendre son repas que plusieurs heures après minuit. Les cuisiniers du palais avaient préparé les mets dans la soirée, et les avaient mis dans des plats d’or et d’argent, en attendant l’heure où le jeûne serait terminé.

Il faisait nuit encore au moment où Akbar les fit apporter devant lui. Malgré la hâte qu’il avait à se restaurer, il se remémora soudain les paroles de Banarasi Das : « Prenez garde à la viande et à la boisson. » Et ayant alors examiné soigneusement le plat qui se trouvait devant lui, il s’aperçut qu’il était couvert de fourmis brunes. Malgré toutes les précautions prises, ces fourmis s’étaient introduites dans les mets de l’empereur et les avaient gâtés.

Akbar dut renvoyer les plats; et cette circonstance donna désormais un plus grand poids dans son esprit à l’utile conseil qu’il avait reçu.

Car vous comprendrez que Banarasi Das n’avait pas songé à mettre Akbar en garde seulement contre des fourmis brunes, mais contre tout ce qui pouvait n’être pas sain pour le corps ou l’esprit dans sa nourriture.

Beaucoup de maladies proviennent d’une nourriture malsaine.

Celui qui sciemment vend de mauvais produits, commet un attentat véritable à la vie de ses concitoyens. Et les mauvais produits ne sont pas seulement ceux qui sont frelatés ou avariés, mais encore tous ceux dont la consommation peut être nuisible de quelque façon que ce soit.


L’histoire ne dit pas qu’Akbar ait trouvé des fourmis brunes aussi dans sa coupe; et cependant Banarasi Das lui recommanda de surveiller sa boisson.

Il est en effet des coupes brillantes aux yeux, qui semblent contenir un breuvage agréable et réconfortant, et qui cependant sont pleines de danger pour les hommes. Parmi ces coupes se trouve en premier lieu celle qui contient de l’alcool.

Le prophète Mohammed enseignait qu’il y avait un péché dans le vin et le jeu; et par conséquent tous ceux qui révèrent les paroles du Coran s’abstiennent avec profit du vin et du jeu.

Mais il est par contre beaucoup de braves gens partout dans le monde, qui trouvent légitime l’usage des spiritueux. Nous respectons leurs opinions. Cependant ces mêmes personnes ne peuvent affirmer que ce soit une faute de ne pas consommer d’alcool.

S’il est donc des gens pour penser qu’il soit mal de prendre des boissons fermentées, et d’autres, au contraire, que cela soit bien, il n’est du moins personne pour soutenir que ce soit une faute de ne pas en prendre. On pourrait aussi discuter pour savoir s’il est ou non utile d’en absorber, mais nul ne songera à prétendre qu’il est nuisible de ne pas le faire. Et chacun conviendra que c’est, en tout cas, fort économique.

Dans tous les pays, se trouvent des sociétés de tempérance ou même d’abstinence totale, dont les membres s’engagent à ne pas toucher aux spiritueux. En certaines villes il est même interdit aux marchands d’en vendre.

Ailleurs au contraire l’usage de l’alcool, inconnu jadis, se répand. Dans l’Inde, par exemple, où l’abstinence avait régné pendant tant de siècles, l’alcool s’est introduit, plus terrible qu’aucun démon des anciennes légendes. Car les terribles Rakshasas dont elles parlent, ne pouvaient faire du mal qu’au corps seulement; tandis que l’alcool a même le pouvoir de tuer la pensée et de détruire les caractères. Ainsi il nuit d’abord au corps. Il nuit aux enfants des parents qui en ont fait excès. Il nuit à l’intelligence des hommes et transforme en esclaves ceux qui devraient être les serviteurs de l’humanité.

Car chacun de nous doit être un serviteur de l’humanité; et si par notre nourriture ou notre boisson, nous affaiblissons nos esprits ou nos corps, nous ne sommes plus que de mauvais serviteurs, incapables d’accomplir leur tâche.

Que devient le soldat quand son arme est brisée, le marin quand son navire a perdu ses mâts, le cavalier quand son cheval devient boiteux ? Et que peut l’homme s’il perd la possession de ses facultés les plus précieuses?

Il ne vaut même plus un bon animal, car l’animal évite du moins de boire et de manger ce qui peut lui nuire.

Le poète romain Virgile aimait à vivre dans les champs. Il admirait le bœuf puissant qui traîne la charrue creusant le sillon où germera la moisson future. Solide est le corps du bœuf, puissants sont ses muscles, rude est son labeur d’année en année.

Et Virgile ajoute :

« Le vin et l’excès des festins lui sont épargnés. Il se nourrit d’herbe, se désaltère à l’eau des rivières courantes, des sources cristallines; et nul souci ne trouble son paisible sommeil. »

Soyez sobres pour être forts.

Vous seriez offensés si quelqu’un vous disait : « Soyez faibles. »

La sobriété augmente la force des forts, et préserve celle des faibles.

Souvenez-vous du conseil de Banarasi Das :

Prenez garde au plat.
Prenez garde au verre.









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