CWM (Fre) Set of 18 volumes
Paroles d’autrefois Vol. 2 of CWM (Fre) 342 pages 2008 Edition
French

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Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Paroles d’autrefois

The Mother symbol
The Mother

Sont réunis dans ce volume tous les écrits de la Mère datant d’avant 1920 – à l’exception de Prières et Méditations; des causeries faites à Paris à « de petits groupes de chercheurs » ; plusieurs textes écrits au Japon, et « Belles histoires », des contes écrits pour les enfants.

Collection des œuvres de La Mère Paroles d’autrefois Vol. 2 342 pages 2008 Edition
French
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Cinquième Partie

Notes et Réflexions




Trois songes

Songe 1

Nous étions sur le sommet d’une montagne, tellement haute que les vallées étaient invisibles. Le ciel était parfaitement pur et incolore. Le sommet de la montagne était couvert de riches pâturages. Sur ces pâturages paissaient quatre troupeaux de vaches gardés par quatre bergers. Ces troupeaux étaient à distance égale l’un de l’autre et formaient ainsi à peu près les quatre angles d’un carré. Chaque gardien avait sa caractéristique et son apparence très particulière. « Lui » cherchait quelque chose qu’il voulait exprimer et rendre effectif, et pour cela il lui manquait certains éléments. Ces éléments se trouvaient par-delà le sommet de la montagne et Il me demandait s’il n’y avait aucun moyen d’aller les y chercher. La demande fut faite à haute voix et toutes les vaches du troupeau qui se trouvait le plus proche de nous, s’élancèrent vers Lui en meuglant joyeusement. L’homme qui les conduisait, grand, fort, trapu, vêtu de peaux de bêtes, la peau blanche et très poilu, les cheveux noirs et hirsutes, le visage carré, s’avança vers Lui et d’une voix forte Lui dit : « Je me mets entièrement à ta disposition, mes vaches veulent te servir, et je le veux aussi. Je les conduirai au lieu où se trouvent les éléments de connaissance que tu veux acquérir et nous te les rapporterons. »

Pendant qu’il parlait, le troupeau qui se trouvait à droite sur la même ligne se rapprocha, conduit par son gardien qui, intéressé, venait écouter. Il était grand, mince, somptueusement vêtu, le visage mat et d’un ovale allongé, les cheveux très noirs et soyeux tombaient sur son épaule. Une partie du vêtement était rouge, mais il y avait plusieurs autres couleurs. Il était amical et bienveillant. Mais il ne fit aucune offre de service.

2 août 1914


Songe 2

Nous avancions sur la grande route toute blanche qui menait à notre but, lorsqu’à une bifurcation de la route nous voyons un grand nombre de gens massés et tassés avec des airs d’effroi. Nous nous demandons pourquoi tout en continuant notre route, lorsque nous nous entendons appelés par un berger vêtu de blanc qui nous dit de nous joindre à ceux qui sont sur le talus au bord de la route. Et en réponse à notre interrogation il nous dit qu’on a retenu prisonnier jusqu’à présent un énorme troupeau de vaches et de taureaux, mais qu’il est temps de les lâcher, qu’on va retirer la corde qui les arrête et qu’ils vont foncer, détruisant tout sans doute sur leur chemin. Je réponds : « Ce sont en effet des bêtes pleines de vigueur et même parfois de violence aveugle en apparence, mais pour des gens comme nous deux qui marchons tout droit notre chemin, il n’y a rien à craindre; les taureaux ne nous ont jamais fait aucun mal. » Mais le berger insiste en disant que c’est vraiment une chose exceptionnelle qui n’a jamais eu son précédent. Pour ne pas le contrarier nous nous arrêtons et nous garons sur le côté de la route devant les gens massés. Mais là encore il insiste en disant : « Pas là, pas là, vous serez piétinés, derrière. » Et il nous fait mettre derrière tous les autres sur le bord de la route en arrière.

À ce moment, au loin, j’aperçois l’immense troupeau de vaches et de taureaux ; on retire la corde qui les retenait et ils partent comme une trombe, fonçant droit devant eux ; et certainement si quelqu’un s’était trouvé sur leur passage ils l’auraient piétiné. Lorsque tous sont passés, le chef de la troupe, qui avait été retenu le dernier, est lâché. C’est un superbe, énorme taureau blanc. Au lieu de suivre le chemin des autres, il tourne à droite devant nous en suivant le chemin qui descend. Mais au bout d’un moment il s’arrête, cherchant quelque chose, ne le trouve pas et revient sur ses pas, pour se planter juste devant moi. Alors je vois que ce taureau était triple, composé de trois taureaux étroitement liés ensemble. L’un des trois (celui du milieu je crois était un peu moins blanc que les deux autres). À ma gauche j’avais un prêtre qui voyant cet énorme animal fonçant sur nous et s’arrêtant juste devant moi, est pris d’une grande frayeur. Et dans sa frayeur il commence à s’agiter. Je lui dis alors : « Eh bien, et votre foi en Dieu? S’Il a résolu que vous soyez piétiné par ce taureau, ne trouverez-vous pas que Sa volonté est bonne? » Un peu honteux il veut avoir l’air courageux, alors il se met à parler au taureau et à lui donner des tapes amicales sur le mufle. Mais la puissante bête commençait à s’impatienter. Et je pensais : « Cet imbécile avec sa frayeur va finir vraiment par faire arriver un malheur. Il vaut mieux que nous nous en allions, dis-je, en me tournant vers “Lui” ». Et sans plus nous soucier du taureau nous reprenons notre route. À peine avons-nous fait quelques pas sur la grande route que nous voyons le taureau passer à côté de nous tranquillement, calme et fort. Un peu plus loin, tout d’un coup, je vois arriver en sens inverse un autre taureau entièrement roux, à l’air sauvage et féroce, fonçant avec d’immenses cornes en avant. Je me retourne vers « Lui » qui marchait à quelques pas en arrière et je lui dis : « Voilà la vraie bête dangereuse, celle qui est solitaire et marche en sens opposé des autres. Celle-là a de mauvaises intentions. Elle ne peut même pas nous voir parce que nous sommes sur le droit chemin et protégés. Mais je crains beaucoup pour les autres. » Un peu plus loin encore nous entendons un galop derrière nous, comme si le taureau féroce revenait avec d’autres. Je sens qu’il est temps que nous arrivions au but. À ce moment la route semble fermée, devant nous se trouve une porte que je veux ouvrir, mais ma main glisse sur le bouton et je ne puis le tourner. Pourtant le temps presse. Alors j’entends distinctement la Voix profonde : « Regarde ». Je lève les yeux et je vois juste devant nous, à côté de la porte fermée, une porte grande ouverte donnant sur une salle carrée qui est le but. Et la voix reprend : « Entrez. C’est là que se trouvent toutes les portes et toutes vous pouvez les ouvrir. »

Dans un sentiment de grande paix et de force tranquille, je me suis réveillée.

1914 (Après août)


Songe 3

Seigneur, cette nuit tu me donnas un songe.

Voici de lui ce dont je me souviens:

Au haut d’une très haute tour dressée sur une haute montagne, dans une salle qui semblait basse à force d’être vaste, j’étais adossée au mur du fond ayant en face de moi le vitrage donnant sur le dehors. À ma gauche un trône surélevé de quelques marches, sur le trône était assis le Seigneur des Nations. Je le savais quoique ne l’ayant pas regardé. À ma droite tout à l’autre bout de l’immense salle, dans une sorte de niche recevant la lumière d’en haut, était assise une jeune femme — une nation. C’était une enfant, petite, boulotte, très brune avec le teint pâle et mat. Elle avait revêtu une robe de noce, la tête couronnée de fleurs blanches (l’ensemble de la toilette était blanc avec du bleu et quelques notes d’or). Je savais que j’avais aidé cette nation à se vêtir ainsi et à gravir la montagne et la tour pour venir jusqu’à la salle. Elle venait se proposer comme épouse au Seigneur des Nations, et pour cela il lui fallait passer par une série d’épreuves que le Seigneur voulait lui imposer pour savoir si elle était digne de lui. Ces épreuves étaient celles de l’Épouvante.

Pour la première, il lui avait fait apporter un verre plein ainsi qu’une carafe. Et il lui fallait boire le contenu des deux. Pour elle cela semblait du sang, du sang d’homme fraîchement versé. Et Lui, du haut de son trône, lui disait : « Bois ce sang pour montrer que tu n’as pas peur. » La pauvre petite tremblait de dégoût et n’osait toucher l’affreux breuvage. Mais, à cette heure, Seigneur, Tu m’avais donné la pleine conscience et le plein pouvoir de la Vérité. D’où j’étais je pouvais voir distinctement la pureté transparente de l’eau que contenaient réellement et le verre et la carafe. Et tandis que la petite hésitait toujours, et que le Seigneur, d’une voix mordante, persiflait : « Quoi! tu frémis déjà ! Ceci n’est pourtant que la première épreuve, la plus facile de toutes, que feras-tu ensuite? »

Alors, sans me soucier des conséquences, je criai à l’enfant en une langue que le Seigneur ne comprenait pas : « Tu peux boire sans crainte, c’est de l’eau seulement, de l’eau pure, je te le jure. » Et l’enfant, confiante en ma parole qui dissolvait la suggestion, se mit à boire tranquillement...

Mais à cause de l’énergie avec laquelle j’avais parlé, le Seigneur se douta de quelque chose et se tourna vers moi avec fureur, me reprochant de parler alors que je ne devais pas. À quoi je lui répondis — toujours sans me soucier des conséquences que je savais inévitables — « Ce que je dis ne te regarde pas puisque Tu ne peux comprendre la langue que j’ai employée! »...

Alors se passa la chose mémorable...

La salle subitement devint sombre comme la nuit et dans cette nuit une forme apparut plus sombre encore, une forme que je percevais distinctement quoique personne d’autre ne puisse la voir.

Cette forme de ténèbres était comme l’ombre de la lumière de la Vérité qui était en moi. Et cette ombre était l’Épouvante.

Immédiatement, le combat commença. L’être dont les cheveux étaient semblables à des serpents furieux, se déplaçant avec des contorsions affreuses et de terribles grincements de dents, se précipita sur moi. Il lui suffisait de toucher avec un seul doigt ma poitrine à l’endroit du cœur pour que se produisît le grand malheur pour le monde qu’il fallait à tout prix éviter. Ce fut un formidable combat. Toutes les puissances de la Vérité étaient concentrées dans ma conscience; et rien de moins n’était nécessaire pour lutter contre un aussi redoutable ennemi que l’Épouvante!

Son endurance et sa puissance au combat étaient remarquables; enfin le moment suprême de la lutte arriva. Nous étions toutes deux si proches l’une de l’autre qu’il semblait impossible que nous ne nous touchions pas, et son doigt tendu s’approchait, menaçant, de ma poitrine...

À ce moment précis, le Seigneur des Nations qui ne pouvait rien voir de la tragique bataille, allongea la main pour prendre quelque chose sur une petite table placée près de lui. Cette main — sans s’en douter — passa entre mon adversaire et moi. Je pus alors prendre un point d’appui sur elle, et l’Épouvante définitivement vaincue pour cette fois s’affaissa sur le sol comme une sombre poussière sans puissance ni réalité...

Alors, reconnaissant Celui qui se trouvait sur le trône, et rendant hommage à son pouvoir, j’appuyai ma tête sur son épaule et lui dis joyeusement : « Ensemble, nous venons de vaincre l’Épouvante! »

Tel fut mon rêve — et en même temps que lui Tu m’en donnas la pleine compréhension.

De tout ceci je Te rends grâce, comme d’un don inestimable.

Nuit du 31 janvier au 1er février [1915]









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